SALON DE LA PHOTO : votre invitation offerte par Phototrend avec le code PTW2024

MP #27 : comment photographier une cascade

Aujourd’hui, pour notre 27ème Mercredi Pratique, nous invitons Louis Thibaud Chambon (alias Louistib sur Flickr) qui va vous parler d’un sujet qu’il apprécie tout particulièrement : les photographies de cascade.

Je l’ai rencontré lors d’une soirée Flickr@Paris et, ce n’est sûrement pas une coïncidence, il avait apporté son premier livre photo qu’il venait de faire éditer : Cascades de France.

En le feuilletant, je suis tombé amoureux de ses photos de cascade et j’ai apprécié la manière dont il les présentait : une photo accompagnée d’un texte indiquant la région où la photo a été prise, le plan d’accès mais surtout un bref paragraphe expliquant pourquoi il avait choisi ce point de vue. Très pédagogique (photographiquement parlant). Mais il manquait un de ses plus grands secret : comment réaliser de telles photos !

Je laisse donc la parole à Louis Thibaud pour ce MP sur la photographie de cascade.


En photographie de cascade on peut faire deux types de photos :

– Une photo avec l’eau figée : diaphragme ouvert en grand (petit ‘f’)

Dans ce cas, beaucoup de lumière atteint le capteur / négatif en peu de temps : cela permet de figer un mouvement. C’est presque le même principe pour la photo de portrait, de sport ou animalière.

On obtient aussi une faible profondeur de champ. Il faut alors dans ce cas faire attention aux zones floues de l’image et à sa zone de netteté.

2848365371_94d8aba511_o

– Une photo avec l’eau floue : diaphragme fermé tout petit (grand ‘f’)

Dans ce cas, peu de lumière atteint le capteur / négatif en peu de temps d’où la nécessité d’allonger le temps de pose pour exposer correctement la photo. Toutes les parties « non mouvantes » (rocher, herbe, environnement) sont nettes, toutes les « parties mouvantes » (eau qui coule) de la photo sont floues. C’est le même principe que la photographie de paysage où on cherche souvent à obtenir une netteté sur l’intégralité de l’image ou encore la photographie nocturne.

2413251887_6802e9ac95_o

Composer une photographie de cascade

Il existe trois façons de composer une photographie de cascade :

  • Prendre l’ensemble de la cascade au grand-angle.

Dans ce cas, on va chercher à montrer la cascade dans son environnement en composant son image avec un 1er, un 2e et 3e plan. Je vous conseille de vous approcher le plus possible du niveau du sol / eau pour prendre un rocher, des mousses ou un mouvement de l’eau en premier pour donner une bonne profondeur à votre prise de vue. De plus, il est souvent utile d’ajouter une échelle dans vos compositions. Un personnage, un arbre ou toute autre chose susceptible d’être reconnue par sa taille est souvent très pratique

2383558898_5317147c5f_o

  • Prendre une partie d’une cascade

On a souvent tendance à vouloir prendre la cascade dans son intégralité mais des prises de vue d’une partie de la cascade se révèlent souvent être une bonne solution.

2850842789_2d2f745ec1_o

  • Faire un zoom rapproché avec ou sans échelle de l’eau

Le grand-angle n’est pas la seule option dans ce type de photographie. On peut tout à fait zoomer très proche de l’eau pour en montrer ses mouvements qui peuvent parfois être presque abstraits.

3412564278_6b5f3edef0_o

Le matériel nécessaire

  • Un appareil compact, bridge ou réflex avec des réglages manuels (Mode P.S.A.M.)
  • Un objectif grand-angle ou zoom, même peu lumineux car on cherche souvent une grande profondeur de champ (‘f’ élevés).
  • Un trépied pour le piqué lors des poses longues
  • Des filtres polarisant, Neutre ou Neutre gradué mais ce n’est pas obligatoire
  • Retardateur ou télécommande pour empêcher le flou de bouger
  • Chaussures étanches

Les erreurs à ne pas faire pour un bon effet filé

  • Ne pas utiliser de trépied

La photographie de cascade sans trépied est possible uniquement si on chercher à figer le mouvement de l’eau. Si vous cherchez un effet filé, un trépied est indispensable. On a tendance à croire que l’on peut faire des photos à 1/15 de secondes nettes mais en y regardant de plus près, la photo est floue.

