Lancé en septembre 2023, le Sniper 23 mm f/1,2 AF fait partie du trio de focales fixes avec autofocus de la marque Sirui. Disponible en monture Fujifilm X, Nikon Z et Sony E et pour capteur APS-C, elle fait partie des premières optiques avec mise au point automatique d’un constructeur chinois spécialisé ordinairement dans les objectifs cinéma.
Cette optique se distingue par sa finition tout en métal, son look séduisant et son ouverture très lumineuse à f/1,2. Mais sur le terrain, quel niveau de performances pouvons-nous obtenir ? Nous avons pu utiliser cet objectif pendant plusieurs semaines : voici notre test complet du Sirui Sniper 23 mm f/1,2 AF.
Sommaire
- Présentation du Sirui Sniper 23 mm f/1,2 AF
- Ergonomie et prise en main
- Performances et qualité d’image du Sirui Sniper 23 mm f/1,2 AF
- Autofocus des Sirui Sniper 23 mm f/1,2 AF
- Face à la concurrence
- À qui s’adresse le Sirui Sniper 23 mm f/1,2 AF ?
- Sirui Sniper 23 mm f/1,2 AF : lumineux, mais pas toujours brillant
Présentation du Sirui Sniper 23 mm f/1,2 AF
Sirui, entreprise chinoise plus connue jusqu’à présent pour des optiques cinéma, notamment anamorphiques, et à mise au point manuelle, s’essaye à l’autofocus.
Fin septembre 2023, Sirui a donc dévoilé les objectifs « Sniper » 23, 33 et 56 mm f/1,2 AF pour hybrides à capteur APS-C. Ces objectifs sont tout en métal et disponibles – petite originalité – en trois couleurs différentes : noir, argent et blanc (nous avons pu essayer les versions noires et blanches).
La déclinaison noire propose un revêtement en fibre de carbone ; la blanche, en céramique (style stormtrooper) et l’argentée en alliage d’aluminium. Des changements cosmétiques qui n’apportent rien en termes de prise en main, mais qui changent un peu des standards.
Le 23 mm, comme ses « jumeaux », possède une ouverture maximale très lumineuse à f/1,2. Un atout important pour photographier des images par basse lumière ou pour obtenir un beau bokeh en flou d’arrière-plan. Sirui met en avant de jolies bulles grâce par un diaphragme circulaire à 11 lamelles.
Notre héros du jour, le 23 mm f/1,2 AF (35 mm en équivalent… 35 mm) paraît tout indiqué pour du reportage. Il s’agit en effet de la focale reine de cette discipline photographique. C’est, par exemple, celle que Fujifilm associe à son compact expert X100V. Un équivalent 35 mm peut aussi se montrer un allié redoutable pour de la street photography, en offrant plus de flexibilité qu’un 50 mm.
La formule optique comprend 12 éléments en 11 groupes (dont 6 lentilles HR – haut indice de réfraction). On notera toutefois que ce 23 mm est dépourvu de lentilles à faible dispersion, contrairement au reste de la gamme.
La mise au point automatique se fait grâce à un moteur autofocus pas à pas, assurant, selon Sirui, une mise au point rapide, silencieuse et tout à fait compatible avec le suivi des différents sujets. Enfin, le Sirui Sniper 23 mm f/1,2 AF n’est pas doté de stabilisation optique.
Voici la liste des caractéristiques du Sirui Sniper 23 mm f/1,2 AF :
- Focale : 23 mm (équivalent 35 mm en plein format)
- Objectif pour capteur APS-C
- Ouverture max : f/1,2
- Ouverture mini : f/16
- Angle de champ : 63,4°
- Construction optique : 12 éléments en 11 groupes (dont 6 lentilles HR)
- Diaphragme : circulaire, 11 lamelles
- Distance minimale de mise au point : 30 cm
- Stabilisation d’image : non
- Tropicalisation : non
- Grossisement max : N.C.
