Lancé fin avril 2025, le Samyang AF 14-24 mm f/2,8 FE est le premier objectif issu d’un partenariat entre Samyang et le célèbre opticien allemand Schneider-Kreuznach. Cet objectif ambitionne de bousculer le segment des zooms ultra grand-angle pour boîtiers plein format de Sony. Compact, lumineux, léger et compatible avec des filtres circulaires, il promet de séduire les amateurs de paysage, d’architecture et d’astrophotographie.
Sur le terrain, quel niveau de performances ce zoom ultra grand-angle permet-il d’obtenir ? Voici notre test complet du Samyang AF 14-24 mm f/2,8 FE après plusieurs semaines d’utilisation.

Présentation du Samyang AF 14-24 mm f/2,8 FE
Lors du CP+ 2025, Samyang et l’opticien allemand Schneider-Kreuznach annonçaient un partenariat technologique. Le Samyang AF 14-24 mm f/2,8 FE est le premier fruit de cette union. Il marque le grand retour de la marque germanique sur le devant de la scène photo, après plus de 10 ans d’absence, et son ancienne alliance avec une autre société sud-coréenne, Samsung. D’ailleurs, les couleurs de Schneider-Kreuznach se retrouve sur l’avant de l’optique, avec un liseré bleu plutôt que rouge.

Ce zoom se distingue par sa plage focale très grand-angle (angle de champ maximal de 114,2°) et son ouverture à f/2,8. Il se destine donc particulièrement aux amateurs de photo d’architecture ou de paysage, mais aussi aux astrophotographes. Pour l’heure, il est uniquement disponible en monture E pour les hybrides plein format Sony.

Nous ne reviendrons pas en détail sur la fiche technique de l’objectif, que nous avons déjà développée lors de son annonce. Cependant, on notera la formule optique complexe (15 éléments répartis en 11 groupes). L’objectif mise sur 3 lentilles asphériques, 5 lentilles à haut indice de réfraction et 3 lentilles ED. Leur but : accroître l’homogénéité et réduire les aberrations optiques.

L’ouverture lumineuse est assurée par un diaphragme à 9 lamelles. La distance minimale de MAP est de 18 cm sur toute la plage focale. Le rapport maximal de grossissement est de 0,17x (à 14 mm) et de 0,26x (à 24 mm).
Voici la liste des caractéristiques du Samyang AF 14-24 mm f/2,8 FE :
- plage focale : 14-24 mm (équivalent 18-36 mm en APS-C)
- objectif pour : capteur plein format
- ouverture max : f/2,8
- ouverture min : f/22
- angle de champ : 114,2 – 84,1°
- construction optique : 15 éléments en 11 groupes (dont 3 lentilles asphériques, 5 lentilles HR et 3 lentilles ED)
- diaphragme : circulaire, 9 lamelles
- distance minimale de mise au point : 18 cm (sur toute la plage focale)
- stabilisation d’image : non
- tropicalisation : joints d’étanchéité
- grossissement max : 0,17x (à 14 mm) / 0,26x (à 24 mm)
- mise au point : motorisation STM
- diamètre du filtre : 77 mm
- dimensions : ø 84 x 88,8 mm
- poids : 445 g
- accessoires fournis : N.C.
- monture compatible : Sony E
- prix au lancement : 1199 €

Ergonomie et prise en main
Une chose est sûre : le Samyang AF 14-24 mm f/2,8 FE se distingue par son poids plume ! Avec ses 445 g sur la balance, l’objectif fait partie des zooms les plus légers de sa catégorie. De même, son gabarit est très maîtrisé : comptez 8,88 cm de long et un diamètre maximal de 8,4 cm. À la focale la plus courte, l’objectif s’allonge de 2 cm.


À titre de comparaison, le Sigma 14-24 mm f/2,8 DG DN Art affiche 13 cm de long, pour 8,5 cm de diamètre et surtout un poids de 795 g. Le zoom de Samyang est même plus compact et léger que le Sony FE 12-24 mm F/4 G.
Autre atout : il accepte les filtres circulaires de 77 mm à l’avant, une première pour ce type de zoom ultra grand-angle. Habituellement, comme sur le Sony FE 12-24 mm f/2,8 GM, il faut recourir à des filtres en gélatine montés à l’arrière.
Côté commandes, l’objectif s’en sort plutôt bien. La bague de zoom, texturée en chevrons, offre une très bonne prise en main et une course très réduite. La bague de mise au point, située tout à l’avant est très fluide : la mise au point manuelle est parfois difficile, notamment en astrophoto. On retrouve aussi un commutateur AF/MF et un bouton personnalisable.