  • Faire une pose trop longue

…et l’eau est cramée : l’effet filé dépend de la quantité d’eau qui coule, plus il y a d’eau, moins la pose sera longue. Un effet filé peut être obtenu à partir de 1/15 de secondes jusqu’à plus d’une minute d’exposition. Si la pose est trop longue, la quantité de lumière atteignant le capteur / négatif sur la partie de l’eau en mouvement sera trop importante et certaines zones seront donc cramées (toutes blanches sans aucune information). Dans ce cas, on a dépassé le temps nécessaire.

SOLUTIONS :

  • Réduire la profondeur de champ si possible : baisser le ‘f’ (attention aux zones de netteté de l’image)
  • Monter en ISO : de 100 à 400 (ne jamais monter plus pour un effet filé à cause de la perte de qualité photo selon les appareils)
  • Utiliser un filtre polarisant ou à densité neutre (filtre ND) pour limiter la quantité de lumière entrant dans l’objectif

…et le ciel cramé : On a tendance à croire que plus la pose est longue, plus l’effet recherché sera impressionnant, c’est faux. Une belle photo de cascade avec un effet filé est une photo correctement exposée : même le ciel.

SOLUTIONS :

  • Ne pas intégrer de ciel dans votre composition si les temps de pose sont trop longs. Sans ciel, on ne pourra pas le cramer.
  • Utiliser les techniques de HDR ou DRI en prenant plusieurs clichés d’une image puis en les fusionnant.
  • Utiliser des filtres Gris gradués. On peut grâce à ces filtres limiter la quantité de lumières atteignant le capteur sur une partie de la photo, dans ce cas précis le ciel. On peut ainsi avoir un effet filé sur la partie basse de la photo (l’eau) et un ciel correctement exposé grâce à la partie filtrée sur le haut de la photo (le ciel)

Attention aux objets en mouvement dans le champ de prise de vue (personnes, oiseaux, vents sur les feuillages). Tout élément en mouvement dans un effet filé deviendra flou. Attention, aux personnes, branchages, etc. susceptibles de bouger pendant vos photos.

Voilà, vous savez maintenant tout de la photographie de cascade. »

3407782206_7906fa1aca_o

Merci Louistib, je suis sûr que tu as éveillé des vocations parmi nos lecteurs.

Fondateur et rédacteur en chef

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  1. Salut

    Sympa ton blog 🙂
    Je l’ai découvert il y a peu, et il regorge d’informatiosn sympa 🙂

    Concernant ce mercredi pratique, je trouve juste dommage qu’il n’y ai pas les EXIFs des photos (soit au dessous/dessus, soit dans les photos). Ca aide quand même le lecteur à comprendre comment chaque photo a été faite…

    A+ 🙂

  2. Les Exif sont disponibles sur flickr sur toutes les photos si vous voulez. Et je profite de ce commentaire pour remercier Damien et toute l’équipe Phototrend
    🙂

  3. J’ai découvert Loustib sur Flickr il y a un moment justement en raison d’une de ces photos de cascades.
    Il connaît mon gout pour ces effets de filé d’eau (je lui ai déjà laisse d’innombrable commentaire en ce sens dans sa galerie) c’est toujours un grand plaisir de contempler ses cliché qui sont à l’image des jardins Zen : source de calme, de plénitude et aussi d’inspiration.
    Je pense qu’il est tout a fait normal qu’il soit reconnu pour son tallent et je lui adresse mes félicitations !

