Après avoir frappé fort avec son P20 Pro, premier smartphone à intégrer trois capteurs photo dorsaux, Huawei lance fin 2018 le Mate 20 Pro, son smartphone le plus avancé. Plus puissant, plus autonome et plus polyvalent et doté d’un triple module photo dorsal conçu en partenariat avec Leica… ce Huawei Mate 20 Pro sort le grand jeu pour s’imposer comme LE smartphone Android haut de gamme du moment. Tient-il ses promesses, notamment sur la partie photo ? Réponse dans ce test du Huawei Mate 20 Pro.
Sommaire
Les caractéristiques du Huawei Mate 20 Pro
Après un Mate 10 Pro assez classique et un P20 Pro aux trois capteurs dorsaux, le Huawei Mate 20 Pro impressionne par ses caractéristiques techniques. Si ce nouveau smartphone propose lui aussi trois capteurs photo, leur intégration au dos de l’appareil comme leur configuration technique change radicalement par rapport au P20 Pro.
Ainsi, le module monochrome (pourtant présent sur les appareils Huawei depuis le P9) est aux abonnés absents. À sa place, Huawei a fait le pari d’intégrer un module ultra grand-angle, qui tente de séduire les amateurs de photo de paysage ou d’architecture.
Le capteur principal, surmonté d’une optique équivalant à 27 mm ouvrant à f/1,8, arbore 40 millions de pixels. Il est secondé par l’optique ultra grand-angle (équivalent 16 mm au format 24×36) avec une ouverture à f/2,2, s’appuyant sur un capteur de 16 millions de pixels. Cette optique permet en outre de bénéficier d’un nouveau mode « super macro », faisant descendre la distance minimale de mise au point à 3,5 cm. Enfin, le téléobjectif (équivalent 81 mm), doté d’une ouverture à f/2,4, est équipé de la stabilisation optique ; il s’appuie sur un capteur de 8 millions de pixels.
Comme sur le P20 Pro, l’ensemble est animé par le mécanisme d’intelligence artificielle maison, destiné à identifier automatiquement la scène et à appliquer directement les réglages les plus appropriés.
Caractéristiques techniques du Huawei Mate 20 Pro :
- Écran : OLED, 6,4 pouces de 3120 x 1440 pixels
- Module photo dorsal :
- Capteur principal équivalent 27 mm : 40 Mpx, f/1,8
- Ultra grand-angle équivalent 16 mm : 16 Mpx, f/2,2, mode macro à 3,5cm
- Téléobjectif équivalent 81 mm : 8 Mpx, f/2,4, stabilisation optique
- Appareil photo frontal : 24 Mpx, f/2,0
- OS : Android 9.0, surcouche EMUI 9
- Processeur : Kirin 980
- Mémoire vive : 6 Go
- Stockage : 128 Go (extension par carte Nano-Memory (NM) jusqu’à 256 Go)
- Batterie : 4200 mAh
- Résistance à l’eau : norme IP68
- Dimensions : 157,8 x 72,3 x 8,6 mm
- Poids : 188 g
Visuellement, le Mate 20 Pro fait forte impression, tout en se différenciant des précédents modèles de la marque. Il est ainsi équipé d’un grand écran OLED bord à bord de 6,4 pouces, dont les côtés sont incurvés. Les faces avant et arrière se rejoignent au point de ne former qu’une ligne d’à peine 1 mm d’épaisseur, où sont logés les boutons on/off et de réglage du volume. Comme sur la quasi-totalité des smartphones de 2018, on retrouve une encoche sur la partie supérieure de l’appareil. Celle-ci s’avère plus large que sur le P20 Pro.
En effet, Huawei a incorporé un mécanisme de reconnaissance faciale 3D, analogue à celui introduit par Apple avec l’iPhone X. On notera également la présence d’un lecteur d’empreinte intégré à l’écran. Ainsi, Huawei a pu réduire considérablement la bordure inférieure du Mate 20 Pro : l’écran occupe quasiment toute la façade avant du téléphone – à l’exception notable de l’encoche. Cette dernière est toutefois dissimulable à l’aide d’une option de l’interface logicielle EMUI : grâce aux contrastes quasi-infinis de l’écran OLED, la différence entre l’écran et l’encoche est quasiment invisible.