Enfin, les finitions sont soignées, même si l’objectif fait la part belle au plastique afin de conserver un poids réduit. À ce titre, mentionnons aussi le pare-soleil (fourni) qui fait très cheap. Dommage. Heureusement, l’objectif est doté de joints d’étanchéité : il pourra être utilisé dans un environnement poussiéreux ou humide. On trouve aussi un port USB-C permettant de mettre à jour l’optique.

Performances et qualité d’image
Nous avons utilisé le Samyang AF 14-24 mm f/2,8 FE sur un Sony A7C R (61 Mpx) et un Sony A7 IV (33 Mpx).
N’hésitez pas à cliquer sur chaque image pour l’afficher en qualité optimale.



Sensation de piqué et netteté de l’image
En termes de qualité d’image, le Samyang AF 14-24 mm f/2,8 FE est globalement un bon élève. La sensation de piqué est bien présente au centre de l’image, dès la pleine ouverture.
Néanmoins, le rendu global de l’image est discutable. Nos clichés étaient souvent sous-exposés. Et les couleurs tirent nettement vers le magenta. Ceci nous a conduit à jouer abondamment avec les profils de couleurs des boîtiers Sony.


À la focale la plus courte (14 mm), les performances optiques sont très bonnes au centre dès la pleine ouverture (f/2,8). En revanche, l’homogénéité est franchement en retrait, et on veillera à fermer le diaphragme de quelques crans (f/4, voire f/5,6) pour obtenir un meilleur rendu des bords. L’homogénéité est très bonne dès f/5,6. La diffraction viendra cependant dégrader le piqué dès f/11.


La restitution de l’image s’améliore aux focales médianes (18 mm). La sensation de piqué est bien présente au centre de l’image dès f/2,8. Et les bords sont mieux restitués qu’à 14 mm. Seuls les coins sont encore en retrait, nécessitant de fermer à f/4. La diffraction est plus discrète, apparaissant seulement à f/16.


Enfin, à fond de zoom (24 mm), les performances optiques sont honnêtes… mais le piqué est un peu moins élevé (au centre) qu’à 14 ou 18 mm. Pour autant, la restitution des bords est plutôt soignée, et seuls les coins sont en retrait. L’homogénéité maximale est obtenue à f/8.


Ainsi, sur le terrain, l’objectif permet d’obtenir de belles images. Sans surprise, à 14 mm, la largeur du champ peut imposer un petit temps d’adaptation, et une certaine rigueur dans le cadrage et la composition sont nécessaires. Mais les fans d’architecture ou de paysage seront ravis, car le piqué est globalement au rendez-vous.


Distorsions et aberrations
La compensation des distorsions se fait de manière logicielle par le boîtier (sur les JPEG) et par nos logiciels de retouche (sur les RAW).
Néanmoins, au moment de l’écriture de notre test, Lightroom ne disposait pas du profil de correction automatique des distorsions, et nos fichiers RAW présentaient des déformations en barillet très importantes – et difficiles à compenser manuellement.


En revanche, le vignetage est un sujet assez marquant, tant l’assombrissement des coins à la pleine ouverture est prononcé à f/2,8. À tel point que les bords du fût sont visibles sur nos photos capturées à 14 mm ! À f/4, le vignetage se réduit un peu… mais stagne à partir de f/5,6. À ce titre, notez que la correction automatique du boîtier peine à produire des résultats probants.



Le vignetage est (un peu) moins marqué à 24 mm, mais le phénomène reste très présent à f/2,8, avant de s’estomper à f/4… et de stagner à f/5,6.
Les aberrations chromatiques sont globalement maîtrisées. Néanmoins, une fine frange rose subsiste aux bords des détails les plus fins… et elle n’est pas toujours très facile à retirer.

L’effet de ghosting est absent. De même, le flare est très discret. On distingue simplement de légères aberrations en cas d’éclairage indirect très puissant. Et on apprécie beaucoup les (petites) étoiles à 18 branches qui apparaissent lorsque l’on ferme le diaphragme.

Enfin, l’aberration en coma est relativement discrète… mais pas totalement absente. Heureusement, elle ne concerne que les coins de l’image. L’objectif pourra donc accompagner les astrophotographes – à condition de rogner légèrement dans l’image.

