Depuis la sortie de cet article, nous avons publié un guide complet pour vous aider à sauvegarder et archiver vos photos. Rendez-vous sur cette page pour en savoir plus.
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Cet article ne concerne que les photographes utilisant du matériel numérique,
ceux préférant l’argentique font face à d’autres types de contraintes.
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Le problème du stockage, de la sauvegarde et de l’archivage n’est pas lié uniquement à la photo mais à toute l’informatique. Je vais pourtant essayer de me limiter à ce qui nous intéresse : comment être sûr que dans 10 ans, 20 ans, 50 ans, nos photos existent encore et soient toujours visibles. Tout un chacun a déjà vécu le plantage windows, la panne mécanique, la chute du portable… qui fait perdre toutes ses données. Nous avons tous été confrontés à un message « disque plein » nous empêchant de copier des photos. Et si vous n’y pensez pas tous les jours, qu’en est-il des formats qui disparaissent ? Avez vous encore une platine vinyle ? Un lecteur cassette ? La pérennité du support est un problème récurrent.
Attention, ces questions peuvent être un peu techniques de prime abord, mais une fois les bases assimilées, cela ne présente pas de difficultés insurmontables.
Stocker ses photos
Le stockage pur et dur a vu son coût diminuer fortement ces dernières années, permettant de stocker bon nombre de fichiers volumineux sans trop de soucis. Les portables sont tous vendus avec au moins 160 Go, les ordinateurs fixes tournent autour de 500 Go. Et si vous avez peu de place ou ne souhaitez pas encombrer le disque dur de votre portable, vous pouvez utiliser un disque dur externe : prévoyez 80/100€ pour 500 Go et 150€ pour 1 To (1000 Go). Autant dire plus d’espace qu’il n’en faut pour stocker ses photos ! Et même celles prises en format RAW (non compressé) ne poseront plus de problème.
La seule question à se poser est alors : veut-on avoir toutes ses images avec soi, sur son disque dur, ou peut-on les laisser sur un disque externe ?
Roman : « J’ai fait le choix d’avoir ma photothèque entière sur le même disque. J’ai des sauvegardes sur des disques externes, mais ce sont des copies, je ne travaille que sur les images du disque dur de mon portable. Cela a un coût bien sûr (taille importante du disque interne) et aussi présente la contrainte de prendre beaucoup de place sur une machine dite mobile (85 Go dans mon cas), mais j’ai toutes mes photos en un lieu et peux facilement y revenir, les retraiter, ou simplement les montrer sans avoir un disque externe. »
Damien : « Pour ma photothèque, je travaille sur mon ordinateur aussi bien que sur mon disque dur externe (de grande capacité). Les photos sur lesquelles je travaille sont dans mon ordinateur, mais une fois retouchées, classées, exportées (sur Flickr), elles trouvent parfaitement leurs places sur le disque dur externe. Quand on y pense, on ne revient pas souvent dans ces anciennes photos, donc pourquoi bloquer de l’espace sur son portable alors qu’elles pourraient être stockées bien au chaud sur un disque dur externe ? »
Sauvegarde: pensez stockage redondant!
Le principe de la sauvegarde consiste à avoir plusieurs exemplaires d’un même fichier en différents lieux et différents supports. Par exemple : une photo se trouve sur votre ordinateur, vous avez une copie sur un disque externe, vous l’avez sur un CD/DVD et parfois même sur Flickr. Si l’un se casse, il vous reste les autres 🙂
Pour chaque image sur votre ordinateur, il faudrait avoir une copie sur un autre disque dur et une copie sur un média amovible comme le CD ou le DVD. Commençons par ces médias amovibles. Le CD, de par sa taille relativement faible (700 Mo), a un faible intérêt, hormis pour envoyer à quelqu’un un petit lot de photos. Le DVD, plus vaste (4.4 Go pour les simple couche), est déjà plus intéressant. En une dizaine de minutes, vous sauvegardez plus de 4 Go de photos et il suffit alors de classer le DVD. Mais la longévité des DVD n’est pas aussi bonne qu’on le pense, et il est probable qu’au bout de quelques années ceux-ci ne soient plus lisibles. D’autre part il faut qu’ils soient bien protégés car une simple rayure peut les rendre illisibles. Enfin ils sont moins pratiques que les disques externes dès qu’il s’agit de les modifier. On gardera donc ce moyen de sauvegarde pour des photos que l’on ne voudra plus modifier.
