Dominique Faget de l’AFP : « ce n’est pas la guerre »

Vendredi dernier, le photographe Dominique Faget est de permanence à Paris. Il est appelé par la rédactrice en chef photo de l’AFP suite aux premiers tirs entendus et se rend rapidement sur place pour témoigner des événements.

La terrasse du Café Bonne Bière peu après l'attaque, le 13 novembre (AFP / Anthony Dorfmann)
La terrasse du Café Bonne Bière peu après l’attaque, le 13 novembre (AFP / Anthony Dorfmann)

Dans un article publié sur le blog making of de l’AFP intitulé Guerre et guerre, Dominique Faget partage ses photos mais surtout son ressenti sur l’événement et les médias, notamment la dénomination de « guerre » qui est apparue petit à petit dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Photographe de guerre au Liban, au Tchad ou en Ukraine, il se refuse à parler de guerre et l’explique :

Ces derniers jours, j’entends beaucoup parler de « scènes de guerre », de « situation de guerre », de « médecine de guerre ». Mais il faut tout de même relativiser. Ce vendredi 13 novembre, nous assistons à Paris à une série d’attentats terroristes, à des massacres aveugles, aux plus graves événements que la capitale française ait connus depuis la Libération. Mais ce n’est pas la guerre.

La guerre, comme celle que j’ai couverte au Liban, au Tchad, ou beaucoup plus récemment dans l’est de l’Ukraine, c’est vivre dans une peur quotidienne de la mort, avoir sans cesse l’impression d’être en sursis, n’être en sécurité nulle part. C’est voir chaque jour des gens tomber autour de soi, sous les balles et les obus qui pleuvent sur des villes entières, et les cadavres joncher les trottoirs sans que personne n’ose les ramasser. La guerre, c’est quand on risque à chaque instant de se retrouver à la merci d’un tireur isolé, d’un fou, ou d’un de ces innombrables voyous armés qui sillonnent sans contrôle la plupart des zones de conflit du monde. C’est quand on ne peut pas compter sur la police pour assurer sa sécurité, quand des milliers de réfugiés se lancent sur les routes. La médecine de guerre, c’est quand on doit amputer à la hâte un membre qu’on aurait pu sauver dans des circonstances normales.

Rue de Charonne, le 14 novembre (AFP / Loïc Venance)
Rue de Charonne, le 14 novembre (AFP / Loïc Venance)

Retrouvez l’ensemble du témoignage sur le blog making-of de l’AFP.

Le photographe Kenzo Tribouillard raconte également cette nuit sur Normandie-actu.

Photo de couverture : AFP / Dominique Faget

Fondateur et rédacteur en chef

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *