Durant le CP+ 2018, Venus Optics a annoncé un nouvel objectif ultra grand-angle Laowa 9mm f/2.8 Zero-D. Cet objectif complète la gamme Zero-D déjà composée d’un 15mm f/2 FE et du 12mm f/2.8.
Cet objectif n’est disponible qu’en monture APS-C pour Fujifilm X, Canon EF-M et Sony E. Nous vous proposons un test terrain du Laowa 9mm f/2.8 Zero-D en monture Fujifilm X.

Sommaire
Présentation du Laowa 9mm f/2.8 Zero-D
Le Laowa 9mm f/2.8 Zero-D est une focale fixe de 9mm. Sur Fujifilm, elle correspond à une focale 13,5mm en 24×36 en raison du coefficient multiplicateur 1.5x. Cette optique, montée sur un hybride APS-C, offre une focale très grand-angle appréciable pour de la photographie urbaine ou d’architecture. C’est d’ailleurs l’optique rectiligne la plus grand-angle jamais proposée en monture X.

Annoncé en mars 2018, il fait partie de la gamme Zero-D de Laowa, qui promet des distorsions « proches de zéro », avec un bon piqué de bord à bord.
Laowa est une marque de Anhui Changgeng Optics Technology Co., plus connue sous le nom de Venus Optics. Ce constructeur d’optiques d’origine chinoise existe depuis 2013 et propose des optiques « premium avec des capacités uniques », comme expliqué sur le site du constructeur.
Voici les caractéristiques techniques du Laowa 9mm f/2.8 Zero-D :
- focale fixe 9mm compatible APS-C
- ouverture minimale : f/22
- ouverture maximale : f/2.8
- construction optique : 15 éléments répartis en 10 groupes avec 3 verres ED et 2 lentilles asphériques
- diaphragme : 7 lamelles
- angle de champ : 113°
- distance de mise au point minimale : 12cm
- mise au point : manuelle, avec
- rapport de grossissement maximal : 0,13x
- filtre : 49mm
- pare-soleil : oui, amovible
- tropicalisation : non
- dimensions : 60 x 53mm (H x D)
- poids : 215g
- montures compatibles : Fujifilm X, Canon EF-M et Sony E
Prise en main du Laowa 9mm f/2.8 Zero-D
À la première prise en main, on note que l’objectif Laowa 9mm f/2.8 Zero-D est compact. Pesant 215g pour des dimensions de 60 x 53 mm, cet objectif est très dense, signe de qualité. Son format s’adapte parfaitement à un appareil photo hybride tel que le X-T2, sur lequel il offre un équilibre bien pensé. L’objectif ressemble au Fujinon 50mm XF f/2 R WR dans ses proportions : une optique longue et affinée à l’extrémité.

Son style est épuré et sobre, avec un liseré bleu à l’extrémité de l’optique. L’objectif, ainsi que le pare-soleil sont en aluminium anodisé noir se mêlant parfaitement avec les déclinaisons noires des boîtiers hybrides. La construction en aluminium présage d’une bonne durabilité pour l’objectif.
À l’usage, en plaçant un filtre (49mm) ou le pare-soleil, il est possible que l’anodisation de l’aluminium s’efface pour laisser quelques traces argentées. Mais cette construction, bien que non tropicalisée, offre un sentiment de résistance agréable. Concernant le pare-soleil, il n’y a pas non plus de cran permettant de le sécuriser. Durant ce test de plusieurs semaines, je n’ai jamais perdu ce petit accessoire, mais j’aurai apprécié un cran de sécurité.


