Durant son voyage à Deauville, la photographe roumaine Felicia Simon réalise une série de photos sur le thème de l’étranger, « Not from here », qu’elle s’est sentie incarnée dans son décalage avec le lieu.
Pour elle, Deauville est synonyme d’exotisme et d’étranger. Ainsi elle décide de se mettre en scène dans des combinaisons intégrales qui lui masquent même le visage, provoquant un contraste dans ses interactions avec son environnement : les maisons, la plage, les bains pompéiens, l’orphelinat, etc…
La photographe a commencé son parcours photographique il y a environ 11 ans. Adolescente, elle a développé une passion pour le dessin, la poésie et la guitare au cours de son enfance. La photographie lui est apparue comme une évidence, même si elle n’y avait aucun lien auparavant. « C’était une sorte de « eureka! » ce moment où j’ai senti l’appel à devenir photographe. J’ai donc décidé d’écouter cet appel, même si je n’avais aucune idée de la raison pour laquelle je le faisais, à part aimer le faire. »
Pour elle le travail du photographe est « curieux, mais subtil. Ambitieux, mais patient. Profondément humain. »
« À mon arrivée à Deauville, je ne savais pas qui j’étais exactement par rapport à la ville. Étais-je une touriste ? Étais-je une artiste ? Étais-je une femme ? Étais-je roumaine ? Tout ce que je savais c’est que je n’étais pas de là. Je suis venue comme une étrangère ; en termes d’anthropologie, je représentais l’autre. Le sociologue allemand Georg Simmel a défini l’inconnu comme quelqu’un de proche et de lointain ; tandis que le vagabond « vient aujourd’hui et part demain », l’inconnu « vient aujourd’hui et reste demain ». J’ai décidé d’exprimer l’étrange paradoxe de l’étranger en portant trois costumes qui couvraient tout mon corps, de la tête aux pieds », explique Felicia Simon.
C’est donc un travail sur le concept d’« étranger » et du rapport du sujet à son environnement.
« À travers ma «seconde peau», je ne voyais que partiellement, comme de l’intérieur d’un voile, les visages des personnes qui passaient près de moi – certains me souriaient et me percevaient comme un interprète, tandis que d’autres – surtout les foules – se contentaient de leur propre chemin », rapporte Felicia Simon
Le résultat ? Des photographies contrastées, un brin dérangeantes ; cette combinaison intégrale reflète une inquiétude existentielle et identitaire. Une silhouette dépourvue d’identité, un personnage sans caractéristiques immergé dans l’environnement typique de Deauville. La silhouette de l’artiste dans sa combinaison vient à la fois trancher et créer la symétrie de l’image ; une photographe qui met en scène l’individu dans des contextes géométriques. La rencontre entre l’humain et la géométrie.
Retrouvez cette série et le travail de Felicia Simon sur son site internet.