Mathieu Stern, photographe et réalisateur français, nous fait découvrir ce qu’il se passe lorsque l’on utilise des appareils photo infrarouges lors d’une séance portrait dans le Jardin des Serres d’Auteuil à Paris. L’expérience utilise trois appareils photo différents : un sans modification et deux appareils photo défiltrés capturant des couleurs blanches et rouges. C’est parti pour l’immersion.
Parmi ses coéquipiers, on retrouve Pierre-Louis Ferrer, photographe français spécialisé dans la photographie infrarouge et ultraviolette dont Phototrend a déjà parlé en début de semaine et que vous pouvez rencontrer mardi 13 février lors de notre Rencontre Club. Sur la vidéo de Mathieu, c’est lui qui prend des photographies rouges grâce à un filtre à 550nm sur l’objectif (voir le spectre plus bas). Il est équipé d’un Canon 6D modifié pour l’infrarouge, un filtre infrarouge 550nm de Kolari Vision, des objectifs Tokina 17mm f/3.5 RMC, Nikon E 35mm F/2.5 et Helios 85mm F/1.5.
Le troisième photographe se nomme Vincent Villaret. Il est équipé d’un appareil photo très sensible à l’infrarouge au point de pouvoir visualiser les veines à travers la peau comme on peut le constater à la fin de la vidéo. Vincent utilise un Canon 7D défiltré à 720nm et un objectif Canon 50 mm f1.4.
Mathieu Stern pour sa part prend des photographies sans modification pour que l’on observe la différence. C’est de lui que vient l’initiative de ce shooting dans les serres d’Auteuil, studio idéal pour l’infrarouge grâce notamment à la lumière. L’artiste, contacté par Phototrend, nous transmet sa motivation : « Ce genre d’expérience montre qu’il faut essayer de sortir de sa zone de confort pour fabriquer des images qui sortent de l’ordinaire. »
Le résultat est fascinant : avec les mêmes modèles et dans un même lieu, les trois photographes arrivent à capturer trois ambiances différentes simplement en utilisant à bon escient quelques principes fondamentaux de sciences physiques.
En effet, la photo infrarouge est un sujet très prisé des photographes, mais qui demande un équipement spécial et une technique particulière. La lumière blanche présente tout autour de nous comprend une infinité de couleurs, allant du violet au rouge en passant par toute une gamme de nuance de bleu, de vert ou encore de jaune. Grâce à ce spectre, la lumière qui se réfléchit sur les objets nous permet de les voir en couleur. Les parties invisibles à l’œil nu se trouvent en dehors de ce spectre de lumière et sont appelées les spectres invisibles UV pour ultraviolet et infrarouge.
Pierre-Louis utilise un filtre à 550nm seulement, pouvant capter beaucoup plus de lumière visible en plus de l’infrarouge qui est invisible pour nous, d’où le coloris rouge sur ses images. À l’inverse, Vincent est équipé d’un boitier défiltré à 720nm, qui enregistre moins de lumière visible et plus d’infrarouge.
Pour pouvoir photographier en infrarouge, nous avons besoin d’un appareil photo spécial ou bien tout simplement d’un filtre approprié pour l’infrarouge. Si l’appareil photo est doté d’un filtre IR cut ou hot mirror, il est sensible aux nuances invisibles de rouge et peut alors capter la lumière au-delà de 700 nm. Si ça n’est pas le cas, on peut utiliser un filtre IR externe à visser devant l’objectif. Il est néanmoins nécessaire d’effectuer des pauses longues à des moments très lumineux de la journée. Une fois les photos prises, vous remarquerez qu’elles sont totalement rouges. Il faut donc modifier quelques canaux sur un logiciel photo.