Vous avez sans doute déjà remarqué que nous aimons les voyages et que nous profitons souvent de ceux-ci pour tester du matériel qui leur est particulièrement adapté, que nous n’utiliserions pas forcément lorsque nous sommes à domicile. Parmi les accessoires indispensables, il y a les trépieds de voyage, qui se doivent d’être compacts et légers, tout en assurant une stabilité suffisante.
Après le Benro Travel Angel FTA28CV1 testé en Islande par Léo, voici le test du Cullmann Concept One 622T qui m’a accompagné pendant quelques mois, notamment à New York et Hong Kong.

Sommaire
Une compacité record…
Le principal attrait de ce trépied de voyage, par rapport aux modèles que nous avions déjà testés, est son encombrement extrêmement faible, tant en taille qu’en poids total, rotule comprise.
Jugez vous-même avec ce rappel de nos derniers tests dans ce domaine :
Modèle | Taille replié | Poids | Hauteur max | Charge max |
---|---|---|---|---|
Cullmann Concept One 622T | 34 cm | 1,42 kg | 136 cm | 5 kg |
Vanguard VEO 235AB + rotule ball TBH-50 | 37,8 cm | 1,5 kg | 145 cm | 6 kg |
Benro Travel Angel FTA28CV1 | 62,5 cm | 1,81 kg | 170 cm | 10 kg |
Sirui N-3205X + rotule ball K-20X | 43,2 cm | 2,2 kg | 158 cm | 15 kg |
Ce trépied est intégralement en aluminium, mais il existe une variante Concept One 622TC qui a des pieds en carbone, ce qui lui permet de ne peser que 1,25 kg tout en conservant les autres caractéristiques à l’identique.
L’intérêt majeur de cette compacité record, c’est de pouvoir le ranger dans un sac à dos, et non pas à l’extérieur comme souvent pour les trépieds, comme vous aviez pu le voir dans le test du sac à dos photo Case Logic Kontrast Pro :

Cela assure bien évidemment une protection totale pour le trépied — ainsi que pour vos voisins — lors des transports, même si c’est au prix d’un espace « perdu » pour d’autres matériels photographiques.
…au prix de quelques compromis
Cette compacité record ne se fait malheureusement pas sans compromis.
Un compromis sur la hauteur maximale déployée pour commencer, puisqu’avec 136 cm, c’est clairement le « petit » du groupe, qui imposera à la plupart des photographes de se baisser pour regarder dans le viseur. Cela peut être très fatiguant à la longue, même s’il est possible de compenser en utilisant plutôt le live view sur la plupart des appareils photo actuels, avec même souvent un écran orientable.

De plus, comme sur la plupart des trépieds, il est conseillé de ne pas monter la colonne centrale trop haut, voir pas du tout, pour optimiser la stabilité. Cela réduit encore pas mal la hauteur maximale.
Un compromis sur le poids d’appareil supporté ensuite, puisque bien que sensé pouvoir supporter jusqu’à 5kg, le fabriquant indique lui-même que ce modèle est destiné à des appareils photo compacts ou hybrides, et non à des reflex. J’ai tout de même tenté l’expérience de mettre un boitier reflex full frame avec un gros télézoom, en l’occurrence un Canon 5D Mark II et le Tamron SP 150-600mm F/5-6.3 Di VC USD, soit 2,8 kg sur la balance.

En conditions optimales, c’est à dire avec l’objectif à l’horizontale et rien pour perturber le pied, comme du vent, c’est jouable. Mais ce n’est clairement pas adapté, on sent que le pied est instable dès que l’on effleure le boitier, et il est impossible de mettre la rotule autrement pour changer d’angle.
Une bonne ergonomie des pieds et colonne(s)
Pour le transport en main et les manipulations, les premiers segments des pieds ont un revêtement en mousse permettant une prise en main parfaite. Certains trépieds n’ont ce revêtement que sur un des pieds, ce qui oblige à le tourner pour bien le saisir. Là, pas de soucis de ce type, même si ne mettre la mousse que sur un des pieds aurait pu faire gagner quelques grammes.

À la différence de l’astuce du Vanguard où il n’y a que la colonne centrale à retourner pour déployer le trépied, il faut ici retourner les trois pieds. Un peu plus laborieux, mais ce n’est pas trop pénalisant, et plutôt courant.
Pour allonger chaque pied, il faut utiliser 4 vis de serrage. Cela peut se faire d’une main pour le desserrage, puis chaque vis doit être serrée individuellement. On peut (c’est mon cas) préférer les systèmes à loquets de verrouillage, moins rapide à manipuler, mais qui donnent plus confiance, puisque l’on sait visuellement qu’ils sont bien fermés.
Les pieds peuvent être réglés à 3 angles différents, afin d’augmenter la surface de contact et améliorer la stabilité, au prix évidemment d’une perte supplémentaire de hauteur maximale.
Pour assurer au mieux cette stabilité, le bout des pieds est composé d’un caoutchouc. Il n’y a malheureusement pas ici comme sur les trépieds Vanguard ou Sirui de choix entre ce caoutchouc ou des pointes métalliques permettant d’améliorer la stabilité sur certains sols.
Toujours pour la stabilité, il est heureusement possible de fixer un poids — par exemple votre sac photo — sous la colonne centrale, afin d’augmenter le poids et abaisser le centre de gravité de l’ensemble :

