Rencontres d'Arles 2023

Rencontres de la photographie d’Arles : le programme de l’édition 2023

Les Rencontres d’Arles reviennent pour leur 54e édition du 3 juillet au 24 septembre 2023. Au programme : des photographes internationaux et nationaux de toutes générations, aux démarches artistiques multiples et aux interrogations diverses. Le thème de cette année, « État de conscience » vise à mettre en avant les réflexions multiples des artistes sur notre monde contemporain et sur ses problématiques.

Caderno Casa de Lava [Chã das Caldeiras, île de Fogo, Cap-Vert, photos de Pedro Costa et Les yeux sans visage, film de Georges Franju (1960)] © Pedro Costa

Chaque année, le festival les Rencontres d’Arles présente des artistes, photographes et commissaires, qui, à travers l’art, donnent à voir les transformations du monde, qu’elles soient sociales, économiques, technologiques ou écologiques

Rendez-vous incontournable de la photographie, ce festival engagé se présente depuis plus de 50 ans comme une « caisse de résonance de l’état du monde » en présentant des artistes aux démarches diverses, qui, réunis, proposent un état des lieux artistique de notre société contemporaine.

Pour cette 54e édition, le festival a souhaité mettre en avant les résultats de ces explorations et de la prise de conscience générale du monde qui nous entoure, de ses problématiques et de ses évolutions, à travers le thème « État de conscience ».

Les Rencontres d’Arles 2023 : quand cinéma et photographie se rencontrent

Cette année, le festival met le cinéma au cœur de sa programmation, en mettant en avant le rapport étroit entre le film et la photographie. 3 séries du photographe américain Gregory Crewdson seront ainsi présentées à la Mécanique Générale, réunissant 10 ans de production photographique. Les clichés exposés ont été réalisés dans la ville natale du photographe, dans le Massachusetts, et proposent une plongée hautement cinématographique à travers une Amérique alternative, celle des petites villes de l’ère post-industrielle.

Morningside Home for Women, série Eveningside, épreuve pigmentaire, 2021-2022. Avec l’aimable autorisation de l’artiste. © Gregory Crewdson

Agnès Varda sera également mise à l’honneur au Cloître Saint -Trophime, où l’exposition La pointe courte : des photographies au film reviendra sur ses photographies de la fin des années 40, réalisés dans sa ville natale, Sette, et qui ont permis de réaliser le film La pointe courte. Wim Wenders, lui, présentera ses anciens polaroids à l’espace Van Gogh – des photographies qui l’auraient aidé à la réalisation du film L’ami américain.

L’exposition Scrapbooks, dans l’imaginaire des cinéastes présenté à l’espace Van Gogh par Matthieu Orlan permettra de se plonger dans l’esprit des cinéastes et dans la réalisation de leurs plus grands films. De son côté, Matthieu Orlan revient sur les archives photographiques de Pierre Zucca, photographe de plateau, et s’interroge sur les deux types d’images fixes accompagnant le cinéma : les photographies de tournage et les photographies promotionnelles, qui sont plus scénographiées.

Out 1 de Jacques Rivette, 1970, tirage original. © Pierre Zucca

Diane Arbus, photographe de rue américaine reconnue pour son célèbre cliché « Identical Twins », aimait mêler l’ordinaire et le marginal, capturant des personnes atypiques. L’ensemble de son œuvre sera exposé pour la première fois sous la forme d’une installation immersive intitulée Constellation.

Interroger notre géographie, notre territoire et nos frontières 

Cette 54e édition du festival se présente comme une véritable réflexion sur notre monde et sur les mécaniques de notre société. Ainsi la question de l’environnement et des territoires reste relativement centrale dans le programme.

Eric Tabuchi et Nelly Monnier travaillent depuis 2017 sur la constitution d’un atlas des régions naturelles de France. Ils ont sillonné la France pour documenter, cartographier et mettre en avant les paysages du pays. Ils exposeront une infime partie de leur travail au Grand Control, un ancien entrepôt SNCF.

Graçay, Champagne berrichonne, 2023. Avec l’aimable autorisation des artistes / Atlas des Régions Naturelles. © Eric Tabuchi et Nelly Monnier

L’exposition Ici près qui occupera l’étage du Monoprix mettra également le territoire français en avant, à travers trois projets d’enquête sur les écosystèmes locaux menés par Mathieu Asselin, Tanja Engelberts et Sheng-Wen Lo. Les photographies exposées reviendront donc sur l’industrie, les transports ou encore sur la distribution de l’eau, et comment les écosystèmes sont affectés par les l’intensification des activités humaines.

De son côté, Yohanne Lamoulère dévoilera ses portraits réalisés le long du Rhône avec l’exposition Les enfants du fleuve au Jardin d’été tandis que Juliette Agnel présentera ses photographies des Grottes d’Arcy-Sur-Cure et de leurs peintures datant de – 28 000 avant J.-C. 

Léo, série Les enfants du fleuve, Genève, 2022. © Yohanne Lamoulère / Tendance Floue.

De l’autre côté de l’Atlantique, les photographies de Roberto Huarcaya, capturées il y a 10 ans dans la forêt amazonienne du Pérou, seront exposées à la Croisière. L’artiste a réalisé des photogrammes directement au sein de la forêt et les a développés dans l’eau du fleuve, afin de transmettre au mieux l’essence de l’Amazonie.

