Le dessous des images Cœur de Voh la Terre vue du ciel Yann Arthus Bertrand
©Yann Arthus-Bertrand

Le Dessous des images : Cœur de Voh, la Terre vue du ciel par Yann Arthus-Bertrand

Dans la série Le dessous des images, nous souhaitons raconter l’histoire qui se cache derrière certaines photos ou images emblématiques, connues ou moins connues, qui ont marqué notre société ou notre regard sur le monde.

Cœur végétal éphémère, formé dans la mangrove de Nouvelle-Calédonie, la photographie « Cœur de Voh » de Yann Arthus-Bertrand, est devenue l’incarnation d’un symbole écologique fort. Pourtant, rien ne prédestinait la photographie – prise et retrouvée presque par hasard – à devenir l’image de couverture de La Terre vue du ciel, l’ouvrage photographique le plus vendu au monde. Retour sur l’histoire d’une image devenue iconique.

« J’étais ébahi. Je savais que la photo serait intéressante mais je n’avais pas conscience qu’elle deviendrait un tel symbole comme un message d’amour de la part de la Terre. Elle est devenue l’emblème de mon travail. »

Yann Arthus-Bertrand

Cœur de Voh © Yann Arthus-Bertrand

10 ans autour de la Terre vue du ciel : les prémisses de la photographie aérienne

Yann Arthus-Bertrand est un photographe, réalisateur et écologiste. Né en 1946, il s’est toujours passionné pour l’écologie, pour le monde animal et pour les espaces naturels.  Il collabore avec des médias tels que National Geographic, Géo, Life, Paris Match, Figaro Magazine.

Dès l’âge de 20 ans, il dirige une réserve naturelle dans le centre de la France. À trente ans, il réalise une étude sur les lions, dans la réserve du Masai Mara au Kenya. Il prend alors conscience du pouvoir du medium photographique, et commence à émerveiller le monde avec des clichés à couper le souffle. Ses clichés témoignent de la beauté de la planète, et de l’impact de l’homme sur les paysages. 

À cette époque, afin de gagner sa vie, il est en parallèle pilote de montgolfière. Cela lui permet de découvrir la Terre vue du ciel, à une époque où Google Earth n’existe pas, et où les photographies aériennes ne sont pas encore répandues. « J’étais pilote de montgolfière pour gagner ma vie et c’est là que j’ai compris que la photographie aérienne apportait une autre façon de voir le monde. Le fait de photographier un territoire vu du ciel a complètement renouvelé ma perspective », se souvient Yann Arthus-Bertrand.

En 1991, il fonde Altitude, la première agence de photographie aérienne dans le monde. À l’occasion de la première conférence de Rio en 1992, Yann Arthus-Bertrand décide de se lancer dans un grand projet photographique pour l’an 2000 sur l’état du monde et de ses habitants. Il en ressort l’ouvrage La Terre vue du ciel.

« Avec La Terre vue du ciel, je souhaite montrer aux gens la Terre telle qu’elle est aujourd’hui, aussi fidèlement que possible. Ce qui me motive, c’est l’impact qu’une photo peut avoir dans le domaine de la protection de l’environnement. La grande nouveauté aujourd’hui, c’est que l’humanité a le pouvoir de modifier son environnement. Aussi, je voudrais que mes photos déclenchent des prises de conscience », avait commenté Yann Arthus-Bertrand.

Le dessous des images Cœur de Voh la Terre vue du ciel Yann Arthus Bertrand
Couverture de l’ouvrage « La Terre vue du viel », Yann Arthus-Bertrand

« Durant les dix années où j’ai photographié La Terre vue du ciel, j’ai vu tant de changements : les espaces de nature s’atrophier peu à peu, la misère des gens qui ne peuvent plus se nourrir de la pêche, de l’élevage, de l’agriculture gagner du terrain. En quarante ans, 60 % des effectifs des animaux vertébrés ont disparu. Cela me remplit d’effroi. Parfois, cela me réveille la nuit. »

« Je fais partie de la génération qui a fait exploser la consommation, les besoins des individus, le nombre d’appareils électriques, de voitures, d’objets jetables auxquels ils se sentent attachés aujourd’hui. » livre t-il au cours d’une interview sur le site générations-plus.ch.

La page de couverture de l’ouvrage, c’est la photographie « Cœur de Voh » – capturée en 1992 lors de cette épopée photographique aérienne. Pourtant, au départ, elle ne faisait pas partie de la sélection de 190 photos de Yann Arthus Bertrand. Si elle est finalement devenue – presque par hasard – une image mondialement connue, symbole de l’amour de la planète, rien ne la prédestinait à ce succès.

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La découverte du cœur de Voh, un message éphémère

Traduit dans plus de 27 langues et vendu à plus de 4 millions d’exemplaires, La Terre Vue du Ciel est l’ouvrage photographique le plus vendu au monde. Aujourd’hui, la photographie « Le cœur de Voh » est aussi l’une des images les plus diffusées. On la retrouve partout, que ce soit dans les journaux, les revues, sur les cartes postales, les timbres, les tee-shirts, les posters ou même les gigantesques panneaux muraux de Chicago. Elle est également devenu l’image symbolique de l’attachement des hommes à la nature, et vice-versa. Retour sur l’histoire de cette photo.

