©Alexis Pichot

Insula d’Alexis Pichot : l’île comme une possibilité de reconnexion avec soi

Après Séléné, voyage photographique au cœur de paysages montagneux, Alexis Pichot revient avec une autre série sous la lumière lunaire : Insula. Le photographe a habité la côte normande, a parcouru à pied les plages jusqu’à repérer ces îles, ces rochers aux formes et aux textures multiples qu’il a finalement photographié durant la nuit.

Île, insulaire, isolé… différents mots qui viennent de la même racine latine. Isolée mais entouré à la fois, seule au milieu de l’eau, parfois en archipel, le paysage de l’île se transforme au gré des marées ascendantes ou descendantes, l’île qui s’érode au fil des années quand les vagues ensablées tapent sur son flanc.

©Alexis Pichot

La pierre qui la constitue, tantôt aride, rugueuse, tantôt douce, presque accueillante, où viennent se poser des algues et quelques coquillages ; une multiplicité et une diversité de représentations pour tenter d’approcher l’exhaustivité, montrer toutes les îles qu’on peut voir de la côte normande, sous tous les angles. À marée haute, à marée basse, entre les deux : la mer qui entoure la roche n’est jamais figée mais fluide, photographiée en pose longue. Devant l’objectif via une pose longue, l’eau prend toutes les formes qu’impose ses mouvements : successivement lisse, presque miroir, brume, vapeur d’eau qu’on pourrait croire brûlante, eau chaude échappée d’une crevasse…

©Alexis Pichot

Sous le regard d’Alexis Pichot, le cycle des marées s’apparente aux cycles émotionnels de l’homme, oscillations naturelles de l’humeur que ressentent certaines personnes au cours d’une journée, d’une semaine, d’un mois. Les photographies sont prises de nuit, lorsque les plages se vident, que la solitude émerge : l’artiste au milieu de personne prend le temps que la nuit passe, pose l’appareil sur un trépied et attend que la photographie se fasse.

©Alexis Pichot

Rêver des îles, avec angoisse ou joie peu importe, c’est rêver qu’on se sépare, qu’on est déjà séparé, loin des continents, qu’on est seul et perdu – ou bien c’est rêver qu’on repart à zéro, qu’on recrée, qu’on recommence.

Gilles Deleuze, L’île déserte
©Alexis Pichot

En photographie, en peinture comme en littérature : l’île sauvage incarne l’horizon de tous les possibles, la possibilité d’une utopie, d’un nouveau départ, mais aussi le lieu de tous les dangers, de l’adversité et de l’inconnu qui peuvent s’avérer dangereux. Homère et son Ulysse qui explorent des terres inconnues, Michel Houellebecq et sa possibilité d’une île, Daniel Defoe et son Robinson, l’île incarne toujours le lieu de nulle part, l’opportunité d’une aventure de soi et d’une reconnexion, un moyen de faire corps avec le monde.

Vous pouvez retrouver le travail d’Alexis Pichot et sa série Insula est à retrouver sur son site web.