En 2024, Nikon a dévoilé son nouveau boîtier polyvalent, le Z6 II, ainsi que de nouvelles optiques. Le constructeur, qui surfe toujours sur le succès du Nikon Z 8, a également racheté RED, le spécialiste de la vidéo, et a été fortement engagé durant les JO de Paris 2024. A l’occasion du Salon de la Photo 2024, nous revenons sur les actualités du constructeur avec Nicolas Gillet, Directeur Marketing et Communication chez Nikon France.
Place à l’interview.

Quel est l’état d’esprit de Nikon à l’ouverture de cette édition 2024 du Salon de la Photo ?
On est super content de retrouver tout ce monde. Cette première journée est à l’image des précédentes, avec plein de passionnés qui viennent et notre stand est bien chargé.

Nikon a un programme de conférences et un stand qui met particulièrement en avant le Z6 III, c’est la star de notre stand cette année. Ce boîtier était très attendu et c’est le premier salon grand public sur lequel il est en démonstration et en prêt, puisqu’on fait du prêt en même temps cette année.
Il y a donc une belle première approche du public et un bel accueil.
Depuis combien d’années Nikon propose le prêt de matériel sur le salon ?
C’est la deuxième année qu’on propose le prêt sur le Salon de la Photo. C’est quelque chose que l’on faisait traditionnellement à Montier en Der, qui est un salon un peu particulier, comparé au Salon de la Photo qui est plus grand public.

Nous n’avions jamais mis cela en place, peut-être par appréhension, mais cela s’est bien passé l’année dernière, donc on renouvelle l’opération. C’est gratuit : il faut seulement une empreinte de carte bleue et une pièce d’identité pour s’assurer un minimum, mais c’est apprécié.
Quelle est la position actuelle de Nikon sur le marché de la photo en France ?
Je ne peux malheureusement pas vous donner de chiffres. Nous sommes cependant content de notre position, en particulier sur le plein format. Ce qui m’importe le plus, c’est d’atteindre les objectifs que Nikon France se fixe chaque mois en termes de vente. Et là, cela se passe très bien.

Plus globalement, le marché a chuté un peu sur le plein format en début d’année. Il s’est stabilisé sur les mois récents, mais le marché est tel, qu’aujourd’hui, le lancement d’un nouveau produit peut changer la taille du marché ponctuellement. Quand on lance un Z6 III ou un Z8, évidemment, le marché gonfle de manière structurelle. Et au-delà de ça, la précision des relevés du marché par GFK est de plus en plus compliquée parce que le marché se concentre sur des magasins photo-spécialistes qui ne sont pas forcément couverts par le panel de GFK.
Quel a été votre plus gros succès de ces 12 derniers mois ?
Sur 12 mois roulants cumulés, le Nikon Z8 est le premier dans notre portfolio. le Nikon Zf arrive derrière, parce que ce sont des produits qui ont vécu pendant 12 mois donc forcément ça compte. Le Nikon Z6 III fonctionne également très bien : il n’a que 2-3 mois de vente et on est très confiant.

Qu’est-ce qui a justifié l’utilisation d’un capteur semi-empilé sur le Nikon Z6 III ? Pouvez-vous nous rappeler son fonctionnement ?
Effectivement, le Nikon Z6 III innove avec un capteur semi-empilé qui est une sorte de variation du capteur empilé qu’on a sur un Z8 ou un Z9. Il dispose d’une architecture plus simple que celle d’un capteur empilé, ce qui permet d’avoir un coût de développement moins élevé. Pour autant, les performances se rapprochent de celui d’un capteur empilé, avec un taux de rafraîchissement beaucoup plus important qu’un capteur CMOS classique.

On est sur une sorte de compromis entre le prix et les performances, ce qui nous permet de mettre un capteur beaucoup plus moderne dans cette gamme Z6. Cela nous fait dire que le Z6 III est plutôt le petit frère du Z8 qu’un successeur direct du Z6 II. Cette technologie positionne ce boîtier sur un segment plus haut de gamme que la série Z6 jusqu’à maintenant. C’est vraiment une belle étape technologique.
Même en termes de design, ce n’est pas un gros boîtier mais il a pris un petit peu d’épaisseur parce que c’est aussi un boîtier beaucoup plus résistant ; il fonctionne à -10°C comme la gamme Z8/Z9. Il est aussi conçu pour permettre une dissipation de chaleur interne, ce qui en fait une caméra qui peut fonctionner pendant deux heures en continu. Ce sont des choses que l’on n’avait pas sur cette gamme là jusque-là.

