Sick World d’Oliver Kmia : portrait amer d’un monde tourmenté

Le portrait d’un monde tourmenté. Dans sa dernière vidéo, créée à partir de photos provenant de banques d’images, le photographe et vidéaste Oliver Kmia dresse une rétrospective des 12 derniers mois, entre Covid-19, enjeux de société et dérèglement climatique.

Sick World - A Year of COVID in Two Minutes

Comment résumer tous les événements de l’année qui vient de se dérouler… en moins de 2 minutes ? C’est le défi que s’est lancé Oliver Kmia, photographe et réalisateur basé à Miami, dans sa dernière vidéo.

De l’apparition de la Covid-19 à son expansion brutale, le réalisateur nous plonge dans une atmosphère frénétique, qui dégage un sentiment d’urgence indéniable. Une impression créée par la succession d’images, chacun d’entre elles restant à l’écran pendant une fraction de seconde seulement. Toutefois, toutes semblent s’enchaîner avec fluidité et une certaine cohérence.

À travers cette vidéo, le réalisateur entend livrer un instantané de cette année ô combien particulière. « J’évite de vouloir faire passer un message, car je trouve que cela fait très prétentieux. Qui suis-je pour vouloir donner des leçons ? Je préfère créer une vidéo qui « montre l’instant », qui capture l’état de la société, ou qui montre simplement la beauté d’un sujet en particulier ». On se souvient notamment de sa précédente vidéo, Sad Tropic, qui dépeignait la ville de Miami pendant le lockdown en avril 2020.

Vidéo : Sad Tropic, Miami désert et sans vie à cause du Covid-19

Sur la forme, on notera surtout l’utilisation de photos provenant de banques d’images. « J’ai utilisé environ 700 images pour ce projet », indique Oliver Kmia. « La plupart proviennent de Shutterstock, mais aussi d’agences de presse et d’images libres de droit ».

En sous-texte, le photographe dresse un constat amer quant aux banques d’images : « J’ai réalisé pour la première fois à quel point le prix de ces images était bas. J’ai acheté 750 images pour 250 dollars. Bien sûr, cela m’a aidé pour mon projet, que j’ai mené dans un but non-commercial. Mais aucun photographe ne peut vivre à partir des banques d’images, d’autant que les plateformes empochent 80 % du produit de la vente… ».

Interrogé sur le titre de sa vidéo, « Sick World » (monde malade, en français), le réalisateur explique qu’il ne désigne pas seulement la pandémie, mais aussi « une réalité plus sombre, avec l’émergence « d’hommes forts » à travers le monde, les fake news et les théories du complot, les attaques envers la démocratie, ainsi que l’inaction globale face au changement climatique ».

Le vidéaste en profite pour lancer un appel en faveur de mesures concrètes pour limiter le dérèglement du climat. « La dernière partie de la vidéo montre le futur risque qu’encourt l’humanité si nous n’agissons pas rapidement pour limiter nos émissions en carbone. Contrairement au virus, il n’y aura aucun remède ni vaccin contre le changement climatique, l’acidification des océans, la modification des courants océaniques, la dégradation de l’atmosphère ou encore la dégradation de la biodiversité. Lorsqu’une espèce meurt, il n’y a pas de retour possible en arrière. De ce point de vue, le virus est juste un avant-goût du désastre à venir ».

Citant Rahm Emmanuel, ancien chef du cabinet de Barack Obama et maire de Chicago (reprenant une citation de Winston Churchill), il indique : « vous ne laissez jamais une crise grave se perdre. Et ce que je veux dire par là, c’est une opportunité de faire des choses que vous pensez ne pas pouvoir faire avant ».

Et le vidéaste de lancer un cri d’alarme : « Je pense que nous avons devant nous une chance de nous réveiller et de réaliser à quel point l’urgence climatique est réelle. L’avertissement de la Covid est le dernier signal, avant qu’il ne soit trop tard ».

Vous pouvez retrouver le travail d’Oliver Kmia sur sa chaîne Youtube, son compte Viméo, son site Internet et son compte Instagram.