En décembre 2020, Sigma dévoilait un trio de focales fixes : un 24 mm f/3,5, un 35 mm f/2 et un 65 mm f/2. Toutes trois venaient inaugurer la série I, une gamme d’objectifs visant à offrir un excellent compromis taille/poids/luminosité. Sans oublier une qualité optique supérieure, digne des meilleures focales fixes du marché. Qu’en est-il sur le terrain ? Le Sigma 35 mm f/2 DG DN I Contemporary nous accompagne au quotidien depuis plusieurs semaines. Voici donc notre test complet de cette focale fixe légère et séduisante.
Sommaire
- Un mot sur la série I de Sigma
- Présentation du Sigma 35 mm f/2 DG DN I Contemporary
- Prise en main du Sigma 35 mm f/2 DG DN I Contemporary
- Qualité d’image du Sigma 35 mm f/2 DG DN I Contemporary
- Autofocus
- Le Sigma 35 mm f/2 DG DN I Contemporary face à la concurrence
- À qui s’adresse le Sigma 35 mm f/2 DG DN I Contemporary ?
- Conclusion
Un mot sur la série I de Sigma
Le but de la série I est simple : rebattre les cartes des focales fixes et des ouvertures jusqu’ici proposées par Sigma. L’opticien japonais est aujourd’hui renommé pour sa série Art, sur reflex comme sur hybrides. Cependant, ces objectifs haut de gamme s’avèrent assez onéreux et volumineux.
Dès lors, cette nouvelle gamme d’objectifs, destinés aux hybrides plein format, vise à offrir un positionnement différent en proposant un ensemble de focales fixes premium, compactes, légères, lumineuses, dotées d’un fût en métal, d’une bague d’ouverture manuelle et d’un autofocus rapide.
Prenant place au sein de la grande famille des optiques Contemporary, cette nouvelle gamme I (pour Incroyable, Impressionnante et Innovante) vise à proposer une excellente qualité optique, « digne de la série Art ». Sigma indique avoir considérablement retravaillé la conception optique de ces focales fixes pour minimiser les aberrations optiques, grâce à l’emploi de lentilles asphériques en verre moulé. Notons enfin que ces objectifs sont fabriqués par Sigma au Japon, au sein de l’usine d’Aizu que nous avions visitée en 2019.
Au moment de l’écriture de ce test, la série I compte déjà 6 références : les Sigma 24 mm f/2 et 24 mm f/3,5, et les 35 mm f/2, 45 mm f/2,8, 65 mm f/2 et 90 mm f/2,8 DG DN I Contemporary. Ces objectifs sont disponibles en monture E (Sony) et en monture L (Leica, Panasonic, Sigma).
Visite d’usine : la fabrication des objectifs Sigma à Aizu, Japon
Présentation du Sigma 35 mm f/2 DG DN I Contemporary
Est-il encore besoin de présenter la focale 35 mm ? Prisée par de (très) nombreux photographes, elle fait figure d’incontournable tant elle se montre polyvalente. Plus large qu’un 50 mm (mais moins qu’un 24 mm), elle permet d’immortaliser une foultitude de sujets, allant du portrait au paysage en passant par le reportage, la photo de rue ou l’urbex.
L’objectif proposé par Sigma bénéficie en outre d’une ouverture lumineuse à f/2, qui doit permettre de jouer avec aisance sur la profondeur de champ. Avec sa distance minimale de mise au point de 27 cm, l’objectif pourra aussi convenir pour du packshot ou pour pratiquer la proxiphotographie, en profitant d’un champ assez large.
Contrairement au Sigma 35 mm f/1,4 DN DN Art, renouvelé en avril 2021, ce 35 mm f/2 mise sur un gabarit « poids plume ». Comptez seulement 325 grammes sur la balance, 70 mm de long et un diamètre de filtre de 58 mm. Il s’accordera très bien avec un boîtier compact comme le Sony A7c.
Ce 35 mm f/2 de Sigma dispose de 10 lentilles réparties en 9 groupes, dont un élément en verre SLD. Ce dernier vise à corriger les aberrations chromatiques axiales. On retrouve également un total 3 lentilles asphériques, qui doivent sensiblement améliorer le rendu aux bords de l’image. L’ouverture à f/2 est assurée par un iris circulaire à 9 lamelles.
L’objectif dispose d’une moteur STM (pas à pas), présenté comme rapide et silencieux. Nous aurons l’occasion de revenir en détail sur ses performances au cours de ce test. Notons aussi l’absence de stabilisation optique – l’objectif se reposant sur la stabilisation du capteur (IBIS).