Depuis la sortie de la monture Z, Nikon a lancé les Z 6 et Z 7 de concert. Est-ce qu’un Nikon Z7 III est-il toujours d’actualité ?
Le Z7 II et le Z6 II continuent leur vie, en parallèle de l’arrivée du Z6 III. Tout le monde n’a pas forcément besoin des performances technologiques qu’offre un Z6 III. Pour l’instant, le Z7 II n’a pas de successeur. Je ne peux pas vous en dire plus.

Est-ce que vous êtes impacté par la norme européenne concernant la charge USB-C des appareils photo ?
Oui, bien sûr. On se doit maintenant de ne plus forcer le consommateur à acheter un chargeur. Nos boîtiers sont compatibles USB-C à la recharge. La réglementation impose que nos boîtiers soient rechargeables en USB-C et de ne pas imposer l’achat du chargeur. Donc le Z6 III est livré sans chargeur, par exemple.
Mais par contre, il y a aura un délai pour les boîtiers qui sont déjà sortis. J’espère que l’efficacité écologique de cette mesure sera au rendez-vous. Parce que pour l’utilisateur, c’est toujours un petit peu déceptif.

Avez-vous quelques informations à nous communiquer concernant un potentiel hybride APS-C professionnel ?
Je ne peux bien sûr pas répondre à cette question. Nous écoutons les consommateurs. Je peux seulement vous dire qu’aujourd’hui, Nikon a 3 boîtiers DX : le Z30, le Z50 et le Zfc.
En 2024, Nikon a dévoilé ses deux premières focales fixes f/1,4 en monture Z. Comment expliquer le développement si tardif de ces optiques f/1,4, et surtout dans une gamme inférieure aux optiques f/1,8 S-Line ?
Cela ne répond pas directement à la question, mais notre gamme de zooms f/2,8, plus entrée de gamme [qui comprend les objectifs Nikkor Z 17-28 mm f/2,8, Z 28-75 mm f/2,8 et Z 70-180 mm f/2,8, NDLR.] est aussi dans cette démarche. Le développement d’une optique grâce à cette monture Z, qui est plus tolérante en termes de construction optique, nous permet de faire plus de choses.
Quand on a sorti les premiers boîtiers et objectifs en monture Z [en août 2018. NDLR], ces focales fixe f/1,8 de la série S représentaient la gamme professionnelle. Et c’est vrai qu’on a eu du mal à l’expliquer sur le papier. En effet, ces objectifs étaient vraiment incroyables d’un point de vue optique, malgré leur ouverture à f/1,8.
Mais l’histoire de la photo fait que, dans l’état d’esprit des gens, une ouverture f/1,4 correspond à une optique pro.
Cette approche est poussée encore plus loin avec la sortie d’optiques f/1,4 plus lumineuses, répondant aux besoins de certains photographes pour qui la priorité est d’obtenir un bokeh plus prononcé ou davantage de lumière. La qualité optique pure, en termes de résolution et de construction, n’est alors pas nécessairement au centre des préoccupations.

En résumé, l’idée est d’élargir notre offre d’optiques en brisant les stéréotypes existants. Nous proposons déjà une gamme f/1,2 avec des modèles exceptionnels comme le 50 mm et le 85 mm f/1,2, qui occupent un créneau très spécifique.
Si nous avions opté pour des f/1,4 dans la série S, cela aurait augmenté significativement le poids et le prix. L’objectif est donc de proposer un produit similaire en termes de volume et de prix, mais avec un positionnement différent. Cette approche trouve d’ailleurs son public.
Comment s’annonce la synergie entre les boîtiers Nikon et les caméras RED ? Pouvons-nous espérer que Nikon lance un jour une gamme d’optiques cinéma ?
Effectivement, nous avons racheté la société RED, un véritable coup de tonnerre dans l’industrie, et cela nous a enthousiasmés, car la société RED est très complémentaire de la nôtre. L’idée est de trouver des synergies entre nos domaines d’expertise : nous, spécialisés dans les processeurs, l’optique et les processus industriels, et RED, qui excelle dans le traitement d’images, la compression du RAW vidéo et les technologies liées à la vidéo.
Ce partenariat permettra de développer des collaborations. Cela va évidemment prendre du temps.
L’une des premières concrétisations de cette alliance est la création de nouvelles LUT (Look-Up Tables) développées par RED pour le N-Log Nikon. Il y a cinq LUTs, dont une en noir et blanc et une plus classique, qui facilitent l’étalonnage du N-Log. Ces LUTs ont été créées avec l’expertise de RED en matière de science des couleurs et sont optimisées pour tous les appareils Nikon capables de filmer en N-Log.
Pour rappel, une LUT sert à donner une esthétique à une image capturée en Log, un format qui offre une meilleure dynamique dans les fichiers vidéo. Grâce à l’expertise de RED dans ce domaine, ces LUTs permettent aux utilisateurs de Nikon d’obtenir une esthétique similaire à celle des caméras RED.
Le reste du développement prendra du temps, et pour l’instant, je n’ai pas de détails spécifiques à partager concernant les avancées, qu’il s’agisse de logiciels, d’intégration de montures ou d’autres projets. Cependant, les équipes de RED et de Nikon collaborent déjà étroitement pour élaborer un plan solide pour l’avenir.
Est-ce qu’on verra un jour des optiques avec des bagues de contrôle d’ouverture, notamment pour les boîtiers comme Zf ou Zfc qui sont très typés vintage ?
Chez Nikon, nous avons choisi d’équiper toutes nos optiques d’une bague de contrôle paramétrable, même si elle n’est pas mécanique. Cela présente de nombreux avantages, bien que ce choix puisse parfois s’intégrer un peu moins harmonieusement au niveau du design.


