© Romain Grossier

Interview de Romain Grossier, lauréat Gram Awards 2016 catégorie portrait

Romain Grossier est un jeune photographe qui a remporté les Gram Awards dans la catégorie portrait. Directeur artistique et photographe, Romain alterne entre noir et blanc et couleur, paysage et portraits.

Voici son interview.

Avant tout, présente-toi en quelques mots

Je m’appelle Romain Grossier, j’ai 29 ans et je suis directeur artistique dans le web à Genève (Suisse). J’ai fait mes études en école d’arts appliqués ce qui m’a permis de travailler la vidéo, la photo et le graphisme.

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Je pratique la photographie à titre personnel en plus de mon travail de directeur artistique. Ce sont deux métiers complémentaires qui me permettent d’affiner mon œil.

Je suis revenu en France depuis janvier 2016 après avoir passé un an à Montréal et aux États-Unis pour travailler et voyager.

Depuis quand fais-tu de la photo et quelles ont été les étapes importantes pour toi dans ton apprentissage ?

J’ai commencé autour de mes 18 ans, durant mon école préparatoire en art. Je suis à la base quelqu’un de très impatient dans la création et j’ai trouvé dans la photographie ce que je recherchais pour créer. Un clic, une image, une histoire à raconter.

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Mon père m’a apporté son savoir sur tout ce qui concernait la photo argentique et m’a offert son labo Durst, toujours en marche. J’aime cet aspect de la photo, car finalement je retrouve dans le travail en labo, tout le process de post production que l’on fait sur Photoshop /Lightroom aujourd’hui de manière induite.

Ce qui me permet d’avancer, c’est de remettre en question mon travail photographique, afin de ne pas rester sur mes acquis et de pousser plus loin mes productions.

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Dans tes photos, tu captures des instants de vie, des portraits, mais aussi des paysages. Qu’est-ce qui te pousse à déclencher ?

Ce qui me pousse à déclencher, c’est la découverte : un nouveau paysage, la rencontre avec une personne ou tout simplement l’envie de redécouvrir à travers la photo des lieux et des gens familiers. La beauté est partout autour de nous, il suffit juste d’ouvrir les yeux.

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C’est pour cela que ma photo est un mélange entre voyages et portraits. Mon terrain de jeu est partout autour de chez moi, difficile de se contenter d’une chose. Il y a des histoires à raconter à chaque coin de rue.

Question de Guillaume Flandre, Jury Gram Awards : on se rend compte que le noir et blanc est très présent dans ton travail, pourquoi cette préférence ? Qu’est-ce que t’apporte cette technique que ne t’apporte pas la couleur ? Et que réponds-tu à ceux qui qualifie de « trop facile » de shooter en N&B (on m’a vraiment dit ça plusieurs fois) ?

Je travaille le noir et blanc, car il me permet de privilégier la composition et éviter de me focaliser sur une couleur. Le noir et blanc a été aussi mon compagnon quand j’ai commencé la photographie en argentique. J’ai un véritable affect pour le noir et blanc, je vibre davantage face à une photo en noir et blanc plutôt que couleur. Je pense que cela vient aussi du fait qu’aujourd’hui, la retouche couleur avec tous les outils qui nous entourent (Instagram, VSCO, etc.) fait perdre du sens à la photo. On peut faire dire tellement de choses différentes avec un filtre couleur, le noir et blanc lui ne ment pas.

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Cependant, je travaille aussi la couleur quand le sujet s’y prête davantage, comme dans certains paysages de l’Ouest américain, faire du noir et blanc là-bas était un sacrifice !

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Quel est ton usage d’Instagram ?

Je m’y suis inscrit en 2012 donc ça remonte un peu. Je poste peu, car je n’aime pas être trop omniprésent sur les réseaux sociaux. Je ne poste jamais plus d’une image par jour.

Je fais surtout de belles rencontres photographiques sur Instagram. Cela m’apporte de la visibilité. Je ne cherche pas la gloire, mais c’est toujours flatteur d’avoir des commentaires sur son travail, car ça reste avant tout une passion. Et le concours [Gram Awards, ndlr] que vous avez organisé, m’a apporté une belle visibilité et de nouveaux followers 🙂

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Qui sont les modèles que tu photographies ?