Dans la pratique, le mécanisme de reconnaissance faciale est très réactif et s’avère d’une fiabilité à toute épreuve en proposant le même niveau de sécurité que le Face ID d’Apple. Que les porteurs de lunette (et de barbe) soient rassurés : la reconnaissance 3D gère parfaitement ces spécificités. Par ailleurs, l’appareil est capable de reconnaître les visages même quand il est tourné en mode paysage (ce que les iPhone ne sont pas en mesure de faire pour l’instant). Le lecteur d’empreinte intégré à l’écran, quant à lui, est un peu moins rapide et moins précis. Au quotidien, la reconnaissance faciale s’avère beaucoup plus efficace.
De par son design, ce Mate 20 Pro fait penser à un mélange entre l’iPhone Xs Max de 2018 (absence de bordure, large encoche dédiée à la reconnaissance faciale) et au Samsung Galaxy S9+ (écran aux bords incurvés). Si l’appareil affiche des dimensions assez généreuses (15,8 cm de haut pour 7,2 cm de large), il reste très agréable à prendre en main, grâce à son design borderless. Le grand écran procure un confort indéniable, auquel on s’habitue très vite.
Une option de l’interface logicielle permet d’utiliser facilement l’appareil d’une seule main, grâce à une petite bulle flottante permettant d’effectuer un retour arrière sans devoir contraindre son pouce à jouer les contorsionnistes. Le Mate 20 Pro intègre aussi la navigation par gestes : glisser le pouce depuis le bas de l’écran vers le haut permet de revenir à l’accueil, glisser et maintenir lance le multitâche, tandis qu’un glissement depuis la gauche ou la droite de l’écran fait revenir en arrière… ce qui n’est pas sans rappeler l’iPhone X, là encore.
L’écran OLED du Mate 20 Pro délivre des couleurs particulièrement vives (spécialement pour le rouge et le jaune). Une option permet bien de sélectionner le mode « couleurs normales » mais, contrairement aux précédents appareils de la firme chinoise, celui-ci offre un rendu aux couleurs délavées. Un choix difficilement compréhensible. On notera toutefois l’apparition d’un mode « tonalité naturelle », fortement inspiré du True Tone des appareils Apple. L’appareil adapte ainsi automatiquement la colorimétrie de l’affichage en fonction de la luminosité ambiante, pour un plus grand confort visuel.
Comme son prédécesseur le P20 Pro, le Mate 20 Pro est doté d’un dos en verre qui, de la même manière que l’écran, se montre particulièrement sensible aux traces de doigt… L’appareil est disponible en quatre déclinaisons : en noir, en bleu et en violet, ainsi que dans un nouveau coloris vert émeraude.
À l’usage, la prise en main du Mate 20 Pro est excellente : l’appareil reste au creux de la main sans glisser, malgré les bordures latérales réduites à leur strict minimum. L’intégration d’un dos en verre a également permis à Huawei d’intégrer (enfin) la recharge sans fil réversible par induction. Un bon point qui permet de gommer l’un des défauts du P20 Pro. La recharge “classique” s’effectue par la prise USB type C, présente au bas de l’appareil.
Contrairement à la firme de Cupertino, Huawei a la générosité de fournir un chargeur rapide de 40W dans la boîte de son smartphone. La tranche inférieure brille également par l’absence de grilles dédiées aux haut-parleurs, ceux-ci ayant été intégrés… au port USB-C ! Enfin, comme sur un grand nombre de smartphones, on notera la disparition de la prise jack 3,5 mm. L’adaptateur fourni par Huawei permet toutefois de brancher ses casques filaires. La restitution sonore s’avère d’excellente qualité, avec un rendu stéréo large et équilibré.
L’appareil présente également une résistance à l’eau améliorée (certification IP 68), et intègre un emplacement pour cartes nano-Memory, un nouveau standard propriétaire développé par Huawei. On déplorera l’absence de compatibilité avec les traditionnelles cartes micro SD, mais la possibilité d’accroître l’espace de stockage du Mate 20 Pro est appréciable compte tenu de la taille des fichiers RAW générés par le capteur de 40 Mpx (près de 80 Mo par fichier).
Fonctionnalités photo du Huawei Mate 20 Pro
Le secteur des smartphones haut de gamme s’avérant particulièrement concurrentiel, Huawei a tout spécialement mis l’accent sur la partie photo et vidéo de son nouveau smartphone. Celui-ci mise notamment sur sa polyvalence, en proposant une plage focale particulièrement étendue (de 16 à 80 mm). Il s’appuie également sur son mécanisme d’intelligence artificielle, censé reconnaître 1500 types de scènes répartis en 25 catégories.
