Le Fuji X-H1, nouveau boîtier hybride APS-C annoncé par Fujifilm la semaine dernière ouvre le champ des possibles chez Fujifilm avec l’arrivée d’un capteur stabilisé 5 axes et d’un mode vidéo complet, le tout avec une construction solide taillée pour les professionnels. Le H du X-H1, pour « Haute Performance », est une façon pour Fujifilm de monter en gamme, notamment à destination des photographes et vidéastes pro ou semi-pro.
Nous avons pu prendre en main le boîtier lors du lancement produit à Lisbonne organisé par Fujifilm et voici notre première impression. Toutes les photos publiées sur cet article ont été réalisées avec un Fuji X-H1.
Vous pouvez retrouver notre présentation complète du Fuji X-H1 dans cet article.
Fujifilm X-H1 : nouvel hybride pro avec capteur stabilisé et la 4K Cinema pour les vidéastes
Sommaire
Fuji X-H1, un boîtier imposant
Fujifilm nous a depuis longtemps habitué à des boîtiers compacts et au design rétro. Il semblerait que la sortie du moyen format GFX 50s ai fait passé un message « Big is Beautiful » aux ingénieurs de chez Fuji. En effet, le X-H1 prend de l’embonpoint par rapport aux autres hybrides APS-C de la marque, avec également un peu de gras.
Voici des photos comparatives entre le Fuji X-T2 et le Fuji X-H1.
La différence est perceptible, encore plus lorsque l’on a le boîtier en main. Heureusement, le X-H1 prend aussi du muscle, avec une carapace renforcée. La construction, en alliage de magnésium, est 25% plus épaisse, offrant toujours une tropicalisation (94 joints d’étanchéité au total sur le boîtier et grip) et protection à la poussière et à l’eau, en plus d’être plus résistant face aux chocs, aux torsions et aux maltraitantes de la vie d’un photographe. Le boîtier est toujours conçu pour résister à des températures jusqu’à -10°C. Le revêtement du boîtier a également été revu pour être moins sensible aux rayures.
Le « form factor » du X-H1 le rapproche davantage d’un reflex que d’un hybride. En revanche, sa poignée creusée offre une prise en main agréable. Avec le grip, le confort est total, mais une sangle est obligatoire. Sur la balance, le boîtier prend 166 grammes par rapport au X-T2 (673g avec batterie et carte).
Dommage, l’autonomie est équivalente de celle du X-T2, en faisant même un peu moins (310 images avec une batterie contre 340 images avec le X-T2). Avec le grip, deux batteries supplémentaires permettent d’atteindre les 1200 images environ. Autant dire qu’un professionnel qui mêle photo et vidéo s’équipera sans aucun doute du grip, ce qui fera basculer l’aiguille de la balance dans le rouge.
Pour terminer sur le format du boîtier, on peut dire que le X-H1 réduit l’écart entre le X-T2 et le GFX 50s. Le boîtier ressemble davantage à un reflex qu’à un hybride, même si à l’intérieur il cache quelques nouveautés appréciables.
Capteur stabilisé 5 axes
« La Monture XF n’est pas compatible avec l’IBIS » (in-body image stabilization, stabilisation de l’image par le capteur). Voici en substance ce que Fujifilm disait il y a 3 ans lorsqu’on leur demandait s’ils allaient apporter une stabilisation capteur à leurs prochains boîtiers. La raison principale : Fujifilm ne voulait pas dégrader la qualité d’image en corrigeant de manière numérique les images qui seraient impactées sur les bords par les déplacements du capteur stabilisé.
Qu’est-ce qui a fait changer le fusil d’épaule de Fujifilm ? Nous l’ignorons, mais le X-H1 est le premier hybride de la gamme X à intégrer un capteur stabilisé sur 5 axes. Cette stabilisation permet de gagner jusqu’à 5,5 stops. Lors de sa présentation, Fujifilm nous a expliqué avoir apporté une attention toute particulière à la précision de la stabilisation, avec un travail minutieux.
Voici une photo réalisée à main levée avec le X-H1 et le 23mm f/1.4 R avec la stabilisation du boîtier activée. Cette image a été prise à 0,5s et est nette (hormis les mouvements des piétons et de la voiture).
