Festival du Regard : quand la photographie de voyage se démarque du flux d’images

Pour sa 5e édition, le Festival du Regard de Cergy Pontoise a pour fil conducteur une réflexion autour de la profession de photographe de voyage. À l’heure où tout un chacun peut photographier, filmer ses voyages et, ensuite les diffuser : en quoi les photographies des auteurs sont-elles différentes ? Et, peuvent-ils encore nous faire redécouvrir notre environnement ? C’est avec un grand OUI que souhaite répondre le Festival.

Festival du Regard : 5e édition

Initialement programmé en fin de la période printanière, le Festival du Regard se déroulera finalement du 9 octobre au 29 novembre 2020.

Vous surprendre, c’est l’ambition que se sont donnés les organisateurs. Avec ses 17 expositions sur 1500 m² d’espace et 5 expositions en extérieur, dans le centre de Cergy-Pontoise, le Festival du Regard repousse les limites de la conception du voyage.

Poésie, reportage, fiction futuriste, témoignages, autobiographie subjective, contemplation du paysage, errance…autant de modes opératoires qui vous feront redécouvrir la photographie de voyage sous l’angle particulier des auteurs.

À découvrir également, la projection de films qui viennent compléter la thématique. Avec notamment Exotica, Erotica, Etc. (2015) d’Evangelia Kranioti ou encore Le voyage dans la Lune (1902) de Georges Méliès. À hauteur d’enfant, l’exposition Bambino éduque le regard des plus jeunes avec des carnets d’exercices et un livret pédagogique.

Rencontre avec les photographes, lectures de portfolios gratuites, visites commentées… seront à découvrir tout au long du Festival.

Le voyage : jouer avec l’imaginaire

Les photographies qui seront présentées lors du Festival du Regard sont étonnantes. Autant par le choix des destinations que par leurs traitements originaux. Plutôt que de reproduire les paysages et des scènes du réel, les clichés interprètent, modèlent, disent chacun à leur façon.

Ainsi, Rémi Noël vous emmène sur les routes du Texas et de la Californie. Il revisite la mythologie américaine, par le biais d’objets emblématiques de l’American way of life qu’il incorpore au quotidien. Ses compositions minimalistes en noir et blanc sont teintées d’humour et de poésie.

© Rémi Noël, Texas
© Evgenia Arbugaeva, Totski

Les compositions saisissantes — aux couleurs pastels — de la photographe Evgenia Arbugaeva sont inspirées des contes russes. Prises dans sa ville natale de Titski, elles nous immergent en Sibérie. Enfance et mondes imaginaires se superposent à la ville de glace.

Le photographe Richard Pak a séjourné à Tristan da Cunha, l’île la plus isolée du monde, située au milieu de l’océan Atlantique. Il est parti de l’idée de l’insularité en s’appropriant l’imaginaire qu’il suscite et stimule. L’isolement, par exemple, ou encore la rupture avec le quotidien. Ses photographies montrent les évènements qui se déroulent sur l’île. Représentant des parcelles de l’île, des moments de vie, des habitants isolés dans le cadre, il laisse intact le mystère de l’insulaire.

Revisiter le réel

C’est le même thème qui a inspiré Ronan Guillou. Lui qui s’est rendu à Hawaï croise documentaire, récit personnel et étudie les formes — dans un univers coloré, à la rencontre de l’autre. Passionné par la photographie qu’il qualifie « d’expérience », son besoin d’une démarche libre et digressive transparait dans ses images aux couleurs vives.

© Ronan Guillou, Hawaï
© Jean-Christophe Béchet, « Gunung »

Les volcans d’Indonésie sont au centre du projet « Gunung » du marseillais Jean-Christophe Béchet. Ses sublimes photographies en noir et blanc ouvrent les portes d’un univers à la croisée du documentaire et de la fantasmagorie. Avec des jeux de lumières et des cadrages en panoramique, il rend à la nature et aux habitants qui y vivent toute leur beauté.

À la découverte de l’inconnu

La découverte des paysages qui lui sont étrangers a stimulé l’imagination de l’Irlandais Richard Mosse qui s’est rendu au Congo. Mais également de la photographe mexicaine Graciela Iturbide, qui livre une série capturée en Inde. Giorgio Negro quant à lui, s’est rendu en Amérique du Sud et le photographe polonais Bogdan Konopka en Chine. Étant décédé l’an dernier, le Festival lui rendra hommage.

Dans un autre registre, Cédric Delsaux livre des photographies d’anticipation, au sein d’un monde déserté, peuplé de robots, de cyborgs et de machines. « Dark Lense. Welcome to the Dark Corporation » vous immerge dans un univers futuriste où les machines ont pris le pouvoir. On aperçoit même la silhouette de Dark Vador dans ce monde inspiré de Star Wars.

© Cédric Delsaux

Et puis, le Festival a décidé d’ouvrir les horizons, tout comme d’élargir l’histoire de la photographie de voyage. À cet effet, les projets des pionniers de la photographie tels que Bernard Plossu sur les routes mexicaines, Anita Conti, Sabine Weiss ou encore Max Pam en Asie du Sud-Est seront présentés au public.

À ceux-ci s’ajoutent les photographies de la mystérieuse Vivian Maïer réalisées lors de son retour en France. Les communautés de femmes sur trois continent de Françoise Nunez sont également à découvrir sur place.

© Bernard Plossu, Voyages mexicains

Et puis, la Corée du Nord — ce pays dans lequel on ne peut pas photographier librement – livrera une partie de ses secrets. Et cela grâce au projet de l’Italien Davide Monteleone qui a profité d’un voyage en train pour ses prises de vues coréennes.

Procédés photographiques

Le Festival du Regard nous réserve de belles surprises que l’on pourra découvrir au sein même des procédés photographiques. Ce sera le cas à la vue des clichés de FLORE qui s’est rendue au Maroc — dont elle sublime et transcende les clichés en les saupoudrant de nacre pour mieux évoquer la matérialisation du souvenir. Aussi, entre interventions en chambre noire et tirages Fresson, Gregor Beltzid a utilisé des procédés anciens pour traduire le sentiment que le Caucase a imprimé en lui. 

Alors que les Festivals devraient redémarrer pour la plupart à l’automne, il sera temps de découvrir ce que les photographes auteurs nous apprennent du voyage. La révélation assurée d’images, de représentations et d’histoires qui se démarquent des photographies de voyages que l’on peut désormais tous capturer à volonté.

Informations pratiques :
Festival du Regard
du 9 octobre au 29 novembre 2020
Vernissage le 8 octobre 2020
Cergy-Pontoise et en extérieur (gare Cergy-Préfecture)
Entrée libre
En savoir plus sur le site du Festival