Dans cette période de crise sanitaire, les journalistes peuvent difficilement témoigner du combat mené par nos hôpitaux contre le virus. Vanessa Braunstedter est photographe et infirmière au centre de dialyse Diaverum de Mulhouse (Haut-Rhin). Sa série de photographies « GueRRir » raconte la lutte quotidienne de ses collègues face au Covid-19.
De la médecine à la photo
Après avoir passé 16 ans comme infirmière, Vanessa Braunstedter avait pris ses distances avec la profession. La difficulté du métier aux horaires peu favorables à une vie de famille l’a convaincu de faire de sa passion – la photographie – son deuxième métier. Aujourd’hui en première ligne contre le virus, l’hôpital Emile Muller – sur le même site que le centre de dialyse – se retrouve submergé par le flot de malades. Elle témoigne, par sa série de clichés « GueRRir », de cette GueRRe meurtrière qui se déroule actuellement en France, comme dans le monde.
« Cette série a pour but de mettre en lumière les soignants en général. J’ai voulu lui donner ce nom pour mêler le mot « Guerre » au mot « Guérir ». Mais cette « Guerre » je veux aussi montrer qu’elle se joue depuis bien longtemps dans nos hôpitaux par manque de moyens matériels et humains », déclare Vanessa Braunstedter.
Photoreporter de « GueRRe »
Dès le début de la crise sanitaire, l’hôpital de Mulhouse a été saturé. Le quotidien de Vanessa Braunstedter varie entre les sirènes d’ambulances et les atterrissages d’hélicoptères amenant toujours plus de patients. Toujours équipée de son appareil, la photographe décide un soir d’immortaliser les visages de ses collègues de l’hôpital et de son service d’hémodialyse : « J’ai la sensation que je dois pouvoir le sortir à tout moment pour laisser un témoignage de ce qui se passe ces temps-ci », ajoute-t-elle.
À travers cette série, on peut se faire une idée de l’état du personnel soignant au front contre le Covid-19. À cause des protections des soignants, on oublierait presque le côté humain de cette série. Or, les expressions faciales de chacune des personnes photographiées dans « GueRRir » nous reconnectent avec la réalité de la situation. On peut y voir de la fatigue, mais on y voit surtout de la détermination. L’envie de prendre soin des autres : une lumière d’espoir dans les yeux de ces « superhéros masqués« .
« Ce que j’aime dans les portraits que j’ai pris, ce sont les regards très expressifs de chacun. On devine les sourires et ça nous laisse malgré tout la possibilité de porter un regard bienveillant sur les patients », déclare la photographe.
2 métiers : 1 objectif
Pour sa série « GueRRir », Vanessa Braunstedter a l’avantage de connaître le terrain : « Cela me permet d’adapter et d’anticiper facilement mes prises de vue en fonction des soins qui sont pratiqués ». La médecine et le photojournalisme présentent de nombreuses similitudes selon elle.
« Être du côté du photographe est presque une continuité de ce que je suis en tant qu’infirmière. Je continue à prendre soin des gens d’une autre manière. J’aime prendre le temps de les connaître, de les mettre en lumière. J’ai ce besoin de raconter une histoire en images, les liens qui unissent les gens. C’est ce qu’on fait quand on veut bien soigner les patients, on s’intéresse d’abord à ce qu’ils sont pour mieux les accompagner dans leur parcours de soin », explique-t-elle.
Toujours à prendre des photos dans d’autres services de soin, la photographe espère pouvoir publier d’autres clichés de cette série prochainement. Elle souhaiterait réaliser un album « GueRRir » et organiser une exposition au sein de l’hôpital de Mulhouse – à la fin du confinement. « J’ai envie de pouvoir laisser une trace plus concrète qu’uniquement sur Internet », conclut-elle.
Vous pouvez retrouver la série « GueRRir » sur compte Facebook de Vanessa Braunstedter. Découvrez aussi son travail sur son site Internet ainsi que sur Instagram.