Nous sommes nombreux à souhaiter nous reconnecter à la nature et de plus en plus conscients de la nécessité de la préserver. Nos comportements sur les réseaux sociaux pourraient pourtant avoir l’effet inverse.
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La nature dénaturée
Publier en ligne la photo d’un espace naturel participe à sa disparition. En moyenne, 11 clichés sont partagés chaque seconde sur Instagram avec le hashtag #nature et de nombreux lieux subissent en conséquence un afflux de visiteurs constituant un nouveau tourisme de masse : le tourisme du like.
Le « lac à like »
Dernier exemple : le lac du parc canadien de Joffre Lakes. Le lieu est effectivement idyllique. Pourtant, rares sont ceux qui s’aventurent à la découverte des 5 lacs de montagne aux eaux turquoise dans lesquelles se reflètent les cimes environnantes. Sur le rivage du lac plébiscité par la foule flotte une buche. Perché sur ce tronc, renommé #instalog, seul face à l’immensité de la nature canadienne voilà LA photo qui fait rêver.
En coulisse : le chaos
La sérénité qui se dégage des paysages de rêve sur nos écrans masque une terrible réalité. Derrière l’objectif, ce sont des files d’attente bruyantes et des centaines de voitures par jour qui se relaient pour saisir la photo qui obtiendra le plus de likes avant de rallier Vancouver.
En quelques années, la fréquentation de Joffre Lakes a augmenté de plus de 250% sans bénéficier d’infrastructures ou du personnel nécessaires. La faune et la flore sont menacées par cet afflux de touristes peu respectueux de l’environnement qui laissent derrière eux sodas et emballages.
Parcs naturels ou parcs d’attraction ?
Le personnel chargé de la préservation des lieux déplore une situation qui ne cesse d’empirer. Certains ont préféré démissionner. Les quelques randonneurs qui traversent la foule sont exaspérés devant l’absurdité des circonstances. Certains instagrammeurs vont jusqu’à prendre des risques conséquents pour une meilleure photo.
Joffre Lakes est loin d’être un cas isolé. De la disparition du Broccoli Tree à l’aménagement de parkings dans la région des montagnes Vinicunca, l’environnement subit de plein fouet cette course à la popularité virtuelle.
Partager quelque chose c’est risquer de le perdre
La situation n’est heureusement pas une fatalité. Il tient à chacun de modifier ses comportements et de se libérer de son smartphone pour préserver ces lieux d’exception. Le WWF a mis en place une initiative sur Instagram qui permet de sélectionner une localisation fictive « Je protège la nature ». Une solution pour conserver l’intimité de l’environnement qui peut toutefois sembler paradoxale.