Voici les caractéristiques complètes du Sigma 35 mm f/2 DG DN Contemporary de la série I :
- distance focale : 35 mm
- ouverture maximale : f/2
- ouverture minimale : f/22
- construction optique : 10 lentilles répartis en 9 groupes dont 1 élément en verre SLD et 3 lentilles asphériques
- diaphragme : circulaire, 9 lamelles
- rapport de grossissement maximal : 1:5.66
- angle de champ : 63,4° (24 x 36 mm)
- distance de mise au point minimale : 27 cm
- diamètre du filtre : 58 mm
- tropicalisation : résistant à la poussière et aux éclaboussures
- autofocus : oui, moteur STM pas à pas
- poids : 325 g
- stabilisation : non
- dimensions : 70 mm x 65,4 mm (D x L)
- montures compatibles : Monture L, Sony FE
Prise en main du Sigma 35 mm f/2 DG DN I Contemporary
Au premier contact, cette focale fixe surprend par sa petite taille et sa légèreté – mais aussi par la qualité de ses finitions. Tout de noir vêtu, l’objectif comme son pare-soleil adoptent une finition tout métal résolument premium. De quoi nous laisser une excellente première impression.
À l’avant du fût, la bague de mise au point offre une très bonne préhension grâce à un crantage prononcé. Comme sur les autres objectifs pour boîtiers hybrides, cette bague entraîne un moteur interne pour effectuer la MAP et ne possède pas de butée. Sa course (virtuelle) non linéaire dépendra de la vitesse de rotation de la bague, ce qui permet d’affiner la mise au point sans difficulté. Nous avions déjà croisé ce mode de fonctionnement « intelligent » sur les objectifs de Tamron. L’objectif s’avère ainsi bien conçu et agréable à utiliser.
On apprécie également la sérigraphie blanche, très lisible, de la bague d’ouverture. Cette dernière est crantée par 1/3 de stop, avec une position « Auto » rangée à l’extrémité gauche de la bague. Malheureusement, cette dernière n’est pas décliquable contrairement au Sigma 35 mm f/1,4 DN DN Art, ce qui pourrait gêner les vidéastes.
Sur le côté du fût, un unique commutateur permet d’activer/désactiver l’autofocus. Il est d’assez grande taille, ce qui facilite son utilisation sur le terrain (même avec des gants). Sigma adopte également un code couleur pour distinguer les modes AF et MF. En effet, un cadre blanc s’affiche à côté du commutateur lorsque l’autofocus est activé.
Une fois le pare-soleil monté, l’objectif s’allonge de 3,2 cm, pour une longueur totale de 10,2 cm au total. Compacité oblige, ledit pare-soleil recouvre totalement la bague de MAP lorsqu’il est monté « à l’envers ». Heureusement, la bague d’ouverture reste facilement accessible.
Monté sur un Sony A7 III ou A7 IV, l’objectif offre un très bon équilibre et offre une solution d’une remarquable polyvalente – et qui permet de voyager léger. Il nous a ainsi accompagné comme objectif principal tout au long de ce test.
Qualité d’image du Sigma 35 mm f/2 DG DN I Contemporary
Nous avons testé cet objectif Sigma avec deux hybrides plein format : le Sony A7 III (24 Mpx) et son successeur le Sony A7 IV (33 Mpx). Les photos présentées sont les images RAW développées dans Lightroom, avec une légère correction de l’exposition, du contraste, des ombres et des hautes lumières. Vous pouvez cliquer sur les photos de ce test pour les voir en meilleure qualité.
D’une manière générale, nous avons été agréablement surpris par la qualité d’image obtenue avec le Sigma 35 mm f/2 DG DN I Contemporary, avec un rendu très agréable à l’œil et une très bonne restitution des détails.
Dès la pleine ouverture, l’objectif offre déjà un excellent piqué au centre de l’image. Comme à l’accoutumée, le piqué monte encore et atteint son niveau maximal entre f/4 et f/8. Globalement, la sensation de piqué est extrêmement élevée et les images fourmillent de détails. Les photographes de paysage devraient être aux anges.
Sur les bords, la performance est également remarquable. Dès f/2,8, le rendu aux bords de l’image est très satisfaisant. Seuls les extrêmes bords demeurent à la traîne – mais seulement jusqu’à f/4. Autant dire que les éléments asphériques ajoutés par Sigma font clairement leur effet.
