Ukraine, IA et tensions liées à l’eau : les thèmes de Visa pour l’Image 2023 se dévoilent

Le Festival Visa pour l’Image, événement incontournable dédié au photojournalisme, revient du 2 au 17 septembre pour sa 35e édition. 25 expositions seront présentées, chacune mettant en avant une problématique majeure de notre monde contemporain. Voici notre sélection des principaux temps forts de cette édition 2023.

Dans un camp de déplacés, des Somaliennes demandent à être enregistrées pour obtenir une aide humanitaire. © Giles Clarke pour le New York Times

Une 35e édition sous le prisme de la réflexion sur l’intelligence artificielle

À travers leurs clichés, les photojournalistes nous permettent d’appréhender le monde et ses réalités. Véritables porteurs de la vérité, les photojournalistes contribuent à l’information partout à travers le monde. C’est pourquoi chaque année, le Festival Visa pour l’Image s’attache à la portée éducative de son programme, à travers une sensibilisation et des débats autour de l’authenticité de l’information, du droit à l’image et sur le métier de photojournaliste. Autant de thématiques qui seront plus particulièrement mises en exergue pour cette 35e édition.

Ces thématiques sont d’autant plus importantes aujourd’hui, dans un monde où l’émergence des intelligences artificielles génératives perturbe peu à peu notre rapport à l’image. Face à cette problématique émergente, l’organisation du Festival a déclaré en conférence de presse avoir été extrêmement vigilante dans la sélection des images exposées, et a affirmé vouloir placer cette édition sous un axe de réflexion quant aux risques engendrées par ces technologies.

Travail des enfants dans une briqueterie. Périphérie de Kaboul, Afghanistan, 20 août 2022. © Ebrahim Noroozi / Associated Press

L’eau, fil conducteur de l’Humanité

Comme chaque année, cette 35e édition du Festival Visa pour l’Image a pour but principale de célébrer la mission des soldats de la paix que sont les photojournalistes. 25 expositions seront donc présentées, chacune mettant en avant le regard d’un photojournaliste sur une problématique ou une région du monde.

Ainsi, Ian Berry, photojournaliste de l’agence Magnum, présentera son travail autour de l’eau. Pendant plus de 15 ans, le photographe a parcouru le monde afin de documenter l’importance de l’eau dans les rites religieux. Face aux changements climatiques et aux difficultés rencontrées autour de l’eau à travers le monde, Ian Berry a progressivement modifié son approche pour mettre en avant cette problématique.

Festival Visa pour l'Image
Inde, Calcutta. Scène courante où les résidents des quartiers périphériques sans approvisionnement en eau se lavent dans la rue. © Ian Berry / Magnum Photos

Giles Clarkes documente lui aussi les enjeux liés à l’eau en se concentrant cette fois sur la sécheresse en Somalie. Depuis 5 ans, le pays est confronté à une sécheresse historique, provoquant la mort du bétail, des crises alimentaires et des migrations massives de la population.

Sandra Mehln, elle, documente la montée des eaux en Louisiane, menant à la disparition progressive de l’Isle de Jean-Charles. En près de 70 ans, l’île a perdu 98% de sa surface, contraignant ses habitants à quitter leurs habitations et leurs terres.

Festival Visa pour l'Image
Située au sud-est de la Louisiane, l’Ile de Jean-Charles a perdu 98 % de sa surface depuis 1955. C’est à présent une mince bande de terre encerclée par les eaux du bayou. (2017) © Sandra Mehl

Emily Gartwaite propose un reportage sur l’Irak, réalisé le long du fleuve Tigre. En 2019, la photographe a descendu le fleuve, parcourant ainsi La Turquie, la Syrie et l’Irak. Depuis ce point de vue singulier, elle a pu documenter l’Irak dans tout son paradoxe, entre civilisations anciennes et vie contemporaine. Un regard différent porté sur une région du monde davantage associée aux guerres de ces dernières décennies.

Guerres, inégalité et précarité : regards sur un monde en tensions

Les clichés d’Ebrahim Noroozi témoignent des difficultés auxquelles est confronté le peuple afghan depuis l’invasion des talibans en 2021. Aujourd’hui, plus de la moitié du pays se trouve dans une situation de famine extrême, tandis les conditions de vie des femmes et des enfants s’aggravent peu à peu.

Tyler Hicks a documenté la guerre en Ukraine depuis la région de Donbass. Il a pu y constater la force de la ville de Bakhmout, qui a su résister pendant plusieurs mois aux multiples assauts des militaires russes. Les clichés du photojournaliste sont ainsi un hommage à cette ville-martyre.

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Armé d’un lance-roquettes, un soldat ukrainien de la 28e brigade vise une position russe à une centaine de mètres. Région de Donetsk, Ukraine, 20 mars 2023. © Tyler Hicks / The New York Times

Darcy Padilla, photographe de l’agence VU’, propose un reportage sur les sans-abris en Californie – état le plus riche qui détient paradoxalement le plus grand nombre de sans-abris aux États-Unis. Aux États-Unis également, Mark Peterson documente la montée des extrêmes en Amérique du Nord et le danger pour la démocratie que cela représente.

Enfin, une rétrospective des  « années Visa » de Paolo Pellegrin – photographe représentée par le Festival Visa pour l’Image depuis 1990 – sera présenté. Vous pourrez également retrouver les clichés de Natalya Saprunova, lauréate de la bourse Canon photojournalisme 2022.

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Los Angeles. Skid Row, le quartier des sans-abri : une cinquantaine de pâtés de maisons à l’ombre des gratte-ciel et la plus grande concentration de personnes sans domicile fixe aux États-Unis. © Darcy Padilla / Agence VU’

La 35e édition du Festival Visa pour l’image se tiendra à Perpignan du 2 au 17 septembre. Le programme complet sera disponible sur le site Internet du festival. Les 25 expositions seront accessibles gratuitement afin de répandre au mieux la sensibilisation aux images et à l’information.

Informations pratiques :
Visa pour l’Image – Perpignan
Du 2 au 17 septembre 2023
Liste des lieux d’expositions
Tous les jours de 10h à 20h
Entrée libre et gratuite