Fin 2021, Fujifilm dévoilait un appareil photo instantané hybride : l’Instax Mini Evo. Adoptant un look résolument vintage, cet appareil original mixe les fonctions d’imprimante portable connectée, de boîtier photo numérique « classique » et d’appareil instantané.
Misant sur un grand nombre d’options créatives pour personnaliser vos photos, il dispose d’un écran arrière pour visualiser les clichés que vous venez de capturer, ce qui évite de « gâcher » une impression Instax pour une photo ratée. L’appareil permet également d’imprimer n’importe quelle image venant de votre smartphone (ou de votre boîtier photo), vous permettant de la distribuer autour de vous, mais aussi d’enregistres vos photos au format numérique.
En somme, cet appareil « hybride » Fujifilm prétend jongler adroitement entre plusieurs fonctionnalités. Mais sur le terrain, la qualité des images imprimées est-elle au rendez-vous ? La combinaison de toutes ces fonctions est-elle bien gérée par le boîtier ? Permet-elle de justifier réellement un tarif fixé à 200 € ? Réponse dans notre test complet de l’Instax Mini Evo de Fujifilm.
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Présentation et prise en main de l’Instax Mini Evo
Dans le petit monde des appareils photo instantanés, l’Instax Mini Evo décroche la palme de l’originalité. Ressemblant à s’y méprendre à un appareil argentique des années 70, il vient proposer une solution très complète pour celles et ceux voulant capturer et imprimer leurs photos différemment. Il vient en effet marier un appareil photo numérique « classique » à une imprimante instantanée. Sur ce point, il nous rappelle l’Instax Mini LiPlay de 2019, ou encore le Polaroid Snap Touch.
Adoptant un format très compact (8,7 x 12,3 x 3,6 cm) et léger (285 g), il donne l’impression d’être fabriqué en aluminium avec un revêtement en cuir. Hélas, il n’en est rien : pour conserver un gabarit poids-plume, Fujifilm a préféré livrer un boîtier tout-plastique. Et les finitions de l’appareil font, disons-le, assez cheap, malgré un aspect visuel réussi.
Heureusement, le boîtier se rattrape avec une assez bonne ergonomie. Certes, l’absence quasi-totale d’aspérités donne l’impression d’un bloc ultra-lisse. Mais grâce à sa taille, l’appareil offre une prise en main confortable. Et l’on apprécie le petit repose-pouce logé sur la partie arrière, toujours rassurant.
Sur la face avant, le minuscule trou réservé à l’objectif est entouré par une large (vraie-fausse) optique. Elle est surmontée par une bague permettant de sélectionner les effets d’optique (normal, vignette, flou, estomper, etc).
À ses côtés, on retrouve la molette d’allumage/extinction. Sur la partie argentée prennent place un flash à LED, un petit miroir pour selfies et… un bouton déclencheur, censé faciliter la capture d’images à la verticale. L’ensemble fait immédiatement penser aux boîtiers « façon Instamatic », ce qui n’est pas pour nous déplaire
Sur la partie supérieure, la griffe porte-flash (démunie de contacteurs) est accompagnée par le déclencheur principal… et un petit levier « Print ». En tirant ce dernier, on lance l’impression d’une photo. Un clin d’œil (franchement appuyé) aux boîtiers argentique d’antan. Sur la gauche, une roue crantée permet de choisir les effets de film (normal, vif, pâle, toile, monochrome, etc). Enfin, un bouton de très petite taille permet de rappeler à l’écran les combinaisons d’effets de film et d’optique.
Le boîtier fait l’impasse sur l’habituel viseur décentré des boîtiers instantané (et honnêtement, qui s’en plaindra ?) À la place, on dispose au dos de l’appareil d’un grand écran LCD de 3 pouces (460 000 points). Ce dernier permet de viser et de composer précisément ses clichés, avec le rendu des effets en temps réel. Cet écran est donc l’un des principaux atouts de l’Instax Mini Evo. Hélas, cet écran est loin d’être parfait.
En choisissant une dalle TFT – sans doute pour compresser les coûts –, Fujifilm offre un afficheur de piètre qualité, dont les angles de visions sont très restreints. On regrette également que cet écran ne soit pas tactile. Heureusement, la lisibilité reste correcte. Aux côtés dudit écran, l’appareil propose une croix directionnelle et trois boutons (retour, lecture des photos et un ajout en mémoire des combinaisons d’effets de film et d’optique).
