Test du Fuji X-T30, un mini X-T3 compact et polyvalent

8.5
sur 10

Mise à jour septembre 2021 : Fujifilm a dévoilé le X-T30 II, une évolution du X-T30 avec de meilleurs performances et un nouvel écran plus défini.

Chez Fujifilm, chaque génération d’hybride X-T fonctionne en duo. Après la sortie du X-T3 que nous avons testé, Fujifilm a révélé une version miniature : le X-T30, qui reprend l’essentiel des fonctionnalités du X-T3, dans un gabarit ultra compact et léger. Logique successeur du X-T20, il intègre à présent la dernière génération de capteur X-Trans BSI CMOS 4 et X-Processor 4, un nouvel algorithme autofocus, un écran tactile plus réactif et un mode vidéo 4K sans crop Dci 30p.

En 2018, le X-T20 était le produit le plus vendu chez Fujifilm mondialement. Le X-T30 perpétuera-t-il la lignée avec autant de succès ? Nous avons testé cet appareil sur le terrain et voici notre avis.

Prise en main et ergonomie du Fuji X-T30

Si le X-T30 est une version miniature du X-T3, il ressemble plus à son véritable prédécesseur le X-T20 dont il reste physiquement très proche. Sur le dessus de l’appareil, on retrouve la prise en main manuelle et si spécifique à Fujifilm via les molettes manuelles. Contrairement au X-T3, il n’y a pas de molette physique pour contrôle la sensibilité ISO remplacée par la molette de modes (vidéo, bracketing, rafale, vue simple, panoramique, etc). La modification de la sensibilité ISO s’effectue ici numériquement au sein de l’appareil. Sur la droite, nous retrouvons la molette manuelle de vitesse et de correction d’exposition, ainsi que le déclencheur, l’interrupteur ON-OFF et une touche personnalisable Fn.

fujifilm-x-t30-2.jpg

Sur le X-T30, par rapport au X-T3, il n’est pas nécessaire de positionner les molettes une à une en position A pour basculer en mode automatique puisqu’un petit loquet a été prévu à cet effet, permettant ainsi de laisser les réglages en cours sur les molettes et passer rapidement du mode manuel à automatique et inversement. Cette différence existait déjà entre le X-T20 et le X-T2.

À l’arrière, seul le trèfle de navigation a disparu par rapport au X-T20 pour laisser place à un joystick et libérer de la place afin de positionner le pouce plus aisément. À côté du repose pouce, une petite butée qui permet de mieux tenir l’appareil est munie d’une petite touche de raccourci Q qui permet d’accéder au menu rapide, ainsi immédiatement accessible avec le pouce. Plus de place c’est bien, mais il faut s’habituer à l’utilisation du joystick, pas toujours intuitive pour les utilisateurs. Disons que c’est un petit coup de main, ou de pouce, à prendre.

Côté menus, nous retrouvons la nomenclature fidèle à Fujifilm, malheureusement pas toujours très intuitive pour les non habitués. Il faudra un peu de pratique pour s’y faire et trouver le réglage adapté à ses besoins.

Le X-T30 reprend l’écran LCD de 3″ du X-T3, d’une définition de 1 040 000 points, orientable et tactile monopoint, pour la sélection du collimateur AF ou pour enregistrer l’image via l’écran uniquement. Sur le X-T3, la réactivité du tactile laissait à désirer, depuis optimisée via l’arrivée du firmware en version 3.00 inspiré du X-T30. Elle a ici été améliorée et semble effectivement beaucoup plus fluide. Il est également possible de modifier la zone de mise au point pendant la visée. C’est pratique, gare toutefois au changement du collimateur par erreur avec le nez. Certes, c’est plus sensible, mais le collimateur a tendance à changer trop facilement dans cette situation à moins d’être bien décollé de l’écran et du viseur de l’appareil. Côté design, l’écran du X-T30 est légèrement plus fin que celui du X-T20.

Le viseur électronique OLED de 2,36 millions de points n’a pas changé par rapport au X-T20. Il est moins défini que celui du X-T3 qui s’élève à 3,69 millions de pixels et permet aux deux hybrides de se distinguer. Le grossissement de 0,62 x est ainsi moindre, mais il reste lumineux et agréable sans effet arc-en-ciel.

