Aujourd’hui, pour notre 27ème Mercredi Pratique, nous invitons Louis Thibaud Chambon (alias Louistib sur Flickr) qui va vous parler d’un sujet qu’il apprécie tout particulièrement : les photographies de cascade.
Je l’ai rencontré lors d’une soirée Flickr@Paris et, ce n’est sûrement pas une coïncidence, il avait apporté son premier livre photo qu’il venait de faire éditer : Cascades de France.
En le feuilletant, je suis tombé amoureux de ses photos de cascade et j’ai apprécié la manière dont il les présentait : une photo accompagnée d’un texte indiquant la région où la photo a été prise, le plan d’accès mais surtout un bref paragraphe expliquant pourquoi il avait choisi ce point de vue. Très pédagogique (photographiquement parlant). Mais il manquait un de ses plus grands secret : comment réaliser de telles photos !
Je laisse donc la parole à Louis Thibaud pour ce MP sur la photographie de cascade.
En photographie de cascade on peut faire deux types de photos :
– Une photo avec l’eau figée : diaphragme ouvert en grand (petit ‘f’)
Dans ce cas, beaucoup de lumière atteint le capteur / négatif en peu de temps : cela permet de figer un mouvement. C’est presque le même principe pour la photo de portrait, de sport ou animalière.
On obtient aussi une faible profondeur de champ. Il faut alors dans ce cas faire attention aux zones floues de l’image et à sa zone de netteté.
– Une photo avec l’eau floue : diaphragme fermé tout petit (grand ‘f’)
Dans ce cas, peu de lumière atteint le capteur / négatif en peu de temps d’où la nécessité d’allonger le temps de pose pour exposer correctement la photo. Toutes les parties « non mouvantes » (rocher, herbe, environnement) sont nettes, toutes les « parties mouvantes » (eau qui coule) de la photo sont floues. C’est le même principe que la photographie de paysage où on cherche souvent à obtenir une netteté sur l’intégralité de l’image ou encore la photographie nocturne.
Composer une photographie de cascade
Il existe trois façons de composer une photographie de cascade :
- Prendre l’ensemble de la cascade au grand-angle.
Dans ce cas, on va chercher à montrer la cascade dans son environnement en composant son image avec un 1er, un 2e et 3e plan. Je vous conseille de vous approcher le plus possible du niveau du sol / eau pour prendre un rocher, des mousses ou un mouvement de l’eau en premier pour donner une bonne profondeur à votre prise de vue. De plus, il est souvent utile d’ajouter une échelle dans vos compositions. Un personnage, un arbre ou toute autre chose susceptible d’être reconnue par sa taille est souvent très pratique
- Prendre une partie d’une cascade
On a souvent tendance à vouloir prendre la cascade dans son intégralité mais des prises de vue d’une partie de la cascade se révèlent souvent être une bonne solution.
- Faire un zoom rapproché avec ou sans échelle de l’eau
Le grand-angle n’est pas la seule option dans ce type de photographie. On peut tout à fait zoomer très proche de l’eau pour en montrer ses mouvements qui peuvent parfois être presque abstraits.
Le matériel nécessaire
- Un appareil compact, bridge ou réflex avec des réglages manuels (Mode P.S.A.M.)
- Un objectif grand-angle ou zoom, même peu lumineux car on cherche souvent une grande profondeur de champ (‘f’ élevés).
- Un trépied pour le piqué lors des poses longues
- Des filtres polarisant, Neutre ou Neutre gradué mais ce n’est pas obligatoire
- Retardateur ou télécommande pour empêcher le flou de bouger
- Chaussures étanches
Les erreurs à ne pas faire pour un bon effet filé
- Ne pas utiliser de trépied
La photographie de cascade sans trépied est possible uniquement si on chercher à figer le mouvement de l’eau. Si vous cherchez un effet filé, un trépied est indispensable. On a tendance à croire que l’on peut faire des photos à 1/15 de secondes nettes mais en y regardant de plus près, la photo est floue.
- Faire une pose trop longue
…et l’eau est cramée : l’effet filé dépend de la quantité d’eau qui coule, plus il y a d’eau, moins la pose sera longue. Un effet filé peut être obtenu à partir de 1/15 de secondes jusqu’à plus d’une minute d’exposition. Si la pose est trop longue, la quantité de lumière atteignant le capteur / négatif sur la partie de l’eau en mouvement sera trop importante et certaines zones seront donc cramées (toutes blanches sans aucune information). Dans ce cas, on a dépassé le temps nécessaire.
SOLUTIONS :
- Réduire la profondeur de champ si possible : baisser le ‘f’ (attention aux zones de netteté de l’image)
- Monter en ISO : de 100 à 400 (ne jamais monter plus pour un effet filé à cause de la perte de qualité photo selon les appareils)
- Utiliser un filtre polarisant ou à densité neutre (filtre ND) pour limiter la quantité de lumière entrant dans l’objectif
…et le ciel cramé : On a tendance à croire que plus la pose est longue, plus l’effet recherché sera impressionnant, c’est faux. Une belle photo de cascade avec un effet filé est une photo correctement exposée : même le ciel.
SOLUTIONS :
- Ne pas intégrer de ciel dans votre composition si les temps de pose sont trop longs. Sans ciel, on ne pourra pas le cramer.
- Utiliser les techniques de HDR ou DRI en prenant plusieurs clichés d’une image puis en les fusionnant.
- Utiliser des filtres Gris gradués. On peut grâce à ces filtres limiter la quantité de lumières atteignant le capteur sur une partie de la photo, dans ce cas précis le ciel. On peut ainsi avoir un effet filé sur la partie basse de la photo (l’eau) et un ciel correctement exposé grâce à la partie filtrée sur le haut de la photo (le ciel)
Attention aux objets en mouvement dans le champ de prise de vue (personnes, oiseaux, vents sur les feuillages). Tout élément en mouvement dans un effet filé deviendra flou. Attention, aux personnes, branchages, etc. susceptibles de bouger pendant vos photos.
Voilà, vous savez maintenant tout de la photographie de cascade. »
Merci Louistib, je suis sûr que tu as éveillé des vocations parmi nos lecteurs.