- Mise au point : autofocus pas à pas
- Diamètre du filtre : ø 58 mm
- Dimensions : ø 70 x 92,2 mm
- Poids : 380 g
- Accessoires : bouchons avant et arrière, pare-soleil, étui
- Montures compatibles : Fujifilm X, Sony E, Nikon Z
- Prix de lancement : 389 €
Ergonomie et prise en main
Sirui a opté pour une rationalisation de sa gamme. Les trois optiques Sniper proposent ainsi un gabarit quasi identique d’environ 7 x 9,2 cm. Le 23 mm est le plus léger des trois avec 380 g. Bien que globalement compact, ce 23 mm est toutefois un peu long et dénotera sur un boîtier type X-Pro3 ou X-E4. Il pourra entraîner alors un certain déséquilibre.
L’optique, tout en métal offre un bon niveau de finitions, mais est assez chiche en options. On déplore, par exemple, l’absence d’une bague de contrôle du diaphragme. Dispensable pour les boîtiers Sony E ou Nikon Z, elle est plus que recommandée pour la plupart des hybrides Fujifilm.
De même, vous noterez que ce 23 mm n’est pas protégé contre les intempéries faute de joint d’étanchéité. Au niveau de la monture, on trouve un port USB-C permettant de mettre à jour l’objectif directement (et très aisément) depuis un ordinateur (Windows uniquement).
Pour plus d’informations sur l’ergonomie du Sirui Sniper 23 mm f/1,2 AF, nous vous invitons à consulter notre prise en main complète sur le trio des optiques AF de Sirui.
Performances et qualité d’image du Sirui Sniper 23 mm f/1,2 AF
Nous avons essayé le 23 mm en monture X avec les Fujifilm X-T4 et X-Pro3. Ils partagent le même capteur APS-C (env. 24×16 mm) X Trans IV de 26,1 Mpx. Il ne s’agit pas de la définition la plus exigeante chez Fujifilm, puisque les X-T5 et le X-H2 sont dotés d’un capteur de 40 Mpx.
D’une manière générale le comportement de cet objectif Sirui s’avère très correct. Il offre des images d’assez bonne facture, mais avec quelques compromis.
N’hésitez pas à cliquer sur chaque image pour les voir en qualité optimale.
Bien entendu, à la plus grande ouverture f/1,2, la sensation de netteté est assez limitée. Entre une profondeur de champ très réduite et un capteur X Trans 4 offrant un rendu assez doux (qui a dit mou ?), il aurait été compliqué d’avoir des clichés ultra-détaillés.
Ce piqué assez limité était prévisible : avec les optiques bon marché, il faut souvent faire un choix entre netteté et ouverture très lumineuse. La netteté au centre progresse un peu en fermant le diaphragme vers f/2,8, mais cela reste marginal et il faut attendre f/4 voire f/5,6 pour qu’elle se montre bien présente. Elle se maintient jusqu’à f/8 avant de décroitre assez naturellement. Notez toutefois que, même à f/16, le phénomène de diffraction se montre assez limité.
Cela vaut pour le centre de l’image, et qu’en est-il des coins de l’image me diriez-vous ? Et bien, à f/1,2, en toute logique le niveau de netteté est très limité sur les bords, l’optique est ici assez homogène. Toutefois à f/2,8, si le centre s’est amélioré, les bords restent toujours assez mauvais. Ainsi en périphérie, il faudra vraiment se placer entre f/5,6 et f/8 pour un piqué de bon aloi. On se retrouve donc avec un objectif à l’homogénéité variable.
La reproduction des couleurs est assez juste et le niveau de contraste est plutôt bon – surtout à f/5,6. Nous n’irons pas jusqu’à dire que cela concurrence les dernières optiques natives de Fujifilm, mais Sirui n’a pas à rougir devant des focales plus anciennes.
Cependant, la tentation est grande d’utiliser les objectifs à la pleine ouverture. L’utilisation à f/1,2 permet de bien détacher le sujet de l’arrière-plan. Avec ce 23 mm de Sirui, il faudra donc faire un choix entre un bon niveau de netteté et un rendu plus doux, plus « cinématographique », dirons-nous.
Les ingénieurs chinois ont eu bien du mal à limiter les aberrations chromatiques. Ainsi, elles sont assez présentes à la pleine ouverture, nuisant quelque peu au niveau de contraste. Il faut attendre f/5,6 pour qu’elles disparaissent totalement.
Habituellement, le vignetage est très courant sur les optiques lumineuses – même haut de gamme. Surprise : il est ici assez discret. S’il fallait deviner, nous dirions que Sirui a opéré ici un travail d’opticien à « l’ancienne » privilégiant un rendu homogène, avec peu de défauts, mais au détriment d’un piqué maximal.
