Jusqu’au 28 janvier 2024, le Jeu de Paume nous fait revenir aux origines de la photographie avec un focus sur Julia Margaret Cameron, photographe britannique du dix-neuvième siècle. Une sélection d’une centaine d’images nous permet de découvrir l’ampleur d’une œuvre longtemps déconsidérée, en dépit de son originalité et de son approche singulière du médium.
Prises entre 1865 et 1875, les photographies exposées se déclinent au fil de l’exposition en trois parties, de ses premières expérimentations à ses récits illustrés par des images allégoriques, en passant par toute une saisissante galerie de portraits de ses contemporains. Dès ses débuts, Julia Margaret Cameron utilise des procédés photographiques et chimiques instables, qui donnent à ses images ce caractère particulier.
Flou, rayures et taches sont sur ses images comme autant de traces de la photographie en train de se faire, en train de s’inventer. C’est ainsi qu’elle s’inscrit rapidement à contre-courant de ses pairs qui exigent une certaine précision technique, voulant atteindre une forme de perfection documentaire de laquelle Julia Margaret Cameron s’éloigne ostensiblement pour quelque chose de plus sensible, de plus spontané.
Maison de Victor Hugo – Hauteville House
© Paris Musées / Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey
Enfin, pour ce qui est des taches, je pense qu’il faut les laisser. Je pourrais les retoucher, mais je suis le seul photographe qui ne donne que des photographies non retouchées, et les artistes, pour cette raison, parmi d’autres, prisent mes photographies.
Julia Margaret Cameron
Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et photographies
© Bibliothèque nationale de France
Ses mises en scène, enfin, font de Julia Margaret Cameron une véritable conteuse, narratrice de récits avec des images aux allures d’icônes ou d’allégories mythologiques. On est à nouveau bien loin d’une démarche qui se voudrait documentaire, avec ces matérialisations visuelles – ces « compositions d’imagination » comme elle les appelle – d’épisodes de la Bible, ou de scènes de la littérature classique d’auteurs tels Shakespeare ou John Milton.
Produite par le Victoria and Albert Museum, l’exposition est constituée d’œuvres issues des collection de cette institution – enrichie de prêts exceptionnels de la Bibliothèque nationale de France, du musée d’Orsay et de la Maison Victor Hugo.
Informations pratiques :
Capturer la beauté, Julia Margaret Cameron
Jeu de Paume
Du 10 octobre 2023 au 28 janvier 2024
1 place de la Concorde, 75001 Paris
Le mardi de 11h à 21h, du mercredi au dimanche de 11h à 19h
Plein tarif : 12 € (9 € tarif réduit)
Droits pour les visuels : © The Royal Photographic Society Collection at the V&A, acquired with the generous assistance of the National Lottery Heritage Fund and Art Fund.