La plupart de mes modèles sont des personnes de mon entourage, des connaissances ou des rencontres. Je fonctionne énormément aux émotions, à mes yeux une belle personne n’est pas forcément un top model, mais quelqu’un qui arrive à dégager quelque chose de beau.

Je m’associe parfois avec des artistes, des designers, des cuisiniers afin de travailler avec eux leur image. L’exercice est toujours différent et intéressant tant professionnellement que personnellement, car il m’amène à découvrir une partie de leur métier.

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Lorsque j’étais à Montréal, j’ai pu travailler à plusieurs reprises avec des modèles professionnelles, c’était vraiment enrichissant, car leur expérience permettait de porter le résultat attendu toujours plus loin.

Qu’est-ce qu’un portrait réussi pour toi ?

C’est celui qui raconte une histoire à celui qui le regarde.

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Question de Jérémy Janin, Jury Gram Awards : On voit qu’il y a beaucoup de diversité dans tes photos (portraits, paysages, N&B, couleurs, minimalisme…) quel message cherches-tu à communiquer à travers tes photos et plus largement ton univers ? Qu’est-ce que tu cherches à inspirer chez les gens qui regardent ton travail ?

Je cherche à raconter des histoires et créer des émotions à travers ma photo. Je ne cherche pas à tout prix à donner un sens et à intellectualiser mes photos, mais plutôt à créer des émotions. S’il n’y a pas d’émotions chez les personnes qui regardent mon travail, c’est qu’il n’est pas bon.

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C’est aussi pourquoi aujourd’hui j’aimerais réaliser davantage de photoreportages afin de créer de véritables histoires et d’en proposer ma vision.

Si tu avais le choix, qui aimerais-tu photographier demain ?

Je dirais Charlotte Gainsbourg.

Quel matériel photo utilises-tu ?

Pour le shooting studio et éditorial je shoote au Leica M240 avec un 50mm f1.4 Summilux APSH. Après avoir écumé beaucoup d’autres boitiers (Sony, Canon, Nikon, Fuji), j’ai trouvé dans ce M240 le bon compromis pour travailler. Une simplicité d’exécution entre les réglages, la composition et le déclenchement. Le tout manuel me permet de ne pas rechercher la perfection, mais la spontanéité. Certes, le prix reste élevé, mais le résultat obtenu en l’additionnant au 50mm Summilux en vaut la peine.

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Son vieil ami le Leica M4 est aussi souvent de la partie afin de continuer de développer mes pellicules chez moi.

Pour tout ce qui est reportage et voyage, je travaille beaucoup avec le Ricoh GRII et le Fuji x100s. J’ai eu un grand coup de coeur pour le Ricoh GRII que j’ai découvert en 2015 et avec lequel j’ai réalisé un livre sur mon road trip dans l’Ouest américain. Il a l’avantage d’être très discret, petit et d’avoir un capteur très performant. Je le conseille vivement aux adeptes des 28mm.

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Quels seraient tes conseils pour quelqu’un qui débute en photo de portrait ?

Ne pas chercher la perfection, mais l’émotion et laisser sa place à la spontanéité.

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Quels sont tes futurs projets photo ?

D’abord continuer à voyager autant que je peux pour découvrir de nouveaux horizons à photographier.

J’aimerais également m’inscrire davantage dans des démarches de photoreportages qui puissent servir un propos, mettre en valeur des actions et causes qui ont du sens. Récemment j’ai pu travailler avec une association venant en aide aux aveugles en réalisant des portraits de personnes atteintes de cécité totale. Au-delà d’un intérêt photographique, ce projet était extrêmement enrichissant d’un point de vue humain, et ce sont des démarches de ce type que j’aimerais multiplier.

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Le mot de la fin ?

Merci Phototrend pour l’intérêt que vous avez porté à mon travail et plus largement pour l’intérêt que vous portez à la photo depuis toutes ces années !


Merci Romain d’avoir partagé avec nous ta passion pour la photographie. Pour découvrir le travail de Romain, suivez-le sur Instagram, Facebook et son site internet.