L’année 2024 est très riche pour Canon avec les hybrides plein format EOS R5 Mark II et EOS R1 qui attirent toute l’attention. cependant, l’arrivée d’objectifs RF « hybrides », pensés pour la photo et la vidéo, mérite également d’être soulignée. Nous avons eu l’occasion de discuter de ces nouveautés avec Claire-Anne Devillard, Directrice Marketing de Canon France lors du Salon de la Photo 2024. Elle revient ainsi sur la stratégie globale de la marque.
Place à l’interview.

Quel est l’état d’esprit de Canon à l’ouverture de cette édition 2024 du Salon de la Photo ?
Canon est dans un très bon état d’esprit à l’ouverture de ce Salon. Nous avons déjà eu une année très riche, et ce Salon s’inscrit dans cette continuité. D’autant que nous avons été présents à de nombreux événements et festivals : Arles, Visa pour l’Image… Pour nous, c’est plutôt une très belle année.

Les EOS R5 Mark II et EOS R1 occupent clairement le devant de la scène. Quelles sont vos ambitions pour ces deux boîtiers ? Pour l’EOS R5 Mark II, avez-vous déjà des chiffres de vente ?
Ces deux boîtiers sont vraiment les produits stars de cette année. L’EOS R1 est le boîtier amiral : nous avons eu d’excellents retours sur ce produit avant même le début des ventes – qui débutent en novembre prochain. Le boîtier a déjà été largement testé durant les grands événements sportifs de l’été : Jeux Olympiques et Paralympiques, Euro de football, Grand Prix de Formule 1… Nous avons pu voir dans les médias du monde entier tout ce que peut produire ce boîtier. Pour nous, c’était une vitrine extraordinaire.
Sans oublier l’EOS R5 Mark II, qui est le successeur très attendu de la mythique série 5 de Canon, qui est très doué sur la partie photo et vidéo. D’ailleurs, les commandes sont plus que prometteuses et les critiques sont assez unanimes et très positives pour ce produit lancé à la fin août. Pour l’instant, les chiffres que nous avons sont très, très positifs sur ces deux lancements.

Tous ces événements en France nous ont également permis d’avoir beaucoup de retours des photographes professionnels sur les boîtiers : c’était vraiment formidable d’être en contact avec les pros avant même les lancements des deux boîtiers.
Les Jeux Olympiques ont été un formidable terrain de test pour l’EOS R1 : quels ont été les retours des photographes pro, quelles améliorations allez-vous apporter ?
Nous avons eu des retours très positifs sur les deux modèles, notamment du côté de l’autofocus, mais également sur la personnalisation de la rafale sur l’EOS R1. De même, le mode de priorité à l’action pour les sports de balle a reçu un excellent accueil. Ce sont des retours très spécifiques, que l’on peut obtenir grâce à ce type d’événements.

Nous avions également une équipe de Canon Inc présente sur place, qui a fourni une assistance technique aux professionnels. Bien sûr, l’EOS R1 n’est pas utilisé que pour le photo de sport, mais les détails pensés pour le sport ont été très appréciés.
Certains observateurs ont qualifié l’EOS R1 de R3 mark II, notamment pour sa définition moins élevée que ses concurrents…
Clairement, ce sont les chiffres marché qui rétabliront la vérité, et qui sont les plus importants pour nous. Et pour l’instant, le constat est positif.
Maintenant que l’EOS R1 est sorti, que reste-t-il au R3 ? Sa commercialisation est-elle maintenue ?
Oui, il reste toujours dans nos gammes – et nous recevons toujours des commandes. Il faut raisonner en fonction du type d’usage. En fonction de l’utilisation qui en sera faite, l’EOS R1 comme l’EOS R3 auront chacun leurs avantages.
Lors de notre interview à Munich lors du lancement des EOS R1/R5 M2, Canon nous avait indiqué que chaque modèle était conçu pour rivaliser avec les autres membres de la gamme. Ainsi, le but était que l’EOS R5 Mark II se fasse surpasser par le successeur de l’EOS R6 Mark II : est-ce à dire que ce boîtier pourrait bientôt être lancé ?
Le but de Canon est toujours d’apporter de nouvelles solutions et de développer sa gamme de produits. Et cela peut passer par de multiples aspects. On l’avait vu, par exemple, sur des compacts où on avait innové, et ces innovations ont été portées sur d’autres gammes bien plus élevées.
Pour moi, le but est de toujours faire évoluer les boîtiers, ce qu’on apporte à chaque nouvelle génération, et que l’on peut implémenter dans les différentes gammes.

En revanche, pour le successeur de l’EOS R6 Mark II, je n’ai pas d’infos à vous donner. Dans tous les cas, pour chaque nouveau boîtier, l’idée est soit d’améliorer des fonctionnalités existantes, soit d’apporter de nouvelles fonctions. C’est notre but, que ce soit pour un appareil photo, une caméra ou même une imprimante.
Quelles sont les gammes qui marchent le mieux ? Quelle part de marché occupe la marque sur le marché du plein format notamment ?
Nous avons un vrai avantage chez Canon : globalement, l’ensemble de la gamme fonctionne très bien, puisque nous sommes leaders sur le marché global de la photo, leaders sur les appareils à objectifs interchangeables, et leaders sur le marché des hybrides, alors qu’on y était très peu présent il y a 5 ans. C’est une performance que l’on ne peut pas atteindre avec un seul produit, mais avec beaucoup de produits dans la gamme.

