MP #134 : nos conseils pour photographier la course à pied

Pour les amateurs de course à pied, la période du printemps est le moment où de nombreuses courses s’organisent : cross, 10k, semi-marathon, marathon, triathlon, trail… Avec le nombre croissant de coureurs, vous êtes aussi de plus en plus nombreux à assister à ces événements, l’appareil photo à la main.

Ce Mercredi Pratique est donc dédié à la photographie de course à pied et de nombreux conseils pourront d’ailleurs être réutilisé pour d’autres sports où la vitesse et le mouvement sont similaires.

photographier la course à pied
© Julien Paisley

Le matériel nécessaire pour photographier la course à pied

Pour photographier la course à pied, peu d’équipement est nécessaire. Il est d’ailleurs possible de photographier les coureurs depuis le bord de la route avec son smartphone.

Mais pour réussir de belles photos de course à pied, il faudra tout de même vous équiper d’un appareil photo doté de réglages manuels et d’une bonne réactivité afin de ne pas rater le moment précis où le coureur passera devant votre objectif. C’est pour cette raison que nous vous conseillons un reflex ou appareil photo hybride.

Quelle focale pour la photo de course à pied ?

En ce qui concerne le choix de l’objectif, vous pouvez vous équiper d’un grand angle pour les scènes générales de la course (départ, arrivée, intégration du public) mais il est intéressant de choisir également un télézoom (70-200mm par exemple) afin de détacher le coureur de son environnement et pouvoir l’atteindre malgré parfois des conditions d’accès difficiles.

Les petits plus

Si vous souhaitez prendre beaucoup de photos et pensez rester au même endroit, pourquoi également ne pas vous équiper d’un monopode léger et maniable. Ce sera d’autant plus nécessaire si vous utilisez un télézoom lourd.

photographier la course à pied
© Christian Petit

Quels réglages pour la photographie de course à pied ?

En course à pied comme dans d’autres sports, un facteur important doit être pris en compte : la vitesse. L’objectif est de photographier le sportif dans l’effort en figeant le mouvement (même s’il est possible d’amplifier le mouvement comme expliqué dans ce Mercredi Pratique).

Contrôlez la vitesse… avec le mode priorité ouverture

Pour ce faire et contrairement à ce que l’on peut penser, il est conseillé d’utiliser le mode priorité ouverture plutôt que le mode priorité vitesse.

Pourquoi ? En priorité vitesse, vous définissez la vitesse d’obturation et votre appareil photo va décider de l’ouverture nécessaire pour bien exposer la photo. Il s’agit du couple vitesse/ouverture. Dans ce mode, la vitesse sera toujours celle que vous désirez, mais vous ne maîtrisez pas la profondeur de champ générée par une ouverture plus ou moins grande.

Pour maîtriser la profondeur de champ tout en conservant une vitesse suffisamment rapide pour figer l’action, vous allez utiliser le mode priorité ouverture. En utilisant l’ouverture la plus grande (disons f/2.8, ou bien même f/5.6), l’appareil va vous proposer la vitesse la plus rapide qu’il peut utiliser pour correctement exposer la scène. Utiliser une grande ouverture va vous permettre de détacher votre sujet de son arrière plan.

Pour photographier un coureur en pleine action, une vitesse d’obturation située entre 1/250e de seconde et 1/500e de seconde est conseillée, mais vous pouvez très bien avoir une photo nette avec une vitesse d’obturation plus lente.

photographier la course à pied
© Steven L. Shepard

Lors de votre prise de vue en priorité ouverture, votre appareil vous donnera la vitesse d’obturation maximale (relative à l’ouverture) après avoir analysé la lumière de votre scène. Pour la mesure d’exposition, nous vous conseillons d’utiliser le mode multizone.

Si cette vitesse n’est pas assez élevée, vous pouvez augmenter la valeur ISO jusqu’à ce que vous obteniez le bon équilibre. Les courses à pied ayant généralement lieu en journée, vous devriez pouvoir conserver une valeur ISO suffisamment basse, rassurez-vous.

Quel mode de mise au point utiliser ?

Si vous voulez photographier les coureurs de face, la distance vous séparant de votre sujet changera de manière constante et c’est pour cette raison qu’il est conseillé d’avoir du matériel réactif, notamment sur la mise au point (boîtier + objectif).

Pour la photographie sportive, si votre sujet bouge beaucoup il est conseillé d’utiliser le mode d’autofocus continu (AF-C chez Nikon, AI-Servo chez Canon). Avec ce mode, la mise au point se fait en continu sur le collimateur actif de votre appareil tant que vous conservez le bouton appuyé à mi-parcours sur le déclencheur. Selon les boîtiers, ce mode peut être plus ou moins précis. Sur certains boîtiers Nikon, le suivi 3D est une très bonne option pour pouvoir recadrer tout en conservant la mise au point sur votre sujet.

Rafale ou pas rafale ?

