Comme pour beaucoup, la logique voudrait que l’on utilise pour traiter ses fichiers RAW un produit Adobe couplé à un autre produit Adobe, en l’occurrence, Photoshop et Lightroom, tant la communication sur les bienfaits des moutures CC 2015 est prometteuse sur le papier et légère pour le portefeuille !
Mais il n’en est rien ! Aujourd’hui, l’intégration des logiciels entre eux, et même d’éditeurs différents, est totalement fluide et efficace, tant et si bien que la question de mettre « tous ses oeufs dans le même panier » vient à se poser.
Quel logiciel de développement RAW utiliser pour vos photos ? Voici un petit aperçu des solutions les plus (re)connues.
Il existe de nombreux logiciels de développement RAW, aussi connus que méconnus. Parmi les noms les plus courants on compte pas moins de 4 choix qui sont Lightroom par Adobe, Camera RAW par Adobe également et inclus dès lors que l’on installe Photoshop, Capture One par Phase One, et DxO Optics Pro par DxO. On ne compte plus l’ancienne solution Apple Aperture qui a été remplacée, non sans faire certains déçus, par l’application « Photos », bien en deçà des capacités de son prédécesseur, marquant ainsi d’une pierre de plus le retrait d’Apple des solutions pour professionnels ! (la première pierre ayant été posée à la sortie de Final Cut Pro X qui a fait grand bruit par sa simplification à outrance, tant sur l’accessibilité que sur ses fonctionnalités très appréciées des monteurs pro).
Quatre solutions, dont 3 payantes, Camera RAW étant gratuit et intégré à Photoshop CC à présent lorsque vous utilisez la commande « Filtre / Filtre Camera RAW » par exemple…et même si Adobe pousse à la roue pour souscrire aux abonnements Ps + Lr à des tarifs défiant toute concurrence. (11,99€ TTC/mois pour Photoshop + Lightroom).
Chaque éditeur, à l’exception de DxO, a perçu rapidement l’avantage certain (et non dédaignable pour les consommateurs que nous sommes) de mensualiser le paiement de ces suites logicielles. Cette option rendant ainsi accessible au commun des mortels une suite fiable et solide pour quelques dizaines d’euros par mois, en leur assurant support et mises à jour, et ainsi faire revenir à eux le poids évident des pertes occasionnées par le piratage massif de ses produits ! Ce n’est évidemment pas une solution miracle (et un sondage montre que vous êtes plutôt contre), mais on perçoit assez vite l’intérêt de la légalité, au même titre qu’un Netflix pour suivre ses séries préférées !
Les offres sont bien pensées et accessibles si l’on en croit les tarifs indiqués par les éditeurs :
- Photoshop + Lightroom CC 2015 : 11,99€ TTC/mois
- Capture One Pro : 29€ TTC/mois
- DxO Optics Pro Essential : 129€ TTC (soit l’équivalent de 10,75€ TTC/mois pendant un an)
- DxO Optics Pro Elite : 199€ TTC (soit l’équivalent de 16,60€ TTC/mois pendant un an)
En plus des 4 grands pontes du développement de RAW, on trouve également les solutions constructeur de chaque boîtier qui y va de son propre logiciel livré ou téléchargeable après achat d’un boîtier de la marque. Solutions telles que Canon Digital Photo Professional, Nikon Capture NX-D, Capture One Express pour les boîtiers Sony Alpha, ou Silkypix RAW file Converter pour les boîtiers Fuji, chacun ayant ses avantages et inconvénients, mais ils ont l’énorme avantage d’être GRATUITS (bon, ok, on doit tout de même acheter un boîtier pour en bénéficier, donc la gratuité……).
Les éditeurs de solutions payantes ayant des tarifs sensiblement similaires, intéressons-nous aux possibilités qu’offre chacun, en dehors de l’évidence : dématriçer des RAWs !
Sommaire
Adobe Lightroom CC 2015
Certainement le plus connu, il bénéficie de l’énorme machine de guerre marketing Adobe, de l’imbrication innée avec son grand frère Photoshop CC 2015 (et versions antérieures cela va de soi), et de fonctionnalités toutes plus inventives les unes que les autres. La mouture 2015 du Creative Cloud a amené de nouvelles fonctionnalités comme la correction du voile, les curseurs de blanc et de noir utilisables avec le pinceau ou les filtres, la reconnaissance faciale pour le tri de vos photos par modèle notamment, la fusion de photos HDR, la fusion en panorama, le traitement des yeux d’animaux (oui oui…), les formes de filtre… Bref, tout un lot de fonctions qui vont vous permettre d’accélérer vos traitements et d’automatiser bon nombre de fonctions, jusqu’alors manuelles ou à réaliser dans Photoshop. Un régal pour les serial retoucheurs !
Le mode de fonctionnement est à peu près identique chez tous les éditeurs, avec des logiques similaires mais des outils propres à chacun.
Pour Lightroom, tout se fait à l’aide de réglettes diverses : les réglages, la balance de couleurs, etc. complétées par l’application de ces réglages au pinceau pour gagner en précision. On apprécie ou non ce principe, mais il est bien ancré dans la logique de Lightroom, et lorsque l’on ne connaît que ça, il est délicat de connaître les bienfaits de réglages différents ou de logiques différentes, comme les roues de Capture One.