Ceci dit, nous avons développé une esthétique spécifique pour les gammes SE (Special Edition) destinées aux modèles ZF et ZFC, où cette bague s’accorde parfaitement.
Quel bilan Nikon – notamment Nikon France – tire-t-il des Jeux Olympiques ? Avez-vous des chiffres à partager avec nous ?
Je n’ai pas de chiffres précis pour appuyer ce que je vais dire, mais l’opération a été assez intense. Certains membres de mon équipe ont commencé à travailler bien en amont pour tout préparer, notamment en collaboration avec l’AFP et L’Équipe, deux médias français très impliqués dans la couverture des JO.
Lors des JO, environ 1 400 photographes étaient accrédités dans le monde. Nous avons, avec l’AFP et L’Équipe, déployé une trentaine de robots MRMC SR1 [Mark Roberts Motion Control (MRMC) est une société du groupe Nikon spécialisée dans la robotique et l’automatisation des caméras, NDLR] sur différents sites.
Ces robots permettent de contrôler à distance non seulement le boîtier, mais aussi l’optique. Tout est géré à distance depuis une régie via le logiciel NX Field, ce qui permet aux photographes de capturer des images impossibles à réaliser autrement, puisque la mise en place des robots se fait largement en amont des JO, dans des emplacement au-dessus des stades.
Par exemple, une image emblématique en une de L’Équipe montrant l’équipe de judo formant un cœur avec Teddy Riner a été capturée grâce à ce système SR1.


Ces robots sont déployés dans des endroits difficiles d’accès pour les photographes, comme sous l’eau ou dans des zones interdites pour des raisons de sécurité. Les photographes peuvent ainsi contrôler le matériel à distance et déclencher au moment opportun, tout en ajustant les paramètres de l’appareil.
Concrètement, qu’est-ce qui change par rapport à d’autres JO ?
Ici, le déploiement a été beaucoup plus massif. C’était avant tout une question de volume et d’implication. Même si nous avions déjà mis en place ce type de technologie pour d’autres événements, cette fois-ci, l’ampleur était bien plus grande en raison de la diversité des sites et du nombre beaucoup plus élevé de photographes accrédités.
Nous avons également installé un centre de presse spécialement pour les photographes, offrant des services comme le dépannage, la réparation, le prêt d’équipement, ainsi que des conseils techniques, afin de les accompagner tout au long de l’événement.
Est-ce qu’il y a un moment qui vous a marqué personnellement ?
Personnellement, je n’étais pas sur le terrain pour les épreuves des JO, mais l’image qui symbolise bien notre engagement chez Nikon est cette couverture de L’Équipe, où l’équipe de judo fait un signe à la caméra. Ce sont d’ailleurs des Nikon Z9 qui sont montés sur les robots.
Un détail amusant : on a vu un journaliste de L’Équipe contrôler le robot avec une manette de PlayStation.
Oui c’est vrai, les robots peuvent être pilotés ainsi avec NX Field. Il y a aussi d’autres interfaces, comme un iPad ou même avec une Apple Watch. C’est donc très ergonomique et facile à prendre en main, ce qui facilite grandement le travail des photographes dans ces configurations complexes.


