Avec la photographie numérique, une grosse barrière est tombée. À l’époque du film, le nombre de photos était compté et prendre 30, 60 ou 90 photos impliquait un coût croissant en termes de film et de développement. Avec l’avènement du numérique, il est désormais possible de prendre de nombreuses photos sans se soucier de l’espace qu’elles prendront, car le coût du stockage est devenu marginal pour de nombreux photographes.
Bien entendu, la photographie numérique a de nombreux points positifs, comme notamment la possibilité de voir instantanément le résultat de sa photo et ainsi apprendre plus facilement de ses erreurs.
Mais prendre plus de photos n’est pas la solution pour les photographes, et voici pourquoi.
Plus de photos signifie plus de stockage
Comme indiqué plus haut, aujourd’hui le coût de stockage est devenu dérisoire. Un disque dur de 1To ne coûte aujourd’hui guère plus de 100 euros (et beaucoup moins si vous achetez votre matériel en ligne), et le prix des cartes mémoires est également descendu en flèche, ce qui nous fait penser que l’espace n’est plus limitant lorsqu’on aborde la photographie numérique.
Cependant, chaque photo a un poids, et avec l’augmentation de la taille des capteurs, ce poids est de plus important, pouvant jusqu’à attendre plus de 20 Mo par photo pour certains boîtiers. Prendre de nombreuses photos en rafale lors d’un événement sportif n’a donc l’air de rien sur votre ordinateur, mais à force d’être laxiste sur le nombre de photos que vous prenez, ces bytes s’accumulent sur vos disques durs, et ne passent pas inaperçus. Vous aurez d’ailleurs besoin de plus de cartes mémoires lors de vos voyages pour assouvir votre soif de photographie.
C’est d’autant plus vrai quand vient l’heure de l’archivage. Comme indiqué dans notre précédent article à propos de l’archivage photo, la duplication des disques est essentielle, et l’espace nécessaire peut être rapidement multiplié par 2 ou par 3 selon votre système de sauvegarde, ce qui commence à se faire sentir.
Petit à petit, ces disques durs et cartes mémoires commenceront à peser sur votre budget total, surtout lorsque l’on sait que les disques durs ne sont pas infaillibles et doivent être remplacés au bout d’un certain temps.
Se fixer un régime draconien au moment de prendre vos photos est donc essentiel pour éviter de stocker trop de photos.
Sans limites, pas d’amélioration possible
Ce point en étonnera certains, mais la photographie numérique et la capacité à prendre un nombre illimité de photos sont sûrement à l’origine de la médiocrité d’une grande partie des photographes. Avec le film, il était très « coûteux » de prendre de mauvaises photos, car chaque photo avait un coût. Cela forçait donc de nombreux photographes à réfléchir à deux fois avant de prendre une photo, contribuant ainsi à améliorer la manière dont ces derniers pensent la photo. Avec le numérique, cette idée que « chaque photo me coûte » a disparu, et il est certain que la courbe de progression d’un photographe s’est aplanie (sauf s’il suit les Mercredi Pratique de Phototrend ^^).
Une journée fait toujours 24h, et le temps viendra à vous manquer
Au cours de vos escapades numériques, vous prenez toujours plus de photos. Le mode rafale est un petit joyau et il vous évite de rater LA photo qui sera réussie et continuera à vous convaincre que plus de photos veulent dire plus de chances de réussir le cliché parfait.
Mais il ne faut pas oublier qu’après avoir branché votre appareil à votre ordinateur et y avoir déversé le flux de photos fraîchement capturées (après un temps plus ou moins long), il est temps de faire une passe pour sélectionner les meilleurs clichés et envoyer à la corbeille tous les déchets, sinon votre disque dur vous rappellera bien assez tôt que son espace n’est pas si illimité que cela.
Mais voilà, même si au moment où j’écris ces lignes de nombreux logiciels de catalogage (Lightroom ou Aperture pour ne citer qu’eux) vous permettent de simplifier et d’accélérer le processus de tri et de traitement de vos photos, cela prend encore un temps considérable à trier ses photos et à faire le bon choix. Imaginons que vous passiez 2 secondes par photo pour dire si oui ou non elle vaut la peine d’être conservée. Avec un paquet de 800 photos prises lors de votre événement sportif, cela fait plus de 1600 secondes, soit 26 minutes à seulement « choisir » ses photos, sans leur appliquer de corrections. Si vous aviez retenu votre fièvre photographique, vous auriez pu limiter ce temps de gestion pour le consacrer à d’autres choses.
À cela il faut aussi ajouter le temps perdu à faire des sauvegardes et à transférer plus de fichiers, ce qui n’est pas forcément significatif à chaque fois, mais accumulé correspond à des heures perdues à faire des tâches « administratives » par rapport à des tâches créatives.
Conclusion
Avant de tirer des conclusions hâtives sur la photographie numérique, je souhaitais tout de même vous rappeler que la quasi-absence de limite dans la prise de vue en numérique a beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients, et a permis à de nombreuses personnes de découvrir la photographie sans forcément se ruiner en pellicules photos ou autres matériels nécessaires à la photographie argentique. Cependant, je vous invite vraiment à réfléchir à tout ce qui a été indiqué dans cet article lorsque vous appuyez sur le déclencheur de votre appareil photo. La photographie est un tout, et le workflow qui se situe après la prise de vue est tout aussi important que la prise de vue.
Alors un petit conseil : lors de votre prochaine prise de vue, passez en mode « single » (une seule photo à la fois) et tentez de vous fixer un nombre de photos maximum à ne pas dépasser par jour ?