En avril 2021, Canon lançait deux nouveaux téléobjectifs 400 et 600 mm en monture RF. Avec son tarif de 12 999 €, Canon RF 400 mm f/2,8 L IS USM vise avant tout les professionnels de l’image animalière ou sportive, et mise sur un poids relativement contenu, un autofocus plus rapide et une stabilisation très efficace. À l’occasion du festival photo de Montier-en-Der, nous avons eu l’occasion de nous livrer à un exercice typique : capturer le lever et le coucher des grues sur le lac du Der. Voici donc nos premiers retours au sujet du Canon RF 400 mm f/2,8 L IS USM, le plus lumineux des super-téléobjectifs en monture RF.
Sommaire
Canon RF 400 mm f/2,8 L IS USM : véritable concentré de technologies
Au printemps 2021, Canon levait (partiellement) le voile sur son EOS R3 et présentait 3 nouveaux objectifs. Outre son nouveau 100 mm, le constructeur japonais présentait deux nouveaux super téléobjectifs en monture RF, les Canon RF 400 mm f/2,8 L IS USM et RF 600 mm f/4 L IS USM. Deux nouveaux objectifs particulièrement « inspirés » par leur ancêtre en monture EF. Ils venaient se ranger aux côtés du RF 100-500 mm f/4,5-7,1 L IS USM, qui se trouvait assez esseulé au sein du portfolio de téléobjectifs en monture RF.
Au sein de l’écosystème EOS R, le Canon RF 400 mm f/2,8 L IS USM est intéressant à plus d’un titre. Reprenant la quasi-totalité des caractéristiques de son aîné lancé en 2018, il incarne une sorte de synthèse du savoir-faire de Canon en matière d’optiques professionnelles. Si la formule optique et le gabarit sont identiques (voir plus loin), il apporte plusieurs nouveautés, notamment au niveau de l’autofocus et de la stabilisation, afin de tirer pleinement parti des différentes améliorations de l’EOS R3 et de sa rafale à 30 i/s (ou de l’EOS R6 Mark II, qui monte à 40 i/s).
L’objectif est composé de 17 éléments répartis en 13 groupes, dont une lentille Super UD et 2 lentilles en fluorite, afin d’éliminer les aberrations chromatiques. Par ailleurs, Canon applique un traitement SWC (Subwavelenght Structure Coating) pour réduire les effets de flare et de ghosting. Son ouverture lumineuse à f/2,8 est assurée par un diaphragme à 9 lamelles – lui conférant le titre de super-téléobjectif le plus lumineux à ce jour en monture RF.
Pour en savoir plus sur les caractéristiques du Canon RF 400 mm f/2,8 L IS USM, n’hésitez pas à lire notre article de présentation.
Voici les caractéristiques complètes du Canon RF 400 mm f/2,8 L IS USM :
- focale : 400 mm (640 mm en APS-C)
- objectif pour capteur plein format
- ouverture max : f/2,8
- ouverture min : f/32
- angle de champ : 6° 10’
- construction optique : 17 éléments répartis en 13 groupes (dont une lentille Super Spectra et deux lentilles en fluorite)
- diaphragme : circulaire à 9 lamelles
- distance minimale de mise au point : 2,5 m
- stabilisation d’image : oui, jusqu’à 5,5 stops
- tropicalisation : construction résistante à l’humidité et à la poussière, isolation thermique
- grossissement max : 0,17x
- mise au point : autofocus USM annulaire, mise au point interne
- diamètre du filtre : N/C, logement pour filtres insérables 52 mm
- dimensions : ø 163 x 367 mm (D x L)
- poids : 2890 g
- accessoires fournis : pare-soleil, bouchons d’objectif, étui
- monture compatible : Canon RF
Prise en main et ergonomie
Contrairement à ceux de Nikon, les super-téléobjectifs Canon (et de Sony), tout de blanc vêtus, ne passent clairement pas inaperçus. De même, les dimensions de ce 400 mm imposent le respect. Avec 37 cm de long, il n’est cependant pas le plus long de la monture RF – la palme revenant au récent RF 1200 mm f/8 L IS USM.
Sur le papier, son poids de 2890 g (50 g de plus que la version EF) peut paraître impressionnant. Pourtant, l’objectif offre une excellente prise en main, avec une remarquable sensation d’équilibre.
En effet, Canon a porté une attention particulière à la répartition des éléments optiques au sein du fût. Les lentilles sont ainsi beaucoup plus proches du boîtier. Sur le terrain, l’objectif tire beaucoup moins sur le bras gauche, facilitant les shootings à main levée. Évidemment, après quelques dizaines de minutes, l’usage d’un trépied (ou d’un monopode) devient (franchement) recommandé.