C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. D’un côté, la rafale vous permet d’augmenter vos chances d’avoir une photo réussie. De l’autre, elle risque de vous faire passer un temps fou en post-traitement et pourrait vous faire perdre de l’espace disque car vous ne saurez pas quelles photos garder et quelles photos supprimer.

De nombreux photographes préfèrent la prise de vue unique à la rafale car elle nécessite un travail plus important lors du déclenchement pour trouver le bon moment.

Pensez également qu’après chaque rafale, si vous ne disposez pas d’une carte mémoire suffisamment rapide, vous risquez d’immobiliser votre appareil photo pendant de précieuses secondes le temps que les photos s’écrivent sur la carte.

Le cadrage

Une petite note sur le cadrage de vos photos de course à pied. Vous pouvez optez pour différents cadrages selon la situation : cadre large pour avoir une vue d’ensemble ou cadre serré pour isoler un coureur.

A vous de choisir, mais essayez au maximum de conserver tous les membres du coureur dans votre photo, notamment les pieds.

Les préparatifs

Avant le départ de la course, il est important d’être bien préparé, car une fois sur place tout ira très vite. Pensez donc à bien vider votre carte mémoire, à charger votre appareil et si besoin emporter une batterie de rechange.

La reconnaissance du terrain

Une fois votre matériel photo prêt, une bonne connaissance du terrain est un plus. Si vous êtes un habitué de la course, vous connaissez peut-être déjà les différentes zones où passe la course et pourrez repérer quelques endroits intéressants pour photographier les coureurs.

Si vous ne connaissez pas le circuit, rendez-vous sur le site internet de la course en question, il y a de fortes chances que le circuit soit indiqué, notamment pour aider les coureurs à se préparer. Profitez-en donc pour partir en reconnaissance.

Anticiper sa position

Où se placer par rapport au soleil

Lors d’une course sportive, le placement est un des éléments les plus importants pour le photographe. Il faudra choisir votre emplacement avec grand soin pour réussir vos images. Dans certaines courses, le circuit est constitué de plusieurs boucles, un bon moyen pour vous placer à différents endroits et obtenir des points de vue différents.

De manière générale, lorsque vous vous placez, réfléchissez à la position du soleil. Idéalement, ce dernier devra se trouver dans votre dos. Si vous ne pouvez pas faire autrement et qu’il se trouve dans le dos du coureur, vous risquez d’être en contre jour. A vous alors de ruser en utilisant par exemple un réflecteur ou un flash en fill-in.

Pour connaître avec précision la position du soleil à une heure donnée par rapport à un endroit, vous pouvez utiliser l’excellente application The Photographer’s Ephemeris (actuellement en promotion à -50%).

The Photographer’s Ephemeris
The Photographer’s Ephemeris

Où se placer sur le parcours

Contrairement à des courses cyclistes où le parcours est pris d’assaut par les photographes dès le petit matin pour un passage dans l’après-midi, la course à pied est un sport relativement « ouvert » pour le photographe.

Néanmoins, il y a quelques règles importantes à garder en tête pour bien choisir sa position, l’idée étant de photographier le coureur de face ou de trois quart, mais pas de côté.

photographier la course à pied
© Akunamatata

Pour cela, certaines zones comme le haut d’une côte, la sortie d’un virage ou le bout d’une ligne droite sont souvent conseillées. Après, libre à vous d’expérimenter avec d’autres placements, la photographie de sport tel que la course à pied nécessite de toute façon de la pratique.

Les photos à ne pas rater en course à pied

Comme pour tout type de sport, si vous souhaitez avoir une approche reportage il y a certains moments à ne pas rater lors d’une course.

L’échauffement

Avant la ligne de départ, lorsque les coureurs déposent leurs sacs en consigne et se dirigent vers la ligne de départ, c’est le moment de l’échauffement. Il peut être intéressant de photographier l’ambiance générale, notamment du côté du groupe qui s’échauffe sur de la musique électro.

La ligne de départ

Réunis derrière la ligne de départ, les coureurs n’attendent plus qu’une chose, le coup de feu marquant le début de la course. A ce moment là, quelques photos de la foule sont à faire, en intégrant par exemple la porte gonflable. Un speaker demandera sûrement à la foule de lever les mains pour la photo souvenir ou bien de faire une ola, selon l’humeur du jour.

Le départ

C’est parti, la course commence. C’est sûrement le moment le plus dense de la course et les premiers coureurs n’ont souvent qu’une chose en tête, se sortir de la foule pour creuser l’écart. Les favoris seront d’ailleurs souvent sur la ligne de départ.

photographier la course à pied
© Elvert Barnes

Les ravitaillements

A ce moment-là, les coureurs ralentissent un peu pour attraper un verre d’eau fraîche, un quartier d’orange ou quelques raisins secs. Un moment à immortaliser.

photographier la course à pied
© Georgia National Guard

Le sprint final

Quelques centaines de mètres avant la course, les coureurs donnent souvent tout ce qu’il leur reste et vous pourrez obtenir des portraits guerriers (ou fatigués).