Cette possibilité n’est malheureusement pas présente sur tous les trépieds que nous testons, comme le Vanguard, alors qu’elle est essentielle, surtout sur ces trépieds de voyage très légers.
Le crochet n’est par contre pas très large, ne profitant pas complètement de la largeur de la colonne, ce qui peut compliquer l’accrochage :

Pour revenir au sujet de la hauteur, voici celle minimale obtenue en rétractant tous les segments des pieds et en leur donnant le plus grand-angle possible en tenant compte de la colonne centrale :

Si cette hauteur est trop importante pour vos besoins, le pied est fourni avec une colonne centrale courte, qui permet juste de faire la jonction entre le trépied et la rotule. Elle permet alors d’écarter encore plus les pieds, et de gagner encore quelques centimètres vers le bas :

Le passage d’une colonne à l’autre est vraiment simple, mais nécessite un outil (fourni bien sûr), donc devoir le faire trop souvent deviendrait vite très lassant.
Si vous pouvez vous contenter de cette colonne courte même quand vous voulez mettre l’appareil en hauteur (puisqu’il est de toute façon conseillé de ne pas déployer la colonne centrale), vous pourrez encore gagner un peu de poids.
Pour revenir aux pieds, il n’est malheureusement pas possible d’en détacher un pour faire un monopode comme sur le Sirui, solution qui serait plus pratique que l’ensemble des pieds déployés, quand l’usage en trépied est interdit :

Pour le rangement, il faut replier les pieds autour de la colonne centrale et de la rotule, comme pour beaucoup de trépieds de voyage :


Dernier point au sujet des pieds, la couronne de jonction dispose d’un niveau à bulle :

Ce niveau n’étant pas sur la rotule, il n’assure pas du tout que l’appareil est bien horizontal, juste que le réglage des pieds assure que la colonne est bien verticale. Il faut donc avoir un niveau en plus sur la rotule, ce qui n’est ici pas le cas, ou sur le boitier. Les boitiers récents en ont un numérique, heureusement, mais on pourra leur préférer un vrai niveau à bulle se fixant sur la griffe flash.
Une tête rotule simple d’usage, mais peu convaincante
La tête fournie avec le trépied est simple d’usage, avec seulement deux vis permettant de contrôler la friction, ou bloquer complètement la rotation panoramique et les mouvements de la rotule.
La tête se fixe au trépied via un pas de vis standard, ce qui permet d’envisager d’en changer, mais ne dispose malheureusement pas de système de blocage. Il faut donc faire attention à ne pas la perdre.
Concernant la rotation panoramique, elle est aidée par le niveau à bulle déjà évoqué, permettant d’assurer la verticalité de son axe. Une graduation permet de plus d’assurer une constante dans les angles entre chaque prise de vue :

Le système d’attache rapide du plateau est compatible Arca-Swiss, ce qui permet d’utiliser un autre plateau déjà fixé à l’appareil, comme le CapturePro de Peak Design.
Le plateau fourni est un peu particulier, et le fixer rapidement avec la plaque coulissante et le levier de pression nécessite un peu d’entrainement :




La fixation de ce plateau à l’appareil nécessite de plus l’usage d’une clef Allen (celle fournie) ou d’une pièce, ce qui n’est pas très pratique.
Comme je l’ai déjà évoqué, la rotule de cette tête n’est pas adaptée aux appareils trop lourds, malgré la charge maximale indiquée à 5 kg par le fabricant. En effet, son blocage est insuffisant avec les appareils lourds dès que l’on veut la positionner avec un angle.
Si les gros appareils ne sont pas les plus adaptés à cette tête, les plus petits peuvent aussi poser problème. Ce Sony RX100 Mark III, par exemple, ne peut pas être utilisé dans de bonnes conditions, parce que sa bague d’objectif frotte sur le caoutchouc du plateau :

Concernant ce même caoutchouc du plateau, il lui arrive malheureusement de coulisser dans sa rainure, voire de s’en extraire, à cause des frottements lors des fixations et extractions du boitier :

C’est un point à surveiller, il m’est arrivé de le retrouver à moitié sorti, risquant ainsi de le perdre.
Un trépied de voyage ultra-compact déservi par une tête rotule décevante
Pour conclure ce test, nous avons été globalement agréablement surpris par ce trépied de voyage vraiment compact, qu’on n’hésitera pas à emmener partout autour du monde, surtout étant donné son coût faible par rapport à certains concurrents déjà testés.
Sa tête est certes décevante, surtout avec des reflex un peu volumineux, mais elle peut faire illusion quelque temps, en attendant d’en acheter une autre plus robuste. De quoi s’équiper progressivement, sans se ruiner.
Annoncé par le fabriquant à près de 200 €, le trépied Cullmann Concept One 622T est disponible à 129 €.