Pour la première fois dans l’histoire du prix de la Bibliothèque nationale de France (BnF), un photographe a été mis à l’honneur. Pour l’occasion, il ne fallait autre que Raymond Depardon, figure incontournable du reportage photographique et cinématographique. Le photographe a reçu cette distinction prestigieuse lors du dîner de gala qui s’est tenu dans la salle Ovale du site Richelieu le 30 septembre 2024. Il succède ainsi à l’écrivain Pascal Quignard, lauréat du prix BnF 2023.
2024, l’année Depardon
Le prix BnF, assorti d’une dotation de 10 000 euros, récompense depuis 2009 l’ensemble de l’œuvre d’un auteur vivant de langue française, qu’il soit écrivain ou artiste préférant un autre médium à l’écriture.
Pour cette édition 2024, la photographie se distingue pour la première fois, soulignant l’engagement de la BnF pour la diversité et la richesse de la création artistique contemporaine. Photographe et cinéaste, Raymond Depardon n’en oublie toutefois jamais les mots qu’il a parfaitement su lier à ses images au fil des pages de ses nombreux ouvrages. Cette nomination succède à l’émission d’un timbre postal hommage au photographe.
Un maitre de l’image, fixe ou en mouvement
Né en 1942 à Villefranche-sur-Saône, Raymond Depardon s’est imposé comme un témoin clé de notre époque. À la fois photographe, cinéaste et cofondateur de l’agence Gamma (1966), il a immortalisé les grandes mutations de la société en France comme à l’étranger. Prise d’otages au Tchad nord, campagne présidentielle, villes et ruralité française, ou films explorant le quotidien, la justice, et même la psychiatrie, Raymond Depardon s’est aventuré sur la quasi-totalité des terrains.
Parmi ses œuvres marquantes, l’exposition La France de Raymond Depardon présentée à la BnF il y a tout juste 14 ans reste l’une des plus mémorables. Année après année, Depardon capture la société avec humanisme sous un angle authentique et introspectif.
Je suis fait de tout ce que j’ai vu.
Gilles Pécout, président de la BnF, a salué cet « observateur de la société contemporaine ». Jean-Claude Meyer, président du Cercle de la BnF, a quant à lui rappelé le talent pluridisciplinaire de Raymond Depardon, et avec lui, la richesse des collections de la BnF qui honorent la photographie comme forme d’art à part entière. Raymond Depardon a clos la soirée en résumant sa démarche par une citation empruntée à Matisse : « Je suis fait de tout ce que j’ai vu ».
Présente dans les collections du département des Estampes et de la photographie de la BnF, mais aussi dans celles du département Son, vidéo, multimédia, l’œuvre de Raymond Depardon est aujourd’hui couronnée par la Bibliothèque nationale de France. Un bel hommage à un parcours fait d’images, comme autant de fragments de notre mémoire collective.
