Cette année, le Prix Carmignac du photojournalisme est consacré au Ghana et aux enjeux écologiques liés notamment à la gestion des déchets électroniques. La 13e édition du prix a été attribué à une équipe, composée d’Anas Aremeyaw Anas, journaliste d’investigation anticorruption et activiste, et de Muntaka Chasant et Bénédicte Kurzen, photojournalistes.
Après le Congo et le Venezuela, respectivement mis à l’honneur lors des onzième et douzième éditions du Prix le Ghanale apparaît comme un choix évident, étant donné les bouleversements sociaux, économiques et écologiques qu’il traverse.
Le constat est sans appel : selon le dernier rapport des Nations Unies, le nombre de smartphones, de montres connectées, d’ordinateurs et de tablettes qui finissent à la poubelle ne cesse d’augmenter (+82% depuis 2010). Cette situation a un impact direct sur le Ghana, qui est devenu, après l’Inde et la Chine, la troisième décharge mondiale de déchets électroniques provenant d’Europe et des États-Unis, en dépit des traités internationaux..
En combinant photographie, vidéo, enregistrement audio et reportage écrit, l’enquête menée par Anas Aremeyaw Anas, Muntaka Chasant et Bénédicte Kurzen s’inscrit dans une démarche documentaire et politique approfondie, situant la problématique qui affecte le Ghana dans une perspective à long terme – indispensable pour traiter un sujet complexe de manière adéquate.
Loin des représentations dramatiques souvent proposées par les médias, qui présentent le Ghana comme une poubelle du monde, leur travail, réalisé sur plus d’un an, se concentre sur une investigation minutieuse des nombreuses ramifications de ce trafic de déchets.
C’est ainsi qu’est pointé clairement du doigt l’inefficacité bureaucratique européenne sur la question des déchets, notamment à l’aide d’outils journalistiques précis. Comme l’enquête porte particulièrement sur les personnes qui gèrent ces déchets – et leur appartenance à certains groupes sociaux spécifiques –, le portrait occupe une place centrale parmi les photographies. Ces images offrent un tableau très évocateur des communautés affectées par l’exploitation des déchets électroniques.
Cette photographie sans concession, résolument documentaire, sert parfaitement d’appui aux investigations saisissantes des activistes et journalistes.
Les images sont à retrouver en plein air sur le Quai Anatole France, en face du Musée d’Orsay à Paris, jusqu’au 16 juin 2024. Elles seront ensuite exposées à la Fondation Manuel Rivera-Ortiz pendant toute la durée du festival d’Arles 2024.