MP #132 : photographier le mouvement en pleine journée

Lorsque l’on découvre la photographie, l’un des premiers objectifs que l’on se donne est de réussir à faire une photo où le sujet est net. Si le sujet que l’on photographie est flou, c’est souvent que la photo est ratée.

Heureusement, il est possible de réussir de belles photos avec un sujet en mouvement et c’est ce dont nous allons parler dans cet article. Plus particulièrement, nous allons aborder les différentes techniques pour photographier le mouvement, et ce en pleine journée. Ce dernier détail est important, car très souvent les photographes se cantonnent à photographier le mouvement de nuit, avec un trépied.

Vous pensez qu’en pleine journée, lorsque le soleil frappe fort et que la luminosité est importante, vous ne pouvez pas donner un effet de mouvement à votre image ? Cet article est là pour vous prouver le contraire et vous donner les grandes pistes pour réussir à photographier le mouvement en pleine journée.

Le mouvement en photographie

Avant d’aller plus loin, arrêtons-nous sur le concept de mouvement en photographie. Il y a deux manières de l’appréhender : se battre contre lui (en essayant de figer l’action) ou l’accompagner.

Grand Central Terminal
© Mathieu

Pour figer le mouvement, il existe de nombreux conseils qui pourraient faire l’office d’un Mercredi Pratique à part entière. L’idée principale est d’avoir une vitesse d’obturation rapide et pour cela il est possible d’augmenter les ISO, utiliser une plus grande ouverture, utiliser une vitesse d’obturation rapide ou bien même faire appel au flash.

D’un autre côté, pour bien rendre l’idée de mouvement, il est possible de l’accompagner, voire de l’accentuer, en utilisant des réglages opposés à ceux présentés plus haut plus quelques petites astuces.

La vitesse d’obturation : paramètre principal à contrôler

Pour rappel, l’objectif n’est pas de figer l’image pour capturer un moment spécifique mais plutôt photographier son sujet pour obtenir une impression de mouvement.

Pour réussir cela, il faut appréhender le mouvement avec un paramètre principal : la vitesse d’obturation (ou temps d’exposition) c’est-à-dire le temps durant lequel l’obturateur de votre appareil photo restera ouvert pour laisser rentrer la lumière et photographier la scène.

Pour régler la vitesse d’obturation, vous devez mettre votre appareil en mode manuel priorité vitesse (ou en mode manuel complet si vous voulez encore plus de souplesse). De cette manière, vous pouvez choisir la vitesse d’obturation que vous souhaitez et votre appareil va exposer correctement la scène en modifiant l’ouverture ou bien encore la sensibilité ISO.

Les techniques pour faire ressentir le mouvement dans vos photos

Il existe de nombreuses manières de donner une impression de mouvement dans vos photos, et voici quelques techniques éprouvées que nous vous recommandons.

La technique du filé

Le filé est un bon moyen de véhiculer l’impression de vitesse et de mouvement dans vos photos. Cette technique photo permet de mettre en valeur un élément en mouvement dans une photo, en ne gardant que cet élément net alors que le reste de l’image devient flou à cause du bougé.

© Kalle Gustafsson
© Kalle Gustafsson

On obtient cet effet en choisissant une vitesse d’obturation assez lente (en dessous de 1/50s pour une voiture lors d’une course par exemple) et en accompagnant le sujet à photographier lors du déclenchement. Pour tous les détails sur cette technique, je vous renvoie à notre Mercredi Pratique sur la technique du filé.

La pose longue et les filtres à densité neutre

La pose longue n’est pas une pratique exclusivement nocturne, loin de là. Il est certes plus facile d’effectuer une pose longue la nuit lorsqu’il n’y a pas suffisamment de lumière pour exposer sa photo avec une vitesse d’obturation dite classique, mais utiliser cette technique en pleine journée donne des résultats impressionnants.

mouvement
© Damien Roué – 1/5s, f/20, ISO 100, 18mm

Qui dit pose longue dit vitesse d’obturation lente. Par exemple, pour photographier les mouvements de la foule dans une rue, la vitesse d’obturation conseillée est entre 1/20s et 1 seconde — cela dépend si vous êtes à Paris ou en province ;). Pour obtenir cette vitesse, votre appareil devra jouer avec les autres paramètres de la prise de vue, notamment en choisissant une ouverture plus petite (f/11 par exemple) et la sensibilité ISO minimum.