À l’inverse, les constructeurs « traditionnels » ont tendance à se reposer plus souvent sur les corrections internes du boîtier ou sur un post-traitement a posteriori pour amoindrir le vignetage – afin de proposer des optiques très piquées.
Malgré les efforts de Sirui, l’optique présente aussi des distorsions en barillet. Elles ne sont pas toujours perceptibles, mais lorsque l’on photographie des bâtiments ou autres structures, on remarquera que les lignes droites tendent à s’arrondir.
Au final, Sirui s’en sort très convenablement avec son Sniper 23 mm f/1,2 AF. Offrir un haut niveau de détails n’est pas toujours aisé, surtout avec comme cœur de marché des optiques anamorphiques connues pour leur piqué moins marqué. Évidemment, à la pleine ouverture, il faudra composer avec un piqué plus relatif, mais nous sommes tout de même à f/1,2.
Néanmoins, avec cet équivalent 35 mm et un boîtier dédié à la photographie de rue de type X-Pro ou X-E, on pourra se contenter (voire apprécier) de ce rendu un peu moins précis, un rendu « argentique’.
Qui dit grande ouverture, dit aussi bokeh. Ici, à la pleine ouverture le fond s’efface assez délicatement pour un bel effet crémeux. Certes, la focale de 35 mm n’est pas la plus propice à la séparation marquée entre le sujet et l’arrière plan, mais l’objectif produit néanmoins un joli flou.
Les bulles de bokeh sont bien rondes au centre, pour un effet assez harmonieux. Mais rapidement elles prennent une forme plus ovoïde en périphérie – le fameux effet œil de chat – sans que leur aspect ne soit inesthétique pour autant. On note toujours les aberrations chromatiques bien marquées autour des sources de lumières les plus intenses.
Un mot enfin sur l’absence de stabilisation. Bénéficiant d’une ouverture maximale f/1,2 très lumineuse, cette optique Sirui n’est pas la plus pénalisée par le manque de stabilisation. Même montée sur un appareil dépourvu de stabilisation mécanique du capteur comme le Fujifilm X-Pro3, nous n’avons guère rencontré de problème à main levée. Néanmoins, on évitera de s’aventurer en dessous de 0,5 seconde pour s’assurer d’une photo nette.
Autofocus des Sirui Sniper 23 mm f/1,2 AF
Le Sniper 23 mm f/1,2 AF est l’une des premières optiques avec autofocus du constructeur chinois. Il fait partie de la petite liste de fabricant qui ont « débloqué » l’AF à la fin d’année 2023.
On sait que les objectifs sont dotés d’un moteur pas à pas et Sirui annonce qu’il permet un autofocus rapide et précis. Les optiques sont de plus compatibles avec la fonction de suivi de l’œil du sujet, en photo comme en vidéo.
Nous avons donc utilisé les optiques Sniper de concert avec deux boîtiers Fujifilm datant de 2019 et 2020, qui ne bénéficient pas des dernières avancées en matière de mise au point.
Ainsi, l’autofocus en continu demeure assez fonctionnel. Mais il reste un peu en retrait comparé aux cadors du genre, que ce soit du fait des appareils ou de l’objectif. L’accroche de l’œil du sujet est cependant assez rapide et on peut suivre son sujet sans trop de peine, même avec un « vénérable » X-Pro3. On trouvera plus rapide, mais la performance est au rendez-vous et le taux de déchets assez minimal. Même si, sur les sujets un peu lointains, il peut y avoir quelques ratés.
En outre, la mise au point se fait en interne et l’optique n’est pas sujette au pompage, même en vidéo. Les transitions se font plutôt en douceur et surtout sans bruit. Ce 23 mm Sniper est globalement assez discret, si ce n’est pour le diaphragme qui s’ouvre de manière assez sèche à chaque mise au point.
Voici une sélection de photos réalisés avec le Sirui Sniper 23 mm f/1,2 AF :
Face à la concurrence
Le tarif du Sirui Sniper 23 mm f/1,3 le place en concurrence directe avec Viltrox qui propose une optique APS-C à la focale identique, mais à l’ouverture maximale f/1,4 : le Viltrox 23 mm f/1,4 AF (à partir de 300 € et également disponible en blanc et en rouge). Viltrox propose cette optique pour les montures Fujifilm X, Nikon Z, Sony E et Canon EF-M.