Nous avons aussi été séduits par le rendu du bokeh. Ce dernier s’avère particulièrement plaisant, avec un effet tournoyant des plus esthétiques. Couplé à la très courte distance minimale de MAP, on peut aisément obtenir de très belles photos, avec un superbe flou de profondeur de champ.
Bien sûr, certains esprits chagrins argueront que le flou d’arrière-plan n’est pas aussi prononcé qu’avec un 35 mm ouvrant à f/1,4 ou f/1,2. On notera également un bokeh avec effet d’oeil de chat à pleine ouverture sur les bords. A f/3,5, les bulles commencent à être bien rondes. Mais rassurez-vous, le flou est malgré tout bien présent. Et ceci permet d’ajouter plus d’éléments de contexte au second plan.
Un mot également sur le rendu colorimétrique des images. On retrouve ici les « couleurs Sigma », avec des images légèrement plus froides dans les ombres et une très légère teinte violette apparaissant certaines fois sur les zones claires. À notre goût, ceci ajoute du caractère à l’objectif et permet d’obtenir des images esthétiquement très plaisantes, avant-même de commencer le post-traitement.
On notera cependant une certaine présence du vignettage. Très marqué à la pleine ouverture, il tend à s’estomper aux environs de f/4, mais ne disparaît jamais totalement. Il demeure cependant facile à corriger au post-traitement.
En termes de gestion du flare, cet objectif Sigma est un bon élève. Malgré tout, on observe quelques artefacts verts dans les coins de l’image si une source lumineuse très intense est située dans le coin de l’image. On se consolera (et amplement) avec l’effet startburst, qui génère de belles étoiles en fermant le diaphragme.
Notez la présence d’une légère distorsion en barillet, qui reste facile à corriger. L’objectif dispose d’un profil de correction intégré à Lightroom, ce qui facile amplement le travail. Heureusement, les aberrations chromatiques sont particulièrement bien gérées. Au bout d’un temps certain, nous avons réussi à en trouver trace sur une cheminée métallique luisant au soleil – et encore, c’est vraiment pour chipoter.
Autofocus
Ce 35 mm Sigma dispose d’un moteur autofocus pas-à-pas. En théorie, ce dernier doit se montrer rapide, précis et silencieux.
Sur le terrain, les performances sont au rendez-vous. La mise au point est effectuée sans délai… même si l’objectif n’est pas vraiment sportif. Passer de la distance minimale de MAP à l’infini prend un peu moins d’une seconde, ce qui devrait convenir pour la majorité des courants de la vie courante. Seules les scènes très faiblement éclairées pourront poser problème.
Seule remarque : même sur des sujets parfaitement statiques, l’objectif recalcule entièrement la MAP, ce qui se traduit par un léger pompage. Le phénomène, marginal à la pleine ouverture, tend à devenir plus marqué en fermant le diaphragme.
En termes de suivi, l’autofocus se montre efficace et l’appareil est capable d’accrocher le sujet sans souci. Par ailleurs, l’objectif exploite à merveille les modes de détection et de suivi de l’œil du sujet. Pour les humains comme pour les animaux, ce 35 mm Sigma permet de capturer de très belles photos de portrait, de jour comme de nuit
En revanche, les vidéastes risquent d’être (très) surpris par le niveau de focus breathing, qui s’avère extrêmement élevé. Ne reste donc plus qu’à prier pour que l’objectif soit un jour pris en charge par la nouvelle fonction de compensation de ce phénomène par le Sony A7 IV et A7S III.
Le Sigma 35 mm f/2 DG DN I Contemporary face à la concurrence
Bon nombre de 35 mm concurrents ouvrent à f/2,8, comme chez Tamron, Samyang ou Sony/Zeiss. En optant pour une ouverture lumineuse à f/2, Sigma adopte un positionnement judicieux, puisqu’elle entre davantage en concurrence avec les objectifs ouvrant à f/1,8.
Au premier rang d’entre eux, on retrouve le Sony FE 35 mm f/1,8, véritable incontournable dans l’écosystème hybride de la marque japonaise. Très polyvalent lui aussi, il s’accordera très bien avec un boîtier comme l’A7 III. Sans surprise, la qualité de construction est exemplaire. L’objectif fait l’impasse sur la bague d’ouverture manuelle, mais se pare d’un bouton de contrôle personnalisable. Sur le terrain, ce 35 mm lumineux offre une remarquable prestation, même si l’on observe un piqué en léger retrait à l’ouverture la plus large et quelques distorsions en coussinet – comme sur le 35 mm de Sigma, rappelons-le. Notons enfin que le Sony 35 mm f/1,8 FE est proposé au tarif de 689 € et facture ses très bonnes performances au prix fort.