À l’instar du P20 Pro, on retrouve également un zoom « hybride » sans perte, une montée en sensibilité à 102 400 ISO, un triple mode de ralenti vidéo (120, 240 et 960 fps), ainsi qu’un (très) grand nombre de modes de prise de vue et d’effets créatifs intégrés à l’application photo développée par Huawei.
Triple capteur photo dorsal : de l’ultra grand-angle au télézoom
Depuis maintenant plusieurs années, on observe une certaine tendance chez les constructeurs de smartphones à proposer plusieurs capteurs au dos de leurs appareils. Apple propose un double module photo sur ses derniers iPhone, Huawei incorporait déjà 3 capteurs au dos de son P20 Pro, tandis que Samsung a récemment dévoilé le Galaxy A9, doté d’un quadruple module photo. Enfin, LG ambitionnerait même de proposer la bagatelle de 16 capteurs photo au dos d’un (hypothétique) futur modèle.
Contrairement au Huawei P20, qui s’appuyait sur un capteur monochrome pour capter plus de détails (notamment en basses lumières), le Mate 20 Pro se sépare de ce module noir et blanc. Selon Huawei, ce nouveau modèle utilise des capteurs plus larges, permettant ainsi de se passer des services du capteur monochrome.
Le dos de l’appareil est donc paré des trois objectifs disposés en carré. Une conception originale qui permet au Mate 20 Pro de se distinguer de son aîné, dont la disposition des capteurs était très proche de celle de l’iPhone X. Conçu en partenariat avec Leica, ce triple module photo regroupe un capteur principal de 40 Mpx, un objectif ultra grand-angle de 16 Mpx et un téléobjectif de 8 Mpx. Le Mate 20 Pro s’avère ainsi particulièrement polyvalent, en offrant des longueurs focales de 16 mm, 27 mm et 81 mm (en équivalent 24 x 36). Un bouton de l’interface logicielle permet de passer rapidement de l’une à l’autre.
Mais le Mate 20 Pro est également capable de faire fonctionner simultanément ses capteurs photo et de proposer des longueurs focales « intermédiaires ». Pour l’utilisateur, cela se traduit de la même manière que l’utilisation d’un zoom « optique » sur un appareil photo classique. En glissant un petit slider, il devient alors possible de photographier à n’importe quelle longueur focale (entre 16 et 81 mm). Idéal pour pouvoir ajuster précisément le niveau de zoom de l’appareil. Cette fonctionnalité est sans doute rendue possible par l’utilisation de la Super Résolution, un mécanisme basé sur l’emploi de la puce neuronale intégrée au smartphone… et que nous avions déjà rencontré sur le Huawei P20 Pro.
Mentionnons également la présence du zoom « hybride » x5, qui s’appuie sur l’utilisation conjointe du capteur de 40 millions de pixels et du zoom optique x3, de sorte à reconstituer les détails de l’image en zoom x5. Si cette technique s’avère plus qualitative que l’emploi d’un zoom numérique classique, elle montre rapidement ses limites et génère des images d’une qualité difficilement exploitable.
Enfin, notons que la capture à 40 millions de pixels n’est disponible qu’en mode Pro. Dans les autres modes, l’appareil compresse les photos pour produire une image finale de 10 millions de pixels, quelle que soit la longueur focale utilisée. La capture en RAW est également réservée au mode Pro, mais il reste possible de shooter en RAW des images de 10 Mpx (qui ne pèsent alors « que » 16 Mo, contre 80 Mo pour les images RAW en 40 Mpx).
Intelligence artificielle
Le mécanisme d’intelligence artificielle, tant vanté par Huawei dans ses communications, est omniprésent dans l’application photo. Son fonctionnement se veut particulièrement simple : l’appareil est censé identifier automatiquement la scène que l’utilisateur s’apprête à photographier et applique directement les paramètres que l’IA juge les plus adaptés.
