Couple, Greenwich Village, Série New York, 1973 © The Jill Freedman Irrevocable Trust

Jill Freedman à la Galerie Rouge : la marginalité en clair-obscur

Après l’exposition « La vie des femmes » consacrée à Erica Lennard et Claude Batho, la Galerie Rouge met à nouveau une femme photographe à l’honneur : Jill Freedman. Première rétrospective qui lui est exclusivement consacrée en France, « Les mondes de Jill Freedman » retrace plus de dix ans de sa carrière artistique, en plein cœur de la deuxième moitié du vingtième siècle. Son travail, qui s’inscrit dans la longue tradition des photographes humanistes, est à découvrir jusqu’au 2 décembre 2023.

Clyde Beatty-Cole Brothers Circus, Circus Days, 1971
© The Jill Freedman Irrevocable Trust

Encore une fois, on ne saurait trop remercier la Galerie Rouge et son travail pour nous faire découvrir des photographes peu connus du grand public. Les images de Jill Freedman frappent au premier coup d’œil – sans pour autant empêcher qu’un second permette de saisir avec justesse toute la complexité et la beauté de ses photographies.

Ses tirages originaux, dans tous les sens du terme, font de chacune de ses images une représentation en clair-obscur d’une scène de vie ; c’est ainsi qu’elle se situe subtilement à la frontière entre photographie vernaculaire et photographie d’auteur. Son attention apportée aux marginaux fait de Jill Freedman l’héritière d’une lignée d’artistes humanistes refusant tout misérabilisme, mais s’attachant bel et bien à photographier ses sujets d’égal à égal.

Il faut dire que son emménagement dans le quartier emblématique de la contre-culture new-yorkaise au milieu des années 1960 n’est sûrement pas dû au hasard. La voilà au milieu d’un certain milieu artistique, intellectuel et en marge de la société de consommation tournant à plein régime.

Sur les cimaises de la Galerie Rouge, des drag queens avoisinent des participants à la marche en l’honneur de Martin Luther King, ou encore des circassiens de la troupe Clyde Beatty-Cole Brothers. Les voici réunis, quatre ans après la mort de Jill Freedman, sur ces tirages un peu obscurs esthétiquement, mais jamais sombres politiquement. Toujours, qui traverse en leurs milieux, un rayon de lumière, un éclat pour un visage comme regardé pour la première fois.

Informations pratiques :
Les mondes de Jill Freedman
La Galerie Rouge
Du 29 septembre au 2 décembre 2023
3, rue du Pont Louis-Philippe 75004 Paris
Du mercredi au samedi, de 11h à 19h
Entrée libre