© Bruno Alencastro

Le confinement en camera obscura pour dépeindre la vie durant le Covid-19

Alors que la population mondiale a été confinée chez soi, certains photographes ont fait rentrer le monde extérieur chez eux afin de s’échapper. Le photographe brésilien Bruno Alencastro est à l’origine de ce photoreportage « Obs-cu-ra » utilisant la méthode de la camera obscura moderne. De nombreux photographes ont rejoint ce projet au Brésil pour créer une série photo nationale confinée.

© Felipe Martini

Vue d’intérieur

Bruno Alencastro est le premier a transformer son propre appartement en camera obscura. « Je voulais créer quelque chose pendant la quarantaine, mais aucune idée ne me semblait originale. Je me suis tourné vers le passé à la recherche d’inspiration. Et j’ai eu ce déclic ». Pour cela, lui et ses confrères photographes bloquent toute source de lumière à l’aide de bâche. Ils laissent un trou qui permet la diffusion renversée du monde extérieur, qui symbolise à merveille le chaos pendant la pandémie.

Vidéo : transformer sa chambre en camera obscura pour créer des photos inédites

Bruno Alencastro se met en scène avec sa femme, tout deux à leur bureau comme s’ils travaillaient dans une cour d’immeuble.

© Bruno Alencastro
© Guilherme Santos

Ces portraits mélangent espaces intimes et environnements interdits. Cette illusion du décor donne l’impression d’observer ces photographes depuis une fenêtre : soit confinés chez eux, soit libres dans la nature ou dans la ville. « La fenêtre commence à être réutilisée différemment par les artistes contemporains dans cette période de Covid-19. Aujourd’hui, la fenêtre commence à représenter la frontière et l’abîme entre le monde extérieur et le monde intérieur. La liberté et l’enfermement », explique Bruno Alencastro.

© Rodrigo Blum

Camera obscura

La faible luminosité et la mise en scène de chacun des clichés « Obs-cu-ra » permet de véhiculer les émotions des photographes. Dans des scènes banales du quotidien ou certains lisent, certains se reposent ou encore jouent de la musique, ces projections retournées créent une confusion chaotique. Car le but est de capturer la vie pendant cette épidémie, ainsi que ses émotions.

On ressent à la fois de la nostalgie pour ce photographe qui fête seul son anniversaire une bougie à la main, la tendresse et la grâce de ces couples entrelacés ou de cette danseuse au décor de ciel nuageux. Mais on ressent aussi la peur et la détresse de cette étudiante anxieuse de contribuer à la propagation du virus, ou de ce musicien indépendant, dont l’avenir est incertain.

© Beatriz Grieco

« Chacun a participé au projet avec son caractère unique. Réalisations et pertes. Souhaits et privilèges. Craintes et espoirs. »

Bruno Alencastro

© Caroline Muller

Un projet national

Rapidement dans l’impossibilité de produire de nouvelles images confinées, Bruno Alencastro partage et invite d’autres photographes brésiliens à participer à son photoreportage collaboratif. Eux aussi ont transformé leur pièce de vie en paysage grand format.

Progressivement, il construit son photoreportage avec l’aide de ses collègues photographes brésiliens : « j’ai commencé à leur donner des conseils sur la façon d’obtenir le meilleur résultat technique et aussi sur ce que je voudrais que chaque photo représente », explique Bruno Alencastro.

Voici une sélection de photos issues de cette série :

© Clarissa Pont
© Ricardo Wolffenbutel
© Ursula Jahn
© Eveline Medeiros
© Josue Braun
© Pedro Rocha

Retrouvez la série « Obs-cu-ra », qui s’est aujourd’hui affranchie des frontières brésiliennes, sur le compte Instagram de Bruno Alencastro.