Dans la pratique, l’appareil applique un post-traitement logiciel aux photos pour proposer des images au rendu (très) flatteur et immédiatement exploitables par l’utilisateur. Comme sur le P20 Pro, on retrouve un mode « paysage » et un mode « nature », qui accentuent les tons verts et bleus, des modes « portrait », « fleurs » et « nourriture » qui utilisent les différents capteurs pour créer une impression de profondeur de champ et faire ressortir le sujet photographié, un mode « lever/coucher de soleil » …
Sur le P20 Pro, la détection de scène était particulièrement présente (voire inévitable, diront ses détracteurs). Sur ce Mate 20 Pro, ce mécanisme se montre moins systématiquement, le rendu des couleurs étant plus naturel et plus homogène. Huawei indique avoir retravaillé la manière dont l’IA applique le post-traitement aux photos : au lieu de s’appliquer à l’ensemble de la photo, l’application détermine les zones à retoucher et, à l’inverse, les zones à laisser « au naturel ».
Dans les faits, si l’IA du P20 Pro avait une certaine tendance à sursaturer les tons bleus et verts en photographie de paysage, le Mate 20 Pro semble agir avec plus de parcimonie. Cela étant, nous faisons le même constat que lors de notre test de l’ancien porte-drapeau de Huawei : si la reconnaissance de scène est intéressante, celle-ci ne permet pas de révolutionner en profondeur la capture photo sur mobile.
Le Mate 20 Pro met également l’accent sur la capture de photos en basses lumières, grâce au mode « Cliché nocturne ». Permettant de réaliser des photos en pose longue à main levée, celui-ci repose sur la capture d’un grand nombre d’images qui sont ensuite fusionnées en un seul fichier.
On retrouve également les modes d’éclairage de scène, pour produire des clichés « façon Harcourt » : l’arrière-plan est remplacé par un fond noir et l’éclairage accentue les contours du sujet. Ce mode permet de réaliser des photos « en mode studio » en couleur ou en noir et blanc. Dans la majorité des cas, le détourage du sujet est d’assez bonne qualité, mais il arrive à l’IA de se tromper…
Le mode Portrait « classique », quant à lui, s’avère plus qualitatif que sur les précédentes itérations, et permet de réaliser des clichés de meilleure facture. Si le lissage des traits du visage est encore présent, cet aspect est moins prononcé que sur les autres smartphones de la marque. De manière générale, le mode portrait s’avère très satisfaisant, délivrant des photos aux couleurs justes, avec un bon niveau de contrastes et un bon niveau de piqué.
Mode Pro, ouverture, clichés nocturnes et modes créatifs
Comme à son habitude, Huawei intègre un très grand nombre de modes de prise de vue. Premièrement, l’application photo propose un mode de prise de vue “Pro”. Celui-ci permet de débrayer toutes les fonctions d’intelligence artificielle et de reprendre la main sur l’appareil photo. L’utilisateur peut ainsi régler manuellement la vitesse d’obturation, la sensibilité (jusqu’à 102 400 ISO) … mais également l’exposition, la balance des blancs, le mode de mesure de la lumière, le mode d’autofocus, etc.
Si les débutants pourront se sentir (un peu) perdus et repasseront rapidement au mode photo assisté par l’IA, les utilisateurs plus avancés apprécieront la possibilité de modifier les paramètres de prise de vue… sans avoir à recourir à une application tierce (et souvent payante) comme Camera+ et Manual pour iOS.
Comme indiqué précédemment, capturer des images en 40 Mpx et/ou en RAW devient possible en mode Pro, après à un détour dans les options. Cependant, on constate qu’il n’est pas possible d’utiliser les longueurs focales « intermédiaires » en mode Pro : l’utilisateur peut shooter soit à 16 mm, soit à 27 mm, soit à 81 mm. Une restriction technique pouvant sans doute s’expliquer par la désactivation de tous les algorithmes liés à la prise de vue.
Les fidèles de Huawei seront également ravis de retrouver le mode « Ouverture », permettant de jouer sur la profondeur de champ de leurs photos. Grâce à un petit curseur, l’utilisateur peut ainsi ajuster visuellement la différence entre le premier plan (défini par l’utilisateur en appuyant sur l’écran) et l’arrière-plan, aussi bien pendant qu’après la prise de vue. Le constructeur semble avoir amélioré le rendu des images délivrées dans ce mode : la séparation des plans est en effet plus progressive et plus crédible qu’auparavant.
L’application rend également possible la création de panoramas en pivotant sur soi-même de gauche à droite. Si nous avions déjà rencontré cette fonctionnalité sur les précédents appareils Huawei/Honor et sur ceux de la concurrence, celle-ci est toujours appréciable et produit des clichés de bonne qualité.
