©Martin Atanasov, How to forget your past fast

Festival Circulation(s) 2023 : la photographie européenne émergente et la Bulgarie à l’honneur

Mise à jour : le festival Circulation(s), initialement prévu du 25 mars au 21 mai 2023, est prolongé jusqu’au 4 juin prochain.

Depuis 2011, le Centquatre à Paris accueille chaque année le Festival de la jeune photographie européenne. Pour cette édition, Circulation(s) présente 27 artistes de 14 nationalités différentes, un véritable tour d’horizon de l’étendue de la création contemporaine, et plus particulièrement de la photographie émergente. Attentif à la diversité et à la pluralité des points de vue, le festival a à cœur de refléter les problématiques qui peuvent traverser nos sociétés et ses artistes. À l’occasion de ce grand festival, nous vous proposons une sélection personnelle parmi les 27 propositions artistiques.

© Peter Pflügler, Now is not the right time

Un collectif de neuf commissaires d’exposition amène indubitablement cette diversité qu’un festival comme celui-ci requiert – et qui semble être au cœur de son fonctionnement, de ses revendications. Des répercussions de la pandémie sur nos modes de vie jusqu’aux violences intrafamiliales, en passant par le poids des injonctions sociales… la sélection opérée par le collectif dépasse largement nos attentes en termes de représentation et d’expérimentation esthétique.

© Mathis Benestebe & Noah Ambiehl, Chimères

La sal se come la piedra : le quotidien au bord de mer

Intitulé « La sal se come la piedra » – littéralement Le sel mange la terre –, le projet de l’espagnol Pascual Ross mélange subtilement une esthétique documentaire et une approche artistique pour nous livrer un témoignage très personnel sur son sujet. Il est allé à la rencontre de celles et ceux qui dépendent de la mer pour vivre et survivre.

© Pascual Ross, La sal se come la piedra

Précaires, fortement dépendants des aléas de la nature, les pêcheurs – comme tout agriculteur – souffrent également d’une forte invisibilisation de leurs vies et de la réalité de leur métier… C’est ainsi qu’il pose la question : quel est le quotidien de ceux qui nous nourrissent ?

© Pascual Ross, La sal se come la piedra

En photographiant ces pêcheurs, Pascual Ross introduit par la même occasion les problématiques liées à l’environnement et aux changements que subit l’écosystème, mais en partant du point de vue humain, peut-être plus proche de nous, plus concret.

Mitchell Moreno : masculinité et culture numérique

Styliste, décorateur, photographe… le britannique Mitchell Moreno s’est servi de toutes ses casquettes pour élaborer son projet « Body copy ». Souffrant de dysmorphie et de troubles de l’alimentation, la photographie a été pour lui un moyen de se réapproprier son corps et la manière dont il se perçoit.

Pour élaborer son projet, il est parti d’annonces dénichées sur des réseaux sociaux de rencontres gays – et plus exactement de leurs intitulés –, pour les retourner de manière burlesque et leur proposer une réponse photographique. C’est à travers ses autoportraits qu’il met en perspective les enjeux liés à la masculinité, autant que les rapports qu’entretiennent la pratique de la drague et la pratique du numérique… et ainsi donner un regard critique sur certaines industries capitalistes qui en tirent profit.

Focus Bulgarie pour l’édition 2023

Depuis 2019, le festival Circulation(s) met en avant une scène artistique d’un pays européen particulier. Cette année, c’est la Bulgarie et quatre photographes issus de ce territoire qui succèdent à la Roumanie, la Biélorussie, le Portugal et l’Arménie.

Martin Atanasov, l’histoire d’une transition démocratique

C’est l’occasion de découvrir le travail de Martin Atanasov à travers son projet « How to forget your past fast », une étude visuelle de l’histoire récente de son pays, du passage d’un régime autoritaire à une démocratie.

Son travail de collage lui permet de mêler passé et présent sur une seule image, d’accoler des monuments communistes avec des figures de la musique populaire post-soviétique. C’est ainsi qu’il renvoie à la notion de mémoire, individuelle et collective, de son écriture et de l’histoire qui en découle.

© Martin Atanasov, How to forget your past fast

Mihail Novakov, le plaisir de la vie

De son côté, Mihail Novakov opte pour une vision poétique de la Bulgarie contemporaine, et plus particulièrement sur un quotidien au bord de la mer Noire. À l’instar du français Christophe Barraja, Mihail Novakov saisit avec curiosité les détails de son environnement, la chaleur, l’été, la plage comme un lieu en dehors de la réalité, véritable scène de théâtre pour un photographe qui en devient le spectateur.

L’esthétique plutôt kitsch de ses images est portée par un sens aiguisé de l’accessoire, de l’ornement, où le temps d’un instant, le maillot de bain devient abat-jour, ou tout devient ironique, sinon onirique. Rien de mieux pour célébrer le vent de liberté et de jeunesse qui a porté la Bulgarie et son peuple depuis son passage à la démocratie, sans cacher la relative occidentalisation des modes de vie bulgares depuis la chute du mur.

© Mihail Novakov, Salt in the air, sand in my hair

Circulations(s) est à retrouver au Centquatre Paris du 25 mars au 21 mai 2023.

Informations pratiques :
Circulation(s) 2023
Centquatre Paris

du 25 mars au 21 mai 2023.
5 rue Curial, 75019 Paris
du mardi au vendredi de 12h à 19h
week-ends et jours fériés de 11h à 19h
Plein tarif : 6 € (tarif réduit : 3 €)