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© Stéphanie Lacombe / Grande Commande Photojournalisme

Festival Images Singulières : focus sur la Grande commande photographique de la BNF

Le Centre photographique de Sète présente jusqu’au 6 août six photographes de la Grande commande de la Bibliothèque Nationale de France, un large projet initié par le ministère de la Culture. Cette commande publique a été menée par deux cents photographes pour établir un diagnostic du pays au sortir de la pandémie. Une contribution globale aux archives de la BNF que le festival Images Singulières met en avant à travers une sélection exceptionnelle : on pourra ainsi découvrir les images de Valérie Couteron, Pierre Faure, Stéphanie Lacombe, Richard Pak, Kourtney Roy et Frédéric Stucin.

Un passager passe les longues heures du voyage sur le pont sur un ferry entre Porto Torres en Sargaigne et Toulon.
© Kourtney Roy / Grande Commande Photojournalisme

Dans les années 1980, une mission photographique semblable avait été diligentée par une délégation ministérielle pour cartographier les paysages français et ses transformations. À l’époque, Raymond Depardon, Robert Doisneau ou encore Gabriele Basilico – entre autres – avaient ainsi sillonné la France, et documenté le pays en pleine mutation au déclin des Trente Glorieuses.

Voici que presque 40 ans plus tard, le ministère de la Culture organise la Grande commande de la BNF, intitulée justement « Radioscopie de la France : regards sur un pays traversé par la crise sanitaire ». Deux cents photographes pour deux cents regards ; deux cents projets actuellement exposés un peu partout en France, dont six à Sète dans la cadre du festival Images Singulières.

« Prendre soin » de Valérie Couteron

En premier lieu, le festival met en lumière le travail de Valérie Couteron intitulé « Prendre soin ». En grande majorité exercée par des femmes, la profession d’aide à domicile, mal rémunérée et aux conditions de travail difficiles, s’est révélée comme essentielle durant la crise sanitaire.

Valérie Couteron s’est rendue en territoire rural pour réaliser son projet, là où la solitude règne souvent, où le temps passé dans la voiture entre deux domiciles épuise et isole, et où l’intimité partagée avec les bénéficiaires peuvent créer des moments intenses. La photographe rappelle à nouveau l’importance de ceux qu’on a qualifiés d’« invisibles de la République », tous ces gens sans qui la société ne fonctionnerait plus.

Déborah Chevé, aide à domicile pour l’association CVAD (Choisir de vivre à domicile) de Bonnat. Le 27 Juin 2022 Bonnat. Entre deux interventions, avant de rentrer chez Alice pour une heure de ménage, Déborah a 10 minutes de battement.
© Valérie Couteron / Grande Commande Photojournalisme

« France périphérique » de Pierre Faure

Non loin de là, Pierre Faure de l’agence Hans Lucas a réalisé un reportage photographique sur la pauvreté dans la France périphérique, axé notamment sur la notion de territoire. Tout le pari a été de montrer par l’image un phénomène par définition très peu visible. En effet, les nombreuses rénovations urbaines récentes ont souvent amené à repousser les personnes pauvres de plus en plus en périphérie, une sorte d’exode forcée sous couvert de modernisation des centres-villes et des aménagements.

Pierre Faure s’inscrit ainsi dans une longue tradition sociologique de terrain, et nous délivre un document précieux sur la réalité souvent occultée de la précarité dans un pays riche et développé.

Matthieu est un jeune éleveur de brebis. Depuis son installation il rencontre de grandes difficultés administratives, matérielles, financières. Il est également victime d’actes de malveillances : ses outils disparaissent, les enclos de ses brebis sont régulièrement ouverts,…. Selon lui les parcelles qu’il occupe seraient convoitées par d’autres. Aidé par l’association Solidarités paysans il redresse peu à peu la situation. Il pense que rien n’est vraiment fait pour aider des jeunes agriculteurs à s’installer. Creuse, 2022.
© Pierre Faure / Grande Commande Photojournalisme / Hans Lucas

« Somme tout.e » de Stéphanie Lacombe

Qu’est-ce qui suit les fermetures définitives d’usines ? Stéphanie Lacombe a voulu trouver des réponses à Flixecourt, près d’Amiens, une ville-rue située dans une région désertée par l’emploi. Dans la Somme, le taux de chômage est élevé, et une personne sur trois a moins de 25 ans.

Stéphanie Lacombe délivre un constat d’abord, des photographies sur ces territoires où règnent la marginalisation scolaire et résidentielle, où l’accès au marché du travail et aux soins est de plus en plus difficile, et où les effets de l’inflation se ressentent davantage qu’ailleurs. De ce constat, elle a ensuite voulu montrer comment des stratégies d’entraide et des solutions alternatives se sont développées parmi les habitants de cette région.

Kévin est couvreur en formation, il aime monter sur les toits. De là-haut, il regarde sa ville. Il l’adore. La passagère, c’est Lucy. Le petit voisin, à l’arrière, c’est un peu comme leur gosse. Pendant les vacances, ils le trimballent partout. Ils sont comme une famille, c’est rigolo. Pourtant Kévin ne se mariera jamais. « C’est beau juste un jour l’amour. »
© Stéphanie Lacombe / Grande Commande Photojournalisme

« Entre deux mondes » de Kourtney Roy

C’est bien loin de la France rurale que Kourtney Roy s’est établie pour réaliser son travail. Avec « Entre deux mondes », la photographe canadienne nous propose d’embarquer à bord des ferries qui traversent les mers en proposant toujours plus de services, de loisirs et de divertissements.

Car ces voyages-là dépassent le principe même de déplacement pour offrir une « expérience » – qu’importe la destination, finalement. Dans des photographies colorées qui rappellent les meilleures images de Martin Parr, Kourtney Roy explore tous les paradoxes de cette pratique sociale et culturelle de la croisière, et reste fidèle à son esthétique pop et burlesque.

Ces différentes séries, réalisées dans le cadre de la Grande commande la BNF, sont à retrouver au festival Images Singulières de Sète jusqu’au 6 août 2023. Plus largement, cette « Radioscopie de la France » poursuivra sa route tout au long de cet été au travers des différents festivals. Vous pourrez notamment les retrouver au festival photo du Guilvinec, au festival Portrait(s) de Vichy et lors des rencontres de la photographie d’Arles.

Informations pratiques :
Images SingulièresExposition collective la Grande commande
Centre photographique documentaire
Du 18 mai au 6 août 2023
17 rue Lacan 34200 Sète
Du mardi au dimanche, de 14h à 19h
Entrée libre