Sans surprise, le centre de gravité est situé au niveau du collier de trépied. On peut ainsi transporter facilement l’objectif et le boîtier par la poignée de trépied. Ou mettre l’ensemble à l’épaule en attachant une sangle à l’objectif. Seul regret : ledit collier de pied n’est pas compatible Arwa Swiss. On note cependant la présence d’un port Kensington – pratique pour une utilisation au sein d’un stade.
L’objectif s’avère simple à utiliser. Grâce aux nombreux commutateurs, il est aisé de régler son fonctionnement aux petits oignons. La bague de contrôle des objectifs RF brille toutefois par son absence. La bague de mise au point s’avère particulièrement large, confortable et précise. On retrouve également 4 touches de commande, facilement accessibles peu importe l’orientation de l’objectif (et du boîtier). En outre, l’objectif comprend une bague de rappel : deux positions de mise au point sont disponibles via une simple impulsion. Trois modes de stabilisation sont disponibles :
- Usage polyvalent, la stabilisation est activée en permanence ;
- Adapté aux mouvements de panning, stabilisation sur un axe ;
- Conçu pour les sujets aux mouvements aléatoires. La stabilisation de l’image dans le viseur n’est pas activée, évitant que le système ne « lutte » contre les mouvements du photographe pendant la visée.
Plus près de la baïonnette, sous le logement pour filtres insérables (ø 52 mm), deux commutateurs viennent prendre place. D’une part, le limiteur de mise au point autorise un réglage de 2,5 à 7 m et de 7 m à l’infini. D’autre part, le commutateur comporte trois positions : AF, MF et PF. Ce dernier permet d’obtenir des transitions plus souples, et est davantage conçu pour un usage vidéo. Un bon point pour les photographes sportifs ou animaliers voulant ajouter une corde à leur arc.
En outre, une bague argentée fait son apparition tout à l’arrière du fût. Son (unique) but : compenser le faible tirage de la monture RF. Ce faisant, elle rajoute environ 4 cm et 50 g à l’objectif par rapport à la version EF. À ce titre, on notera aussi la disparition de la petite fenêtre de mise au point – cette information étant maintenant disponible au sein du viseur électronique et sur l’écran des hybrides EOS R.
Au final, Canon livre un objectif à la construction exemplaire en tout point. Très équilibré et confortable à l’usage, ce 400 mm f/2,8 est assurément taillé pour les performances.
Qualité d’image
Quelle qualité d’image pouvons-nous obtenir avec ce super téléobjectif Canon RF 400 mm f/2,8 L IS USM ? Au cours de cette première prise en main, nous avons capturé plus de 2700 clichés – dont certaines tirant parti de la rafale à 40 i/s du récent Canon EOS R6 Mark II. N’hésitez pas à cliquer sur chaque image pour le voir en meilleure qualité.
Indubitablement, ce Canon RF 400 mm f/2,8 L IS USM offre un niveau de détails… stratosphérique. La sensation de piqué est omniprésente, au centre comme sur les bords, dès la pleine ouverture. La restitution de la scène est impeccable. La formule complexe et les divers traitements optiques de Canon semblent porter leurs fruits. Les aberrations chromatiques sont virtuellement indétectables. De même, les effets de flare et de ghosting sont absents. Monté sur un EOS R3 ou EOS R6 Mark II, on obtient des clichés exploitables même à 25 600 ISO. En outre, l’objectif est compatible avec les téléconvertisseurs 1,4x et 2x de Canon. On peut ainsi obtenir un 560 mm f/4, ou un 800 mm f/5,6.
Cependant, les hybrides EOS R disposent également d’un « mode APS-C » intégré, qui permet d’étendre la portée de l’objectif (moyennant une définition inférieure des images, puisque seul le centre du capteur est utilisé). Dans cette configuration, on dispose ainsi d’un équivalent 1280 mm f/9.
Sur le terrain, l’objectif livre des images au rendu très agréable à l’œil. Comme sur les objectifs du même type, la profondeur de champ est (très) limitée, permettant d’isoler le sujet de son arrière-plan avec une remarquable aisance.
Par ailleurs, le Canon RF 400 mm f/2,8 L IS USM se distingue de ses concurrents en offrant une distance minimale de mise au point particulièrement courte (2,5 m). À la clé, une polyvalence accrue, avec la possibilité de s’approcher davantage du sujet en jouant (encore plus) avec la profondeur de champ. Un point qui pourrait s’avérer très utile en photographie sportive (ou de gros plan, même si ce n’est pas cela qu’elle est conçue) .
En outre, l’objectif offre des transitions d’une remarquable souplesse. Le flou d’arrière-plan s’avère particulièrement doux, et l’effet bokeh est très plaisant. On notera seulement l’effet d’œil de chat sur les bords, qui peut être un peu prononcé à la pleine ouverture. Le phénomène s’estompe assez rapidement en fermant le diaphragme.