Cette stabilisation est très efficace et peut être utilisée avec l’ensemble des objectifs Fuji stabilisés ou pas. C’est une excellente nouvelle pour les photographes et vidéastes disposant d’un grand parc d’optiques à monture XF. La stabilisation fonctionne également avec les adaptateurs pour objectifs.
Une ergonomie améliorée et mature
Le design du X-H1 est proche du GFX 50s avec une coupe et des angles plus francs. Pourtant, mis à part cela, l’ergonomie du boîtier est très similaire à celle du Fuji X-T2, avec des boutons placés (presque) aux mêmes emplacements. La roue de correction d’exposition a laissé la place à un écran de contrôle de 128×128 points noir et blanc (ou blanc et noir, les couleurs sont inversibles) qui peut être rétroéclairé. Cet écran permet de voir en un coup d’oeil ses réglages ainsi que le nombre de photos restantes, même lorsque l’appareil est éteint. Fujifilm fait ici une petite entorse au design « rétro » avec les roues crantées pour entrer dans la modernité.
L’écran arrière est le même que celui du X-T2 mais devient tactile. Utile ou pas, c’est à vous de voir, sachant que le joystick est également très pratique pour déplacer le collimateur actif. En vidéo, la mise au point en appuyant sur l’écran peut être un plus.
Après avoir photographié pendant une journée complète, le viseur défini du X-H1 (3,69 millions de points) offre un vrai confort, même si celui du X-T2 était déjà très qualitatif. En photographiant au flash, il est cependant important de désactiver le rendu immédiat au viseur, sous peine de se retrouver avec un viseur sombre, car s’adaptant à l’éclairage du flash qui, par définition, n’éclaire pas encore la scène. Pour continuer sur le viseur, nous avons remarqué que ce dernier dépassait beaucoup du boîtier. La raison, invoquée par un représentant de Fujifilm, est pour éviter que le nez ne vienne toucher l’écran par inadvertance et faire des actions non désirées. On aurait préféré un comportement intelligent pour détecter le nez du photographe et le distinguer d’un doigt, comme le fond d’autres constructeurs.
La poignée du boîtier est profonde et agréable à prendre en main. Il est loin le temps où les hybrides nous glissaient des mains.
Le X-H1 utilise de l’USB 3.0, un standard un peu dépassé à l’heure de l’USB-C. Pourquoi ne pas avoir choisi la dernière technologie ? Construit sur le châssis du X-T2, il était plus facile de conserver les ports existants déjà sur le X-T2.
Silence, ça shoote
Le Fuji X-H1 est doté d’un obturateur mécanique et électronique. Fujifilm a travaillé sur le déclenchement mécanique (nouveau mécanisme à ressorts) afin de réduire les vibrations. L’autre point important est le bruit généré par le déclencheur mécanique. Ce dernier est doux et peu bruyant, à tel point que je n’ai pas automatiquement changé pour l’obturateur électronique, ce que je fais généralement pour être plus discret. A coté de lui, l’obturateur du X-T2 fait un boucan, c’est étonnant.
Par contre, nous avons noté sur le modèle testé (modèle final) que le déclencheur était un peu trop sensible. Il nous est arrivé plusieurs fois de déclencheur en voulant faire la mise au point en appuyant à mi-course sur le déclencheur. Fujifilm a été à l’écoute sur ce point, nous verrons si la course du déclencheur sera corrigée. Par contre, cette faible course ajoute à la réactivité globale du boîtier.
Réactivité et autofocus
Le premier point à noter sur le X-H1 est l’autofocus amélioré par rapport au X-T2. Pourtant, il s’agit du même couple capteur / processeur que sur le X-T2 et X-Pro2 (capteur CMOS X-Trans III APS-C de 24,3 et X-Processor Pro). Ces meilleurs performances, surtout en basse lumière, sont liées à une optimisation de l’algorithme d’autofocus sur le boîtier. Ce dernier est capable de faire le point de manière précise jusqu’à -1IL. Le suivi AF est également amélioré grâce à une analyse de l’image plus poussée. Est-ce que ces améliorations seront apportées aux boîtiers X-T2, X-Pro2 et consort ? Peut-être que oui, ou bien ce sera un élément de différentiation de gamme, nous le verrons dans les prochains mois.