Si vous disposez déjà de filtres plus grands, pensez également que vous devrez placer des convertisseurs, et que cela peut générer un vignetage très marqué.
L’objectif made in China dispose d’une bague de réglage du diaphragme proche du boîtier. Celle-ci est crantée à f/2.8, f/4, f/5.6, f/8, f/11, f/16 et f/22. Le choix se limite à ces ouvertures, car il n’est pas possible de choisir une ouverture intermédiaire. À f/16, c’est un point blanc qui remplace l’ouverture, pour aider au montage de l’optique sur le boîtier. À l’usage, si la bague n’est pas trop molle, notamment comparée aux objectifs Fuji, il vaut mieux vérifier à quelle ouverture on est en sortant l’appareil de son sac ou avant de déclencher.
Un détail : la bague d’ouverture tourne dans le sens inverse de l’usage sur les focales fixes Fujinon de Fujifilm.
La bague de mise au point, également en aluminium, permet de faire le point manuellement avec une course de presque un demi-tour. La bague est suffisamment dure pour ne pas se dérégler par erreur.
Elle dispose d’inscriptions en mètre et pied (ft) et est épaulée d’une échelle hyperfocale pour faciliter la gestion de la profondeur de champ, dès f/2.8 et jusqu’à f/11. Pourquoi ne pas indiquer la plage de netteté pour f/16 et f/22 ? Tout simplement parce qu’à ces ouvertures-là, la netteté est presque omniprésente à partir de 20cm. On notera que seules quelques valeurs sont indiquées sur la bague de mise au point : 0,12 m (la distance minimale de mise au point), 0,2 m, 0,5m et l’infini. Ces valeurs sont suffisantes pour obtenir un réglage précis de la mise au point, car à 9mm la profondeur de champ est très réduite. Pour en savoir plus, je vous invite à consulter notre article sur l’hyperfocale.

On pourrait penser que la mise au point sur ce type d’objectif est difficile, mais les hybrides ont un avantage indéniable sur les reflex avec le focus peaking, cette fonction qui permet d’indiquer dans le viseur, en superposition de l’image, les zones nettes grâce à une couleur sur les bords des éléments nets de l’image. Ajoutez à cela la profondeur de champ étendue de l’ultra grand-angle et vous ne devriez pas trop vous préoccuper de la mise au point, surtout pour du paysage.
La lentille frontale de l’objectif dispose d’un traitement « Frog Eye Coating », un autre nom pour parler d’un traitement hydrophobe qui permet d’éviter la formation de gouttes d’eau à la surface de l’objectif. Dans les faits, aucune lentille ne peut empêcher cela et Laowa ne déroge pas à la règle, même si le traitement réduit le risque.

Avant d’aborder la qualité d’image, il est important de noter une chose : cet objectif ne dispose pas de connecteur électronique, ce qui veut dire que les informations d’ouverture de diaphragme ne sont pas transmises au boîtier. Cela a plusieurs incidences à l’utilisation :
- le boîtier ne dispose pas de l’information sur l’AF et n’offre pas d’assistance AF
- l’ouverture se règle obligatoirement sur l’objectif (une habitude pour les utilisateurs de focales fixes de certains constructeurs comme Fujifilm)
- l’information d’ouverture n’est pas passée au boîtier et n’est pas enregistrée dans les EXIFs de l’image. En ouvrant l’image sur un logiciel comme Lightroom, impossible de savoir à quelle ouverture la photo a été prise.
- pour notre test, il a fallu réaliser des photos à ouverture identique et bien documenter le changement d’ouverture, ce qui complique le test terrain.
De manière générale, à moins de n’utiliser qu’une seule ouverture ou de tenir un carnet de bord ultra détaillé, il est très difficile de connaître l’ouverture de ses photos a posteriori. C’est un point à noter.
Qualité d’image du Laowa 9mm f/2.8 Zero-D
Passons maintenant à la qualité d’image du Laowa 9mm f/2.8 Zero-D. Cet objectif dispose d’une construction en 15 éléments répartis en 10 groupes avec 3 verres ED pour réduire les aberrations chromatiques et 2 lentilles asphériques.

Voici une sélection d’images réalisées avec le Fuji X-T2 + Laowa 9mm f/2.8 Zero-D.
Pour apprécier le rendu véritable des images, cliquez dessus pour la voir en qualité optimale (et parfois en plus grand, selon la taille de votre écran).




Le piqué de cette optique est très bon au centre de l’image dès f/2.8. Cependant, cela se complique dans les angles : de f/2.8 à f/5.6, les bords sont un peu mous, ce n’est qu’à partir de f/8 que cela s’améliore. Si vous souhaitez photographier à pleine ouverture et avoir des bords nets, ce n’est peut-être pas l’optique qu’il vous faut.