Les outils d’exportation sont variés et complets : vous pouvez créer des règles d’exportation à foison, qualité, taille, destination des fichiers, nom, et les modules complémentaires vous permettront d’aller plus loin avec les exportations vers Behance, Flickr, Facebook… Tout se paramètre avec soin, puis il suffit d’enregistrer les réglages dans les paramètres d’utilisateur pour les réutiliser la fois suivante.
Avec l’aide de son propre catalogue, vous pouvez laisser Lightroom gérer votre photothèque comme un grand (en prenant soin de ne pas altérer son organisation avec l’explorateur Windows ou le Finder par exemple), avec un nombre important de critères et mots clés. Tout se gère directement dans le logiciel, de quoi rester efficace et organisé shoot après shoot. Le système de notation d’images et de codes couleur, sensiblement identique chez tous les éditeurs reste toujours aussi pratique pour sélectionner comme bon vous semble vos images en fin de séance ou sur le vif lorsque vous shootez en mode connecté (tethered) !
Curieusement, les outils de Camera RAW sont disponibles à la volée pendant que vous travaillez sur Photoshop, mais ceux de Lightroom ne le sont pas, malgré une imbrication évidente entre les deux logiciels, contrairement à Premiere Pro par exemple, qui permet d’utiliser le moteur de Lr pour l’étalonnage vidéo.
Les avantages de Lightroom sont évidents, bien amenés, et les développeurs amènent leur lot de nouveauté chaque année, rendant ainsi encore plus facile la vie des photographes et/ou retoucheurs sur leur travail quasi quotidien. Un choix « évident » pour tout utilisateur de Photoshop, mais voyons ensemble ce que les deux concurrents principaux (DxO Optics Pro et Capture One) ont dans le ventre !
DxO Optics Pro Elite
Probablement le grand favori des photographes de paysage et d’architecture, DxO embarque avec lui un savoir-faire inégalé dans la correction d’objectifs, fort de 10 années de travail en laboratoire pour analyser et corriger les déformations, aberrations chromatiques, franges, etc. Tout pour rendre un travail de qualité optimale et professionnelle. Gros avantage de DxO, il s’intègre à…….Lightroom !
De très nombreux outils avancés de correction sont disponibles dans DxO Optics Pro « Elite », notamment l’excellent moteur de débruitage PRIME qui permet de « débruiter » avec une efficacité redoutable des photos prises en ISO élevés. Egalement DxO Clearview qui permet, comme la nouvelle fonctionnalité Lightroom CC 2015, de faire disparaître le voile créé par la pollution ou la chaleur par exemple, mais avec l’expertise de DxO !
Les deux points forts incontestables de DxO restent la gestion de lumière « Smart Lighting » qui va optimiser l’exposition de vos hautes et basses lumières et récupérer les informations qu’elles contiennent ; et bien sûr, la correction d’optiques sur mesure, véritable fer de lance de la gamme DxO, avec l’appui de son laboratoire, garantissant ainsi un résultat optimal dans la correction de vos précieux objectifs. Attention toutefois, la version « Essential » de Dxo Optics Pro n’inclut pas le moteur PRIME ou Clear View, pour cela il faudra opter pour la version « Elite » (voir le comparatif des deux versions)
Côté pratique, DxO Optics Pro reprend le même procédé que Lightroom avec des réglages en réglettes et curseurs, dont le nombre augmente sensiblement en fonction de la version que l’on a entre les mains. Sur la version Elite le tableau de corrections et réglages est assez dense et impressionnant de choix, les habitués de Lightroom y trouveront leurs petits, même si peu d’outils sont visibles à l’ouverture du logiciel. En effet les réglages n’apparaissent qu’en changeant de vue ! (menu Affichage / Aller à l’onglet « Personnaliser ») Tout paraît très automatisé ou applicable « en l’état », il suffit pourtant de développer chaque section puis sous-section pour faire apparaître les réglages de chaque outil.
L’imbrication avec Lightroom vous permettra de peaufiner certains réglages si ceux de DxO vous paraissent trop peu poussés ! (mais j’ai un doute ^^) L’essentiel de toutes les corrections est là, avec beaucoup de boutons à cliquer certes, mais croyez-moi, le travail est fait, et bien fait !
Ici, pas de gestion de catalogue (d’où l’intérêt de l’imbrication avec Lightroom me direz-vous), tout se gère directement sur le fichier que DxO va trouver sur vos disques durs internes, externes et réseau, et vous travaillez sur une version modifiée du fichier que vous enregistrez ou exportez à votre guise. Si vous utilisez uniquement DxO vous devrez organiser avec soin vos images pour vous y retrouver !
En bref, un logiciel très puissant, avec une véritable caisse à outils pour vos dématriçages de RAW et une expérience laborantine indéniable dans la correction d’objectifs. Ce n’est pas nécessairement le plus adapté au portrait, mais il fait de véritables merveilles dans la quasi-totalité des spécialités photo, et la suite complète répond à 100% des besoins de dématriçage, notamment avec Film Pack et Viewpoint. Un incontournable !
