© Irène Jonas / Agence révélateur

Expo photo : l’art de la photographie post mortem à la Maison Robert Doisneau

L’exposition en cours à la Maison de la Photographie Robert Doisneau s’ouvre par une question : « Et nos morts ? ». À découvrir jusqu’au 18 février 2024, cette exposition collective nous permet d’effectuer un tour d’horizon sur la photographie post mortem en Europe ces dernières années.

La Maison Doisneau nous propose un constat sur les liens entre la photographie, sa pratique, et la manière dont nous concevons la mort et sa représentation dans l’Europe occidentale. Et c’est bien d’un grand tabou dont est revêtue la représentation de la mort dans nos sociétés, presque d’une interdiction quand il s’agit de photographier les visages et les corps des défunts – en contradiction avec d’autres cultures, ou d’autres temps.

La sélection de la Maison Doisneau permet d’élaborer ce constat : malgré une introduction de quelques images du vingtième siècle (de Robert Doisneau ou Jacques Henri Lartigue par exemple), ce sont surtout des photographies récentes qui ont été privilégiées, avec une certaine cohérence dans la sélection qui permet justement les comparaisons et le travail de réflexion.

Le parcours de l’exposition illustre les différentes étapes de la « vie des morts », pour reprendre les mots du commissaire d’exposition Michaël Houlette. Qui dit mort dit invisible, donc – mais pas irreprésentable, à en croire le travail de Christine Delory-Momberger, proche d’un Michael Ackerman ou d’un David Siodos –, mais aussi rituels et protocoles – à l’instar des photographies documentaires teintées d’étrangeté de Frédéric Pauwels.

C’est ainsi que l’exposition, aussi parce qu’elle est collective, offre un certain discours qui ouvre aux questionnements individuels voire politiques : que révèle notre manière de voir les morts sur nos sociétés, de plus en plus encline à cacher les corps vieillissants et à mésestimer ce qu’on appelle le “travail de deuil” ?

Le but de notre exposition et de la présente publication est […] d’offrir, le temps d’une visite ou d’une lecture, un espace au flux de pensées et d’émotions (peur, sidération, répulsion, fascination, chagrin, empathie, etc.) qui accompagne la vision du corps mort. C’est peut-être aussi ressusciter, pour un instant, la tradition baroque des vanités qui visaient à rappeler la fugacité du temps qui passe et la fragilité de notre existence.

Michaël Houlette, directeur de la Maison Robert Doisneau

Un catalogue d’exposition (128 pages, 12 €) est également proposé en vente uniquement à la maison Doisneau et au Lavoir Numérique.

Informations pratiques :
Et nos morts ? La photographie post mortem aujourd’hui en Europe,
Maison de la Photographie Robert Doisneau
Du 22 septembre 2023 au 18 février 2024
1 rue de la Division du Général Leclerc
94250 Gentilly
Du mercredi au vendredi : 13h30-18h30
samedi et dimanche : 13h30-19h
Entrée libre et gratuite