Nous sommes en 1992, embarqués dans le voyage de 9 ans du photographe Yann Arthus Bertrand autour de la planète. Alors qu’il survole la Nouvelle-Calédonie avec son pilote, il découvre la clairière en forme de cœur dessinée par la mangrove de Voh. En effet, le pilote attire son attention sur cet immense cœur, formé par la tanne au cœur d’une mangrove naturelle de 4 hectares. « J’étais ébahi. Je savais que la photo serait intéressante mais je n’avais pas conscience qu’elle deviendrait un tel symbole comme un message d’amour de la part de la Terre. Elle est devenue l’emblème de mon travail », se souvient le photographe.

Il raconte cette découverte spontanée, alors qu’il n’avait pas encore saisit l’importance que prendrait ce cliché : « Quand on travaille, on est très concentré, et on ne veut pas rater les photos. Par contre je sais quand je fais une photo importante. Telle photo n’est pas unique mais elle est importante. Mais pas toujours. Le cœur de Voh, la photo qui est sur la couverture du livre, je l’avais faite à Nouméa (…) et le pilote me dit « tiens, je vais te montrer quelque chose, cette espèce d’îlot comme un cœur, en Nouvelle-Calédonie ». Je fais la photo, mais la photo n’est jamais publiée, elle reste dans un coin… ».

Une photographie retrouvée par hasard

Au départ, Yann Arthus-Bertrand ne rencontre pas le public de ce projet ambitieux pour lequel il est allé jusqu’à hypothéquer sa maison. Alors que les musées refusent d’exposer les photographies de La Terre vue du ciel, c’est directement dans la rue que Yann Arthus Bertrand expose ses sublimes clichés. Néanmoins, durant la création de cet ouvrage encore inconnu, qui deviendra un succès planétaire, Yann Arthus-Bertrand fouille dans ses archives. Il recherche une image de couverture qui correspondrait à son contenu.

« Elle est devenue iconique presque par hasard. Alors qu’au départ, quand je l’ai faite, je n’avais pas du tout compris que cette photo allait être si puissante. Il y a des photos qu’on fait mais… en fin de compte c’est après, quand on voit les photos avec d’autres, qu’on les met en place… »

Ainsi, c’est lors de l’éditing que « Cœur de Voh » trouve sa place d’image iconique. Emportant avec elle son message universel, elle sera diffusée au monde, devenant l’image de couvertures des 27 éditions étrangères. « Quand Daniel Pelleau m’a montré la tanne du Cœur de Voh, je n’ai pas compris tout de suite à quel point cette photo était importante, mais, huit ans plus tard, alors que nous préparions la sortie de La Terre vue du ciel, je l’ai imposée pour la couverture. Alors que personne n’en voulait. Certains trouvaient qu’il y avait trop de vert, d’autres que le sujet n’était pas assez significatif, mais pour moi, c’était évident, le livre parle de l’amour de la terre, de l’amour de l’autre et de l’amour de la vie », se remémore le photographe.

Qu’un tel symbole se forme dans la nature, au milieu de nulle-part, c’était le pari d’une image forte. « Cœur de Voh » a su surprendre et véhiculer un message intemporel. « En fin de compte c’est une forêt de mangrove. Ce sont des arbres qui poussent dans la mer. Donc partout c’est la mer, c’est l’eau, et au milieu il y a une petite île qui est en forme de cœur » indique Yann Arthus-Bertrand.

Depuis 2005, Yann Arthus-Bertrand renforce son engagement pour l’écologie avec la Fondation « GoodPlanet ». Celle-ci a vocation à sensibiliser le public à l’environnement ainsi qu’à la lutte contre le changement climatique et ses conséquences.

Sa passion aura livré au monde une photographie iconique, qui restera à jamais gravée dans la conscience collective — à laquelle elle délivre un message évocateur. Une photographie qui a su séduire jusqu’au Dalaï Lama, que Yann Arthus Bertrand a rencontré : « C’est le Dalaï-Lama qui, pendant l’exposition du Luxembourg rue de Medicis, m’avait dit : “c’est un message de la Terre qui nous envoie un message d’amour”. »

Rédactrice

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  1. J’aime bien son travail, c’est un amoureux de la planète mais il ne peut pas se revendiquer ou être catégorisé comme Écologiste. Son bilan carbone est assez mauvais avec les hélicoptères, avions ou avions privées pour élaborer ses projets.

    1. Aucun écologiste ne remettra en cause l’usage des canadairs quant il s’agit de sauver la faune, la flore et toute la biodiversité d’une forêt en feu. Même si ceux-là ont besoin de brûler du kérozène pour y arriver. C’est un peu la même chose de son travail.