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Phase One – Capture One Pro 8
Capture One, qui fait figure de petit poucet de par sa particularité d’être lié aux produits Phase One moins connus que les produits grand public, n’a rien à envier à ses concurrents. Il propose des réglages au moins aussi complets que ceux de DxO et Lightroom, et a derrière lui la maîtrise de boîtiers moyen-formats, ce produit étant livré avec les dos numériques Phase One !
Première remarque à l’ouverture du logiciel : mais pourquoi pas uniquement des réglettes ?? A l’inverse de ses concurrents, Capture One se démarque par une balance des couleurs sous forme de cercles, ce qui peut paraître anodin, mais c’est bien là que la découverte se fait, avec des réglages plus fins, et plus intuitifs. Vous avez accès à la palette complète de réglages des couleurs sans les réglettes caractéristiques de LR et DxO. Hautes lumières, ombres et demie teintes sont réglables couleur par couleur, au millimètre près, ce qui en fait un allié de poids pour les portraitistes et autres photographes très à l’écoute de leur colorimétrie ou de leurs monochromes.
Concernant les outils disponibles, Phase One fait le pari de ne pas inclure un tas de gadgets, mais se consacre à la puissance de ses réglages à l’aide de menus simplifiés et rassemblés par onglets : Couleur, Exposition, Objectif, Composition, Détails, Réglages locaux, Réglages. Chaque onglet dispose des outils assez classiques en dématriçage, mais pensés à la sauce Phase One, mêlant cercles, réglettes, boutons et courbes pour des réglages fins et adaptés à chaque besoin. Pas d’automatisation des panoramas, détection de visage et autres fonctions facultatives d’un logiciel de dématriçage (même si ça a ses avantages, bien sûr), une interface sobre et claire, bref, sans fioritures ! On apprécie…ou pas !
La gestion de catalogue se fait en complément de votre arborescence existante, puisque vous pouvez, tout comme dans Lightroom, avoir votre propre catalogue autonome, et pouvez même importer des catalogues ….. Lightroom ! De quoi gérer efficacement votre workflow en somme. Ici encore, une présentation sobre qui n’est pas sans rappeler les versions antérieures d’Adobe Bridge, outil de gestion de bibliothèque intégré gratuitement à la suite Creative Cloud.
Un autre point fort de Capture One, ce sont ses outils d’accentuation, propres à Phase One et ses boîtiers magiques, qui va tout simplement (et naturellement) améliorer sensiblement la netteté de vos images. Le résultat est assez déroutant, voir même dérangeant parfois, tant la netteté est améliorée, faisant ainsi ressortir des détails ignorés par la majorité des autres logiciels de dématriçage. Capture One le fait automatiquement (avec possibilité de désactiver la fonction) lors de l’exportation de vos variantes vers Photoshop ou autre logiciel de retouche.
Un outil discret et puissant qui manque malgré tout d’outils « pratiques », mais cette simplicité en apparence cache une efficacité redoutable !
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Conclusion
De nombreux outils sont mis à disposition pour traiter vos fichiers RAW, tant par les éditeurs que par les constructeurs, avec pour chacun des particularités, des forces, des faiblesses, et bien souvent des différences dans les algorithmes de dématriçage qui vont avoir leurs incidences sur le rendu final de vos images.
DxO va avoir des faiblesses dans les noirs pour ressortir les détails, Capture One va bruiter un peu plus que DxO mais a une capacité à gérer les couleurs des hautes lumières, Lightroom est sans doute le plus « bruiteur » des trois mais propose des outils qui vont vous simplifier le quotidien.
Aucun n’a donc de position dominante, si ce n’est dans les chiffres de vente, mais tout le monde saura tirer parti du logiciel le plus adapté à son besoin et ses envies. Par ailleurs, chacun des logiciels propose une version de démonstration valable 1 mois, le temps pour vous de tester et vous faire une idée plus précise et personnelle de chaque solution proposée !
Mise à jour : Et les logiciels de développement RAW gratuits ?
En plus de Camera Raw d’Adobe, voici quelques solutions open-sources ou gratuites pour le développement des fichiers RAW.
Lightzone (gratuit) : logiciel open source de traitement RAW qui a eu une histoire récente mouvementée. En 2011, son fondateur Fabio Riccardi a fermé le site de l’application et travaille désormais pour Apple. Aujourd’hui, l’application est de nouveau disponible (sur Github) avec des versions Linux, Windows et Mac. Il n’y a cependant pas eu de mise à jour récente.
RawTherapee (gratuit) : logiciel libre de catalogage et développement RAW disponible sur Linux, Windows et Mac.
DarkTable (gratuit) : ce logiciel est très similaire à Lightroom dans l’interface. Il est disponible sur Linux et Mac mais ne dispose pas de version Windows.
Photivo (gratuit) : autre logiciel libre pour traiter les photos au format RAW
Nous ne les avons pas testé et il est important de noter que leur développement se fait un peu en dent de scie, la faute à une organisation différente des « grands » éditeurs de logiciels qui disposent de nombreux développeurs payés à temps plein.