Et voici notre dernière interview en direct du CP+ 2023. OM Digital Solutions, fruit du rachat de la division Photo d’Olympus, faisait sa première apparition sur le salon photo japonais. Sur son stand, nous avons pu échanger avec Yoshiyuki Nada en charge du marketing chez OM Digital Solutions. Travaillant chez Olympus depuis de nombreuses années – et désormais chez OMDS, il a répondu à nos nombreuses questions sur les dernières nouveautés et plus largement la stratégie d’OM System. Place à l’interview.
Quelle est la vision du marché de la photo selon OMDS aujourd’hui ?
Après le Covid-19 et les quarantaines, les gens peuvent maintenant s’aventurer et capturer le monde. Par conséquent, les résultats globaux de l’industrie de la photographie se sont améliorés. Bien sûr, nous ne sommes pas à l’abri de certains impacts tels que les conditions de l’économie mondiale qui peuvent avoir des conséquences à court terme.
Nous aimerions également développer nos produits et améliorer nos ventes auprès des personnes qui aiment photographier en extérieur, capturer de magnifiques scènes de la nature sur le terrain.
OM System a-t-il l’intention de « s’en tenir » aux gammes existantes d’appareils photo (M10, M5, M1) proposées par Olympus ou d’explorer de nouveaux segments ?
Nous n’avons pas l’intention de nous en tenir à la gamme actuelle. Nous fabriquerons nos meilleurs produits en écoutant la voix des utilisateurs et en tenant compte de la situation du marché.
Le sujet le plus complexe serait l’appareil photo d’entrée de gamme. Aujourd’hui, comme vous le savez, les smartphones ont conquis la majeure partie du marché des appareils photo compacts, et nous devons redéfinir ce qu’est la catégorie des appareils photo d’entrée de gamme.
Tous les autres constructeurs sont au moins sur 2 tailles de capteur. Ainsi, OM System se retrouve à être la seule à miser sur le M43 – qui est un format un peu moins prisé par les pros (à tort ou à raison). Quelle est la position de la marque face à cela ?
Le Micro 4/3 est un format qui peut offrir à la fois une compacité et des performances élevées, ainsi qu’une stabilisation d’image puissante. Avec de tels avantages, nous pensons que le micro 4/3 est le meilleur choix pour les utilisateurs en vadrouille, à la recherche de leur sujet dans la nature. Nous nous attachons à améliorer notre système et à fournir un produit qui satisfasse les utilisateurs, y compris les photographes professionnels.
Ces dernières années, nous avons assisté à une utilisation accrue des systèmes d’appareils photo et des formats tels que le plein format et le Micro 4/3, en fonction de la situation de prise de vue, plutôt qu’un système à la place d’un autre. De nos jours, les utilisateurs optent le plein format dans certains cas, et le format Micro 4/3 dans d’autres.
OMDS n’a pas de système plein format pour le moment…
Pour l’instant, nous nous concentrons sur le Micro 4/3.
Comment OMDS compte-t-il lutter contre des poids lourds tels que Canon, Sony ou Fuji, dont les appareils photo et les formats couvrent (pratiquement) tous les besoins ?
Comme je l’ai dit, nous sommes en concurrence avec eux sur nos produits et nos services. Comme nous le montrons sur notre stand au CP+, nous nous concentrons sur les utilisations en extérieur telles que la nature, les paysages, la macrophotographie et la photographie animalière. Certains utilisateurs transportent leur appareil photo et leurs objectifs dans leur voiture pour se rendre à ces endroits, puis les sortent et prennent simplement des photos. Cependant, nous nous concentrons davantage sur les utilisateurs qui aiment transporter leur appareil photo et se promener pour photographier leur sujet. Dans ce cas, notre système compact et léger leur est très utile.
OMDS s’engage à créer des appareils photo innovants. Comment briser la barrière des préjugés sur le micro 4/3 ?
Certains utilisateurs peuvent être préoccupés par la taille du capteur. Nous voulons offrir une bonne qualité d’image et une expression photographique qui ne dépendent pas de la taille du capteur, en utilisant des technologies numériques telles que la photographie computationnelle. En outre, nous continuerons à améliorer l’étendue des possibilités de prise de vue grâce à nos objectifs uniques que seul notre système peut réaliser.
Quel type de photographie computationnelle ?
Nous proposons une fonction de prise de vue High Res Shot permettant de créer des images de 80 Mpx, même avec un capteur de petite taille. Ce n’est qu’un exemple.
Pensez-vous que le système OM peut s’adresser à tous les photographes ?
Je pense qu’avec [l’OM-1], nous pouvons nous adresser à tous les photographes. Certains voudront peut-être photographier certains sujets et utiliser du matériel spécialisé. Mais nous aimerions nous concentrer sur les personnes qui travaillent en extérieur et qui souhaitent disposer d’un appareil photo léger et compact pour répondre à tous leurs besoins.
En 2021, Olympus a sorti le Pen-E P7 : à quand un nouveau Pen F ?
Cet appareil est très populaire au Japon, ainsi que dans certains pays d’Europe. Malheureusement, nous ne pouvons pas vous informer de notre planning futur, désolé.
L’OM-1 dispose d’un capteur empilé. Pouvez-vous nous parler de son développement ? Est-ce un projet qui était déjà initié chez Olympus ?
Nous avons commencé à développer un capteur empilé lorsque nous étions chez Olympus, afin de réaliser des prises de vue en rafale ultra rapide et de capturer des sujets même dans des conditions difficiles, par exemple dans la nature. Malheureusement, je ne peux pas dire combien de temps il a fallu pour le développer, mais cela n’a pas été facile, d’autant plus que ce nouveau capteur est doté d’un système de mise au point automatique Quad Pixel AF.
