Interview de Sophie Thouvenin, contemplation et rêverie macrophotographique

Retrouvez Sophie Thouvenin dans la Masterclass Photo Macro de Studio Jiminy

Cette semaine, Sophie Thouvenin nous fait le plaisir de répondre à nos questions et partage avec nous sa passion pour la macrophotographie et le portrait. Avec ses prismes, elle explore le monde à la recherche d’une nouvelle vision inspirée de son enfance, cet état de contemplation et de rêverie. Découvrez son interview.


Avant tout, présente-toi en quelques mots

Photographe épicurienne qui voudrait ralentir le temps. Faire des images peut aider à cela.

Depuis quand fais-tu de la photo, quelles ont été les étapes importantes pour toi dans ton apprentissage ?

J’ai commencé à l’adolescence, mais pendant les dix premières années, c’était occasionnel. Je faisais des photos dans les rues, de l’architecture, des détails de fer forgé, beaucoup de portes et de fenêtres, pour des compositions graphiques. Mais ce n’était pas encore un besoin.

© Sophie Thouvenin
© Sophie Thouvenin

Au fil du temps tu t’es orientée vers la macrophotographie. Qu’est-ce qui t’attire le plus dans cette pratique ?

Justement, ce n’est pas « au fil du temps », que je me suis orientée vers la macro. C’est parti d’une envie de faire des images « de plus près ». Je ne savais même pas que le terme « macro » désignait cela. La première fois que j’ai visé avec mon 105mm macro, c’est comme si j’étais passée dans une autre dimension, tout en retrouvant instantanément mes sensations d’enfance.

© Sophie Thouvenin
© Sophie Thouvenin

De cette période, j’ai gardé la contemplation et la rêverie. La macrophotographie m’a replongé dans cet état, ce fut un coup de foudre, un grand moment. C’est à partir de là que c’est devenu un besoin, car j’entrais davantage dans un processus créatif. Les images que je voyais dans mon viseur, je ne les avais jamais vues avant, c’était grisant.

© Sophie Thouvenin
© Sophie Thouvenin

Beaucoup de clichés macro que tu réalises ont un côté très poétique, comment arrives-tu à véhiculer cette poésie dans tes photos ?

Je ne la véhicule pas, je la ressens. Peut-être qui si on ressent vraiment les choses, on les transmet ? 🙂 Cette réponse peut sembler être une pirouette, mais c’est vrai. Après, je ne saurai expliquer ce qui fait que l’on peut, ou que l’on sait communiquer ce que l’on ressent. C’est une chance, quelque-chose de flou, et c’est bien.

© Sophie Thouvenin
© Sophie Thouvenin

Peux-tu nous raconter l’histoire de ta première photo que tu estimes « réussie » ?

C’est très difficile, cette question ! 🙂 Mais la première qui me revient en tête est une feuille, en automne, avec quelques gouttes. La dominante était rose indien, il y avait du vert, du bleu, c’était très exotique, finalement, et j’avais l’impression d’une gourmandise. Finalement, les premières macros que j’ai estimé réussies, elles étaient abstraites.

Tu as une certaine attirance pour les poupées, peux-tu nous dire pourquoi ?

Encore une fois, c’est l’écho de l’enfance. Je contemplais, je rêvais, alors bien-sûr je parlais à mes poupées, et j’entendais leurs réponses, ou parfois, je les croyais vivantes (mais je vais bien, je vous assure). C’était la même chose avec le règne végétal, d’ailleurs !

© Sophie Thouvenin
© Sophie Thouvenin

Mais les poupées, oui, elles me fascinaient, par leur beauté, et par tout ce que je pouvais projeter sur elles. Ma première Barbie fut mon premier modèle, avant de faire des portraits de poupées humaines (ce qui est bien mieux, en vérité, car elles, au moins, parlent vraiment !).

© Sophie Thouvenin
© Sophie Thouvenin

Tu réalises également de nombreux portraits, as-tu une séance portrait dont tu souhaiterais nous parler ?

© Sophie Thouvenin
Jackie Tadeoni – © Sophie Thouvenin

Celle où, pour la première fois, j’ai pu photographier un personnage, en la (jolie et talentueuse) personne de Jackie Tadeoni, une artiste et amie qui apporte beaucoup de son univers dans mes images. En effet, elle danse, crée des costumes, de superbes robes et autres fééries. L’année dernière, je l’ai photographiée en Geisha, et j’ai beaucoup aimé, ce fut un très beau moment. Mais j’ai de la chance, car c’est toujours le cas avec elle, et avec pas mal d’autres. Il est bien rare que je sorte d’une séance déçue. Au pire, j’ai un goût d’inachevé, alors on recommence une fois prochaine 🙂

© Sophie Thouvenin
Jackie Tadeoni – © Sophie Thouvenin

Quel matériel photo utilises-tu pour tes photos de macro ?

Un Nikon D600 avec un Nikkor 105mm macro. C’est tout. Pas de trépied, et uniquement en lumière naturelle. Pour les portraits, j’utilise un 50mm f/1.4.

Quels conseils donnerais-tu à un photographe souhaitant se mettre à la photographie macro ?

De ne pas se laisser impressionner par toutes les contraintes techniques dont on nous rabat les oreilles avec la macro. Je n’en ai jamais tenu compte, et j’en suis ravie. Il faut être spontané, et créer ou exprimer son propre univers, sa vision. Cela prend du temps, il faut être patient, mais libre.

© Sophie Thouvenin
© Sophie Thouvenin

Quels sont les sujets qui te plaisent actuellement, et sur quoi travailles-tu ?

Avec le printemps, l’appel de la forêt est irrésistible, j’ai hâte d’y faire encore quelques promenades. J’ai parfois peur de penser que je devrais arrêter les fleurs ou le végétal, que j’ai assez tourné autour, mais en fait, non. Et si c’était le cas, quelle importance ?  L’essentiel est de se faire plaisir. Un carré de chocolat est toujours un carré de chocolat, mais on y revient bien, donc !

Qui sont les photographes ou artistes qui t’inspirent ?

Jean-Baptiste Mondino m’a beaucoup impressionnée, avant même que je ne touche un appareil photo. Je ne pourrais même pas dire si il m’a inspirée, mais en tout cas, j’aime son univers. Sinon, ce sont surtout les peintres, dessinateurs, et illustrateurs, qui m’inspirent. Durant mes années en Histoire de l’Art, j’ai entrainé mon oeil à ma propre conception du beau, ou de ce que j’aime voir, en tout cas. Après, peu importe l’outil.

© Sophie Thouvenin
© Sophie Thouvenin

Quel(le) photographe aimerais-tu que l’on interviewe ?

Je serais très intéressée de lire une interview de Davy Jourget, un photographe de talent, fou d’argentique, qui ne se contente pas de faire de superbes photos, non, il fabrique les appareils ou les chambres, aussi. Il est fou. Respect.

Le mot de la fin

Merci !

Sophie-Thouvenin_10
© Sophie Thouvenin

Merci Sophie d’avoir répondu à nos questions.

Vous pouvez retrouver toutes les photos de Sophie Thouvenin sur son site, ainsi que sur Facebook.