La maison d’édition marseillaise indépendante Images Plurielles, publie Scampia non solo Gomorra, un voyage dans la Naples des périphéries, entre emprise mafieuse et espoirs de rédemption. Les textes de Davide Cerullo répondent aux images d’Olivier Calicis, tissant une trame complexe autour du quartier de Scampia et de ses habitants.
Une rencontre à Scampia
Le livre est le fruit d’une rencontre entre Davide Cerullo, un ancien de la mafia napolitaine, la Camorra, et le photographe belge Olivier Calicis. Le parcours de Davide Cerullo reflète l’identité complexe du quartier de la Scampia à Naples. Dans les interstices des « voiles » architecturales futuristes imaginées par Francesco di Salvo, on trouve jeunes à la recherche d’un avenir radieux, souvent sous l’emprise des « boss » locaux.
Davide Cerullo est un ancien membre de la Camorra, la mafia napolitaine devenue célèbre à travers le livre enquête Gomorra de Roberto Saviano, puis l’adaptation en film de Matteo Garrone – et la série éponyme Après plusieurs années d’incarcération, il choisit de changer de voie, et de se dédier à son quartier, et aux jeunes qui, comme lui, cherchent dans la mafia locale des réponses au manque d’emploi, à la précarité de leur famille.
Olivier Calicis, de son côté, à longtemps travaillé pour le cinéma et la télévision avant de se consacrer pleinement à la photographie. Observateur participant, il photographie souvent les lieux de la marginalité : du centre de shoot pour toxicomanes à l’hôpital psychiatrique, le photographe documente mais crée toujours un lien fort avec les usagers, qui lui permet d’aller au-delà des apparences parfois trompeuses.
Une autre image du quartier
Dans ce livre, Davide Cerullo raconte, au fil des images d’Olivier Calicis, sa nouvelle vie auprès des habitants de Scampia. La bibliothèque, la ludothèque, autant de lieux où le quartier se réinvente, et où des éducateurs et des volontaires tentent d’accompagner quotidiennement une jeunesse en quête de repères.
Scampia est l’un des quartiers les plus pauvres de Naples, ville du sud de l’Italie. Le quartier, conçu initialement par l’architecte pour accueillir la bourgeoisie napolitaine, souffre aujourd’hui d’une pauvreté endémique, et d’un taux de mortalité très important chez les jeunes, souvent du fait des règlements de comptes liés au trafic de drogue, la principale activité de la mafia dans ce secteur.
Pourtant, il existe une autre réalité à Scampia, et même si le stigmate mafieux pèse sur le quartier, certains habitants tentent de changer l’image de leur lieu de vie, mais surtout leur quotidien, en créant du lien social et de nouvelles activités hors des sentiers de l’illégalité.
Scampia non solo Gomorra : « Scampia n’est pas que la Gomorra ». La voix de Davide Cerullo incarne les photographies d’Olivier Calicis, et les deux approches se répondent pour enrichir une réflexion sur la Scampia, son présent et son devenir, mais aussi de manière plus générale, sur le destin de ces quartiers de périphérie, souvent relégués à la marginalité, à la précarité, et aux trafics.
La maison Images Plurielles se situe elle-même à Marseille, ville historiquement aux prises des dynamiques mafieuses, notamment dans les quartiers nord. Avec cette publication, l’éditeur nous invite à adopter une grille de lecture plus fine pour analyser et comprendre ces villes et leurs quartiers. Avec Scampia non solo Gomorra, on apprend à aller au-delà de l’image et du stigmate urbain, souvent largement alimenté par les médias, et à prendre en compte les multiples initiatives et les habitants qui luttent quotidiennement contre la condition de marginalité et de danger permanent dans laquelle ils vivent.
Scampia non solo Gomorra, photos Olivier Calicis, texte Davide Cerullo
Éditeur : Images Plurielles
25 €, 96 pages, 52 photos couleur, format relié, 17 x 24 cm
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