Concernant certains produits spécifiques, l’EOS R50 est le boîtier qui est le plus vendu sur le marché, de janvier à août 2024. La moitié des produits qui dans le top 10 des ventes sont de Canon, d’après GFK. D’une manière générale, les boîtiers APS-C fonctionnent très bien chez Canon. Ce que nous savions faire avec les reflex, nous avons su le faire pour les hybrides. Côté professionnels, l’EOS R5 Mark II est arrivé fin août et il est numéro 1 des ventes fin août (en valeur).

Au global, sur les 12 derniers mois, le marché est globalement stable : +3 % en volume et de -1 % en valeur. Nous avons vendu 95 000 boîtiers hybrides sur cette période : nous devrions arriver à 100 000 unités vendues à la fin de cette année.
Côté optiques, justement, on assiste à un véritable boom du côté des objectifs pensés pour la vidéo : comment l’expliquer ?
Sur le plan des optiques, il s’est déjà vendu 120 000 pièces, pour un total de 107 millions d’euros. Et nous sommes clairement leaders sur ce marché, puisque nous avons 29,4 % de parts de marché de janvier à août 2024, soit le double du n°2. Depuis le lancement du système EOS R en 2018, nous avons déjà lancé 42 optiques en 6 ans. Et nous allons continuer fortement sur cette lancée.

Ainsi, nous avons lancé de nouvelles optiques révolutionnaires, le Canon RF 24-105 mm f2,8 L IS USM Z et le Canon RF 35 mm f/1,4 L VCM , pensées à la fois pour la photo et la vidéo : c’est la convergence des deux mondes, entre photo et vidéo, en faisant aussi le pont avec notre gamme Cinema EOS – puisque nos caméras permettent maintenant d’utiliser les optiques en monture RF.

Et nous continuerons à avoir de très belles nouveautés côté objectifs. Par ailleurs, nous avons lancé récemment le RF 28-70 mm f/2,8 IS STM, qui permet d’avoir l’ouverture constante – mais à un prix très abordable pour ce niveau de performance, puisqu’il est en dessous des 1300 €.
Ainsi, nous élargissons la partie « hybride » photo et vidéo, mais aussi la gamme offrant un très bon rapport qualité-prix, puisque vendue à un prix plus doux que certaines optiques professionnelles. En parallèle, nous continuons aussi à faire grandir la gamme d’optiques RF-S. Elle fait aussi partie de nos axes de développement.
Avec toutes ces nouveautés, le but est d’accompagner au mieux les photographes et tous les utilisateurs qui font à la fois de la photo et de la vidéo. De même, pour les réalisateurs, du côté de la gamme Cinéma EOS, nous avons lancé les caméras EOS C80 et C400, qui ont reçu un très bon accueil de la part des professionnels. Dans tous les cas, cette convergence se lit dans les nouveautés de Canon.
Toujours concernant le développement de la monture RF, la grande nouveauté a été l’annonce de votre ouverture à Sigma et Tamron. Quels sont les premiers retours, tant en termes de vente que de ressenti des utilisateurs ?
Nous sommes partis du besoin de diversité dans notre offre, afin de satisfaire les besoins clients. C’est la base de départ à l’ouverture de la gamme RF-S. Cela nous permet d’ouvrir les possibilités pour les utilisateurs. En revanche, je n’ai pas d’informations sur d’autres potentielles ouvertures.
Pour l’instant, l’arrivée des opticiens tiers concerne uniquement l’APS-C (gamme RF-S). Est-ce que cela signifie que tous les besoins sont couverts côté plein format (RF), et qu’il n’y a pas besoin que les opticiens tiers arrivent sur ce créneau ?
Je ne vais pas parler en leur nom. De notre côté nous allons continuer à sortir des optiques pour la gamme RF-S. Dans tous les cas, Canon a pour volonté de couvrir le marché de manière très large, comme nous avions pu le faire avec les optiques EF. Nous avons déjà 42 optiques, et nous allons continuer à développer notre catalogue là où les besoins sont présents, sur tous les niveaux de gamme – que ce soit en gamme RF-S, ou en gamme vidéo plus spécialisée.

Certains utilisateurs pourraient avoir l’impression que Canon veut absolument garder une très forte maîtrise dans la chaîne de production de l’image…
Notre approche est de couvrir tout le marché, et d’apporter le meilleur à nos utilisateurs. Nous allons continuer de développer nos optiques : avec nos boîtiers, le perfect match, il est avec un objectif Canon.

Avez-vous encore des demandes côté reflex ? La transition vers l’hybride est-elle définitivement achevée ?
Il y a encore un marché reflex. Nous avons toujours des utilisateurs qui souhaitent continuer à utiliser un reflex et nous les accompagnons, puisque nous sommes encore présents sur ce marché.
Certaines lignes de production livrent toujours des boîtiers et objectifs type reflex. On ne développe plus de nouveaux produits pour ces gammes, mais tant qu’il y a de la demande, on y répond. L’an dernier, il s’est vendu moins de 30 000 pièces – à comparer avec les 100 000 hybrides écoulés, toutes marques confondues. Dans tous les cas, la transition du reflex vers l’hybride est largement faite.

Merci à Claire-Anne Devillard d’avoir répondu nos questions. Nous tenons également à remercier l’équipe de Canon France pour cette interview.
Pour en savoir plus, retrouvez tous nos articles sur Canon.