Notez que Viltrox dispose également d’un caillou très lumineux, mais légèrement plus long, le Pro Series AF 27 mm f/1,2, et uniquement pour la monture X, au tarif de 599 €.
Sigma dispose aussi d’une optique similaire à f/1,4, le 23 mm f/1,4 DC DN Contemporary. Toujours pour les capteurs APS-C, cet objectif polyvalent est disponible pour les montures Fujifilm X, Sony E et pour la monture L (Panasonic, Leica, Sigma), au tarif de 499 €.
Sur une tranche tarifaire plus importante, on retrouve le Fujinon XF 23 mm f/1,4 R LM WR. Très performant, disposant d’une ergonomie réussie et offrant une protection tout temps, ce 23 mm f/1,4 n’est certes pas aussi lumineux, mais il saura vite se montrer indispensable pour les possesseurs d’hybrides Fujifilm prêt à débourser plus de 800 €. L’opticien nippon a aussi dans son catalogue un XF 23 mm f/2 R WR, plus compact, moins ouvert, mais plus accessible, avec un tarif d’environ 469 €.
Enfin, chez Sony, les objectifs natifs similaires ne se bousculent pas vraiment. En APS-C, l’objectif le plus proche est le Sonnar T* E 24 mm f/1,8 ZA. À peine plus long, mais moins lumineux, il s’avère assez bien fini, mais accuse plus de dix ans au compteur, ce qui laisse présager de la qualité de son autofocus (pour ne parler que de cela). De plus, Sony le commercialise toujours au prix fort, soit 999 €.
À qui s’adresse le Sirui Sniper 23 mm f/1,2 AF ?
Le Sirui Sniper 23 mm f/1,2 AF s’adresse aux amateurs de street photography recherchant l’optique la plus lumineuse possible. Bien entendu, la grande ouverture f/1,2 leur sera moins indispensable que pour les amateurs de portraits qui auraient jeté leur dévolu sur le 56 mm f/1,2.
Néanmoins, il s’agit d’une caractéristique intéressante pour s’assurer d’une image toujours propre même de nuit. Aussi, cet équivalent 35 mm se montrera très polyvalent. Architecture, paysage, reportage et même des portraits, pour peu que l’on soit créatif, le Sniper 23 mm f/1,2 AF sera un allié précieux.
Sirui Sniper 23 mm f/1,2 AF : lumineux, mais pas toujours brillant
Vouloir débuter son catalogue autofocus par des optiques à très grande ouverture est audacieux, on peut reconnaîtra cela à Sirui. Et ici, avec son Sniper 23 mm f/1,2 AF, on peut admettre que le pari de la mise au point automatique est réussi.
Il ne s’agit pas du caillou le plus vif du marché, mais, même à f/1,2, l’objectif accroche assez vite les sujets – et le fait silencieusement. Un très bon point pour la marque chinoise. La qualité de construction est plutôt honorable et on apprécie de pouvoir opter pour différents coloris. Toutefois, l’optique demeure un peu déséquilibrée et on aurait apprécié – surtout avec les boîtiers Fujifilm – une bague de diaphragme.
Côté performances, Sirui ne fait pas de miracle. Ainsi, à la plus grande ouverture, outre des aberrations chromatiques très marquées, on se retrouve avec un piqué assez mou et il convient d’attendre f/4 (voire f/5,6) pour avoir une image de bonne facture. Maîtriser une ouverture très lumineuse demande un certain savoir-faire et Sirui n’y est pas encore.
Ceci étant dit, on fera contre mauvaise fortune bon cœur en se disant que l’on pourra réaliser de beaux flous d’arrière-plan. Et l’on misera tout sur la polyvalence apportée par cet équivalent 35 mm.
La focale fixe Sirui 23 mm f/1,2 AF est affichée au tarif de 389 €, pour les montures Sony E, Nikon Z et Fujifilm X. Notez que seul le modèle en noir semble en stock pour le moment, le modèle blanc étant encore en précommande.
Vous pouvez la retrouver chez Digixo et IPLN et chez les revendeurs spécialisés. Un kit incluant les trois optiques Sniper 23, 33 et 56 mm f/1,2 est proposé au tarif de 1109 €.