On retrouve également un mode « Light-painting » permettant, comme son nom l’indique, de jouer sur le temps de pose de l’appareil pour capturer les effets lumineux de la scène. Contrairement au mode « cliché nocturne », ce mode impose de rester parfaitement immobile, sous peine de générer un important flou de bougé.
Enfin, le mode monochrome est toujours de la partie, malgré la (tragique) disparition du capteur monochrome sur ce smartphone. Le rendu des photos ainsi produites est assez intéressant, même si le niveau de contraste n’est pas aussi fort que sur les photos générées avec le P20 Pro (doté d’un « vrai » capteur noir et blanc). Cela étant, l’appareil produit des clichés d’une qualité tout à fait convenable.
Vidéo 4K à 60fps et super slow motion à 960 fps en HD
Comme la plupart des smartphones récents, le Huawei Mate 20 Pro permet de filmer en 4K jusqu’à 30 images par seconde (3840×2160 pixels). Les images produites sont très fluides, et ne présentent que très peu de bruit numérique, même en 4K.
En revanche, la capture à 60 fps n’est possible qu’en utilisant une définition de 1920×1080 pixels. Enfin, si le P20 Pro souffrait d’un souci de stabilisation engendrant des vibrations de l’image, le Mate 20 Pro gomme ce travers quand les conditions de luminosité sont suffisantes : l’image est remarquablement stable et le rendu particulièrement propre. On observera toutefois une sorte de “vibration” liée à la stabilisation lors de la capture de vidéos de nuit.
L’application photo du Mate 20 Pro propose également un triple mode de ralenti vidéo. Les deux premiers filment sans limite de durée des vidéos à 120 ou à 240 images par seconde. Toutefois, la capture en 1080p n’est disponible qu’à 120 fps. Dans le cas de la capture à 240 fps, les vidéos sont capturées en 720p seulement. Enfin, le troisième mode de ralenti offre la possibilité d’enregistrer des vidéos à 960 images par secondes pendant une durée de 4 secondes. Les vidéos enregistrées dans ce mode ne sont qu’en HD (1280×720) et offrent un rendu tout juste passable.
On notera également qu’en éclairage artificiel type LED, le mode slow motion entraîne des scintillements indésirables :
On notera également la possibilité de créer des vidéos en timelapse. Trente secondes de tournage permettent de générer une seconde de vidéo « accélérée » : comptez donc 3 à 5 minutes pour créer un timelapse agréable. Les performances de la stabilisation de l’image s’avèrent impressionnantes, et permettent de créer des vidéos fort intéressantes.
Performances et qualité d’image du Huawei Mate 20 Pro
Le Mate 20 Pro est équipé du processeur maison Kirin 980, avec une finesse de gravure de 7 nm pour davantage de performances et une meilleure gestion de l’autonomie. La puce est accompagnée de 6 Go de mémoire vive. L’ensemble se montre particulièrement réactif et permet une très bonne gestion du multitâches. L’interface utilisateur, nommée EMUI, passe ici à la version 9.0 ; celle-ci modifie considérablement l’apparence générale de l’OS Android et se montre très proche du look d’iOS tout en proposant de (très) nombreuses options de personnalisation. Quoi qu’il en soit, cette surcouche n’altère pas le fonctionnement du téléphone, qui se montre extrêmement réactif et fluide.
De même, l’application photo peut être lancée très rapidement grâce à un double-appui sur le bouton d’alimentation… ou en déverrouillant le téléphone (grâce à la reconnaissance faciale) et en appuyant sur l’icône idoine. À l’usage, la mise au point est d’une remarquable rapidité et le déclenchement ne souffre d’aucune latence. Un excellent point pour un smartphone plaçant la partie photo comme l’un de ses principaux atouts. On notera également la micro-vibration émise par le smartphone au moment du déclenchement, un détail mineur mais agréable lors de l’utilisation de l’appareil photo.
Malheureusement, durant notre test nous avons rencontré à deux reprises un petit soucis de fiabilité, l’appareil affichant un message d’erreur et les photos n’étant pas été enregistrées sur la mémoire. On espère qu’un correctif logiciel viendra résoudre ce problème.
Qualité de l’image
De par son triple module photo dorsal conçu par Leica et son mécanisme d’intelligence artificielle, le Mate 20 Pro est censé représenter la quintessence du savoir-faire photographique du constructeur chinois. Est-il de taille à nous faire oublier son prédécesseur le P20 Pro, voire à remplacer nos appareils « traditionnels » ?
