Mise à jour 19 juillet : En raison du succès de l’exposition, le Musée Maillol a décidé de la prolonger jusqu’au 24 septembre 2023.
Après Giacometti, Steve McCurry ou encore Jean-Michel Basquiat, le Musée Maillol accueille jusqu’au 15 août 24 septembre 2023 le photographe Elliott Erwitt. Encore plutôt méconnu en France – la dernière grande présentation de son travail date de 2010 au Musée Européen de la Photographie –, l’exposition accrochée dans les murs du Musée Maillol se présente comme la rétrospective la plus exhaustive de son œuvre. L’occasion de (re)découvrir ses photographies humanistes, parfois humoristiques, jamais cyniques ; des images qui sont souvent considérées comme d’authentiques reflets de la condition humaine.
Elliott Erwitt : photographe à l’œuvre plurielle
L’exposition se découpe en deux parties, selon sa propre distinction de sa pratique : l’une en noir et blanc, pour ses travaux personnels, l’autre en couleur, réservée à ses commandes. Un audioguide prévu dans le tarif d’entrée nous permet d’appréhender les œuvres d’Elliot Erwitt, et ce sous un angle très personnel puisqu’un acteur donne voix aux propos du photographe, tels qu’il a pu les formuler à l’oral ou à l’écrit.
Une manière très originale de découvrir ses images aux cartels minimalistes et d’être au plus proche de l’intention d’un artiste à l’œuvre totale. Photographe de rue, peintre de l’intime, photojournaliste ou encore publicitaire… Elliott Erwitt ne s’est jamais cantonné à un style particulier, et pourtant, a su exceller dans tous à la fois.
Je ne mets pas de couleur dans mon travail personnel. La couleur, c’est du domaine professionnel. Ma vie est déjà assez compliquée comme ça. Je m’en tiens au noir et blanc. Cela suffit.
Elliot Erwitt
Elliott Erwitt : l’humain au centre
Le talent du photographe est indéniable ; c’est sans doute sa rencontre avec trois acteurs majeurs de ce monde qui fera sa renommée. Robert Capa, premièrement, grâce auquel il intègre l’agence Magnum au début des années 1950 ; Edward Steichen, ensuite, le directeur du département photographie au MoMA, qui a fait du médium un art à part entière et finalement considéré à sa juste valeur ; Roy Stryker, enfin, qui lui demande de documenter l’évolution industrielle de la ville de Pittsburgh dans le cadre d’un projet photographique de la Farm Security Administration.
Son travail personnel noir et blanc a été découpé en huit thématiques, selon sa volonté. Quoi qu’il en soit, l’humain est toujours central dans son travail : dans sa relation avec autrui (notamment avec sa série Between the sexes qui traite du couple, ou Kids, ou simplement à travers ses accomplissements techniques – avec Cities et ses photographies d’architecture absolument époustouflantes, ou encore Abstractions qui représente l’activité humaine de manière tout à fait surprenante.
Un photographe de commande à la patte personnelle
La deuxième partie de l’exposition, et non des moindres, s’articule autour de son travail de commande, exclusivement en couleur puisqu’il réservait le noir et blanc à ses projets personnels. « Kolor », tel qu’il l’orthographie, une référence évidente à Kodak (dont la scénographie reprend son code couleur) et son fondateur, George Eastman, qui considérait que les mots commençant par K se retenaient plus facilement. Il n’empêche que les photographies couleur d’Elliot Erwitt se retiennent, qu’importe sous quelle égide elles sont présentées – notamment par la diversité phénoménale de ses travaux qu’il a tenté de regrouper par thème.
La carrière d’Elliot Erwitt a décollé au milieu de l’essor des magazines illustrés des années 1950 et 1960, le prétexte idéal pour ce voyageur infatigable de parcourir l’Europe d’Ouest en Est jusqu’à la Russie, en plein cœur de la Guerre froide. Comme tout photographe américain de cette période, Elliot Erwitt a également délivré le témoignage de cet American Way of Life alors en plein développement – voire à son apogée. Concours de majorettes, ambiances estivales au bord de mer… tout passe sous son objectif, sous son regard millimétré, attentif au moindre détail, qui fait de chacune de ses images un véritable tableau d’une époque.
L’exposition se clôt par une évocation particulière de l’atelier du photographe : toute l’ambiance de travail d’Elliot Erwitt est présentée dans cette dernière salle, où mobiliers et accessoires restituent ce qu’a pu être sa manière de faire œuvre. C’est réellement cette pièce qui nous permet de découvrir deux autres aspects du photographe : son activité de réalisateurs de films documentaire, et son travail d’éditeur de ses propres livres. En guise de conclusion, un court film créé exclusivement pour l’exposition présente Elliot Erwitt à l’œuvre, comme une manière de mettre en avant l’immensité de l’œuvre d’un photographe maintenant âgé de 94 ans.
La rétrospective Elliott Erwitt est à retrouver du 23 mars au 24 septembre 2023 au Musée Maillol. Le catalogue de l’exposition est paru chez Beaux Arts Editions et est proposé au tarif de 13 €.
Informations pratiques :
Elliott Erwitt, une rétrospective
Musée Maillol
Du 23 mars au 15 août 2023, prolongation jusqu’au 24 septembre 2023
59-61 Rue de Grenelle 75007 Paris
Ouvert tous les jours, 10h-18h30
Tarif : 16,50 € (tarif réduit à 12,50 €)
