Irix avait pris tout le monde de cours l’an dernier en arrivant sur le marché des objectifs avec deux modèles (Firefly et Blackstone) d’un nouvel ultra grand-angle 15mm f/2.4 compatible plein format. Cet objectif, avec un design et une construction soignée, vise l’excellence avec une construction optique conçue pour réduire les distorsions et autres aberrations chromatiques. Il est équipé de raffinements appréciables comme une bague de verrouillage de la mise au point, une échelle hyperfocale, un clic lorsque la mise au point est faite à l’infini, etc.
Nous avons testé sur le terrain la version haut de gamme du Irix 15 mm f/2.4, dite « Blackstone ».
Sommaire
- A propos de Irix et TH Swiss
- Présentation du Irix 15mm f/2.4 série Blackstone
- Prise en main du Irix 15mm f/2.4 série Blackstone
- Qualité d’image du Irix 15mm f/2.4 série Blackstone
- Un point sur la mise au point manuelle
- Les accessoires compatibles avec l’Irix 15mm f/2.4
- A qui s’adresse l’Irix 15mm f/2.4 Blackstone ?
- Conclusion sur l’Irix 15mm f/2.4 Blackstone
A propos de Irix et TH Swiss
Créée en 2015, la société TH Swiss a lancé en 2016 ses premiers objectifs de la marque Irix lors du Photography Show à Birmingham en Angleterre. Qui est TH Swiss, cette société qui vante la précision et le design suisse (« Conçu en Suisse, Fabriqué en Corée) ?
TH Swiss AG semble bien avoir son siège social en Suisse et derrière cette société, on retrouve Hubert Grzegorz Adamczyk, CEO de TH Swiss. Adamczyk est polonais, et a été à la tête de Delta, le distributeur européen de Samyang et basé en Pologne. Jusqu’en 2014, Delta avait l’exclusivité sur la distribution des optiques du coréen dans toute l’Europe. Depuis 2015, ils ne sont plus distributeurs Samyang et peu après ce changement , Adamczyk semble avoir souhaité lancer sa propre marque d’objectifs avec Irix.
Aujourd’hui, TH Swiss, domiciliée en Suisse, possède principalement des bureaux en Pologne, mais joue à fond la carte de la précision suisse dans son marketing même si elle parle de « design européen » dans certaines documentations pour fausser les pistes. On retrouve pourtant le petit drapeau suisse sur tous ses produits.
Pour ceux qui se posent la question : Samyang n’est pas derrière TH Swiss ou la marque Irix. Les constructions optiques sont proches, certes, mais ce sont deux sociétés séparées.
« Les photographes en ont rêvé, les ingénieurs l’ont construit et les concepteurs l’ont peaufiné ! » : voici le credo des optiques Irix, qui misent sur un développement tourné vers les photographes et la pratique, tout en offrant des performances et une qualité supérieure. Irix se positionne comme une marque haut de gamme et premium, à l’écoute des photographes.
Présentation du Irix 15mm f/2.4 série Blackstone
L’objectif Irix 15mm f/2.4, annoncé en mars 2016, est une focale fixe ultra grand-angle de 15mm. Il est compatible plein format et APS-C et est disponible en monture Canon EF, Nikon F et Pentax K (et Sony FE moyennant un adaptateur, lire plus bas).
Cet objectif, de par sa focale très large, est dédié aux photographes de paysages, mais aussi d’architecture, de photographies d’intérieur ou bien même pour les photojournalistes. Malgré son très grand angle, les distorsions sont minimes et offrent des diagonales sans courbures. Par sa grande ouverture, cet objectif pourra également servir pour les amoureux d’astropaysages.
Il est important de noter que l’Irix 15mm f/2.4 Blackstone ne dispose pas de moteur autofocus. La mise au point se fait donc manuellement, mais nous allons voir que l’objectif a été bien pensé et offre une bonne expérience d’utilisation.
L’irix 15mm f/2.4 est disponible en deux versions :
- la version Blackstone (que nous avons testé) : il s’agit du modèle premium, disposant d’une construction aluminium avec un extérieur en magnésium doté d’un revêtement anti-rayures, d’une bague de mise au point en métal, de marquages fluorescents et de 4 joints d’étanchéité (lentille, bague de verrouillage de mise au point, bague de mise au point et baïonnette)
- la version Firefly : ce modèle est également construit en aluminium mais avec un extérieur en matériau composite plus léger et d’une bague de mise au point en caoutchouc antidérapant avec un ergot pour faciliter la mise au point manuelle. Cet objectif est aussi tropicalisé, mais avec seulement 3 joints d’étanchéité (il ne dispose pas d’un joint sur l’élément frontal).
