Richard Bellia, exposition « Un Oeil sur la Musique »

Nous ne parlons pas assez des expositions ou évènements photo sur Phototrend alors que c’est un moyen d’expression indispensable aux photographes comme aux spectateurs. Photoexpos permet de retrouver les évènements photo que l’on a envie de partager avec vous, mais nous aimerions aller plus loin en détaillant notre ressenti lors de ces expositions.

C’est donc avec plaisir que nous accueillons aujourd’hui Valérie, fidèle lectrice du site vivant à Lyon. Elle a eu la chance de suivre Richard Bellia ce samedi 25 février au Transbordeur à l’occasion d’une visite guidée de son expo « Un oeil sur la musique ». Merci à elle pour ce partage !

« Un sacré samedi avec un sacré bonhomme !!! », voilà comment je pourrai résumer ma visite de l’expo Un oeil sur la musique de Richard Bellia. En effet, nous venons de passer un moment magique : une visite guidée de l’exposition photographique par l’artiste lui-même !

Dans la salle Le Transbordeur, à Lyon, Richard expose 65 photographies d’artistes et de concerts Rock qu’il a prises entre 1982 et 2011. Il s’agit de clichés en noir et blanc utilisant exclusivement la technique argentique.

Non seulement les photos sont belles mais surtout, leur auteur est un homme hors du commun, doué d’un enthousiasme très communicatif, à la fois passionné de Rock et de photographie, bourré d’humour, le tout imagé par un langage très fleuri… A titre d’exemple, concernant l’album Nevermind de Nirvana, il déclare « un des principaux responsables de mon acouphène, chef d’œuvre rock, putain de barouf insurpassable ! »

Il nous a fait faire le tour de l’exposition en nous racontant à chaque image, non seulement le matériel et la technique qu’il avait employés, mais des anecdotes se rapportant au moment immortalisé par la pellicule, toutes plus drôles les unes que les autres.

C’est ainsi qu’il est allé photographier les murs d’un chantier de magasin à Londres, parce qu’au cours des travaux d’arrachage de tapisserie du magasin Agnès B, les ouvriers sont tombés sur des murs couverts de graffitis du chanteur des Sex Pistols dont cette pièce avait été la salle d’enregistrement pendant des années.

Richard Bellia est un fanatique convaincu de la technique argentique, nous ayant expliqué qu’il avait fait deux ans de numérique et qu’il le regrettait… Il a même donné une conférence à l’Université d’York en Angleterre intitulée « digital is dead » ! Il considère que les clichés argentiques ont une qualité incomparable et l’avantage de pouvoir être conservés indéfiniment, contrairement au numérique qui demande, d’après lui, un changement de support tous les 3 ans.

Il utilise au total quatre appareils photos dont un Contax RTS 25mm, 2 Hasselblad pour les photos carrées et un panoramique. Concernant le Hasselblad, il faut savoir qu’il y en a 12 à la surface de la Lune car c’est l’appareil qui a été utilisé par les astronautes, lesquels emportaient seulement les pellicules et laissaient l’appareil sur place pour mettre à la place dans la fusée des « pierres lunaires » !!! (NDLR : tapez « Hasselblad on the moon » dans Google)

Richard explique très modestement que la photographie est un art facile par rapport au dessin ou à la peinture, car il n’y a pas besoin de savoir beaucoup de choses et qu’il ne faut pas beaucoup de temps pour produire une oeuvre.

On comprend toutefois vite, en écoutant ses explications, qu’une bonne photo s’effectue en un seul click (on est loin du mitraillage numérique qui permet de faire le tri) et que le génie de l’artiste consiste à choisir le bon angle, la bonne lumière, la bonne position, le bon dizième de seconde …bref plein de bons choix qui demandent beaucoup de technique et d’expérience.

Il nous a également fait sentir, même si ce n’est pas un scoop, à quel point pour bien photographier, il faut d’abord aimer son sujet. C’est ainsi qu’un bon reporter de guerre peut-être un photographe lamentable de concert Rock et inversement… Avec son langage très imagé, Richard nous déclare : « si t’es un con, en photo, ça se voit très vite ! »

Vous imaginez comme j’ai eu du mal à oser sortir mon iPhone de ma poche pour le prendre en photo après tout ça… En tous les cas il nous a communiqué une envie maladive et irrépressible de shooter le plus intelligemment possible et de progresser.

Allez retrouver non seulement ses photos mais ses commentaires croustillants et rafraichissants sur ses divers sites et réseaux (Facebook comme Twitter).

Pour info, l’exposition est ouverte tous les samedis de 11h à 14h jusq’au 3 avril. Et la prochaine visite guidée aura lieu samedi 31 mars, réservez vite !