Comme nous l’évoquions précédemment, le Mate 20 Pro est doté de trois longueurs focales différentes : un objectif principal de 27 mm, un télézoom de 72 mm, ainsi qu’un objectif ultra grand-angle inédit équivalent à 16 mm. Mais l’appareil est également capable d’utiliser deux de ses objectifs simultanément, pour bénéficier d’un zoom complet de 16 à 81 mm (voire à 135 mm en employant le zoom « hybride » également disponible).
De manière générale, les images produites par le capteur principal et l’ultra grand-angle sont de bonne facture, en plein jour mais aussi lorsque la lumière vient à baisser. Le télézoom se comporte aussi très bien… à condition de bénéficier de suffisamment de lumière.
Les images sont riches et détaillées, les couleurs vibrantes… parfois même un peu trop. Toutefois, l’IA tente de se montrer (un peu) plus parcimonieuse sur ce Mate 20 Pro que sur le P20 Pro, où les photos étaient extrêmement saturées dès que l’appareil identifiait une pelouse ou un ciel bleu.
En mode portrait, les images sont particulièrement nettes et l’algorithme détache efficacement le sujet de l’arrière-plan… même si la séparation des plans est peut-être un poil artificielle. En revanche, le rendu aux couleurs vives et l’absence notable de lissage sont agréables à l’œil.
On constatera cependant un petit défaut de l’objectif ultra-grand angle (équivalent à 16 mm), qui tend à produire une certaine distorsion de l’image… Et qui n’est pas corrigée par l’IA. Toutefois, celui-ci permet de bénéficier d’un nouveau mode, baptisé “super macro”, et faisant descendre la distance de mise au point à 3,5 centimètres. À l’usage, il suffit d’approcher l’appareil très près du sujet pour que l’IA passe en mode macro. Celui-ci s’avère assez plaisant, et permet de photographier facilement fleurs, feuilles et autres petits objets en très gros plan… Mais au prix d’un rendu assez accentué.
Le véritable souci de ce photophone vient du traitement de l’image. Que l’IA soit activée ou non (depuis les paramètres de l’application caméra), l’appareil vient appliquer un post-traitement très agressif aux images générées.
En voulant à tout prix éliminer toute trace de bruit numérique, l’application photo produit un lissage trop prononcé tout en augmentant artificiellement le niveau de détails. De même, le rendu général est assez granuleux et les couleurs très (trop) vives. Les photos produites avec le Mate 20 Pro peuvent être agréables à l’œil lorsqu’elles sont visionnées depuis l’écran du smartphone ; de même séduira-t-il certains instagrameurs.
Mais d’une manière générale, les clichés du Huawei Mate 20 Pro manquent de naturel en cherchant à trop flatter la rétine de son propriétaire. À la manière de certains modes HDR trop accentués, l’appareil éclaircit trop fortement les zones sous-exposées. Sans doute cherche-t-il à produire un rendu analogue à celui de l’œil humain mais le résultat est souvent assez artificiel. Malheureusement, désactiver l’IA ne permet pas d’ôter ce post-traitement automatique et d’obtenir un rendu des couleurs et des contrastes plus naturel. Ce fait est d’autant plus regrettable qu’un traitement plus subtil des photos aurait sans doute fait de ce Mate 20 Pro l’un des meilleurs élèves de sa catégorie.
Vous pouvez retrouver ci-dessous une sélection d’images capturées avec le Mate 20 Pro. Vous pouvez cliquer sur l’image pour la voir en plus grand :
De nuit, l’appareil produit des images d’une qualité fort intéressante. Lorsque le soleil vient à se coucher, l’objectif principal et l’ultra-grand angle génèrent des images fort équilibrées : le capteur est capable de récupérer une grande quantité d’informations et de générer des images très qualitatives. Néanmoins, le traitement des images se montre là aussi très agressif et applique un lissage et une accentuation des détails très prononcés. Un défaut qui se remarque particulièrement en employant le zoom « hybride » x5 : les détails de la photo sont gommés et le résultat est difficilement exploitable.
De même, il conviendra de ne pas trembler en utilisant le télézoom, au risque de produire un flou de bougé, signe que l’appareil a préféré allonger le temps de pose pour ne pas trop augmenter la sensibilité du capteur. D’une manière assez surprenante, nous avons obtenu davantage de photos floues avec ce Mate 20 Pro qu’avec son prédécesseur.