Sur la tranche droite, un unique pas de vis permet de monter l’appareil sur trépied (à la verticale). Enfin, la tranche gauche accueille la fente dédiée à la sortie des impressions. Comme son nom l’indique, l’Instax Mini Evo utilise des films instantanés au format Instax Mini (8,5 x 5,4 cm).
Pour ouvrir l’appareil, il suffit d’utiliser l’encoche prévue à cet effet, logée à gauche de l’écran. Le chargement de l’appareil est enfantin. Évitez simplement d’ouvrir l’appareil alors que votre cartouche n’est pas finie, sinon vous gâcherez une impression.
Enfin, une petite trappe logée sur la tranche inférieure dissimule un logement pour carte micro-SD et une prise pour recharger la batterie (non-amovible) de l’appareil. Hélas, nous sommes en présence d’un port micro-USB, et non d’un port USB type C autrement plus pratique et plus répandu. De même, l’extraction de la carte micro SD n’est pas des plus aisée.
Interface
Avec l’Instax Mini Evo, Fujifilm propose une interface claire et assez sobre. Grâce à la roue crantée et à la bague située autour de l’objectif, on peut sélectionner les effets créatifs facilement. Une fois l’image capturée, on peut la rogner directement sur le boîtier. Seulement voilà : le logiciel conçu par Fuji est parfois assez étrange. Ainsi, les différents éléments et les menus sont conçus pour être affichés exclusivement à la verticale.
Instax Mini Evo : des effets créatifs comme s’il en pleuvait
Cet Instax mise grandement sur la profusion d’effets créatifs disponibles. On dispose ainsi de 10 effets de lentille (vignette, flou, fisheye, fuite de couleurs, miroir, double-exposition…) et de 10 effets de film (vif, pâle, monochrome, sépia, jaune, rouge, bleu, rétro, etc.).
Ces derniers sont cumulables, offrant 100 combinaisons différentes pour personnaliser le rendu de vos clichés. Pratique, un bouton permet de mémoriser une combination d’effets (Lentille #7 Fuite + Film #2 Vif, par exemple).
Dans la pratique, on apprécie beaucoup tous ces effets créatifs. Certaines options sont plutôt classiques, d’autres assez originales : effet miroir, double-exposition, fuite de lumière, variation de couleurs, etc. Mais clairement, il y en a pour tous les goûts et toutes les envies.
Seule déception : il n’est pas possible de modifier l’effet créatif a posteriori. Si votre photo a été capturée avec un effet de film monochrome, impossible de le passer en couleur, par exemple.
L’appareil propose également un mode macro, qui permet de diminuer la distance minimale de mise au point, déjà très courte en temps normal (environ 10 cm). C’est bien davantage un mode « proxy » qu’un vrai mode macro, d’ailleurs. Curieusement, l’autofocus a parfois beaucoup de mal à effectuer la mise au point.
Enfin, le flash intégré est parfois utile sur les scènes les plus sombres. De plus, sa lumière blanchâtre peut donner une esthétique « lo-fi » à vos photos.
Qualité d’impression
Comme son nom l’indique, l’Instax Mini Evo utilise le format de films Instax Mini. Lorsque vous avez capturé une image qui vous plaît, il vous suffit de l’imprimer en tirant sur le petit levier « Print ».
Deux modes d’impression sont proposés. On retrouve ainsi le mode « Instax-Rich » (par défaut), aux couleurs vives, que nous avions déjà croisé sur l’Instax Link Wide. L’appareil peut aussi imprimer dans le mode historique, appelé « Instax-Natural« . Pour mémoire, les films Instax se caractérisent par des tonalités douces et un style un peu rétro.
Le tirage prend environ 15 secondes (mode Instax-Natural) ou 25 secondes (mode Instax-Rich). Comptez un peu plus d’une minute pour que l’image finale se révèle. Petite étrangeté : l’image sort toujours « tête en bas » par rapport à l’image présentée à l’écran. La surface imprimée mesure 6,2 x 4,6 cm – largement suffisant pour conserver des souvenirs de vos aventures.