Le boîtier s’allume rapidement (environ 0,4 sec) et est très réactif, notamment grâce au déclencheur sensible. En ajoutant le grip VPB-XH1, le mode Boost du boîtier permet une rafale en obturateur mécanique à 11 i/s (contre 8 i/s sans grip) ainsi qu’une réactivité accrue (black-out moins important, délai réduit à 45 millisecondes au déclenchement, taux de rafraichissement du viseur à 100fps et autofocus plus rapide (0,06s mini contre 0,08s).
Qualité d’image
La qualité d’image attendue en photo est identique à celle des Fuji X-T2, X-Pro2, X-T20 et X100F car ils partagent les mêmes capteurs et processeurs.
Voici les photos que j’ai réalisées avec le Fuji X-H1 durant plusieurs workshops et une promenade dans la ville. Nous tenions à remercier les photographes qui ont animé les workshops (Agathe POUPENEY pour l’atelier danse, Joao CARLOS pour l’atelier vidéo, Riccardo SPATOLISANO pour l’atelier mariage et Szymon SZCESNIAK pour l’atelier portrait).
Un mode vidéo complet
Le Fuji X-H1 dispose de caractéristiques vidéos avancées, en faisant un boîtier polyvalent et résolument vidéo. Avec la 4K Cinema (17:9), l’enregistrement F-Log (8 bits) interne à 200 Mbps ainsi qu’un rendu cinématographique avec la simulation de film Eterna, le X-H1 est le boîtier vidéo le plus abouti chez Fujifilm.
En enregistrement interne, le flux 4K DCI est en 8 bits 4:2:0. Avec un enregistreur externe HDMI, il est possible d’obtenir du 4:2:2. L’appareil est également capable d’enregistrer en 120p à 1080i.
Le profil F-Log du boîtier offre une captation vidéo FLAT permettant de capturer le plus de détails pour une post-production plus complète et efficace ensuite. Comme sur les autres boîtiers Fuji, il est possible de filmer directement avec les différentes simulations de film. Au X-H1, Fujifilm a ajouté la simulation de film Eterna. Ce rendu couleur inspiré du film argentique Eterna permet de ne pas passer par la cause post-production tout en ayant une image contrastée avec des détails dans les ombres. Les amateurs de pellicules cinéma apprécieront.
Nous n’avons pas eu le temps de réaliser un test vidéo approfondi, mais avec le X-H1, Fujifilm a également lancé deux nouvelles optiques cinéma MKX optimisées pour la vidéo : les FUJINON MKX 18-55mm T2.9 (3999€) et FUJINON MKX 50-135mm T2.9 (4299€). Ces optiques offrent des performances dédiés à la vidéo : absence de pompage, de décalage de l’axe optique, mise au point conservée durant le changement de focale et irix sans incrément d’ouverture.
Voici une vidéo expliquant les avantages d’utiliser des objectifs cinéma pour la vidéo.
Prix et disponibilité
Le Fuji X-H1 sera disponible courant mars 2018 au prix public conseillé de 1899€ nu et 2199€ avec la poignée d’alimentation VPB-XH1.
Notre premier avis sur le Fuji X-H1
Si vous êtes à la recherche d’un boîtier pour évoluer à partir d’un X-T2, à moins que vous soyez orienté vidéo, ne changez rien. Le Fuji X-H1 est équipé du même couple capteur / processeur que les derniers boîtiers de la série X chez Fujifilm. Il faudra mieux attendre le Fuji X-T3 dont les rumeurs parlent d’une annonce proche de la prochaine Photokina.
Mise à jour : découvrez notre test du Fuji X-T3
Le Fuji X-H1 est plutôt un boîtier à destination des vidéastes avec déjà un pied dans la photographie. Je parle de ces photographes déjà équipés d’optiques Fujifilm et qui souhaitent rester chez Fujifilm (c’est-à-dire, ne pas partir chez Panasonic, soyons clair). Avec ce boîtier, Fujifilm apporte la stabilisation 5 axes et un mode vidéo complet et performant, avec en prime des capacités d’enregistrement avancées même sans enregistreur externe. Il faudra cependant s’équiper quasi obligatoirement d’un grip pour pallier l’autonomie médiocre du boîtier, surtout en vidéo.
Pour en savoir plus sur les caractéristiques du Fuji X-H1, retrouvez notre article de présentation.