Utiliser un filtre à densité neutre

Si vous souhaitez conserver une profondeur de champ réduite (et donc une ouverture plus grande) ou s’il y a trop de lumière pour exposer convenablement votre scène avec une vitesse d’obturation lente, il vous faudra utiliser un filtre à densité neutre (ou filtre ND). Ce filtre se place sur l’objectif de votre appareil photo et permet d’assombrir votre image de plusieurs diaphragmes. Pour compenser cette perte de lumière, vous pouvez choisir de réduire encore plus la vitesse d’obturation ou bien de choisir une ouverture plus grande (par exemple, passer de f/11 à f/5). Très souvent utilisé en photographie de paysage, il peut aussi être utile dans le cas où vous souhaitez montrer un mouvement en pleine journée.

This could be the end
© Damien Roué – 1,3 s – f/22 – ISO 50 – 24 mm

Par exemple, nous avons testé le filtre Marumi DHG ND8 Light Control qui nous a permis de descendre suffisamment la vitesse d’obturation pour donner un aspect laiteux à la mer. Il existe des filtres de différentes densités (ND2, ND4, ND8 voir même ND40, ND400 ou ND1500) pour assombrir davantage la scène et obtenir des poses très longues même en pleine journée avec un soleil au zénith. Si les filtres vous intéressent, nous avons testé le système de filtres Nisi, un must-have selon nous !

Soyez stable

A cette vitesse, il est essentiel de stabiliser votre appareil photo pour éviter d’avoir une image complètement floue. Pour être plus discret et léger, nous vous conseillons d’oublier le trépied mais d’utiliser votre corps ou les éléments de l’environnement pour vous stabiliser.

Voici quelques idées pour être plus stable durant votre prise de vue :

  • utiliser la stabilisation optique de votre objectif (ou celle du capteur sur certains appareils)
  • s’appuyer sur un mur ou tout autre support immobile
  • écartez les jambes, collez les coudes le long de votre corps pour que ce dernier stabilise l’appareil plutôt que de photographier à bout de bras. En inspirant et maintenant votre souffle, vous serez étonné de la stabilité que vous pouvez obtenir avec un peu d’exercice (encore plus si vous avez été sniper dans une autre vie).
  • tendre la sangle de votre appareil photo et le maintenir au niveau du bassin (un écran orientable est ici apprécié pour simuler une visée TLR)
  • utiliser une ficelle ! Faites une boucle pour passer votre pied à une extrémité et attachez l’autre extrémité autour de la main qui tient l’appareil (pas besoin de noeud, un ou deux tours suffisent). Après cela, il suffit de tendre la ficelle
  • vous avez d’autres astuces n’impliquant ni un trépied ni un monopode ?

L’explozoom ou zooming

Parfois découverte par hasard, la technique de l’explozoom permet de donner du mouvement à l’image même si tous les sujets sont immobiles. Cet effet est relativement simple à produire et il nécessite d’utiliser un objectif avec un zoom. En utilisant une vitesse d’obturation suffisamment lente, il suffit de zoomer ou dézoomer tout en déclenchant. Pour réussir à obtenir quelque chose de correct, cela demande un peu d’entraînement.

© Rob
© Rod Maurice

Pour en savoir plus sur cette technique, consulter notre Mercredi Pratique sur l’explozoom ou zooming.

© Guillaume Coqueblin
© Guillaume Coqueblin – 0,4s, f/20, ISO 100, 20mm

Conclusion et sortie photo

Maintenant que vous en savez un peu plus sur comment retranscrire le mouvement dans vos photos, il est temps de s’exercer. Et ça tombe bien, car dimanche 29 mars 2015, nous organisons une sortie photo nationale sur la thématique du mouvement.