Du reste, nous sommes très satisfaits par les tirages livrés par l’Instax Mini Evo. La qualité d’impression Instax était déjà bien présente par le passé, et nous ne sommes pas déçus. On est à des années-lumières du rendu « brouillon » de certaines solutions concurrentes. Sur les images « complexes » (un portrait ou une voiture ancienne par exemple), les détails sont fidèlement restitués.
Seul regret : le mode Instax Rich a tendance à avoir la main un peu lourde au niveau de la saturation des couleurs et des contrastes. Sur les scènes avec d’importants écarts de luminosité, on peut se retrouver avec des zones sombres totalement noires et des blancs surexposées. De son côté, le mode Instax Natural livre des images plus détaillées dans les ombres, avec des tons plus doux… et des zones claires limite cramées.
Des fichiers numériques prêts pour les réseaux sociaux ?
Cerise sur le gâteau, Fujifilm s’est (enfin) décidé à ajouter une connectivité Bluetooth à son boîtier. Dans la pratique, on peut donc conserver une copie numérique de ses tirages sur la mémoire interne ou la carte micro-SD. Les fichiers peuvent être copiées sur un ordinateur, ou partagées sur les réseaux sociaux (voir ci-après)
L’appareil génère des fichiers de 2560 x 1920 pixels, grâce à son capteur CMOS de type 1/5 pouce comptant 4,9 Mpx. Ce dernier est surmonté d’une optique équivalent 28 mm ouvrant à f/2,0. La sensibilité est réglée automatiquement, et s’étend de 100 à 1600 ISO. En revanche, on peut compenser l’exposition (paliers de 1/3 stop) ou la balance des blancs. Il semblerait ainsi s’agir du même couple capteur + optique que l’Instax Mini LiPlay.
Sur le terrain, le boîtier génère des photos d’une qualité suffisante pour convenir au format « Mini » des tirages. En revanche, n’espérez pas réaliser des tirages grand format de vos clichés. En effet, le niveau de détails est très proche d’un smartphone d’entrée de gamme. De même, faute de HDR intégré, les contre-jours sont particulièrement mal gérés.
Retrouvez une galerie de photos capturées avec l’Instax Mini Evo :
Application mobile mini Evo et impression directe
Pour faire la liaison entre votre smartphone et l’Instax Mini Evo, Fujifilm propose son application mini Evo, disponible sur iOS et Android. L’appairage entre l’appareil et le smartphone se fait depuis l’appli, et s’avère relativement simple. En revanche, certains éléments sont bizarrement traduits (« Contrôler la appareil avec votre Smartphone »).
L’appli permet de retrouver les images imprimées par l’appareil photo – mais pas celles présentes sur la mémoire interne ou la carte micro SD. On peut choisir de les exporter vers son smartphone, en ajoutant (ou non) un effet de style au cadre de l’image et/ou une image d’arrière-plan. On peut ainsi partager rapidement ses images Instax vers les réseaux sociaux. En revanche, impossible de redresser une photo capturée à l’envers !
L’application permet également de déclencher l’appareil à distance et de lancer une impression (mais pas de changer les effets créatifs).
Et, last but not least, l’appli permet de lancer une impression directe de n’importe quelle image présente sur votre smartphone, ou qu’une personne a partagée avec nous sur les réseaux sociaux.
Dans l’absolu, rien ne vous empêche de prendre une photo avec votre reflex ou votre hybride, de la transférer vers votre smartphone, et de l’imprimer avec l’Instax Mini Evo. Pratique, quelques outils de retouche vous permettent d’ajuster le cadrage et l’exposition de la photo, ou d’appliquer un filtre.
L’appareil se comporte donc comme une imprimante photo de poche – et se débrouille très bien. Plusieurs choses sont cependant à noter. D’une part, la résolution des clichés tombe à 300 dpi. Heureusement, le niveau de détails de l’image d’origine compense la baisse de résolution de l’impression.
Là encore, le tirage en mode « Instax-Rich » produit des tirages aux couleurs parfois très saturées, puisque l’appareil applique son propre traitement aux clichés. Dans ce cas de figure, on préfère le mode « Instax-Natural », qui produit des tirages aux couleurs beaucoup plus raisonnables.
