Noir et blanc : une esthétique de la photographie à la BNF

Avec « Noir & Blanc : Une esthétique de la photographie », la Bibliothèque nationale de France propose une riche exposition, dans le cadre de sa nouvelle saison photographique. Environ 300 tirages, issus des collections de la BnF, sont à découvrir du 17 octobre 2023 au 21 janvier 2024 sur le site François-Mitterrand, dans le 13e arrondissement de Paris.

Gustave Le Gray, La Grande vague – Cette [Sète], 1857 – BNF, Estampes et photographies

Monochrome ou bichrome ?

Alors même que la photographie en couleur a été inventée en 1903, le noir et blanc demeure particulièrement prisé. À tel point qu’elle a fini par constituer une certaine « essence de la photographie » dans l’esprit du grand public.

L’exposition vise à l’expliquer, en approchant le sujet d’un point de vue esthétique, formel et sensible, sans progression chronologique. Sont ainsi présentées les oeuvres de 207 photographes de 37 pays, de Man Ray à Daido Moriyama, de Diane Arbus à William Klein.

Ray K. Metzker, Kayak, Frankfurt, 1961 – BNF, Estampes et photographies © Estate Ray K. Metzker

Parce que le noir et blanc a été une contrainte technique, sa richesse a été largement explorée. Comme son nom ne l’indique pas, le noir et blanc est un nuancier de niveaux de gris. Les différents portraits capturés par Émile Zola de ses enfants attestent de la gamme des bichromes possibles dès la fin du XIXe siècle.

Intemporel noir et blanc

Les spécificités du noir et blanc en termes esthétiques, en particulier l’importance des contrastes qu’il donne à voir, ressortent de nombreuses oeuvres exposées, au travers notamment de clair-obscurs. Aux côtés des images de Nadar ou de Valérie Belin, la Jeune fille au Leica d’Alexandre Rodtchenko apparaît ainsi comme striée, zébrée par les ombres et les lumières.

Alexandre Rodtchenko, Jeune fille au Leica, 1934 – BnF, Estampes et photographie © ADAGP, Paris 2023

Hier comme aujourd’hui, certains artistes en sont arrivés à faire du noir et blanc le sujet même de leur photographie. Dans les années 1960, Mario Giacomelli relevait le défi de capturer la neige, d’un blanc limpide, sur laquelle s’amusent des jeunes séminaristes en habits sombres. Rares sont les clichés qui affichent de tels contrastes.

Mario Giacomelli, Je n’ai pas de main qui me caresse le visage, 1961-1963 – BnF, Estampes et photographie © Archives Mario Giacomelli – Simone Giacomelli

De fait, des photographies plus récentes jouent sur ces variations de couleur. Plusieurs œuvres exposées laissent deviner des sujets humains se détachant d’un fond plus clair, en des jeux d’ombres et lumières, accentués par le grain de la pellicule argentique. Cela donne vie à des silhouettes mystérieuses et pourtant familières.

Intemporel et pourtant évolutif, le noir et blanc, technique permettant de mettre l’accent sur le graphisme et la matière tout en marquant les contrastes, semble s’être réinventé et avoir ainsi réaffirmé sa portée universelle.

Immigrants, Istanbul, Turquie, vers 1977 © Mary Ellen Mark / The Mary Ellen Mark Foundation / BnF, Estampes et photographie

Informations pratiques :
Noir & Blanc : une esthétique de la photographie – Bibliothèque nationale de France
Du 17 octobre 2023 au 21 janvier 2024
Site François-Mitterrand, quai François Mauriac, Paris 13e
Du mardi au samedi de 10 h à 19 h, le dimanche de 13 h à 19 h
Tarif plein 10 €, tarif réduit 8 €