On retrouve également le Samyang AF 35 mm f/1,8 FE, que nous avions testé fin 2020. Ultra-léger et compact (210 grammes seulement !), il bénéficie d’une construction tout-temps toujours très appréciable. Sur le terrain, les performances de cet objectif sont remarquables, avec un piqué très présent dès la pleine ouverture et un bokeh très agréable à l’œil. Seul reproche : l’aberration chromatique est parfois assez présente sur les scènes « complexes », notamment en contre-jour.
Côté AF, les copies de Sigma et Samyang font jeu égal : l’autofocus est précis et inaudible, mais il n’est pas foudre de guerre. Sur ce point, l’objectif de Sony réussit à faire mieux. Enfin, comme sur les objectifs de Sony et de Sigma, les distorsions en barillet se font remarquer. Seulement voilà : l’opticien coréen adopte un positionnement tarifaire très agressif. Le Samyang AF 35 mm f/1,8 FE est ainsi disponible à 399 €, lorsque la concurrence dépasse la barre des 600 €.
Enfin, n’oublions pas les deux autres 35 mm proposés par Sigma en monture E. On retrouve ainsi le Sigma 35 mm f/1,2 DG DN Art. Extrêmement lumineux et offrant d’excellentes performances optiques, son gabarit, son poids et son tarif de 1369 € le font jouer dans une autre catégorie que le « petit » 35 mm f/2.
On retrouve aussi le Sigma 35 mm f/1,4 DG DN Art, une version remise au goût du jour de l’objectif sorti en 2013. Certes, l’objectif est considérablement plus dodu que son alter-ego ouvrant à f/2, mais son ouverture lumineuse à f/1,4 s’avère très pertinente. Il est disponible au tarif de 849 € et fera d’ailleurs l’objet d’un prochain test dans nos colonnes.
À qui s’adresse le Sigma 35 mm f/2 DG DN I Contemporary ?
Inutile de gloser 107 ans sur la focale 35 mm. Elle permet d’immortaliser une foultitude de sujets, de la photo de rue au portrait en passant par l’urbex et le paysage. Bien sûr, chaque photographe possède sa focale de prédilection, mais il y a de grandes chances pour que le 35 mm puisse vous accompagner en toute circonstance.
Grâce à son ouverture lumineuse à f/2, cet objectif signé Sigma permet de jouer aisément avec la profondeur de champ et d’obtenir facilement un bokeh agréable à l’œil. De même, il se montre agréable à utiliser pour de la photo de nuit à main levée. Enfin, elle pourra aussi servir (dans une certaine mesure) pour l’astrophotographie.
Avec son rendu colorimétrique très particulier, il saura également séduire celles et ceux voulant donner de la personnalité à leurs images. Dès la sortie de la carte mémoire, les images sont très séduisantes et nécessitent très peu de post-traitement.
Enfin, sa finition tout-métal premium et son poids-plume sont deux atouts supplémentaires pour cet objectif assurément séduisant.
Conclusion
Lumineux, compact, léger, offrant une sensation de piqué très présente et un bokeh agréable à l’œil… Sans aucun doute, le Sigma 35 mm f/2 DG DN I Contemporary nous a séduit. Le constructeur japonais signe ici une optique d’une grande pertinence, qui devrait séduire sans difficulté les propriétaires d’un Sony A7 III en recherche d’un 35 mm efficace.
Certes, l’objectif n’est pas totalement exempt de défaut. Son autofocus gagnerait à être un micro-poil plus rapide, et les distorsions en barillet sont parfois un peu trop prononcées à notre goût. De même, les vidéastes regretteront que la bague d’ouverture manuelle ne soit pas décliquable. Mais ces points sont amplement compensés par une très bonne qualité d’image, un rendu des images extrêmement plaisant et un positionnement tarifaire assez judicieux.
En un mot comme en cent, cette focale fixe Sigma est une vraie réussite, et nous la recommandons sans hésiter.
Le Sigma 35 mm f/2 DG DN I Contemporary est disponible à partir de 619 € chez Digit-Photo, Miss Numérique, Digixo, Camara, à la Fnac et sur Amazon.