Voici les caractéristiques techniques complètes de l’Irix 15mm f/2.4 Blackstone :
- focale fixe ultra grand-angle de 15mm compatible plein format et APS-C
- ouverture maximum : f/2.4
- ouverture minimale : f/22
- construction optique : 15 lentilles en 11 groupes, avec 3 lentilles HR, 2 lentilles ED et 2 lentilles sphériques avec traitement Neutrino pour réduire les aberrations chromatiques, le ghosting et le flare
- diaphragme : 9 lamelles arrondies
- angle de champ : 110° (diagonal)
- distance de mise au point minimale : 28 cm
- diamètre du filtre : 95mm
- rainure arrière pour filtres de gélatine : 30 x 30 mm
- tropicalisation : oui, 3 joints d’étanchéité sur le Firefly et 4 joints d’étanchéité sur le Blackstone
- autofocus : non, mise au point manuelle avec blocage de la mise au point
- contrôle du diaphragme : depuis l’appareil photo
- poids : 608g sur Canon, 581g sur Nikon pour la version Firefly / 685g sur Canon, 653g sur Nikon pour la version Blackstone
- pare-soleil : oui, amovible
- stabilisation : non
- dimensions : 114 x 100 mm (D x H)
- montures compatibles : Canon EF, Nikon F et Pentax K
Prise en main du Irix 15mm f/2.4 série Blackstone
Livré dans une boîte métallique et protégé par une belle coque en mousse avec un liseré bleu, l’Irix 15mm f/2.4 Blackstone fait son effet lors du déballage. Une fois en main, l’objectif est imposant et lourd (653g). L’extérieur en aluminium finit par nous convaincre que l’objectif est solide et pourra affronter les conditions difficiles.
Le design du Irix 15mm f/2.4 Blackstone est similaire aux autres objectifs Irix : le 11mm f/4 et le prochain 45mm f/2.4 à venir : sobre, avec des inscriptions bien lisibles et un côté minimaliste et lisse, malgré la bague de mise au point crantée.
À l’avant de l’objectif, il est possible de fixer un filtre vissant d’un diamètre de 95mm (Irix propose sa propre gamme) que l’on peut manipuler grâce à une petite trappe qui s’ouvre à travers le pare-soleil. Astucieux et pratique. À l’arrière de l’objectif, il est aussi possible d’utiliser des filtres, cette fois sous la forme de gélatines de 30 x 30 mm que l’on vient glisser à la base de l’optique, juste devant le boîtier. Irix propose des filtres ND4, ND8 et ND16, nous ne les avons pas testés.
Sur le fût de l’objectif, on trouve deux bagues. La première permet de verrouiller la mise au point avec la fonction Focus Lock. Une fois la mise au point choisie, vous tournez cette bague pour durcir la bague de mise au point. C’est un petit détail vraiment pratique, surtout sur un objectif à mise au point manuelle comme celui-ci. Avec cette bague, plus de risque de changer malencontreusement la mise au point en touchant l’optique.
La seconde bague est la bague de mise au point. Elle est très large et prend la moitié de la surface du fût. Sur la version Blackstone, elle est en métal. Sur la version Firefly, elle est en caoutchouc antidérapant avec un ergot pour faciliter la mise au point. Cette bague de mise au point dispose d’une échelle de mise au point classique (en mètres et pieds), mais aussi d’une échelle hyperfocale pour faciliter la gestion de la profondeur de champ aux ouvertures f/8, f/11 et f/16. Pourquoi pas des indications à des ouvertures plus grandes ? Parce que la profondeur de champ sera trop faible pour être indiquée de manière précise.
Durant nos tests, nous avons beaucoup photographié à f/11 en hyperfocale, ce qui permet d’avoir une photo nette environ de 1,4m à l’infini.
