Bernard Plossu, photographe français né en 1945 à Dà Lat au Sud du Vietnam a grandi à Paris puis passé sa vie sur les routes. Il est devenu une référence pour de nombreux photographes. Nomade plutôt que touriste, il a voyagé de l’Inde à l’Amérique du Nord et du Sud en passant par l’Afrique, l’Italie et bien sur la France. C’est à l’âge de treize ans, lors d’un voyage avec son père dans le Sahara et muni d’un Kodak Brownie Flash qu’il découvre la photographie.
Bernard Plossu est adepte du procédé Fresson pour ses tirages couleur (cette technique traditionnelle de tirage en quadrichromie au procédé charbon) qui donne une sorte de grain sur les photos et un aspect mat aux paysages. Il privilégiera ensuite le noir et blanc et la focale 50mm, l’optique à vision humaine, d’abord pour se distinguer de la photographie commerciale. Ses photographies sont à la fois picturales et influencées par le cinéma. Son oeuvre a contribué largement au développement de la photographie française contemporaine des années 70.
Il suit sa scolarité à Paris mais va très peu en cours auxquels il préfère la Cinémathèque où il découvre les films de Dreyer, Buñuel, Satyajit Ray, Antonioni puis ceux de la Nouvelle Vague. Parti au Mexique en 1965 pour rejoindre ses grands-parents immigrés, il passe en réalité son temps sur les routes et troque sa caméra super-8 contre un Kodak Retina. Ses influences, Bernard Plossu les tire des films plutôt que des photographes.
À Mexico, il parvient à se joindre à une expédition ethnographique et photographie la jungle de Chiapas, puis les paysages mexicains, les architectures, les personnes qu’il croise et les routards américains de sa génération. Finalement, tout ce qui se trouve sur son parcours initiatique alors qu’il a vingt ans, et qui attire son regard. Ces photos sortiront quinze ans plus tard dans son livre « Le Voyage Mexicain » (1979), elles sont empreintes du mélange des cultures indiennes et espagnoles. C’est ce voyage qui, d’après Bernard Plossu, lui aurait permis de trouver son style et de se forger une vision.
Suivront de nombreux reportages en couleur, chez les Indiens Mayas alors qu’il s’installe à Goa — d’où nait son idée de photographie « surbanaliste » qui à l’instar du surréalisme, mais de façon moins extrême, révèle une intensité immanente à la banalité. Suivront la Californie, l’Ouest américain, le Nevada, le Midwest. En Californie, il photographie les beatniks de son époque dont a tant parlé Jack Kerouac.
La photographie, c’est une disponibilité au hasard, et le hasard ne vous arrive pas par miracle. On a presque le hasard qu’on mérite, au bout de pas mal de temps, à force d’aller partout, il vous arrive des choses. C’est pour ça que j’aime bien dire qu’on ne prend pas de photos, mais que les photos vous prennent…
Bernard Plossu voyage depuis 1965, avec une fascination pour les petites îles comme les îles italiennes Stromboli et Lipari dans laquelle il s’installe et est rejoint par d’autres photographes. Également l’archipel Dodécanèse en Grèce, Port-Cros et Porquerolles en Méditerranée. Les photographies de Bernard Plossu ne sont pas des photographies de voyage mais des photographies d’habitant.
En 1986 il se marie avec la photographe espagnole Françoise Nunez avec laquelle il a deux enfants. Ils vivent à présent à la Ciotat et après tous ces voyages, le photographe se consacre désormais à la France. Il a notamment réalisé une série à Giverny sur la maison de Monet.
Bernard Plossu nous embarque sur diverses routes, avec une philosophie libertaire, des photographies au style pigmentaire singulier ou cinématographiques au 50mm en noir et blanc, définitivement témoins de moments importants de l’Histoire, prises au gré du hasard.
Pour découvrir les autres photographies de Bernard Plossu, vous pouvez vous rendre sur le site documentsdartistes.
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