Metropolia de Martin Bogren : déambulations dans une cité imaginaire

Les images de New York qui composent Metropolia ne sont pas datées, pas situées géographiquement : en publiant Martin Bogren, les Éditions Xavier Barral – Atelier EXB invitent le lecteur à découvrir un beau livre qui échappe aux conventions de la photographie de rue new-yorkaise. Mêlant expérimentation visuelle et errance onirique, Martin Bogren réussit le pari de nous faire traverser les rues d’une ville mythique avec son regard sensible et personnel, sa vision d’une ville imaginaire – de sa ville imaginaire.  

© Martin Bogren

Le parcours de Martin Bogren n’est pas sans rappeler un certain Fritz Lang, qui, en découvrant New York et sa verticalité en 1924, décide de réaliser un film intitulé Metropolis à propos d’une cité dystopique où règnent les inégalités et l’oppression.

Ainsi, New York a été pour Martin Bogren une source d’inspiration qui l’a poussé à photographier la solitude paradoxale qui habite une mégalopole, toutes ces existences, debout et toujours en mouvement, qui semblent errer dans ses rues.

Les personnes photographiées semblent hantées par la disparition, sentiment renforcé par le travail en laboratoire où Martin Bogren gratte ses images, joue avec la matière et la texture, les abime pour mieux faire ressortir ce détail qui fait toute la photographie.

Metropolia
© Martin Bogren

L’esthétique presque cinématographique de Metropolia – malgré le format portrait de la plupart des images qui composent l’ouvrage – est centrale dans cette comparaison avec le film quasi éponyme du siècle dernier. Le parallèle se prolonge par la manière si singulière qu’a Martin Bogren de poser un regard sur cette ville représentée, filmée et photographiée tant de fois, sa vision expressionniste et évocatrice des choses, proche d’artistes comme Michael Ackerman, Antoine d’Agata ou, plus récemment, David Siodos.

Conçus comme des fragments d’une longue illusion, des moments instables et irréalistes capturés comme par hasard, les clichés de Martin Bogren confirment l’idée que la photographie, en dépit de ses contraintes techniques, est à même de représenter l’imaginaire le plus fantasmagorique.

La vie est un songe et toute réalité n’est qu’illusion trompeuse.

Pedro Calderón

Metropolia de Martin Bogren est disponible aux Éditions Xavier Barral – Atelier EXB au tarif de 42 €. Il comprend 96 pages dont 51 reproductions noir et blanc et couleur, ainsi qu’un entretien du photographe avec Anaël Pigeat, critique d’art et journaliste.