  4. merci Louis de ces conseils , tu ne nous dis pas la méthode pour prendre la cascade
    avec les filtres à savoir : tu prends la luliére avant de mettre les filtres ou aprés ?
    un ND c’est 2 diaph +polarisant = 3 diaph .
    comment faire ? Merci de tes réponses

  5. @Nikkormat76 : pardon pour cette réponse un peu tardive.
    Je n’utilise pas toujours de filtre en fait, tout dépend des condition de lumière. En revanche, il est certain qu’il faut calculer le vitesse après avoir mis le filtre pour être sûr du rendu.
    Le filtre gris (2, 4 ou 8) permet de réduire la quantité de lumière. Donc plus le chiffre est important plus cela augmentera ton temps de pose. Ensuite dire si c’est 1, 2 ou 3 diaph, ça dépend des conditions. Il faut faire des essais pour voir le résultat. Une chose est sûre, les filtres ND ‘bouffent’ les couleurs, donc à utiliser avec parcimonie.
    Quant au polarisant, c’est moins ‘filtrant’ qu’un ND donc ne permet pas d’augmenter à outrance le temps de pose (comme dit plus haut, ce qui n’est pas forcément l’objectif pour une photo réussie) mais ça permet de descendre d’un cran parfois et surtout de conserver les couleurs, voire de les saturer.

    Donc pour conclure, il n’y a pas de règle. Il faut tester. Je préconise d’abord avec le polarisant et ensuite avec le ND selon la quantité de lumière (voire les deux mais là c’est rare d’avoir un bon rendu)

    Voila j’espère avoir répondu à ta question.

  6. J’aime beaucoup ces photos
    Dans quel livre que je peux trouver vos leçons et vos techniques
    Bravo Denise

  7. Bonjour,
    Je suis nouveau sur ce site, et du coup j’avale les MP à la chaine !
    Il y a un point qui me surprend dans les propos de LTC sur les erreurs à ne pas faire :
    « Faire une pose trop longue :
    …et l’eau est cramée (…)
    SOLUTIONS :
    (…)
    Monter en ISO : de 100 à 400 »

    Ma maitrise de l’exposition est encore très limitée, à mon que je comprenne mal : Il me semble que monter en ISO revient à rechercher une plus grande sensibilité à la lumière.
    Or si le problème de départ est déjà une surexposition liée à la pose longue (eau cramée), cela ne peut-il pas qu’empirer en montant en ISO ?
    Ou alors je dois comprendre qu’il faut préférer monter en iso PLUTÔT QUE d’allonger le temps de pose ? mais même dans ce cas j’ai du mal à comprendre comment cela peut contribuer à l’effet de filé.

    Je suis très preneur d’une explication sur ce point car les quelques tentatives que j’ai pu faire à la lumière du jour n’ont effectivement pas été très probantes…
    Je suis sûr qu’en comprenant mieux ce point cela m’aidera beaucoup à progresser.

    Alors merci d’avance de m’éclairer (sans me cramer…)

  8. Salut Gwen,

    Je m’explique.
    Si tu es dans un sous bois par exemple et que tu te mets à 100 iso pour faire un beau filé. Il peut arriver qu’il n’y ait pas beaucoup de lumière, à f11 par exemple, tu peux te retrouver avec des temps de pose de 2, 3 voire 4 sec. Et là, selon les conditions et le débit d’eau, tu peux te retrouver avec un paysage bien « exposé » mais une eau « cramée » car le temps de pose est trop long. Pour ne pas perdre en profondeur de champs, tu montes un peu les iso, à 400 iso par exemple et ça va faire baisser le temps de pose à 0,5 ou 1 sec, sans changer la profondeur de champs, et tu aurais un effet filé, non cramé. Tu comprends maintenant mieux pourquoi une pose trop longue peut être une erreur.
    J’espère avoir pu t’éclairer 🙂

    Louistib

  9. Ok je n’avais compris qu’on se positionnait dans un contexte de faible lumière.

    Ca me semble d’ailleurs être l’une des limites du procédé : ça me semble compliqué à réaliser en pleine lumière. L’image est vite cramée et dans ce cas j’imagine que monter en ISO ne me sera d’aucun secours.
    Peut-être un objectif pouvant monter très haut en profondeur de champs ?

    Avec mon bridge à f8 je ne suis pas près de sortir du bois…

    PS : il est vrai que les exemples de filés d’eau que j’ai en tête sont généralement prises soit au crépuscule (mers d’huile…) soit en forêt en effet.

  10. Merci pour ce tutoriel, j’ai déjà fait quelques photos de cascade avec un filtre nd 1000 et je comprend maintenant pourquoi le ciel était « cramé ». La prochaine fois je ne le mettrais pas dans le cadre :))