Faisons également mention du mode « Clichés nocturnes ». Celui-ci se veut peut-être comme une réponse au mode « Night Sight » des Pixels 3 et 3 XL. Mais là où les derniers appareils de Google sont capables de prendre jusqu’à 15 photos simultanément sans aucune latence, le Mate 20 Pro a besoin d’environ 4 à 6 secondes pour capturer la scène et prendre la photo (voire plus si la scène est très faiblement éclairée). Si le rendu est intéressant quand la lumière vient réellement à manquer (à la campagne, par exemple), il est particulièrement criard en ville : l’appareil sur-amplifie les sources de lumière et débouche les ombres de manière trop prononcée.
Cette photo de l’Opéra Garnier est sans doute agréable à regarder au premier abord. Mais en zoomant (ou en l’affichant sur l’écran d’un ordinateur), on se rend compte du principal défaut de ce Mate 20 Pro : en appliquant un lissage et une augmentation du niveau des détails particulièrement agressifs, l’appareil a « gommé » les détails de l’image. Le résultat est ainsi assez étrange, ressemblant davantage à une peinture qu’à une photo :
En comparaison, les photos prises avec le mode « Night Sight » du Pixel 3 sont beaucoup plus naturelles : l’appareil réussit à récupérer une plus grande quantité de détails, et le rendu s’avère beaucoup plus fidèle à la réalité. Nous reviendrons sur ce smartphone dans un prochain test.
En mode Pro, le Mate 20 Pro désactive totalement toutes les fonctions liées à l’intelligence artificielle. Le zoom « hybride » n’est plus disponible, de même que l’utilisation conjointe de plusieurs objectifs pour atteindre les focales « intermédiaires » (seuls les 3 niveaux de zoom correspondant à la longueur focale des 3 objectifs sont disponibles : l’utilisateur a le choix « seulement » entre grand-angle standard, zoom x3 et ultra grand-angle). De jour, le mode Pro délivre des clichés satisfaisants, au rendu assez homogène et correctement contrastés. En revanche, les photos de nuit s’avèrent particulièrement bruitées et l’appareil gère moins bien les situations avec une forte dynamique des contrastes. Face à cela, l’utilisateur n’a donc d’autre choix que de désactiver le mode Pro et de retrouver le post-traitement automatique par l’IA que nous évoquions plus haut.
Retrouvez ci-dessous une sélection de photos de nuit réalisées avec le Huawei Mate 20 Pro. Cliquez sur les images pour les voir en plus grand.
Autonomie du Huawei MATE 20 Pro
Le Mate 20 Pro est muni d’une batterie de 4200 mAh particulièrement prometteuse. À l’usage, l’autonomie de ce smartphone s’avère remarquable, et permet de rester plus de deux jours loin d’une prise secteur, voire davantage en désactivant l’affichage permanent de l’horloge en veille (analogue au mode Always On Display de Samsung). En cas d’utilisation plus soutenue (jeux, visionnage de vidéos en streaming), la batterie et le travail d’optimisation effectués par Huawei permettent à l’appareil de tenir plus d’une journée. Comme avec le P20 Pro, on s’habitue très vite à une telle autonomie…
Le Mate 20 Pro s’avère extrêmement véloce à recharger, grâce à l’intégration de la technologie SuperCharge 2.0 et à l’utilisation d’un chargeur rapide de 40W (fourni dans le coffret). Ainsi, le téléphone met à peine plus d’une demi-heure pour passer de 5 à 75% de batterie. Une performance que l’on aimerait rencontrer plus souvent. On notera aussi l’intégration de la recharge sans-fil à induction. Celle-ci est également réversible : il devient alors possible d’utiliser son Mate 20 Pro pour recharger un autre appareil disposant de la recharge sans-fil.
À qui se destine le Huawei Mate 20 Pro ?
Le marché des smartphones (très) haut de gamme se faisant de plus en plus concurrentiel, choisir LE photophone qui vous accompagnera en toute circonstance peut s’avérer fort complexe… D’autant que les prix ne cessent de battre de nouveaux records.
À l’image de bon nombre de ses concurrents, le Huawei Mate 20 Pro s’adresse avant tout à celles et ceux n’ayant pas peur d’un smartphone à écran géant. Certes, la quasi-absence de bordures permet de réduire la taille générale de l’appareil, mais cet appareil de 6,4 pouces ne se glissera pas forcément dans toutes les poches. Il se destine également aux utilisateurs souhaitant disposer d’un appareil photo très polyvalent grâce à ses trois objectifs allant de l’ultra grand-angle au télézoom, et produisant des clichés de bonne qualité grâce au mécanisme de post-traitement automatique.