Sur le dessous de l’appareil, nous retrouvons la batterie, ainsi que l’emplacement de la carte mémoire SD en UHS-I seulement. La connectique est quant à elle basique : elle comprend une entrée HDMI et une prise USB de Type-C pour connecter l’appareil et le recharger.

L’hybride embarque Bluetooth et Wi-Fi pour transférer ses images ou piloter l’appareil à distance, pratique même si l’appairage de l’appareil est toujours alambiqué.

Une compacité exemplaire

S’il y a un point sur lequel Fujifilm ne démord pas sur sa série X-T à deux chiffres, c’est bien la compacité de ses boîtiers. L’objectif est simple : maintenir une taille compacte sans compromettre la qualité d’image, et c’est à nouveau le cas sur ce X-T30.

Son poids est le même que celui du X-T20 : 383 g seulement pour assurer une légèreté optimum à ses utilisateurs. Couplé à un objectif compact de type pancake, vous pourrez obtenir un rapport compacité/poids idéal pour l’emporter partout avec soi. Nous avons pris beaucoup de plaisir à utiliser et à dégainer le X-T30 dans n’importe quelle situation et tout au long de la journée sans trop d’efforts.

Contrairement à son aîné X-T3, le X-T30 ne profite pas d’une construction résistante et tropicalisée. Cela n’enlève toutefois rien à son excellente qualité de fabrication et à son look vintage appréciable proche des appareils photo argentiques, disponible en noir ou en noir et argent.

Fonctionnalités du Fuji X-T30

Capteur et processeur dernière génération

Le X-T30 s’empare des dernières avancées technologiques de Fujifilm, tel que le nouveau capteur X-Trans 4 CMOS d’une définition de 26,1 millions de pixels et le processeur X-Processor 4, inaugurés à l’occasion du X-T3. Nous avions particulièrement apprécié la souplesse des fichiers JPG, la bonne gestion du traitement appliqué par le processeur et la bonne dynamique de capteur sur le X-T3. Rendez-vous plus bas pour l’analyse des images et pour déterminer si les performances de ce X-T30 sont équivalentes.

Nouvel algorithme autofocus

Comme sur le X-T3, le X-T30 profite d’un nouvel algorithme AF portant le nombre de pixels à détection de phase à 2,16 millions contre 0,5 million sur le X-T2. C’est 4 fois plus par rapport à la précédente génération. La détection du visage et des yeux ainsi que le suivi du sujet ont également été améliorés, idéal pour la réalisation de portrait ou pour la photographie sportive par exemple.

Vidéo 4K sans crop Dci 30p

Autre nouveauté de ce X-T30, également reprise du X-T3 : la vidéo sans crop 4K Dci. Contrairement au X-T3, elle grimpe à 30p et non à 60p, mais autorise une définition de 4096 x 2160 px. De quoi profiter pleinement du capteur et des objectifs grands-angles sans recadrage, même si la plupart des objectifs Fujifilm ne sont pas encore réellement adaptés à cet usage, notamment à cause de leur autofocus bruyant.

Fujifilm au CP+ 2019 : « Nous pensons à proposer plus d’objectifs XF avec de meilleures performances vidéo »

Fujifilm s’affirme de plus en plus via des fonctionnalités vidéo poussées. La vidéo 4K est une option intéressante secondaire. Si vous souhaitez en faire un usage principal, choisissez un objectif adapté ou préférez un autre modèle, tel que le X-H1 qui intègre un capteur stabilisé par exemple ou encore des boîtiers chez la concurrence, tel que Panasonic, déjà bien au point sur le sujet.

Performances et qualité d’image

Réactivité du X-T30

L’arrivée du nouvel algorithme AF et la couverture large du capteur sur 425 points font de cet hybride X-T30, un boîtier réactif, quelles que soient les conditions de prise de vue. Grâce à des modes d’optimisation qui améliorent la détection du visage et des yeux, ainsi que le suivi du sujet en continu, un mode rafale performant qui grimpe jusqu’à 20 i/s sans crop ou jusqu’à 30 i/s en déclenchement électronique avec un crop de 1,25x et une réactivité globale convaincante, l’hybride se révèle être un boîtier polyvalent.

De nuit comme de jour, l’autofocus accroche bien le sujet et retrouve rapidement le point en cas de changement de plans. Le portrait, le reportage, comme la photographie sportive pourront ainsi être capturés sans arrière-pensée avec l’appareil.