Le meilleur moyen est bien sûr le disque dur. Je veux dire un disque dur supplémentaire, autre que celui sur lequel vous travaillez et stockez vos photos. Autrement dit, si vous faites le choix de gérer vos images avec un disque dur externe, il faut en avoir un deuxième pour les sauvegardes uniquement. C’est la technique la plus simple et la moins onéreuse pour dupliquer ses fichiers : un simple copier/coller de sa bibliothèque vous sauvera en cas de panne de votre disque habituel. Cela nécessite cependant de régulièrement se forcer à mettre à jour ce disque de back up : plus vous espacez les sauvegardes et plus vous perdrez d’images si jamais le disque crashe. Pour pallier cette contrainte, de nombreux logiciels windows ou mac permettent de faire des sauvegardes automatiques. C’est un bon choix pour ceux qui ne veulent pas penser, chaque semaine, à faire une sauvegarde manuelle. Mais le vrai atout de ces logiciels est la sauvegarde incrémentielle: la première sauvegarde copie tous les fichiers sans exception, et les suivantes ne copient que ceux qui ont été modifiés. Gain de place et de temps, donc.
Dans le cas du disque dur, sauvegarde et stockage peuvent être couplées dans un seul et même boîtier. Comme dit plus haut, il est vivement conseillé d’avoir un disque dur externe pour avoir une copie de toutes ses photos. Or il existe des systèmes permettant d’assembler plusieurs disques durs dans un unique boîtier et être sûr que, si un disque plante, les données soient sauvegardées sur les autres. Ce système appelé RAID (Redundant Array of Inexpensive Disks) est basé sur le principe de la redondance : les données sont présentes en plusieurs exemplaires sur plusieurs disques de manière transparente pour l’utilisateur. Il existe plusieurs niveaux de RAID, allant de 0 à 6, les plus connus étant: 0 sans redondance et 1 quand les données sont copiées sur un deuxième disque de même taille. Pour plus de détails, je vous conseille les explications de Comment ça marche. Ce principe est le plus souvent implémenté dans des boîtiers appeler NAS. Vous trouverez un comparatif très abouti et très clair de 10 NAS récents et accessibles (150 à 300€ pour le boîtier seul) sur hardware.fr.
En revanche, si le RAID vous couvre de la panne mécanique, n’oubliez jamais la chute ou la foudre : si vous n’avez qu’un double disque RAID et que vous le faites tomber, ou si le boîtier subit une surcharge, tout peut être perdu. Le RAID est mieux que d’avoir un seul disque, mais ne remplace pas une copie supplémentaire et séparée. L’idéal pourrait être : un exemplaire sur votre ordinateur / disque externe de travail, un sur votre NAS en RAID 1 (deux disques identiques), et un sur un 3e disque dur indépendant ou sur un DVD. Pensez aussi à l’onduleur : il protège des variations de tension mais aussi permet, en cas de coupure de courant, de tranquillement éteindre son matériel grâce à la batterie intégrée. Enfin une dernière possibilité, en extra, est le stockage sur internet. Que ce soit sur un FTP ou sur un service de photos comme Flickr ou Picasa, une copie – le plus souvent en jpeg – de vos meilleurs photos est sauvegardée sur les serveurs du fournisseur. On ne sait jamais…
La question du format pour l’archivage des photos
Un format de fichier peut sembler sans importance, et pourtant, si tout se passe bien avec vos photos et que vous arrivez à les faire survivre de disque en disque, c’est le format qui va déterminer la pérennité de vos images. Prenons un exemple et imaginons un instant que demain, vous arrêtez de faire vos photos en RAW et ne gardez que le JPEG. Les anciennes photos RAW restent tranquillement archivées sur vos disques durs. Au bout de 5 ans, les constructeurs abandonnent le RAW pour le JPEG et les nouveaux logiciels ne le décodent plus. Après 10 ans, le matériel capable de lire les photos en RAW finissent par disparaître. Et dans 15 ans, plus personne arrive à décoder, et donc voir, vos images. C’est le problème des formats dits « propriétaires » (aux fabricants) qui ne sont lisibles que par un décodeur spécifique que seul le fabricant fournit.
Le RAW, comme expliqué dans le MP #1, est un format propriétaire spécifique à la marque et au modèle de l’appareil photo. Ces formats ne sont pas « ouverts » : les spécifications ne sont pas accessibles aux développeurs et il faut un logiciel propriétaire (de conversion) pour lire ce type de fichier. Quid de sa compatibilité dans 10 ans, si les constructeurs l’ont changé sans jamais donner de spécifications ? Le risque est bien de se retrouver avec des milliers de fichiers illisibles. Une des solutions peut donc être d’utiliser des formats ouverts et standards, imposés par le web (car le taux de compression est fort), comme le Jpeg. Mais ce format est destructeur (la encore, le détail est dans le MP #1) et n’offre pas les mêmes possibilités de développement que le RAW. L’autre solution et véritable alternative est venue d’Adobe qui, pour unifier les différents formats RAW des différents constructeurs, a développé le DNG. C’est un format qui présente apparemment les mêmes qualités que le RAW mais en étant standard et ouvert: une solution plus pérenne donc. Le débat concernant la qualité du DNG et de ses avantages face au RAW est un débat houleux et passionnant, animés par différents acteurs (photographes, fabricants, développeurs, informaticiens…) et chacun a son avis sur la question. Je ne développerai pas plus ici, mais je vous invite à lire différents articles: Adobe veut standardiser son DNG ; Déclencheur parle ici ou là des différences entre les formats et invite un représentant de Pentax pour en parler. Nous avons d’ailleurs publié un dossier sur le format DNG que je vous invite à lire.