Mais il saura aussi satisfaire les photographes soucieux de bénéficier d’un grand nombre d’options de prise de vues grâce au mode Pro. Là encore, Huawei semble vouloir nous faire oublier nos compacts experts et nos appareils reflex ; cependant, le Mate 20 Pro est davantage conçu pour tous ceux voulant avoir avec eux un appareil capable de produire des photos de bonne facture et pourra ravir les amateurs de photographie souhaitant voyager léger.
Là où le P20 Pro se différenciait de par son positionnement tarifaire légèrement inférieur à la concurrence, le prix de ce Mate 20 Pro s’envole et atteint la barre symbolique des 1000€. Disponible à 999€ pour 128 Go de stockage, ce smartphone ne sera pas à la portée de toutes les bourses. Son principal concurrent, l’iPhone Xs Max, est certes vendu à partir de 1255€ pour la version dotée de 64 Go de stockage ; cependant, l’iPhone Xs est disponible à un tarif relativement similaire (à partir de 1155€).
Le Mate 20 Pro vient également concurrencer frontalement le Samsung Galaxy Note 9, lui aussi doté d’un écran géant et d’un bon appareil photo. Celui-ci, proposé à 1009€ et fort d’une extraordinaire autonomie, saura répondre aux amateurs de stylet et aux allergiques des écrans à encoche. En outre, il offre la possibilité d’étendre sa capacité de stockage grâce à une carte standard micro-SD, contrairement au format nano-SD imposé par Huawei.
Enfin, mentionnons le OnePlus 6T, qui présente un design relativement similaire (mais avec une encoche plus petite) et un tarif nettement plus contenu (à partir de 559€ pour la version dotée de 6 Go de RAM et 128 Go de stockage). Mais l’un des véritables concurrents de ce Mate 20 Pro est sans doute son prédécesseur, le P20 Pro : sorti en avril dernier, il présente des caractéristiques techniques assez proches et offre de solides prestations photo. Avec l’arrivée du Mate 20 Pro, l’ancien porte-drapeau de Huawei a vu son tarif passer à 749€.
Conclusion
De par son design raffiné, ses finitions exemplaires et ses excellentes performances, le Huawei Mate 20 Pro est un smartphone très complet et très agréable à utiliser au quotidien. Mais surtout, c’est la polyvalence de son triple capteur dorsal, permettant de bénéficier d’une plage focale allant de l’ultra grand-angle au téléobjectif, qui va intervenir comme véritable atout différenciateur. Grâce à ses nombreux modes de prises de vue, il permet de faire de bonnes, voire de très bonnes photos dans (presque) toutes les circonstances.
Malgré ses qualités, la partie photo de ce smartphone n’est toutefois pas exempte de défauts. En mode auto, l’appareil vient appliquer un post-traitement particulièrement prononcé, et ce même lorsque l’IA est désactivée depuis les paramètres. Le rendu des photos est malheureusement assez artificiel, avec des couleurs très (trop) vives et un débouchage des ombres souvent trop accentué. Mais surtout, les photos produites par ce Mate 20 Pro sont victimes d’un lissage trop fort et d’une accentuation des détails trop artificielle. Un travers qui vient notamment se manifester lors de l’utilisation du zoom « hybride » x5 et en conditions de basse luminosité. Enfin, si le mode Pro offre une profusion d’options de prise de vue, il produit bien souvent des clichés bruités, au rendu granuleux
Au vu de son positionnement tarifaire (999€), les acquéreurs de ce terminal sont en droit d’attendre une qualité photo absolument irréprochable à tous les niveaux. Nous avons donc affaire à un excellent smartphone, proposant une expérience utilisateur des plus agréables et doté d’une autonomie hors-pair (seulement dépassée par le Galaxy Note 9). Néanmoins, la concurrence s’avère particulièrement exacerbée et se trouve incarnée notamment par les Google Pixel 3 et Pixel 3 XL dont l’unique appareil photo dorsal repousse les limites de la photographie mobile. Il ne manque finalement que peu de choses à ce Mate 20 Pro pour être à la fois un très bon smartphone ET un excellent appareil photo.