Comparé au Fujifilm 10-24mm f/4 testé sur Phototrend, nous avons noté que le Laowa offrait plus de détails au centre de l’image (lorsque la mise au point est réussie, chose plus facile avec l’AF du Fujifilm 10-24mm f/4). Par contre, le Fuji propose plus de détails sur les bords de l’image. La différence est moins marquée à partir de f/5.6 où Fuji et Laowa offre une bonne netteté au centre.
À f/16 et même f/22, le Laowa 9mm f/2.8 Zero-D conserve une excellente qualité d’image et ne souffre pas trop de diffraction, même si nous préférons rester à f/11 étant donné la profondeur de champ déjà suffisante à ce niveau.
La distance minimale de mise au point de 12cm permet également de réaliser des photos avec des cadrages intéressants, très proches du sujet, et l’arrière-plan se détache bien.



Concernant la distorsion, le point fort de cette optique, elle est quasiment inexistante, comme le nom de la gamme de l’objectif le laissait présager. On ne note presque aucune distorsion en barillet. La seule déformation visible est celle liée à la focale très grand-angle, qui fait que les perspectives sont exagérées.

Le vignetage du Laowa 9mm f/2.8 est très présent à pleine ouverture, et disparait petit à petit, tout en restant tout de même visible. À partir de f/8, il n’est plus très visible. Le vignetage se corrige facilement en postproduction, et Laowa devrait proposer un profil de correction pour les logiciels comme Lightroom.



Voici un comparatif de f/2.8 à f/22 pour voir l’évolution du vignetage et de la qualité d’image sur les bords :
Sur cette optique, le flare est visible, comme on peut le voir avec ces deux photos prises avec un fort soleil :


Enfin, nous n’avons noté aucune aberration chromatique visible.
A qui s’adresse le Laowa 9mm f/2.8 Zero-D ?
Les objectifs très grand-angles sont souvent recherchées par les photographes de paysage, et cet objectif ne sera pas une exception. Le Laowa 9mm f/2.8 Zero-D offre une qualité optique dans un objectif ultra compact très appréciable.
Si vous faites de la vidéo avec votre hybride, cet objectif pourra également être très intéressant car son très grand angle permet de filmer de façon immersive et la mise au point, calée à l’hyperfocale, ne sera pas un problème. Venus Optics recommande même cette optique montée sur un stabilisateur 3 axes.

Durant notre test, j’ai utilisé l’objectif de manière assez polyvalente. Plus polyvalent que je ne le pensais, cet équivalent de 13mm permet de facilement réaliser des images urbaines, mêlants architecture, photo de rue et détails, à condition de ne pas avoir peur de s’aprocher de son sujet, notamment en photographie de rue.

La seule limite à prendre en compte avant l’acquisition de cette optique, c’est sa mise au point manuelle et surtout l’absence de communication avec le boîtier, ce qui empêche de retrouver dans les données de l’image l’ouverture utilisée. Utile pour les technophiles, on peut bien s’en passer, comme à l’ère de l’argentique.
Laowa 9mm f/2.8 Zero-D, une belle surprise venue de Chine
Le Laowa 9mm f/2.8 Zero-D est une belle surprise de la part de Venus Optics. Sans aucune distorsion, cette optique de construction haute qualité offre une très bonne qualité d’image au centre dès f/2.8 puis sur l’ensemble de l’image à f/8. En monture Fuji X, c’est l’objectif le plus grand-angle qui existe. Sa construction tout en aluminium lui assure une robustesse dans un format compact et léger.
On aurait bien aimé avoir une tropicalisation et surtout une puce pour que l’objectif communique au boîtier l’ouverture choisie, ce qui n’est pas le cas sur ce produit. Cela lui empêche d’avoir la note maximum, mais si ce n’est pas un problème pour vous, cet ultra-grand-angle est à considérer.
Le Laowa 9mm f/2.8 Zero-D est disponible en monture Fujifilm X, Canon EF-M et Sony E au tarif de 649€. C’est à la fois beaucoup pour un objectif à mise au point manuelle, mais peu pour un objectif de cette construction, avec cette focale, en monture Fuji (pour notre test). L’objectif est sorti mi-avril 2018 et devrait être disponible en magasin et boutique en ligne d’ici peu.
Si vous êtes à la recherche d’un zoom grand angle en monture Fuji, le Fujinon XF 10-24mm f/4 R OIS est également à étudier, vendu aux alentours de 900€.
