On avait découvert Tao Liu, ce photographe de rue chinois qui capture les moments saugrenus du quotidien pour faire réfléchir sur la condition économique et humaine en Chine. Pau Buscatò, lui, entend reconnecter avec l’enfant qui est en lui et tente de faire tomber les barrières que nous dressons avec le temps en devenant adulte.
Originaire de Barcelone, Pau Buscatò vit à Oslo en Norvège depuis 2009. Il est architecte spécialisé dans la vision 3D et passionné de photographie de rue. Il a exposé son travail aux Etats-Unis (Seattle, San Francisco), en Suisse, en Russie ou encore à Bangkok, à Londres et à Bruxelles depuis 2014.
Dans sa série Hopscotch, le photographe de rue représente des scènes incongrues du quotidien. Assimilant des couleurs ou des objets entre eux, il déconstruit la réalité pour mettre en exergue des moments drôles et ironiques du quotidien. Jouant avec le hasard des situations, il attire notre attention sur ces petits détails qui changent le sens et la portée d’une situation pourtant banale.
La rue est son terrain de jeu, son travail a pour but de montrer l’ordinaire à travers un regard d’enfant. Les scènes qu’il photographie, il les appelle « des instants poétiques« , « ils se produisent parfois dans notre vie terre-à-terre et répétitive » ajoute l’artiste.
Son intuition et son oeil aguerri l’aident à introduire ces moments dans un langage photographique bien personnel. Pau Buscatò ne documente pas le monde tel qu’il est mais le représente tel qu’il le voit.
« Jouer pour moi, ça tourne autour de la conscience du moment présent, c’est être totalement ouvert à tout ce qui peut se passer. Une surprise. Un moment Eurêka après avoir connecté les données entre elles. »
« Hopscotch » signifie « marelle » en français. En référence au jeu de notre enfance qui consiste à choisir un bout de chaussée ordinaire sur lequel on construit des cases. La chaussée devient quelque chose de différent pour les enfants, dans leur monde imaginaire : la maison, le ciel, le paradis, etc. Pau Buscatò utilise le même procédé de transformation qui élève l’ordinaire au rang d’imaginaire, dans ses photographies. À travers son observation prise sur le vif, il sélectionne et charpente des scènes du quotidien. Avec une idée (une métaphore, un symbole ou simplement une blague), il tente de les élever au niveau de l’imaginaire, ou de l’extraordinaire.
« Toutes mes photos ont été prises à partir de faits réels de la vie quotidienne. Toute similarité avec des évènements ou des personnages fictionnels serait pure coïncidence. »
Un groupe d’images assez amusantes voir parfois déconcertantes émerge des photographies du Norvégien, qui se joue de « l’aspect monolithique et ennuyeux de notre vision de la réalité, imposée par les coutumes et les dogmes. »
Riche d’un portfolio impressionnant de photographies de rue, Pau Buscatò va-t-il poursuivre son art dans lequel il est passé maître ou trouver d’autres manières d’exprimer ce regard d’enfant à travers le quotidien ? On attend ses futurs travaux avec impatience.
Vous pouvez voir les autres photographies de Pau Buscatò sur son site et sur Flickr.