Les éditions Images Plurielles publient Photografrika. Membre de la nouvelle collection « Librement », l’ouvrage d’Adrien Tache nous amène à la rencontre des photographes africain, héritiers de Malick Sidibé et Seydou Keïta. Posant un regard d’une grande justesse, il témoigne de la persévérance de ces photographes face aux nombreuses difficultés qu’ils rencontrent.
Après Aka Zidane publié en novembre, les éditions Images Plurielles continuent d’enrichir leur nouvelle collection nommée « Librement » avec un beau livre photo d’Adrien Tache, Photografrika, publié conjointement avec quatre autres ouvrages. L’idée de cette collection est de réunir des photographes de cultures diverses qui se retrouvent autour d’une même conception du voyage et de la rencontre avec l’altérité. Le travail d’Adrien Tache ne déroge pas à ce principe : pendant 3 ans, il a parcouru l’Afrique de l’Ouest pour rendre visite aux photographes locaux et parler de leurs réalités.
Si dans les années 1990 les photographes africains ont été considérés comme des artistes majeurs dans la création contemporaine, les studiotistes d’aujourd’hui n’intéressent plus vraiment l’Occident et leurs situations se fragilisent.
Adrien Tache était déjà sensibilisé à cette histoire avant d’entreprendre ce travail – il s’est formé à l’école de photographie de l’Atelier Nomade en Afrique de l’Ouest. Ainsi, face à ce constat, il a souhaité aller à leur rencontre et témoigner de leur quotidien, de cette profession négligée bien que nécessaire, d’une réalité de plus en plus difficile.
Photographiés dans leurs studios ou en déplacement, les studiotistes ont toujours l’appareil à la main ou autour du cou, extension d’eux-mêmes. Immédiatement, un paradoxe nous frappe : bien qu’ils aient été photographiés récemment, les appareils qu’ils utilisent ont l’air ancien, tous argentiques, datant des années 1970 ou 1980…
Ils sont ainsi confrontés à l’augmentation progressive du prix de la pellicule, parallèlement à la démocratisation du smartphone qui n’arrange pas la situation. Le regard des personnes qu’il photographie est frontal, direct ; il semble vouloir dire « je ferai mon métier, et jusqu’au bout ».
J’ai souhaité immortaliser ces photographes avec leur troisième œil, à l’intérieur des studios et sur le terrain. Pour ainsi témoigner des réalités de leur métier, et conserver une trace d’une époque presque révolue.
Adrien Tache
Photografrika d’Adrien Tache est disponible aux éditions Images Plurielles au tarif de 25 €, pour 128 pages dont 90 reproductions couleur, avec une postface de Vincent Godeau, spécialiste de la photographie africaine contemporaine.