Hannah Darabi, elle, aborde le sujet de la diaspora iranienne basée à Los Angeles. Dans sa série Soleil of Persian Square, elle mêle des pochettes de cassettes, des paroles de chansons, des captures d’écran de clips musicaux rappelant les musiques populaires de son adolescence, afin de créer une identité graphique à Tehrangeles, une ville issue de son imagination. Par cette démarche, elle souhaite tisser des liens entre deux cultures incompatibles, et créer une identité qui rentre en opposition avec les valeurs du régime politique iranien actuel.

Sans titre, tirage numérique jet d’encre, série Soleil of Persian Square, 2022. Avec l’aimable autorisation de l’artiste. © Hannah Darabi

Entre nos murs – Téhéran, Iran 1956-2014, revient sur l’histoire d’une maison construite en 1950 et ayant été témoin de l’histoire de l’Iran jusqu’à sa destruction en 2012. Le projet mêle architecture, objets, correspondances et archives photographiques laissées par la famille, afin de livrer un témoignage complet sur le mode de vie iranien des années 1950.

La photographie comme moyen d’expression et de réflexion

Chacun des photographes exposés utilisent le médium afin d’interroger ce qui les entoure et de s’exprimer sur des thématiques qui leur tiennent à cœur. Le féminisme, l’expression de la féminité, ou encore la sororité sont ainsi très présents au sein de cette édition. La Croisière accueillera Maciejka Art et sa série Hoja santa (« feuille sacrée »), réalisée au Mexique au sein d’une communauté de femmes. Les clichés exposés interrogeront les thèmes de la maternité, du féminisme mais également du colonialisme.

Guadalupe, Costa Chica, Oaxaca, Mexique, 2019 © Maciejka Art

L’exposition Søsterskap, qui signifie « sororité » en norvégien, reviendra quant à elle sur 70 ans de photographies en présentant exclusivement des photographes féminines en provenance des 5 pays nordiques.

Oh Mère #28, série Qu’as-tu fait ?, 2019. © Annika Elisabeth von Hausswolff

À l’école nationale supérieure de la photographie, Nicole Gravier exposera Mythes et clichés, une série de pastiches dans laquelle la photographe se met en scène au coeur de photo-romans italien. Par cette démarche pleine d’humour, l’artiste détourne le monde de l’art afin d’aborder un sujet plus sérieux : la condition des femmes.

Le médium photographique est également régulièrement utiliser comme moyen d’expérimentation et de réflexion artistique. Les photographies de Saul Leiter seront ainsi présentées au Palais de l’archevêché et mises en relation avec certaines de ses peintures également exposées.

Sans titre. Avec l’aimable autorisation de la Saul Leiter Foundation © Saul Leiter

Par ailleurs, Eva Nielsen et Marianne Derrien, lauréates des BMW art makers exploreront le rapport entre images imprimées et peinture au Cloitre Saint- Trophime. Zofia Kulik, elle, verra ses photosmontages multidimensionnels mêlant diverses images d’archives exposés à l’église des trinitaires.

Enfin, l’exposition 50 ans dans l’œil de Libé célèbrera le demi-siècle du célèbre journal en mettant en avant ses grandes commandes parmi lesquelles figurent de grands noms tels que Henri Cartier-Bresson, Françoise Huguier ou encore William Klein.

Acte III du mouvement des gilets jaunes, Avenue Friedland, Paris, le 1er décembre 2018. © Boby

Un festival qui dépasse les murs de la ville 

Les Rencontres de la photographie d’Arles s’immiscent dans les espaces culturels des villes. aux alentours. Le Centre photographique de Marseille accueillera ainsi Paulien Oltheten et son exposition The holy seriousness of play, dans laquelle l’artiste s’interroge sur la routine quotidienne, les rituels et leur dimension presque sacrée. Le Frac Paca quant à lui accueillera une exposition collective, Mnemosyne, qui explore la relation entre la photographie et le temps.

Série Jardin, 2018. Avec l’aimable autorisation de l’artiste. © Khaled Abdulwahed

Les objets du Salon Salon des arts ménagers, qui fête ses 100 ans cette année, seront mis en relation avec des photographies d’archives et originales, afin d’interroger les rapports entre l’emergence de la société de consommation et la question des stéréotypes de genre au sein du foyer. Ce dernier point est également exploré par Riti Sengupta à travers sa série Ce que je ne peux pas dire à voix haute, présentée à l’église des Frères Prêcheurs.

Anonyme. 10ème Salon des arts ménagers, autochrome sur film, 1933. Avec l’aimable autorisation des Archives nationales, France

À Avignon, le Chateau Lacoste mettra à l’honneur les photographies d’Andy Warhol tandis que le Centre de la photographie de Mougins présentera une rétrospective d’Harold Feinstein. Enfin, le Musée Estrine exposera les portraits de Louise Bossut, photographe française qui réécrit les mythes de l’histoire de l’art.

Fleurs. Avec l’aimable autorisation de la James R. Hedges, IV Collection. © Andy Warhol

Toute la programmation et les informations pratiques à propos des prochaines Rencontres de la Photographie d’Arles sont à retrouver dès maintenant sur le site Internet de l’événement.

Informations pratiques :
Festival Les Rencontres d’Arles
Du 3 juillet au 24 septembre
13104 Arles, Bouches-du-Rhône
Tous les jours de 10h à 19h30
Tarifs : de 4,50 € à 15 € par exposition ; forfaits toutes expositions : de 28 € à 42 €. Gratuit pour les moins de 18 ans.