Peut-on s’attendre à ce que ce capteur soit utilisé dans d’autres appareils photo ?
Pour l’instant, nous souhaitons différencier notre gamme d’appareils photo et utiliser ce capteur pour les modèles haut de gamme. Mais nous ne pouvons rien dire pour l’avenir.
Quelles sont les principaux intérêts de ce type de capteur ?
Un capteur empilé utilise un circuit de traitement des signaux juste derrière la zone des pixels pour une vitesse de lecture beaucoup plus rapide, utile pour la prise de vue séquentielle ainsi que pour la fonctionnalité de mise au point automatique.
OMDS (comme Olympus) mise beaucoup sur les technologies d’aide aux photographes : comment naissent des idées comme Starry Sky AF ?
De nombreux utilisateurs souhaitent photographier des paysages avec un ciel étoilé. En réalité, le système AF conventionnel ne peut pas faire la mise au point sur les étoiles. Les utilisateurs doivent donc procéder à une mise au point manuelle. Notre mission était d’offrir une solution à ce problème que personne n’aurait pu réaliser, avec nos technologies. Cette technologie permet de prendre des photos tout en changeant de mise au point et en recherchant le meilleur point.
Les processeurs actuels présents sur les appareils photo sont-ils compatibles avec la photographie computationnelle ?
Oui, la photographie numérique nécessite un traitement avancé et une grande vitesse de calcul. Le processeur de l’OM-1 est très performant. La question est de savoir quel niveau de traitement est nécessaire pour pouvoir inclure les technologies de photographie computationnelle dans les autres appareils photo de notre gamme.
Sur les smartphones, la photographie computationnelle est très répandue. Pensez-vous que les processeurs des smartphones sont plus puissants ?
Je pense que les smartphones sont optimisés de toutes les manières imaginables pour améliorer leur qualité d’image. En ce qui concerne la puissance de traitement de l’image uniquement, notre processeur TruePic X est plus puissant.
OMDS a récemment dévoilé un objectif macro 90 mm f/3,5 à rapport de grossissement 2:1 étonnant. Pourquoi ce genre d’objectif macro n’arrive qu’aujourd’hui ?
Nous avons reçu de nombreuses demandes de la part de nos utilisateurs, comme un objectif macro à plus longue focale ainsi qu’un objectif PRO. Nous sommes donc partis de ces spécifications et de ces performances. En particulier, la performance de l’IS était l’un de nos sujets clés. La compensation des mouvements est l’élément le plus important pour obtenir des images de haute qualité avec un objectif macro.
La technologie de communication entre l’objectif et l’appareil photo est également très importante, c’est pourquoi nous avons lancé cet objectif lorsque nous avons réussi à atteindre ce haut niveau de performance.
Cet objectif est également utile pour un large éventail de photographies de nature.
Etes-vous satisfait de la demande ?
Oui, en ce moment, nous avons de nombreuses commandes de clients. Au Japon, si les clients commandent cet objectif maintenant, ils pourront le recevoir vers mai-juin, mais je ne sais pas ce qu’il en est en France.
Au Japon, les gens font-ils beaucoup de macro ?
Oui, la macrophotographie est populaire, mais beaucoup d’entre eux ont tendance à utiliser des téléobjectifs plutôt que des objectifs macro (c’est-à-dire télé-macro). Le 90 mm Macro convient à un large éventail de scènes, du paysage à la macrophotographie.
Comment avez-vous réussi à concevoir un objectif aussi léger, mais pourtant aussi performant et qualitatif, tout en étant certifié IP53 ?
Lorsque nous avons commencé son développement, notre objectif était de fabriquer un objectif macro compact et léger. Le grossissement de l’objectif macro est la raison de cette taille. La R&D s’est concentrée sur la fabrication d’un objectif de moins de 500 g. En ce qui concerne la certification IP53, nous avons développé de nombreux appareils photo résistants aux intempéries depuis les appareils photo à pellicule chez Olympus, nous avons donc un grand savoir-faire dans ce domaine.
C’est la première fois que nous rencontrons OMDS après Olympus. Pouvez-vous nous dire ce qui est différent ?
Chez Olympus, la gouvernance et l’allocation des ressources étaient basées sur l’activité médicale, ce qui n’était pas tout à fait adapté à l’activité d’imagerie, et il était devenu difficile de changer dans ce cadre. Le rythme de l’activité et la réactivité au changement ont été particulièrement difficiles à gérer, compte tenu des différences de modèle d’entreprise pour une activité d’imagerie.
Dans le cadre de la mise en place de la nouvelle structure, nous avons également revu divers processus et, ce faisant, nous avons également modifié notre culture interne de manière significative.
Y a-t-il beaucoup de personnes qui travaillaient chez Olympus et qui travaillent maintenant chez OMDS ?
Oui, cela dépend de la division, mais de nombreux membres de la R&D d’Olympus ont également rejoint l’OMDS.
Que pourriez-vous dire aux fans d’Olympus qui s’inquiètent de l’avenir de l’OMDS ?
Nous avons conservé notre ADN, à savoir la fabrication d’appareils photo compacts et légers. Il n’y a pas de changement fondamental. Mais nous ajoutons plus de flexibilité et intégrons de nouvelles technologies à l’appareil photo.
Pouvez-vous nous parler de l’avenir du système OM ?
Nous continuons à fabriquer des produits uniques qui offrent aux utilisateurs des avantages tels que la facilité de transport et la possibilité de créer des images de haute qualité.
Sur le plan de la communication, nous aimerions continuer à faire comprendre aux clients à quel point la compacité et la légèreté sont bénéfiques pour eux.
Merci à OM Digital Solutions pour cette interview. Nous remercions également Thierry pour avoir organisé cette rencontre.