Les amateurs d’astrophotographie adoreront le petit « clic » qui retentit lorsque l’on arrive à la mise au point à l’infini. Plus besoin de mettre la frontale pour être certain que l’on est bien à l’infini, c’est tellement simple. Et une fois qu’on y est, il suffit de bloquer la bague de mise au point avec le « Focus Lock » et en route !
La version Blackstone de l’Irix 15mm f/2.4 dispose de 4 joints d’étanchéité, soit un joint supplémentaire par rapport à la version Firefly (au niveau de l’élément frontal). Cet objectif est donc prêt à affronter la poussière, la moisissure et les conditions météorologiques difficiles.
Des marquages fluorescents permettent d’utiliser l’objectif dans l’obscurité. À un détail près. Il ne s’agit pas d’un marquage phosphorescent, mais fluorescent. Il ne suffit pas d’exposer l’objectif à la lumière naturelle ou artificielle pour ensuite pouvoir lire les marquages dans la nuit, mais il faut utiliser une lampe à lumière noire. Cette technique est très souvent utilisée par les opérateurs cinéma qui travaillent dans l’obscurité. En astropaysage, utiliser de la lumière noire plutôt qu’une lampe frontale classique permet de rester dans l’obscurité, mais l’avantage est pour nous finalement assez limité.
La mise au point de l’objectif est calibrée d’usine, mais il est également possible, pour les connaisseurs, de recalibrer l’Irix 15mm f/2.4 Blackstone et Firefly grâce à une petite trappe se trouvant sous l’optique. Cette manipulation est à réserver aux photographes expérimentés, car vous risquez aussi de dérégler l’objectif.
Qualité d’image du Irix 15mm f/2.4 série Blackstone
Passons maintenant à la qualité d’image du Irix 15mm f/2.4 Blackstone. Cet objectif dispose d’une construction optique de 15 éléments en 11 groupes répartis de la manière suivante :
Voici une sélection d’images réalisées avec le Nikon D800 + Irix 15mm f/2.4 Blackstone.
Pour apprécier le rendu véritable des images, cliquez dessus pour la voir en qualité optimale (et parfois en plus grand, selon la taille de votre écran).
La lentille frontale dispose d’un traitement « neutrino » censé réduire les aberrations chromatiques, le ghosting et le flare sur les photos. Sur les images d’exemple d’Irix, le flare semble en effet très bien maîtrisé.
Voici une photo réalisée en fin de journée à La Défense, un moment idéal pour voir comment l’objectif se comporte. Le résultat montre un flare bien contrôlé, mais avec des aberrations aux extrémités de l’image (notamment en haut à droite). À vous de juger si vous aimez ce genre de flare. Cette photo a été prise à f/16, ce qui amplifie considérablement le flare. À pleine ouverture, le flare est quasi inexistant.
La qualité d’image de cet objectif est très bonne dans l’ensemble. Si l’on met de côté la mise au point manuelle qui complique parfois les choses, surtout pour faire photographier un sujet proche à pleine ouverture, l’Irix 15mm f/2.4 Blackstone délivre une image très piquée, notamment à partir de f/8. Attention ensuite à ne pas trop fermer, car vous risquez de perdre en netteté en raison de la diffraction. Dans tous les cas, l’Irix 15mm f/2.4 Blackstone tire entièrement parti du capteur de 36 Mpx du D800 et est prêt à exploiter pleinement les nouveaux capteurs de reflex ultra-définis.
Nous n’avons noté aucune aberration chromatique.
En termes de vignetage, cet objectif ultra grand-angle ne fait pas de merveilles. Il vignette énormément à f/2.4 et continue même jusqu’à f/16. Comme toujours, il faut prendre cette information avec des pincettes, car la majorité des logiciels permettent de corriger facilement le vignetage en utilisant des profils de correction.
À ce sujet, Irix propose depuis quelque temps des profils de correction pour ses objectifs 15mm et 11mm. Nous les avons testé dans Lightroom et le vignetage comme les distorsions sont ainsi corrigées.
L’Irix 15mm f/2.4 Blackstone laisse apparaître quelques distorsions à l’image, sans pour autant gêner le photographe. Cet objectif ne déforme en effet que très peu les lignes, ce qui est très apprécié en photographie d’architecture ou d’intérieur, car cela limite le temps de postproduction. Encore une fois, en appliquant le profil de correction dans Lightroom ou CameraRaw, le résultat est très bon.