D’ailleurs, à ce sujet, y semblerait que les équipes de Nikon France y soient pour beaucoup dans le développement de ces technos ?
C’est surtout l’AFP en fait. Le partenariat que nous avons avec l’agence ne se limite pas simplement au matériel, mais s’étend également à leur implication dans le développement de nouvelles fonctionnalités et firmwares.
De nombreuses fonctionnalités présentes dans nos boîtiers aujourd’hui ont été suggérées par l’AFP, et nous avons intégré ces retours pour améliorer le matériel, que ce soit par le biais de nouveaux firmwares ou même d’éléments hardware. Ce travail collaboratif est constant et nous permet de développer, avec eux, les boîtiers de demain.
Pouvez-vous nous faire un point sur le Nikon Film Festival. Nous avons cru comprendre qu’il y avait des nouveautés ?
Il y a effectivement plusieurs changements cette année. Le premier concerne le thème, qui fait écho à la première édition intitulée « Je suis un héros ». Cette fois-ci, le thème est « Un super pouvoir », un clin d’œil qui ouvre la porte à des interprétations plus créatives et irrationnelles.
Nous sommes impatients de voir comment les participants vont s’approprier ce thème. Tout est possible, bien entendu !
Pour marquer cet anniversaire, nous avons un clin d’œil spécial avec la présidente du jury, Noémie Merlant. Elle est très présente sur la scène actuelle, avec un long métrage à sortir d’ici la fin de l’année, en plus de ses récents projets dans lesquels elle joue.
Il y a 7 ans, elle avait remporté le prix Canal+ au festival, et elle a confié dans la presse que c’était grâce à ce prix Nikon qu’elle avait décidé de faire de la réalisation son métier. C’est donc un très beau retour pour elle de présider le jury du festival qui a influencé son parcours.
Nous sommes ravis de l’accueillir, et nous dévoilerons les autres membres du jury dans les semaines à venir.
Une autre nouveauté cette année, c’est l’arrivée du Prix Gaumont. Gaumont s’associe au festival pour le soutenir et, en tant que dotation, offre un accompagnement à l’équipe gagnante pour la réalisation de leur prochain long métrage. Cela ne signifie pas forcément que Gaumont produira le film, mais en offrant un accompagnement sur un ou deux ans, ils montrent une vraie volonté de soutenir la création. C’est un énorme coup de pouce pour les réalisateurs, et cela s’inscrit pleinement dans l’esprit du festival, qui vise à donner un tremplin aux talents émergents.
Enfin, pour cette 15e édition, nous ouvrons une nouvelle catégorie dédiée aux mini-séries. Avec la popularité croissante des séries, il était important que le festival évolue avec son temps. Désormais, les participants pourront soumettre non seulement un court-métrage, mais aussi une mini-série de 6 épisodes maximum.
Nous sommes très curieux de voir ce que cela va donner, même si cela représente un défi en termes de volume de films à visionner, mais nous adapterons les équipes en conséquence.
La remise des prix, y compris pour les mini-séries, aura lieu comme d’habitude au Grand Rex, et est prévue pour le 9 avril.
Avez-vous d’autres actualités à partager avec nous ?
Oui justement. Nous organisons un événement au Nikon Plaza le 30 novembre avec certains de nos ambassadeurs créateurs, les Nikon Days Plaza. Nous allons proposer à nos ambassadeurs créateurs de solliciter leur communauté pour participer au concours photo que chaque créateur organisera. Cette année, les créateurs seront Angel Fux, Theo Bonnefous, Claire Helleringer, Frédéric Michot (Gogojungle), Siinapse, Solli K et Pauline Ballet.
Les gagnants sélectionnés par le créateur seront exposés au Plaza, pour un vernissage qui aura lieu le 30 novembre au soir, avec la présence des créateurs, qui expliqueront leur sélection.
Évidemment, tous les participants et autres sont conviés à la soirée. Et dans la journée, nous organiserons une série d’ateliers et de masterclass par ces mêmes créateurs pour inspirer, utiliser et tester du matériel Nikon dans le Plaza.
Aussi, en cette fin d’année, nous allons officialiser le fait que le Nikon Plaza est aussi un endroit où on peut emprunter du matériel pour le tester pendant 48h.


Merci Nicolas Gillet d’avoir répondu à nos questions. Nous tenons également à remercier l’équipe de Nikon France pour cette interview.
Pour en savoir plus, retrouvez tous nos articles sur Nikon.