La ligne d’arrivée

Sur la ligne d’arrivée, c’est le soulagement et le relâchement : la course est finie. L’intimité entre les coureurs se crée, on discute, on se ravitaille et on récupère sa médaille. Un moment complice à immortaliser.

photographier la course à pied
© Sébastien Barré

Le podium

La remise des coupes ou des médailles aux vainqueurs de la course n’est sûrement pas le moment le plus intéressant à photographier, mais profitez-en pour vous attarder sur des détails.

N’oubliez pas ce qu’il se passe à côté de la course

Les courses à pied, notamment en ville, sont souvent une attraction très importante pour le quartier et de nombreux badauds observent les coureurs. Pourquoi ne pas retourner l’objectif sur ces derniers ? Et lorsque la course est terminée, cela ne veut pas dire que les photos sont terminées.

photographier la course à pied
© Akunamatata

Comment être photographe accrédité d’une course ?

Pour être photographe accrédité sur un événement, le plus simple est… de demander à l’organisateur. En fonction de l’événement, les réponses peuvent cependant être décevantes, mais qui ne tente rien n’a rien. Si vous êtes déjà un coureur et avez une licence, vous pouvez même vous rapprocher de la FFA en leur posant la question.

Avec ces conseils, vous êtes désormais prêt pour photographier la prochaine course près de chez vous. A noter par exemple que le marathon de Paris aura lieu ce dimanche 12 avril.

Photo de couverture : © Ludo Rouchy

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  1. Un peu dans le même thème mais plus spécifique : un MP sur comment photographier une Color Run serait intéressant (techniques photo, protection du matériel).

    J’aurais bien réalisé quelques clichés lors de la Color Run de Nancy le 31 mai prochain mais ayant un peu peur pour mon matos, j’ai préféré m’y inscrire en tant que participant ^^

    1. Très bonne idée surtout que j’avais déjà fait des recherches pour la Color Run de Paris mais au final je n’ai pas franchi le pas.

  2. Priorité a l’ouverture, pourquoi pas, mais après avoir testé les conditions de prise de vue, priorité a la vitesse avec un peu d’iso si nécessaire donnera une ouverture suffisante pour avoir un bel arrière plan flou.
    Qu’en pensez vous ?

  3. Pourquoi cette priorité ouverture pour choisir une vitesse à partir des Iso.
    Le mieux me semble de loin le mode MANUEL qui permettra de choisir ET son ouverture, ET sa vitesse, tout en laissant les Iso en automatique.

    1. Forcément, si tu te sens capable de choisir l’ouverture et la vitesse en mode manuel, go go go ! Mais tout le monde n’est pas à l’aise avec le mode manuel, surtout si les conditions d’éclairage changent 😉 Et l’ISO auto n’est pas la solution, surtout si le boîtier ne gère pas bien la montée en sensibilité avec l’apparition de bruit.

    2. Mode manuel et ISO automatique, ou mode A avec ISO auto et vitesse mini (sur boîtiers Nikon) c’est également comme ça que je procède. Il faut évidemment jeter un coup d’oeil pout vérifier que les valeurs d’ISO ne crèvent pas le plafond, mais sur Nikon justement on peut mettre une valeur max.

      Un autre conseil: la hauteur de prise de vue influe beaucoup sur le dynamisme de la photo. En général, au plus on se baisse, au plus impressionnante sera la course. Au minimum s’accroupir (comme pour la photo de cross ci-dessus), mais ne pas hésiter à se mettre à plat ventre pour accentuer l’effet.

  4. Si je puis me permettre un petit complément quant à l’autofocus. Pour les personnes qui ne disposent pas d’un boîtier avec un AF suffisamment réactif ou avec la fonction AF en continu, il reste possible de faire une pré mise au point sur un endroit précis du sol (marque sur le bitume, feuille morte, caillou ou autre). Ainsi faisant il ne reste plus qu’à suivre l’athlète dans le viseur et déclencher lorsqu’il arrive à l’endroit choisi. Cette méthode vous garantira une photo nette, seul inconvénient, c’est la distance qui détermine le moment du déclenchement et non l’attitude du sportif, qui peut donc s’avérer décevante.

  5. A Bordeaux aura lieu la semaine prochaine le premier marathon de nuit. Est ce que vous auriez des conseils sur le sujet. Je penses prendre un flash cobra;
    mais je me disais qu’avec un bon emplacement et un flash en deporté ça pourrai faire des résultat sympas.

    1. Les conseils de cet article sont les mêmes, par contre l’éclairage va compliquer les choses. Et l’usage d’un flash, discret de jour, peut vite déranger de nuit. A mon avis, un flash déporté pourrait offrir les meilleurs résultats mais l’installation et les conditions du marathon risquent d’être difficile.
      Pour info, j’en serai aussi, mais sur le bitume 😉 Un bon moyen de découvrir Bordeaux de nuit.

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