Qualité d’image du X-T30

Comme son grand frère X-T3, le X-T30 embarque la dernière génération de capteur APS-C X-Trans CMOS 4 de 26,1 millions de pixels. La sensibilité native du capteur est de 160 à 12 800 ISO et s’étend de 80 jusqu’à 51 200 ISO. Couplé au processeur dernière génération X Processor 4, nous retrouvons ainsi des performances similaires avec le X-T3. Les fichiers JPG profitent d’une souplesse de retouche fort appréciable et la bonne dynamique du capteur permet de retoucher aisément les images dans les hautes et basses lumières grâce à des blancs pas trop cramés et des noirs pas trop denses. Cette souplesse de retouche est accrue en utilisant le format RAW sans perte d’informations et pour pousser la postproduction encore plus loin.

Pour ce test, nous avons utilisé deux objectifs : le zoom de kit XF 18-55 mm f/2,8-4 R LM équivalant à un 27-84 mm en 24 x 36 et la focale fixe XF 35 mm f/1.4 R équivalant à un 53 mm. Nous avons préféré utiliser le 35 mm qui produit des images de meilleure qualité et qui, grâce à sa grande ouverture, autorise de très beaux flous d’arrière-plans. Idéal pour exploiter les capacités du capteur, même si l’autofocus bruyant de cet objectif n’est pas particulièrement recommandé pour un usage vidéo. Les images présentées ci-dessous sont les fichiers RAW développés et ont fait l’objet d’un traitement classique, notamment au niveau du contraste, de la correction d’exposition des hautes et basses lumières et de la balance des blancs si besoin.

Exemples d’images prises avec le Fujifim X-T30

X-T30 – XF35 mm f/1.4 R – 35 mm – ¹⁄350 s – ƒ / 1,4 – ISO 200
© Céline Nebor
X-T30 – XF 18-55 mm f/2.8-4 R LM OIS – 55 mm – ¹⁄220 s – ƒ / 4 – ISO 160
© Céline Nebor
X-T30 – XF35 mm f/1.4 R – 35 mm – ¹⁄₂₅₀ s – ƒ / 2,8 – ISO 2000
© Céline Nebor
X-T30 – XF35 mm f/1.4 R – 35 mm – ¹⁄250 s – ƒ / 16 – ISO 400
© Céline Nebor
X-T30 – XF35 mm f/1.4 R – 35 mm – ¹⁄1400 s – ƒ / 1,4 – ISO 160
© Céline Nebor
X-T30 – XF35 mm f/1.4 R – 35 mm – ¹⁄2500 s – ƒ / 1,4 – ISO 125

Le capteur du X-T30 n’est pas stabilisé. Fujifilm justifie cette absence par la volonté de conserver un gabarit compact et relativement réduit. Cela n’est pas particulièrement handicapant, puisque même en cas de conditions lumineuses plus difficiles, le boîtier s’en sort aisément, quitte à sous-exposer légèrement pour avoir des couples d’exposition plus rapides puis rattraper en postproduction.

En basse lumière, les bleus ont tendance à être assez froids. Une balance des blancs automatique en RAW permet de réajuster facilement l’ensemble. Dans de bonnes conditions lumineuses, les couleurs sont globalement bien restituées, que ce soit en RAW ou en JPG via un traitement juste. Comme ses prédécesseurs, le X-T30 embarque son lot de filtres de simulation de films, si spécifiques à la marque afin de varier les plaisirs.

X-T30 – XF35 mm f/1.4 R – 35 mm – ¹⁄50 s – ƒ / 1,4 – ISO 1250
© Céline Nebor
X-T30 – XF35 mm f/1.4 R – 35 mm – ¹⁄50 s – ƒ / 4 – ISO 10000
© Céline Nebor

Montée en sensibilité ISO

La montée en sensibilité est sans surprise, puisque le duo capteur/processeur est identique à celui du X-T3, soit bien maîtrisée et homogène sur l’ensemble de la plage. Le grain apparaît à partir de 3200 ISO, s’affirme de plus en plus à 6400 et 12 800 ISO, mais reste bien contenu pour être véritablement visible sur l’ensemble de l’image à 25 600 ISO. À la sensibilité maximale, soit 51 600 ISO, ça se gâte avec l’apparition de la désaturation et d’un bruit chromatique disgracieux.