Malgré tout, nous avons beaucoup apprécié la fonctionnalité d’impression directe via le smartphone. Elle offre la possibilité d’imprimer rapidement n’importe quelle photo présente dans notre bibliothèque photos sur smartphone, ou qu’une personne a partagé avec nous via les réseaux sociaux.
Coût d’impression de l’Instax Mini Evo
L’Instax Mini Evo utilise des cartouches de 10 films au format Instax Mini. Ces dernières sont vendues à l’unité à partir de 7,90 €. Un pack de 2 cartouches est également proposé à 16,90 €. Dans tous les cas, chaque tirage coûte environ 80 centimes.
Un coût relativement élevé par rapport à la concurrence. Ainsi, la technologie Zink (utilisée notamment par les imprimantes Canon Zoemini) engendre un coût situé entre 55 et 59 centimes par image imprimée. À l’usage, ces dernières sont donc plus économiques… mais aussi bien moins qualitatives.
Autonomie
L’autonomie de l’Instax Mini Evo est donnée pour 100 images environ. Sur le terrain, ce chiffre paraît plutôt réaliste. Cependant, la liaison de l’appareil au smartphone en Bluetooth est parfois assez énergivore, surtout si vous transférez beaucoup de photos. Heureusement, l’appareil peut être emporté pendant tout un week-end sans avoir besoin d’être rechargé une seule fois.
Enfin, notons que l’appareil prend environ 2 à 3 heures pour être pleinement rechargé via son port micro-USB.
Une gestion de la mémoire un peu étrange
Comme indiqué plus haut, l’Instax Mini Evo permet de conserver le fichier numérique de vos clichés. Seulement voilà : la gestion de la mémoire est assez déroutante. D’un côté, l’Instax Mini Evo intègre une petite mémoire interne d’environ 45 images. D’un autre côté, l’appareil accepte les cartes micro SD / SDHC. Comptez environ 850 photos avec une carte de 2 Go. Hélas, ces deux mémoires sont hermétiquement compartimentées.
Ainsi, impossible de copier les photos de la mémoire interne vers la carte micro SD. De même, l’appareil n’est pas reconnu lorsqu’on le connecte à un ordinateur. Pire, seules les images imprimées sont transférables vers un smartphone grâce à l’appli mini Evo (en 800 px de large, avec d’énormes marges pouvant être personnalisées).
Enfin, lorsqu’une carte SD est présente dans l’appareil, ce dernier ne « voit » plus les photos stockées dans sa mémoire. Bizarre autant qu’étrange ! En d’autres termes : évitez autant que possible d’utiliser l’Instax Mini Evo sans carte micro SD si vous souhaitez pouvoir récupérer facilement vos images.
Instax mini Evo : un appareil « 3-en-1 » séduisant mais inégal
Fujifilm nous livre un appareil « hybride », aussi original que pertinent. En combinant les fonctions de boîtier photo, d’appareil instantané et d’imprimante portable, la marque japonaise livre un produit très polyvalent et agréable à utiliser au quotidien. Néanmoins, l’Instax Mini Evo s’avère assez inégal.
Ainsi, nous regrettons un peu l’écran TFT de faible qualité, la finition tout-plastique de l’appareil, ou encore la gestion assez particulière des photos stockées sur la mémoire interne. De même, la qualité des photos capturées par l’appareil est tout juste passable. Mais qui ira s’en plaindre ? Elle est suffisante pour être imprimée sur une surface de 6,2 x 4,6 cm. On évitera simplement d’afficher les photos prises avec l’appareil sur un grand écran.
Heureusement, l’Instax Mini Evo se rattrape avec la profusion d’effets créatifs disponibles. Mais aussi – et surtout par la qualité d’impression Instax, qui avait déjà fait ses preuves par le passé. Les tirages sont très réussis, avec des couleurs fidèlement restituées. Les puristes éviteront cependant le mode « Instax-Rich », qui produit parfois des clichés très saturés.
Au final, les quelques défauts de l’Instax Mini Evo sont rapidement gommés par le plaisir éprouvé à capturer et à imprimer facilement de petites photo-souvenirs, que l’on peut partager autour de soi. Reste un tarif un tarif de 199 €, qui aurait été plus facile à justifier si l’appareil avait été irréprochable.
L’Instax Mini Evo est disponible à la Fnac, chez Digit-Photo, Miss Numérique, Digixo, Camara, et sur Amazon.