Chaque mois, Phototrend vous propose de découvrir les livres photo qui nous ont marqués. En ce mois de juin 2023, voici 5 nouveaux ouvrages que nous avons sélectionnés pour vous.
Ce mois-ci, RSF consacre son nouvel album 100 photos pour la liberté de la presse à la mer. Les éditions Skira propose un catalogue de l’exposition consacrée à Ken Domon à la Maison de la Culture et du Japon. David Siodos oriente nos regards vers les « inactifs » de la société à travers ses clichés de rue en noir et blanc dans À l’ombre des vivants. Tod Papageorge livre ses clichés en noir et blanc des plages de Los Angeles dans les années 1980. Enfin Masahisa Fukase évoque son quotidien à Tokyo à travers des clichés monochromes bariolés de coups de peinture. Bonne lecture.
Sommaire
Mer, 100 photos pour la liberté de la presse
Pour son nouvel album 100 photos pour la liberté de la presse, l’ONG Reporters sans Frontières a décidé de rendre hommage à la mer. L’ouvrage vise à représenter la beauté de la mer, mais également ses multiples enjeux environnementaux et sociaux. Les regards croisés d’un grand nombre de photographe contemporains – issus d’horizons photographiques variés – présentent ainsi la mer à la fois comme destination de vacances et comme lieu de travail pour les pêcheurs, comme écosystème riche aux espèces sous-marines extraordinaires mais aussi comme victime de la surindustrialisation et de la pollution.
Divisé en 5 chapitres donnant chacun un point de vue différent sur cet élément, ce 78e numéro est également enrichi de texte d’auteurs et d’une préface du philosophe du vivant Baptiste Morizot, posant chacun des mots sur la beauté, la poésie et le symbole que représente la mer.
Mer, 100 photos pour la liberté de la presse
Editeur : Reporters sans Frontières
12,50 €, 144 pages, format broché 21 x 28 cm
Acheter le livre : Boutique Reporters sans Frontières / Fnac
Ken Domon, le maître du réalisme japonais
Les éditions Skira publient un livre événement consacré à Ken Domon – catalogue de l’exposition qui lui est consacrée à la Maison de la Culture et du Japon à Paris. Unique ouvrage en français consacré au « maître du réalisme japonais », il revient en détails sur les grandes étapes de la carrière de cette figure majeure de la photographie japonaise, de 1930 à 1970.
L’ouvrage adopte ainsi une approche chrono-thématique, couvrant les différentes périodes avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Du photojournalisme à l’inévitable virage vers la photo de propagande, de ses portraits bouleversants des villages de mineurs aux survivants de la bombe d’Hiroshima : le lecteur suit l’affirmation du « réalisme social » qui deviendra sa marque de fabrique.
Composé de 184 pages, il regroupe plus d’une centaine de ses clichés les plus remarquables. On notera aussi les très belles préfaces signées par Takeshi Fujimori (conseiller et directeur de la conservation du Ken Domon Museum of Photography) et par Rosella Menagazzo (professeure d’histoire de l’art et de l’Asie orientale de l’université de Milan), qui offrent un éclairage enrichissant sur le parcours du « démon de la photographie de reportage ».
Ken Domon, le maître du réalisme japonais
Editeur : Skira
39 €, 184 pages, format relié 22 x 31 cm
Acheter le livre : Éditions Skira / Fnac
À l’ombre des vivants
Après une belle exposition à la Galerie du Château d’Eau à Toulouse, le projet « À l’ombre des vivants » de David Siodos est publié aux éditions du Mulet. À la frontière entre la rêverie, l’errance et une photographie presque sociale, son travail s’inscrit dans une longue tradition esthétique dont il s’extrait pour nous offrir des images saisissantes et singulières.
Périphérie de la ville, périphérie de la vie… voilà à quoi s’attaque David Siodos à travers son art. Face aux rues bondées de personnes allant à des rendez-vous ou au travail, il fait un pas de côté pour aller vers ceux considérés comme en dehors de la société – les « inactifs », selon un terme inexact.
Un portrait, parfois juste une ombre, une silhouette qui se détache au fond d’une rue ou au milieu d’un épais nuage de fumée, les photographies de David Siodos présentent un noir et blanc au grain épais, le résultat de multiples expérimentations. Parfois, il intervient à même la pellicule, gratte ici ou là, se sert d’un objet entre la caméra et son sujet pour instaurer une ambiance bien à lui. Un rêve parfois inquiétant, comme le titre du projet et du livre l’indique : « À l’ombre des vivants », où les limites entre la vie et l’obscurité se troublent.
À l’ombre des vivants de David Siodos
Editeur : Le Mulet
45 €, 200 pages, format relié avec couverture rigide et sérigraphiée, 28 x 19 cm
Acheter le livre : Éditions Le Mulet / Fnac
At the beach
Après Gloire Immortelle, les éditions Stanley/Barker publient un beau livre sur un projet photographique de Tod Papageorge qui s’étend de 1975 à 1988 : des scènes de plage en noir et blanc, prises à Los Angeles et ses alentours. Un bel ouvrage pour commencer l’été en beauté !
La jeunesse dorée californienne est saisie sans complaisance, de manière à montrer toutes les situations les plus stéréotypées qui nous viennent de la culture populaire, véritables spectacles publics sur sable. Mais à côté de ces maîtres-nageurs musclés et de ces jeux de séduction se déroule autre chose : Tod Papageorge fait un pas de côté pour photographier les bords de mer où presque rien ne se passe.
Plus poétiques, ces photographies s’approchent d’une esthétique picturale avec des images en noir et blanc à la composition impeccable. À quoi ressemblent vraiment les plages californiennes ? Peut-être à ce mélange subtil entre spectacle et nonchalance.
At the beach de Tod Papageorge
Editeur : Stanley/Barker
48 €, 112 pages, format relié 24 x 28 cm
Acheter le livre : Éditions Stanley/Barker
Private Scenes
Avec Private Scenes, les éditions Atelier EXB rassemblent pour la première fois l’intégralité de la série photographique éponyme de Masahisa Fukase. Deux ensembles sont à découvrir, Letters from Journeys qui présente des photographies prises en 1989 dans différentes capitales à travers le monde (Paris, Tokyo, Bruxelles), et Private Scenes ‘92 qui évoque son quotidien à Tokyo à l’aide d’images singulières. Ces dernières ont permis à l’artiste d’intervenir directement sur ses tirages monochromes pour les rehausser avec de la couleur, avec des coups de peinture aux teintes bariolées.
Bien avant l’arrivée du selfie, Masahisa Fukase se plaçait directement dans ses photographies. Sans même l’aide d’un miroir, il retournait l’appareil et pointait le viseur de sorte que son visage apparaisse dans un coin de l’image. C’est ainsi qu’il trouble la frontière entre le sujet photographié et son auteur : de la même manière qu’il intervient directement sur ses tirages, l’artiste est en présence sur ses clichés, il s’y insère, et souvent de manière comique.
Le travail de Masahisa Fukase est éclairé par un texte de Tomo Kosuga, directeur des Archives du photographe, et Masako Toda, historienne de la photographie japonaise. À découvrir dans un bel ouvrage des éditions Atelier EXB qui ne cessent d’offrir de très belles publications.
Private Scenes de Masahisa Fukase
Editeur : Atelier EXB
49 €, 192 pages, format relié 24 x 19 cm
Acheter le livre : Atelier EXB / Fnac