Autonomie du X-T30

Côté autonomie, la batterie Li-on NP-W126 S qui équipe l’appareil est annoncée pour une autonomie de 380 images environ en mode normal. Elle est identique à celle du X-T20 et malgré le changement de capteur et de processeur qui peuvent sembler plus énergivores, elle autorise un enregistrement légèrement plus conséquent. Attention toutefois à l’utilisation du mode boost qui optimise certaines performances, telles que la réactivité du viseur et de l’écran, mais se révèle particulièrement gourmand en énergie. Idem pour le mode vidéo 4K qui fera sensiblement réduire l’autonomie.

Pour recharger l’appareil, le X-T30 est désormais équipé d’une prise USB Type-C. La recharge ne fonctionne que lorsque l’appareil est éteint.

Fujifilm X-T30 et X-T3 : quelles différences ?

Le X-T30 reprend l’essentiel des caractéristiques techniques du X-T3, lui permettant de produire des images similaires avec une réactivité globalement identique. Mais alors que reste-t-il au X-T3 ?

Plusieurs détails néanmoins importants permettent de distinguer l’un de l’autre. Le X-T3 embarque une prise en main qui mise sur le mode manuel, orientée pour les pros et une poignée plus imposante pour une meilleure appréhension de l’appareil.

La tropicalisation du X-T3 le distingue également beaucoup du X-T30, lui permettant de répondre à des attentes professionnelles afin de photographier quelles que soient les conditions météorologiques. Le viseur plus défini est un autre argument différenciant, tout comme le double compartiment de cartes SDXC en UHS-II.

Pour finir, le mode vidéo 4K Ciné DCI à 60p, oriente une fois encore le X-T3 vers une cible experte.

Le X-T30 est un véritable mini X-T3, plus compact, plus léger, avec des performances similaires grâce à des caractéristiques communes, mais à la prise en main plus accessible pour les débutants ou les avertis en quête d’un boîtier secondaire.

A qui se destine le Fujifilm X-T30 ?

Avec sa prise en main en partie manuelle et ses belles performances techniques, le Fujifilm X-T30 s’adresse plutôt aux avertis qu’aux débutants en quête d’un boîtier compact et léger, qu’il est possible d’emporter partout avec soi.

Il est une très bonne alternative à un matériel reflex plus lourd et imposant, à compléter pour barouder plus facilement, mais convient également aux amateurs de belles images, déjà habitués aux hybrides mais qui souhaitent évoluer d’un cran. La prise en main manuelle ne convient pas à tout le monde, mais est un réel argument différenciant chez Fujifilm par rapport à la concurrence. Le Fujifilm X-T30 mêle ainsi judicieusement réglages physiques et réglages numériques qui rappellent les boîtiers argentiques d’une part tout en s’inscrivant dans l’air du temps.

Particulièrement polyvalent, le Fujifilm X-T30 fera un très bon compagnon de route pour toutes les situations : que ce soit du paysage, en voyage, pour du portrait, de photographie de nuit, mais aussi de la photographie sportive, à coupler avec un objectif adapté. Pour les vidéastes, même si le mode évolue avec la 4K 30p, vérifiez toutefois à accompagner le X-T30 d’un objectif adapté et silencieux. Nous avons peu de doute quant au succès de ce mini X-T3, au positionnement technique et tarifaire intermédiaire très intéressant. Le Fuji X-T30 a d’ailleurs déjà remporté le prix TIPA 2019 du meilleur appareil photo APS-C avancé.

Le X-T30 est disponible à partir de 949€ nu, ou 1298€ en kit avec le zoom XF 18-55mm f/2.8-4.

Test du Fuji X-T30, un mini X-T3 compact et polyvalent
Fabrication / Finitions
9
Qualité d'image
9
Ergonomie
7
Réactivité
9
Points forts
Qualité de fabrication
Ergonomie manuelle
Viseur lumineux et agréable
Compacité de l'appareil
Qualité d'image jusqu'à 6400 ISO
Réactivité globale de l'appareil
Qualité d'image en RAW et en JPG
Mode Vidéo 4K Ciné sans crop 30p
Points faibles
Menus pas toujours intuitifs
Absence de stabilisation du capteur
Pas de tropicalisation
Un seul emplacement pour carte mémoire en UHS-I
8.5
sur 10