Performances autofocus et stabilisation optique
L’une des différences les plus importantes entre le Canon RF 400 mm f/2,8 L IS USM et son aîné en monture EF se situe au niveau de l’autofocus. Certes, les deux objectifs sont équipés du même moteur autofocus USM à bague. Cependant, cette nouvelle version bénéficie d’un contacteur supplémentaire lié à la monture RF. Et ce dernier permet de doubler la puissance d’alimentation des moteurs USM – qui sont d’ailleurs assez imposants. Ainsi, lesdits moteurs offrent plus de couple, pour une réactivité supérieure.
Dans la pratique, l’objectif fait un sans-faute. Couplé aux nouveaux modes d’autofocus prédictif inaugurés sur les Canon EOS R3 ou EOS R6 Mark II, l’objectif effectue la mise au point sans délai. La tête (voire l’œil) des humains et des oiseaux sont détectés instantanément, permettant d’obtenir des clichés à la mise au point impeccable. À quelques exceptions près, les seuls soucis que nous avons rencontrés à ce sujet étaient liés aux algorithmes du boîtier et non à l’autofocus de l’objectif.
De même, l’objectif est parfaitement en mesure de supporter les rafales à 30 voire 40 i/s, permettant de décomposer les mouvements du sujet dans ses moindres détails. Aucune hésitation, aucun effet de pompage ne sont à noter.
En basse lumière, le niveau de performances offert par l’objectif (et l’EOS R6 Mark II) sont impressionnants. Alors même que la nuit commençait à s’installer, le boîtier a réussi à effectuer la mise au point sans difficulté, y compris sur des sujets en mouvement. De ce point de vue, les progrès accomplis par les boîtiers les plus récents sont bien réels.
La stabilisation optique n’est pas en reste. Selon Canon, le gain maximal est de 5,5 stops (CIPA), que l’objectif soit monté sur un boîtier stabilisé ou non. En effet, à de telles longueurs focales, l’influence de l’IBIS cesse d’avoir un effet réel sur la stabilisation de l’image. Par ailleurs, l’objectif dérivant étroitement de la version EF, il n’est pas certain que Canon ait ajouté un gyroscope – contrairement aux autres optiques en monture RF.
Sur le terrain, nous avons été enthousiasmés par le mécanisme de stabilisation de l’objectif. Ce dernier vient gommer les tremblements du photographe très efficacement, La stabilisation ne lutte pas (trop) contre ses mouvements – d’autant que les modes 2 et 3 peuvent vite s’avérer très utiles, en panning notamment. Nous avons réussi à capturer des images nettes à 1/40s à 25600 ISO sans difficulté – soit un gain d’environ 3,3 stops. Un test plus approfondi nous permettra de confirmer ces très bons résultats.
Canon RF 400 mm f/2,8 L IS USM : mention très bien
« Les premières impressions sont souvent les plus importantes », dit l’adage populaire. Et force est de constater qu’en la matière, le Canon RF 400 mm f/2,8 L IS USM est un candidat particulièrement sérieux. Le super-téléobjectif le plus lumineux de Canon s’avère très séduisant, tant pour sa qualité d’image, son autofocus et sa prise en main.
En termes de performances brutes, l’objectif fait un sans-faute. La mise au point est effectuée sans délai, le suivi s’avère très précis (grâce aux nouveaux algorithmes des hybrides Canon) et les rafales à 30 ou 40 i/s ne lui font pas peur.
La qualité d’image est stratosphérique – mais est-ce une surprise ? Le constat est ici le même que pour le Nikkor Z 600 mm f/4 TC VR S : « la qualité d’image n’est presque pas un sujet tant les constructeurs ont travaillé leur copie pour offrir une optique (presque) parfaite », écrivait Damien au sujet du super-téléobjectif de Nikon.
Le niveau de détails est particulièrement élevé, la sensation de piqué omniprésente. Mentionnons également la douceur du flou d’arrière-plan, ainsi que la distance minimale de mise au point particulièrement courte (2,3 m) pour ce type d’objectif.
Enfin, malgré son poids, l’objectif s’avère (presque) léger et agréable à utiliser. Les efforts de Canon en matière de répartition des lentilles à l’intérieur du fût sont clairement à noter. L’utilisation à main levée en est facilitée – bien qu’un monopode ou un trépied (avec une tête pendulaire) soient indispensables pour les longues séances de prise de vue, en nature ou au bord d’un stade.
Disponible à partir de 12 999 €, cet objectif d’exception reste évidemment hors de la portée du commun des mortels. En revanche, les professionnels du sport ou de l’animalier (ou les amateurs très, très fortunés) trouveront un compagnon particulièrement bien taillé pour la capture de superbes images en toute circonstance.
Le Canon RF 400 mm f/2.8 L IS USM est disponible chez Canon, Digit-Photo, Camara, IPLN, Miss Numérique, Photo-Univers, Fnac ainsi que dans les magasins photo spécialisés.