Distance minimale de mise au point et bokeh
La distance minimale de MAP du Samyang AF 14-24 mm f/2,8 FE est de 18 cm sur toute la plage focale. On peut donc s’approcher très près du sujet – quitte à être gêné par son ombre.

Grâce à son ouverture à f/2,8 et son diaphragme à 9 lamelles, l’objectif offre une séparation des plans harmonieuse avec un flou d’arrière-plan visible, surtout à la distance minimale de mise au point. Si le sujet est suffisamment éloigné de l’arrière-plan, il est possible de jouer avec la profondeur de champ. À 24 mm, l’objectif permet de capturer des portraits intéressants, bien que l’angle de champ soit un peu large.

En revanche, à 14 mm, les résultats peuvent être très surprenants... mais peuvent donner un petit coup de boost à votre pratique photo !

Autofocus du Samyang AF 14-24 mm f/2,8 FE
En plein jour, les performances AF de cet objectif Samyang sont correctes. La mise au point est effectuée sans hésitation… sauf quand le sujet se déplace très rapidement. Dans ce cas de figure, la MAP peut être faite à côté du sujet.

En basse lumière, les résultats sont… inégaux. En effet, l’objectif a parfois tendance à « pomper », et laisse le boîtier prendre une photo… avec une MAP ratée. Heureusement, le phénomène reste plutôt rare.

Enfin, l’objectif fait l’impasse sur la stabilisation optique et se repose entièrement sur l’IBIS du boîtier. Un point (très) prévisible, la distance focale ultra-courte étant moins contraignante à main levée.

Retrouvez ci-dessous une sélection de photos capturées avec le Samyang AF 14-24 mm f/2,8 FE :












Le Samyang AF 14-24 mm f/2,8 FE face à la concurrence
Proposé en monture Sony E, le Samyang AF 14-24 mm f/2,8 FE rencontre plusieurs concurrents sur sa route. Point notable : tous disposent d’une lentille frontale bombée, qui rend impossible le montage de filtres circulaires.
Mentionnons d’abord le Sigma 14-24 mm f/2,8 DG DN Art. Lancé en 2019, cet objectif se distingue par son excellent piqué, son autofocus réactif et son bokeh très harmonieux. Il doit cependant composer avec un poids plus élevé (795 g). Il est proposé en montures E et L à partir de 1449 € et offre un bon rapport qualité-prix.
Côté Sony, difficile de ne pas aborder le Sony FE 12-24 mm f/2.8 G Master. Plus court de 2 mm au grand-angle, cet objectif professionnel offre un niveau de performances très élevé. Néanmoins, son poids est plutôt élevé (847 g)… et son tarif l’est tout autant. Comptez 3099 € pour cet objectif premium.
Notez que Sony propose aussi le zoom FE 12-24 mm f/4 G, lancé en 2017. Assez compact et léger (565 g seulement), il s’avère intéressant pour qui n’a pas besoin d’une ouverture à f/2,8. Pour autant, son tarif de 1745 € est bien trop élevé compte tenu de son âge et de son homogénéité perfectible.
Pour conserver une ouverture à f/2,8 et un gabarit maîtrisé, il peut être intéressant de regarder le Tamron 17-28 mm f/2,8 Di III RXD. Certes, il est plus court au grand-angle mais ses performances optiques sont très correctes et son poids de 420 g le rendent séduisant. Sans oublier un tarif très raisonnable de 899 €.
Samyang AF 14-24 mm f/2,8 FE, un rapport qualité-prix imbattable
Le Samyang AF 14-24 mm f/2,8 FE représente une étape majeure pour Samyang : c’est son premier zoom ultra grand-angle, fruit d’un partenariat avec Schneider-Kreuznach, ainsi que le premier objectif à marier ouverture lumineuse et gabarit contenu.
Sur le terrain, ce zoom nous séduit par sa plage focale polyvalente, sa légèreté (445 g seulement), sa qualité d’image et son AF efficace. Le piqué est très bon au centre de l’image, dès 14 mm et à la pleine ouverture. Bien sûr, certains points demeurent perfectibles, comme la colorimétrie tirant vers le magenta, l’homogénéité à la focale la plus large ou la gestion des distorsions.

Pour autant, le Samyang AF 14-24 mm f/2,8 FE réussit à offrir un rapport qualité-prix assez remarquable. Compact, léger et performant, il est d’une grande pertinence. Et nous le recommandons sans grande hésitation.
Le Samyang AF 14-24 mm f/2,8 FE est proposé au tarif de 1199 € en monture Sony E.
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