Si ce type d’objectif est davantage utilisé pour de la photographie à l’hyperfocale, avec un arrière-plan net jusqu’à l’infini, la distance minimale de mise au point de 28 cm permet de photographier des éléments proches en d’obtenir un beau bokeh grâce aux 9 lamelles arrondies du diaphragme.
Un point sur la mise au point manuelle
Cet objectif ne dispose pas d’autofocus. C’est important de le noter, car pour certaines photographes, c’est un point rédhibitoire. Personnellement, je n’utilise que très peu d’objectifs en mise au point manuelle pour une raison simple : je n’arrive pas à trouver facilement et rapidement le point de netteté en visée optique.
Dommage que cet objectif ne soit pas (encore ?) disponible en monture Sony FE pour tirer parti du viseur électronique des boîtiers Sony A7 et du focus peaking, une petite révolution pour l’utilisation des objectifs à mise au point manuelle.
Malgré tout, en utilisant l’hyperfocale, il est possible de ne plus se soucier de la mise au point : tout les éléments à partir d’une certaine distance seront nets, jusqu’à l’infini. À ce sujet, je vous invite à lire notre Mercredi Pratique Comprendre et maîtriser l’hyperfocale.
Les accessoires compatibles avec l’Irix 15mm f/2.4
Comme vu plus haut, les objectifs Irix 15mm f/2.4 Blackstone et Firefly peuvent accueillir deux types de filtres :
- des filtres de gélatine qui viennent se placer à la base de l’optique. Irix propose sa gamme Irix Edge avec des filtres ND4 (0.6), ND8 (0.9) et ND16 (1.2)
- des filtres circulaires de 95mm qui viennent se visser sur l’objectif. Irix propose également des filtres UV, ND ou polarisant CPL
- des filtres rectangulaires et carrés de 150x170cm ou 150x150cm moyennant un porte-filtre Irix Edge qui permet de placer jusqu’à deux filtres en même temps.
Cet objectif, non disponible en monture Sony, peut cependant être utilisé avec un boîtier Sony hybride grâce à l’adaptateur ILA-FE2EF. Ce dernier permet de contrôler le diaphragme de l’optique directement sur l’appareil Sony et l’adaptateur dispose d’une griffe détachable avec un filetage trépied, pour un meilleur équilibre. L’adaptateur sortira normalement en octobre et le prix devrait être aux alentours de 100€ (ou moins)
A qui s’adresse l’Irix 15mm f/2.4 Blackstone ?
Irix a lancé deux versions de son objectif Irix 15mm f/2.4 : la version Blackstone et la version Firefly. Chacune des deux versions s’adresse à un photographe bien précis. La version Firefly s’adresse avant tout à celui qui recherche une optique la plus légère possible sans rogner sur la qualité d’image. Elle dispose de nombreuses attentions comme la bague de verrouillage de mise au point, le « clic » à l’infini, les joints d’étanchéité et une bague de mise au point agréable et antidérapante.
La version Blackstone s’adresse davantage aux photographes plus baroudeurs, à la recherche de l’optique la plus résistante aux chocs et aux intempéries. Sa tropicalisation renforcée et sa construction aluminium / magnésium en font un modèle redoutable pour sortir des sentiers battus sans (trop) se soucier de son matériel.
Reste que la différence a un prix : on trouve la version Irix 15mm f/2.4 Firefly aux alentours de 459€ là où la version BlackStone est vendue 725€. 260€ séparent donc les deux versions à l’heure où nous écrivons ces lignes. Nous ne savons pas si Irix vend davantage l’une ou l’autre version, mais la construction plus robuste est accessible pour un petit supplément.
Conclusion sur l’Irix 15mm f/2.4 Blackstone
Irix entre sur le marché des ultra grand-angle à mise au point manuelle avec Irix 15mm f/2.4 Blackstone, un objectif de qualité et bien pensé. Nous apprécions vraiment les petits plus qui montrent une réflexion et un objectif pensé par des photographes, pour des photographes. En termes d’image, l’Irix 15mm f/2.4 délivre dans l’ensemble de belles photos bien piquées, à condition de fermer un peu l’ouverture et de corriger le vignetage très présent.
L’Irix 15mm f/2.4 est disponible en deux versions : Irix 15mm f/2.4 Firefly à partir de 459€ et Irix 15mm f/2.4 Blackstone à partir de 725€.