Ainsi, vous pouvez faire le choix de garder les originaux en RAW et d’archiver les DNG, d’archiver les RAW et de garder les jpeg pour internet ou les diaporama etc… Cela demande un temps de réflexion sur votre propre usage de la photo et sur vos débouchés (internet, impression, visionnage en famille ou entre amis, collection personnelle…).
Comment répondre à toutes ces questions en même temps
Y a-t-il une solution idéale? Non, évidemment. Cela dépend de ce que vous recherchez, de votre budget, de la « valeur » que représente vos photos mais aussi de leur nombre… Cependant certaines grandes lignes peuvent vous aider à faire votre choix et nous allons comparer la méthode choisie par les différents membres de l’équipe:
Damien : « Ma méthode pour conserver les photos est assez simple : je ne conserve que mes photos au format RAW, sur un disque dur externe qui me sert d’archives. Malheureusement, ce disque là n’est pas encore doublé d’un autre disque en cas de panne mécanique, donc j’ai un comportement « à risque » pour le moment ! Certaines de mes photos sont stockées sur Flickr (en HD) ce qui pourrait me servir de service d’archivage en ligne, mais pour l’instant ce n’est pas le cas, c’est seulement pour partager mes clichés avec les autres utilisateurs. J’espère vraiment qu’un nouveau type de média va apparaître, alliant à la fois simplicité, longévité et résistance (et bon marché aussi), bref, je voudrais un mouton à 5 pattes, difficile ! »
Dolarz : « Déjà je ne garde pas mes fichiers RAW, je traite les images les exporte en jpeg, ensuite supprime l’original, je garde pratiquement toutes mes photos sur mon Mac, cela me prend beaucoup de place mais au fur et à mesure du temps j’enlève les « anciennes » photos, et je fais un back-up sur un disque externe, pas de RAID pour moi, du moins pour le moment… »
Zeni : « J’ai deux disques durs externes, un de 300 Go et un tout récent de 1To. Je réserve désormais le 300 uniquement pour mes photos. Le problème, qui m’est déjà arrivé, c’est qu’il risque de subir un choc et on perd alors toutes ses données – à moins d’investir dans la récupération via un magasin ou service mais c’est assez coûteux. Donc désormais je prends soin de mes disques durs externes. Je ne me sers pas du format RAW donc le problème ne se pose pas pour moi. Mes photos les plus sympas et les plus intéressantes sont évidemment stockées sur Flickr, mais je pense que le service en ligne doit rester une simple alternative et non une vraie solution de sauvegarde. L’idée de sauvegarder ses dossiers (toutes les photos d’un voyage par exemple) sur un CD/DVD est une bonne idée! Cela permet en plus de mieux s’organiser et de pouvoir mieux partager ses photos avec sa famille ou ses amis – plus facile de se filer un CD qu’un disque dur externe ! Enfin, l’idéal serait de faire un vrai album photo papier (oui oui ça existe encore !) avec ses photos souvenirs les plus sympas triées, sélectionnées et insérées dans des albums. Je peux vous dire que lors d’une récente soirée, ce fût très agréable de regarder ces souvenirs en tournant les pages… Bien évidemment ça prend du temps de faire tout ça et la question se pose de la qualité et de la durée de vie des impressions de photos numériques, pas toujours très viable… »
Roman : « J’ai un portable Mac avec un disque interne de 250 Go: je garde dessus toutes mes photos originales. Je profite de l’option Time Machine pour sauvegarder tout mon système – photos incluses – sur un disque dur externe de 500 Go. J’essaie en plus de régulièrement copier toutes mes images sur un 3e disque dur, portable celui ci. J’ai pour projet d’investir dans un NAS en RAID ou dans un disque dur multimédia pour pouvoir stocker plus de fichiers et surtout avec une autre copie de mes photos. Enfin la plupart de mes photos (8000 sur 20 000) sont sur Flickr en jpeg haute qualité. »
Pour aller plus loin, retrouvez notre guide complet pour vous aider à sauvegarder et archiver vos photos.